Je souffle en entendant le réveil, j'aurais préféré dormir plus cette nuit, parce que cette journée va être un vrai cauchemar. Je me lève donc longuement et part prendre ma douche rapidement avant de sortir en m'enroulant d'une serviette. Je me stoppe en voyant Adrien sortir de sa chambre pour prendre sa douche, et nous nous regardons, il est uniquement vêtu de son boxer, et je vois qu'il est plutôt bien foutu, mes yeux ne se décollent pas de ses muscles. Son regard commence à brûler ma peau et c'est en baissant la tête vers mes pieds que je retourne dans ma chambre, fermant brusquement la porte. Je m'adosse contre cette dernière en reprenant ma respiration, son regard m'a transpercé, j'avais vraiment l'impression d'être totalement nue, et ça m'a vraiment gênée, sans être dérangeant, c'était une drôle de sensation.

Je soupire en secouant la tête avant d'aller m'habiller, puis descends, allant en direction de la cuisine, j'ai encore fait à manger cette nuit. Je soupire en avalant ma tasse de café alors que toute la maison se réveille pour finir devant moi, résultat, je me retrouve à servir à boire à tout le monde, très agaçant.

- Ma chérie, tu débauches à quelle heure ce soir ? J'ai invité Kelly et Natasha à manger à la maison, tu pourras nous faire à diner ?

Je fronce les sourcils en la regardant, sérieusement ?

- Je le ferais Emma, je le ferais, dit Raphaël, à mon grand soulagement

- Non, vous êtes nos invités, alors, vous ne cuisinerez pas. Et puis, elle cuisine vraiment bien le plat préférée du petit couple, alors, autant la laisser faire.

Comme seule réponse, je soupire en haussant les épaules, je finis déjà tard, je dois en plus faire à manger, génial. Je repose ma tasse et passe mes clés de voiture à Adrien avant de lui faire signe de me suivre.

- A ce soir les vieux !

Je leur souris pour leur montrer que je blagues, avant de me diriger vers le garage. Je l'ouvre et prends mon casque pour monter sur ma moto.

-Suis moi.

Il hoche la tête depuis la place conducteur et je démarre en trombe jusqu'au lycée, j'ai essayé de prendre des virages secs, pour le perdre, mais il est coriace visiblement, quel dommage, ça aurait été drôle. Je me gare rapidement devant le lycée et descends de ma moto en enlevant mon casque. Il y a déjà tout plein d'étudiants devant la grille, tous en train de discuter, on peut déjà discerner les "clans" qui sont formés. Je soupire alors que je commence à avancer, la tête baissée, je déteste cet endroit, je sens qu'Adrien me suit.

Nous arrivons devant l'accueil et je lui montre d'un coup de tête qu'il doit rentrer. Je disparais ensuite dans les couloirs pour arriver directement dans la salle de mon premier cours. Je me mets au fond, pour être sûre que personne ne prendra ma place et sors mon téléphone le temps que la cloche ne retentisse.

Elle finit par le faire au bout d'une dizaine de minute, et rapidement, la classe se remplit jusqu'à ce que tout retombe dans un calme plat. La professeur commence donc son cours, alors que je sors mes affaires pour le suivre et soudain, la porte s'ouvre sur Adrien. Il pose son dossier sur le bureau de Mme Peters avant de venir s'installer au fond aussi.

- Jeune homme, je comprends que vous soyez nouveau, mais vous devez au moins me demander pardon pour votre retard, et vous devez vous présenter à la classe.

Je me pince les lèvres alors que mon invité ne répond pas, évidemment, ce qui me fait sourire, contrairement à notre enseignante qui, elle, bouillonne de l'intérieur.

- Monsieur Curtis, vous n'êtes pas ici chez vous, et vous me devez le respect. Alors, j'aimerais que vous me présentiez vos excuses, et que vous vous présentiez à la classe.

Je lève les yeux au ciel alors que le muet continue d'être fidèle à son surnom, et je soupire un peu.

- Il ne parle pas, ne vous attendez pas à ce qu'il vous réponde !

La prof se retourne rapidement vers moi, les sourcils froncés, mon ton sec ne lui a pas plu.

- Ce n'est écrit nul part Mme Smith, et je vous prierais de changer de ton.

