l u n d i

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng



C'est marrant comme à chaque fois que la nuit tombe, Lilo se sent à la fois prisonnière et libre. Libre parce qu'elle peut enfin arrêter de faire semblant, la journée se finit, le masque tombe et parfois les larmes coulent. Mais prisonnière parce que bordel, plus les nuits passent, et plus la jeune fille de dix-sept ans se sent mal dans sa peau. Au fond, elle ne peut cesser de se détester. Il y a tout d'abord son corps, chaque jour il l'embarrasse un peu plus. Elle aimerait parfois pouvoir s'en libérer, voler au dessus de sa propre personne, ce serait plutôt chouette et intéressant. D'en haut elle pourrait enfin prendre du recul, et peut être même se retrouver. Car Lilo est perdue depuis bien trop longtemps, entre faux semblants et chagrin immense. Les deux se mélangent la journée pour donner ce sourire et ces rires qu'elle méprisent. Et la nuit, ils lui donnent insomnies et cauchemars. Lilo est paumée, déprimée et seule.

Ça fait dix minutes qu'elle est perchée sur le rebord de sa fenêtre. Pensive, elle regarde les étoiles, se demande pourquoi elle ne pourrait pas, pour juste quelques secondes, lâcher prise. Cela fait bien longtemps qu'elle ne s'est pas sentie libre. Depuis qu'il est parti Lilo a peur. Lâcher prise, ça lui fait peur, elle ne connaît pas vraiment la personne qui se trouve tout au fond d'elle. La nouveauté c'est effrayant. Alors que les habitudes sont réconfortantes mais pesantes. Elles ne changent rien, et enfoncent chaque jour la jeune fille dans un cercle vicieux où la lassitude est reine.

Lilo pousse un soupir tremblant. Elle ferme les yeux pendant quelques secondes pour reprendre une respiration stable, et quand elle les rouvre la lumière jaunâtre du lampadaire de sa rue a disparu. Juste en dessous il y une fille.

Lilo se frotte les paupières. Oui il y a bien une fille en dessous du lampadaire. Elle resplendit d'une lumière presque irréel dans la nuit noire. Elle semble avoir un visage plutôt enfantin, Lilo ne la perçoit pas vraiment bien depuis la fenêtre du premier étage de sa maison. Ce qui la perturbe le plus, c'est que la fille la fixe. Et ça, elle le voit parfaitement.

Lilo passe une main nerveuse dans ses cheveux bruns et emmêlés. Finalement elle s'apprête à rentrer dans sa chambre, mais la fille lui adresse un sourire. Normalement la brune aurait pris peur et se serait enfermée, mais cette nuit là tout semble vouloir prendre une tournure différente et inattendue. Alors sans vraiment élever la voix, par peur de réveiller sa mère, elle lui demande :

— T'es perdue ?

— Non. Répond tout simplement la fille.

— Euh ok... murmure Lilo pour elle même. T'as besoin d'aide peut-être ?

La fille ne répond rien et s'avance au dessous de la fenêtre. Lilo la regarde complètement hébétée. Ce scénario avait beau être totalement flippant aux premiers abords, mais quelque chose d'inexplicable se dégageait de la fille. Quelque chose qui l'avait jusque à présent empêché de prendre ses jambes à son cou.

Maintenant elle peut beaucoup mieux la distinguer. Ces cheveux sont longs et d'un blond couleur sable. Le sable chaud et brillant d'été. Elle porte un jean bleu tout simple, un teeshirt blanc à manches longues, et une écharpe rouge bordeaux recouvre ses fines épaules. Lilo n'arrive pas à voir la couleur de ses yeux, mais elle peut devenir qu'il sont bleus. D'un profond bleu océan.

— Tu veux pas faire un tour ? L'invite la blonde.

Lilo écarquille les yeux. Mais au lieu de donner la réponse attendue et censée que n'importe qui d'autre aurait choisi, elle acquiesce :

— Ok.

La jeune fille retourne dans sa chambre pour enfiler une paire de basket et une veste. Elle revient à sa fenêtre et s'arrête quelques secondes avant de sortir définitivement de sa chambre.

Pourquoi je fais ça ?

Instinctivement, elle se retourne vers la pièce maintenant sombre et sent ses cauchemars et les pleurs de sa mère la rattraper. Elle saute. Quand ses deux pieds touchent le sol, Lilo relâche l'angoisse qui la prenait à la gorge. Tout ce stress accumulé semble s'effacer en quelques secondes, lorsqu'elle regarde la fille aux longs cheveux blond.

Bleu océan. Ses yeux sont bel et bien d'un beau bleu, profond et complexe, comme celui de l'océan.

De près elle n'a plus vraiment l'air si enfantine. Les traits de son visage sont doux mais laissent transparaître une certaine maturité, comme si elle avait vécu cent ans. La fille lui donne cette drôle de sensation, que Lilo n'avait pas ressenti depuis longtemps . C'est différent de la lassitude et de la peur.

Car Lilo se sent en sécurité, elle se sent bien, mieux, comme si la jeune fille avait eu cet effet instantané sur elle. Tout était bizarre mais absolument pas effrayant, une sorte de rêve éveillé.

— Ton nom ? demande Lilo en se rappelant de la situation.

— Angèle. Elle répond.

Lilo veut ajouter quelque chose mais sa bouche se referme aussi vite qu'elle s'était ouverte. Quelque chose doit arriver, elle le sait, c'était un pressentiment, mais pas un mauvais. Alors elle attend dans ce silence confortable. Comme si Angèle avait lu dans ses pensées, elle lui tend un vieux carnet en cuir. Lilo le lui prend des mains, délicatement, en se demandant d'où il pouvait bien parvenir. La fille lui fait signe de l'ouvrir.

Lilo la regarde d'un air suspicieux et le feuillete, les pages sont vierges. Sauf la dernière. La jeune fille plisse les yeux pour déchiffrer l'écriture fine qui orne le haut de la page. Son cœur se serre quand elle discerne ces quelques mots :

[ Lundi aide moi mon cœur est meurtri,
J'aimerais vraiment pouvoir survivre jusqu'à Mardi ]

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro