Segment 54 : Une poussée de courage

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La peur. J'avais peur.

Le corps était là, allongé sur le ventre, le visage caché par la position des bras. Et avec le sang qui dégoulinait de sa plaie ouverte mais fine.

Et pourtant, il respirait encore. Je voyais du coin de l'œil le mouvement respiratoire du corps. Mais si Kira le laissait comme ça, il pourrait mourir d'une hémorragie.

Et elle, elle était debout. Droit devant moi, tenant de sa main droite le couteau ensanglanté et le regard porté en direction de son père.

J'entendais sa forte respiration, mais elle ne semblait pas... "affectée" par ce qu'elle venait de faire.

"Tu vois... Tu vois ce que tu me fais faire, Jones ? Si tu n'avais pas fourré ton nez dans mes affaires, il n'y aurait eu aucune victime. Et là... Tu me forces à poignarder mon propre père !"

Ses yeux étaient écarquillés et droit dans ma direction. Ce n'était pas un visage surpris ou apeuré, mais c'était un visage dompté par la fureur et la folie.

La psychopathologie, peut-être ?

Peu importe. En gros, Kira montrait son vrai visage.

Et elle ne comptait pas s'arrêter là.

Kira s'agenouilla devant moi, tenant fermement le couteau dans sa main, qu'elle plaçait la lame subitement sous ma gorge. Prise d'une panique soudaine, je relevais ma tête afin d'éloigner mon cou en me plaquant contre le mur et relevant mes jambes.

"Non... S'il te plait... Tu n'es pas obligée...." lui disais-je de plusieurs expiration à la voix aigue.

Mes yeux tremblaient, mes cordes vocales étaient troublées, et je vous ai déjà décrit les mouvements de ma cage thoracique.

Elle était très proche, son visage à peu de centimètre du mien. Kira avait les yeux plissés, et l'expression assez... neutre. Je n'avais auparavant pas remarquer à quel point le couleur rouge de ses yeux possédait une ombre si terne.

"Je suis un peu obligée." me répondit-elle d'un ton bas. "Non seulement tu me suspectes, mais tu sais toute la vérité maintenant. Et en plus, tu es un témoin. Si je te laisse partir, tu vas tout raconter. Je sais que tu le ferais, même si tu me promet l'inverse..."

-...

-Dommage. J'aurais quand même aimée te connaître un peu mieux... Mais bon. C'est la vie. Ou c'est la mort.

...

Je ne voulais pas.

Si cette situation était arrivée il y a quelques années, quand je me faisais constamment harceler, j'aurais peut-être préférée qu'on m'aide à en finir.

Mais là... Tout a changé.

Je n'étais plus la petite fille seule. J'avais enfin des amis. Hisae, Manabu, Dao et même Shinji...

J'étais bien dans mon corps... Bien dans mon esprit. Ce n'était pas mon albinos le problème... Mais c'était ma confiance en moi. Et rien que d'être avec Hisae, mon amie, me rendait plus confiante.

Et en plus... Je ne pouvais pas disparaître comme ça. Mes parents avaient besoin de moi.

Diana avait besoin de moi...

Et Billy aussi... avait besoin de moi.

Comme j'ai besoin d'eux.

Alors non. Non ! Cette fois-ci, je ne me laisserai pas faire ! Je ne voulais pas mourir !

Prise d'une poussée de courage, j'utilisais mes jambes non-immobilisées pour poser mes pieds contre le ventre de Kira et de la propulser le plus loin possible !

Et le pire, c'est que ça a marché.

Kira fut envoyé au loin, lâchant l'arme blanche.

Sans perdre du temps, je fis un nouvel appui de mes jambes contre le sol pour me relever. Je continuais de gigoter mes poignets avec difficultés pour me libérer.

Mais je n'avais pas de temps à perdre, à peine j'entendais Kira grogner en revenant à elle, mes palpitations s'accéléraient encore une fois alors que ma poussée me fit courir en direction des escaliers.

J'avais la respiration si bruyante, à cause de la peur. Tout ce qui se passait dans ma tête était des plus... rapides dans la panique.