- Vous avez lu son dossier ? Non, et ne le niez pas, vous venez tout juste de l'avoir, c'est écrit dedans. Et si ça ne l'est pas, je vais le graver au fer rouge à l'intérieur. Il ne parle pas, ne le forcez pas à le faire, un point c'est tout, peut-on reprendre le cours ?

Elle sert les poings ainsi que le dossier par la même occasion, son visage est rouge de colère, ce qui me décroche un sourire.

- Vous vous foutez de moi ou je rêve là ? En attendant, si ce n'est pas inscrit dans son dossier, je ne peux pas le savoir. Son comportement est intolérable, il aurait au moins pu m'écrire un mot d'excuse. Et il me semble vous avoir déjà demandé de changer de ton, je ne suis pas votre amie Lucy !

Je hausse les sourcils, décidément, je n'ai pas envie de suivre ce cours, je suis à deux doigt de me faire exclure, et je suis incapable de retenir mon envie de lui répondre. Foutue grande gueule

- Vous aussi, vous auriez pu au moins vous excusez pour ce malencontreux quiproquo, mais au lieu de ça, vous préférez râler. De plus, je tiens à vous dire que vous avez tout de suite saisi l'occasion de lui sauter à la gorge, alors qu'il venait tout juste de rentrer en classe, vous auriez pu au moins lui demander plus poliment, sans doute un -

- Dans le bureau du directeur ! Et tout de suite ! Et vous aussi, monsieur Curtis, vu que vous semblez si bien vous connaître ! hurle-t-elle

Je soupire légèrement en rangeant mes affaires et passe rapidement à côté de la prof, rejoignant Adrien qui est dehors, heureusement qu'elle m'a coupé, parce que je crois que la suite de ma phrase aurait été vraiment plus violente que ce que j'étais déjà en train de dire. Je ne dis rien et me dirige vers la sortie jusqu'à ce que j'entende la voix d'un des pions, derrière moi, super, fallait que ce soit le pire d'entre eux.

- Lucy, tu t'es fait viré ? Et tu ne comptais pas aller voir le directeur ? Tiens donc, comme c'est étonnant, et c'est qui ton ami ?

Je me mords la lèvre et me retourne en levant les mains en l'air, comme pour me rendre, je n'ai pas envie de plus m'enfoncer. Je prends la manche d'Adrien et le tire doucement avant de le lâcher pour me diriger vers le bureau du directeur, passant à côté du surveillant qui m'adresse un sourire moqueur alors qu'il prends un malin plaisir à nous escorter, enfoiré, toujours là visiblement. Je me pince les lèvres alors que ce dernier frappe à la porte du proviseur avant de l'ouvrir pour nous laisser entrer. Je tire Adrien et nous nous asseyons devant le directeur, un homme chauve, avec un air sévère dans un costume trois pièces. Il relève les yeux vers nous quand nous nous asseyons et soupire longuement.

- Mademoiselle Smith, je ne vous avais pas encore vu depuis le début de l'année scolaire, pourquoi êtes-vous ici, dans mon bureau, et surtout avec Monsieur Curtis ?

- Vous me connaissez monsieur, j'ai tendance à expliquer les choses de manière un peu trop brusque.

Je me pince les lèvres pour être sûre que mes mots ne dépassent pas ma pensée, quoiqu'avec le début de cette journée, je pense que je peux à tout moment basculer du tout au tout, il faut que je me contienne, le plus longtemps possible, soit, peu de temps.

- Soyez plus précise par pitié, vous savez que je n'aime pas les devinettes.

- Notre professeure, Mme Peters, n'a pas pris le temps de lire le dossier d'Adrien, et lui a demandé des explications pour son retard. Je me suis énervée après elle parce qu'elle beuglait comme un âne sur ce pauvre garçon qui ne parle pas, vous même vous le savez. C'est à peu près tout ce qu'il y a dire, ça vous suffit ?

Je me racle la gorge à la fin de ma phrase, j'ai dit le mot de trop je pense, et je vais le regretter. Je me mords la lèvre et le regarde longuement alors que je le vois froncer les sourcils, ça n'augure rien de bon.

- Je vais faire comme si je n'avais pas entendu votre langage grossier et je vais, pour cette fois, vous autorisez à repartir en cours. Vous ferez vos excuses à Mme Peters, et je lui demanderais de faire les siennes à vous, Monsieur Curtis.

