Un courant d'air s'élevait dans le Refuge. Quelqu'un avait dû laisser une fenêtre ouverte... Emporté par la brise, un nuage de suie et de cendres s'envola de la cheminée. Cette même cheminée où un chat anthropomorphe avait jeté un drôle d'ouvrage à brûler. Les cendres prirent leur envol et portées par le courant d'air, elles s'échappèrent du bâtiment.
Enfin libérées ... Ou plutôt libérée, au singulier. Libérée de ce carcan de papier qui la maintenait prisonnière entre les pages de ce maudit Livre.
Les cendres se rassemblèrent en une forme plus compacte et prirent la forme d'une silhouette aux contours incertains d'une femme chat aux dizaines de mains géantes. Un unique œil lumineux s'ouvrit sur ce front d'un gris profondément sombre, aussi sombre que les desseins de cette entité. Puis ce fut une ouverture qui courait sur toute la largeur du "visage" qui se dessina : un immense sourire, béant, trou noir prêt à absorber toute la lumière. Elle serait l'éclipse assombrissant tous leurs espoirs. Elle serait l'ombre couvrant toute leur lumière.
Et, lentement, la silhouette de cendres se dirigea vers un portail menant à un sinistre château qu'elle connaissait parfaitement.

Vous avez cru que vous pouviez vous débarrasser de moi ? Qu'en m'enfermant, vous n'auriez plus jamais affaire à moi ? Quelle prétention. Je suis la peur, je suis sa peur, et on ne peut pas se débarrasser de la peur. Je reviens toujours. Je suis immortelle. Je suis l'ombre qui vous suit dans vos pas, attendant la nuit pour s'étendre. Toi, Mel, tu n'as fait que m'aider en brûlant ma prison de papier et d'encre. Désormais, je n'ai plus de limites. Craignez mon retour. Je vous rendrez tous fous, les uns après les autres. Je m'immiscerai dans votre esprit, vous ferai voir les pires images, des images que vous ne saurez supporter, puis je vous ferai faire des actes contre votre volonté, tels les petites marionnettes que vous êtes, et vous tuerez vos proches de vos propres mains, sans pouvoir rien y faire, simple spectateur impuissant face au massacre.
Vous, créateurs, prenez garde à vous. Je détruirai vos univers, encore et encore, jusqu'à vous rendre si dépités que vous ne voudrez même plus créer quoi que ce soit. Vous perdrez le goût de la création, n'oserez plus voir vos créations agonisant entre mes mains.

L'HEURE DE LA VENGEANCE A SONNÉ.