Bref.

Je courrais en direction des escaliers, qui menaient à l'étage. Entre-temps, je réussis à défaire le nœud de la corde qui me nouaient mes poignets.

Mais avec l'agitation, je n'avais pas entendu Kira me suivre. C'est dans la surprise que je sentis ma cheville gauche se faire attraper.

"Guaaaaah !"

Lâchant un cri, je m'agrippais à la barre de l'escalier avant de perdre l'équilibre. En me retournant subitement, je la voyais me tirer en arrière, ses deux mains autours de ma jambe.

Une colère noir était sur son visage. Si noir qu'elle en avait les pupilles complètement dilatées de rage.

"Lâches-moi !" hurlais-je avant de m'appuyer contre la barre pour lever mon autre jambe et de donner un violent coup de pieds.

Mon pied atteint son visage et la poussa en arrière. J'entendais à peine le cri qu'elle poussait qu'elle déboulait dans les escaliers jusqu'en bas.

Je me redressais et je continuais de monter les escaliers à toute allure.

Je devais sortir d'ici avant qu'elle m'attrape.

Une fois à l'étage, je découvrais le lieu d'habitation des Osuge. Un couloir, une cuisine ouverte reliée à une salle à manger et un salon... Avec une porte d'entrée de l'autre coté. Tout dans la modernité, dont la seule lumière provenait de celle du salon.

Mais honnêtement, je ne m'y attardais pas. Dès que je voyais la porte d'entrée, je refermais celle de la cave, bien qu'elle ne pouvait pas être verrouillée, afin de ralentir un minimum Kira avant de courir en direction de la sortie.

Je ne savais pas si la maison de Diana était loin, ou si il y avait un commissariat à proximité...

Mais dès que j'ouvris la porte et que je me dirigeais vers la sortie, épuisée par la course...

L'espoir.

Avec mon plus grand étonnement, il y avait la police dans la rue et face à la maison.

Les flics !

Deux voitures aux gyrophares clignotant et des officiers à l'extérieur, dont certains armés avec des pistolets, tasers et j'en passe !

Dès que je posais mes yeux sur eux, j'eu le réflexe de lever mes mains avant qu'ils me demandent le fameux "Les mains en l'air !", bien que je me demandais comment ils sont arrivés ici...

Mais sur le coup, je m'en foutais.

Je courrais vers une femme officier qui venait de crier à ses co-équipiers de ne pas tirer et qui s'était mise en avant. Comme si elle savait que j'étais l'innocente de l'histoire.

Elle m'accompagnait à pas rapide derrière une des voitures, pour me mettre en sécurité. Mais à peine j'y étais que je tournais ma tête, alertée sur la scène qui était à coté de moi.

Je vis Kira sortir de la maison, avant de subitement s'arrêter à la vue des policiers. L'expression de son vissage changea de manière plus humaine. Elle regardait autours d'elle, prise sur le fait, le grand regard et la bouche entre ouvertes... Sans oublier les sourcils bien levés et la pâleur de son visage déjà bien blanc.

"Halte ! Les mains en l'air !" Prononça à nouveau le policier avec l'aide de son mégaphone.

-Kira Osuge, interpella un autre officier en levant le ton, rendez-vous calmement et tout ce passera bien !

Aucun doute, ils en avaient après elle. J'en remerciais le seigneur, même si j'étais une athée.

Mais Kira ne fut pas coopérative. Elle recula subitement jusqu'à rentrer dans sa maison, avant de fermer la porte. Les policiers se mirent alors en action, où celui qui tenait le mégaphone ordonnait d'enfoncer la porte et aux autres de faire le tour de la maison.

La seule femme-officier m'invitait, ou plutôt me forçait, à me mettre en sécurité dans la voiture. La dernière chose que je vis avant que celle-ci démarre le véhicule est des policiers forcer la porte de la maison des Osuge.

Et pourtant, bien que mon adrénaline enroulait son mes membres, je n'étais pas encore tranquille.

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