J'hoche la tête et m'apprête à me lever quand le proviseur me fait signe de rester assise, alors qu'Adrien sort du bureau. Je me mords la lèvre et regarde l'autorité devant moi qui me fixe d'un regarde bien trop sérieux à mon goût.

- Soyons clairs Lucy, à partir de lundi prochain, je ne sais plus tolérant, vos propos, vos actes déplacés ne seront plus acceptés. Je vous le dis, si jamais vous repassez la porte de mon bureau et que je vous vois encore une fois vous asseoir devant mon bureau comme vous le faites inlassablement au moins deux fois par mois, alors vous serez virer, et ça apparaîtra sur votre dossier scolaire. Vous avez subit des choses dramatiques, et j'en suis conscient, mais on ne peut pas pardonner toutes vos erreurs sous prétexte que vous allez mal et que vous avez besoin de vous remettre, ce n'est plus possible. Je vous laisse du temps pour vous adapter et vous calmer.

Je reste sans voix, devant lui, les yeux grands ouverts, ils oseraient ? Visiblement oui. Me virer ? A ce moment là, j'aurais pu m'énerver, me mettre à gueuler en renvoyant tout autour de moi, j'aurais pu lui dire à quel point c'est injuste de traiter quelqu'un de la sorte, sans même se soucier de qui elle pouvait être, mais rien n'est sorti. Je suis simplement abasourdie, incapable de bouger, comme figée dans le temps, pour que l'information puisse monter au cerveau. Je ne peux pas me permettre d'être renvoyer, entacher mon dossier scolaire est une limite à ne pas franchir, je dois me reprendre en main, c'est obligatoire.

- Est-ce que vous avez compris où je voulais en venir ?

J'hoche simplement la tête et il me fait signe que je peux partir, ce que je fais, la tête totalement vide de pensées. C'est vrai que j'ai été traitée comme une petite protégée cette l'année précédente, mais maintenant, je ne le saurais plus, j'ai très peur de ce qui va en résulter. Je me pince les lèvres en passant la porte et soupire avant de marcher vers la sortie, tandis que sur le passage, je vois Adrien qui finit par me suivre aussi.

Nous sortons rapidement de l'établissement, et je prends directement mon casque pour pouvoir partir en direction de je ne sais où. Je démarre et roule rapidement, pour faire passer mes pensées, vers mon lieu favoris, un vieil entrepôt abandonné à la périphérie de la ville, je vois que Curtis me suit, je ne vois pas pourquoi, même si en vrai, je pense qu'il n'a pas mieux à faire. Je sais que je devrais être en cours, mais j'ai l'esprit trop embrouillé pour pouvoir réfléchir correctement.

Je finis par me garer et soupire en posant mon casque sur le guidon de ma moto, ça va me calmer les nerfs ça. Je rentre dans le bâtiments abandonné et gravis assez rapidement les douze étages me séparant du toit, j'ai tellement l'habitude de monter ces marches que maintenant, je ne me rends même plus compte de l'effort colossal que ça me demande. Une fois en haut, je marche vers le bord et m'assoit non loin pour regarder devant moi alors que je sens mon fidèle compagnon de voyage faire de même à côté de moi.

- Tu étais pas obligé de me suivre. Tu aurais pu rentrer, ou rester en cours, ou alors t'aurais pu trainer en ville, dans un bar miteux.

Il hausse les épaules comme simple réaction, ce qui me décroche un petit soupir, j'ai mal à la tête à cause de cette histoire. Je m'étire un peu avant de me remettre dans ma position initiale, les jambes croisés, les bras posés en arrière, supportant le poids de mon corps.

- A quel heure arrivent les invités ce soir ?

Je fronce les sourcils quelques instants avant de râler longuement, j'avais oublié que ces pestes de Natasha et Kelly arrivaient ce soir, je n'ai aucune envie de les voir, ce sont de vraies hypocrites, je ne peux pas me les encadrer. C'est dans un soufflement que je hausse les épaules à mon tour, trop énervée pour dire quelque chose, alors automatiquement, comme si mon corps avait l'habitude de la faire, je prends une cigarette, l'allume pour commencer à la fumer. Le tabac apaise mon esprit, petit à petit, comme s'il me permettait de prendre un peu de recul, ou comme s'il faisait ralentir le temps, pour que je puisse savourer quelques instants de calme et de paix. On est bien ici.