7 ➵ 𝗼𝘂𝘁𝗿𝗼 : 𝘁𝗲𝗮𝗿 • 𝗯𝘁𝘀

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𝙙𝙚́𝙘𝙚𝙢𝙗𝙧𝙚 𝟮𝟬𝟮𝟯
𝙩𝙤𝙠𝙮𝙤

Il avait hésité longtemps, caché dans l'angle d'une rue toute proche. De temps en temps, il lançait un œil à l'entrée de la salle, et voir le nombre de personnes rassemblées devant le faisait frissonner. Il avait l'impression que s'il faisait un pas en dehors de sa cachette, tous fixeraient leurs regards sur lui, le jugeant et se moquant de lui. Il n'était pas sûr d'être prêt à affronter ça.

Il avait fait tout le chemin jusqu'ici à pieds pour se changer les idées, sa musique à fond dans les oreilles pour distraire son esprit. Et malgré tout, il était plus stressé que jamais. Il n'avait pas encore aperçu de gens qui lui étaient vraiment familiers, mais en même temps il n'était jamais resté plus de quelques secondes à découvert. Il se sentait ridicule, d'être obligé de se dissimuler comme ça, comme si quelqu'un attendait pour le manger. Il avait vingt-quatre ans, il était censé être au-dessus de ça. Mais s'avancer vers l'intérieur lui semblait aussi insurmontable que d'arriver sans armes sur un champ de bataille. Chaque regard de travers, chaque parole lui irait droit au cœur.

Si ça se trouve, il se faisait des films pour rien. Peut-être que Jisung n'habitait même plus à Tokyo. Peut-être qu'il n'avait pas jugé utile de faire le déplacement, qu'il n'avait juste pas eu envie de venir. Il y avait des milliers de possibilités pour que cette journée ne vire pas au cauchemar. Et il n'y avait qu'un seul moyen d'aller vérifier. Minho savait que s'il n'y allait pas maintenant, il allait le regretter le reste de sa vie.

Alors il sortit de la rue dans laquelle il s'était réfugié, et commença à marcher en direction de la foule qui s'agrandissait de minutes en minutes. Il était midi moins le quart, il était dans les temps. Évidemment, contrairement à ce qu'il redoutait, personne ne lui accorda la moindre attention. Après tout, excepté pour son groupe d'amis, il ne s'était vraiment rapproché de personne durant toute sa scolarité. En revanche, lui détaillait les visages de tout ceux qu'il croisait, à la recherche de traits familiers qu'il ne trouvait pas. Et au fur et à mesure qu'il se rapprochait des grandes portes ouvertes, il sentait les battements de son cœur s'accélérer et mourait d'envie de prendre ses jambes à son cou. Déjà il regrettait d'avoir mis une chemise sous son épais manteau sable : il avait beau faire froid dehors, la panique le réchauffait plus efficacement que n'importe quel radiateur.

Quand il eut fini de scanner les anciens élèves qui restaient dehors, il finit par entrer à l'intérieur de la salle. Là, il fut momentanément distrait de ses recherches actives par la décoration, qui avait dû prendre des heures à installer compte tenu de sa richesse. Partout où il posait les yeux se trouvaient du bleu et de l'argenté, deux couleurs qui s'accordaient parfaitement avec la période. Chaque année, ils changeaient les coloris choisis. Il était content que ce soit tombé sur du bleu : c'était sa couleur favorite, peut-être lui porterait-elle chance. Puis son regard quitta les guirlandes murales pour analyser la foule qui se massait près des buffets. Il en reconnaissait certains et certaines, des personnes qui avaient été dans sa classe mais avec lesquelles il n'avait pas tissé de liens particuliers. Malgré tout, c'était bizarre de les retrouver des années après, et de découvrir comment ils avaient évolué. Il se souvenait des jours où, quand il était au lycée, des réunions de ce style avaient lieu ici. Il observait tous ces adultes bavarder autour d'un déjeuner, et ça lui paraissait à des années-lumière. Pourtant, c'était bien dans la même situation qu'il se trouvait aujourd'hui.

Il repéra son ancienne professeure de mathématiques à côté de ce qui ressemblait à un plateau de sushis. Elle bavardait avec un homme âgé qui portait des lunettes, trop vieux pour être un ancien étudiant. Plus loin à gauche, la proviseure conversait avec Lin, qui avait autrefois été sa partenaire de sport. Elle s'était coupé les cheveux et un anneau brillait à son annulaire gauche ; elle avait l'air plus épanouie qu'elle ne l'était au lycée. Encore plus loin, il y avait...

Minho se figea. Autour de lui, le brouhaha de la salle lui parvenait comme à travers une paroi épaisse, en un écho distant de murmures et de rires. Les silhouettes sur lesquelles il venait de poser les yeux étaient celles qu'il recherchait depuis tout à l'heure. Il compta machinalement les têtes, ils étaient six, positionnés en cercle, la même énergie sur le visage que quand il les avait vu pour la dernière fois. Seuls manquaient Changbin et Seungmin. À les voir ainsi, souriant et s'enthousiasmant ensemble, il eut envie de partir. Il n'avait pas le droit de s'immiscer dans un moment aussi joyeux ; il ne devait pas être l'ombre sur le tableau, pas aujourd'hui alors qu'ils étaient si heureux de se retrouver. Il déglutit péniblement, ne sachant que faire. Au moment où il se décida enfin à quitter la salle, il était trop tard : Jeongin regarda dans sa direction, et toute trace de joie disparut de son visage. Les autres ne mirent pas longtemps avant de repérer le changement d'attitude du plus jeune, et ils se retournèrent vers lui, des expressions toutes plus variées les unes que les autres s'étalant sur leurs visages. Il reconnut l'étonnement, la colère, la stupéfaction, la tristesse, l'incrédulité. Il ne pouvait plus faire marche arrière maintenant. La roue du destin était lancée, et qui sait ce qui allait en sortir.

Aucun d'eux n'esquissa un mouvement dans sa direction, et il resta planté au milieu de la salle, les bras ballants, son regard passant d'un des garçons à un autre, comme s'il voulait enregistrer tous les détails qu'il avait manqué durant son absence. Tous y passèrent, excepté le brun qu'il savait être entre Felix et Chan. Il n'osait pas croiser son regard, il avait trop peur de ce qu'il allait y trouver. Déjà ceux des autres lui faisaient atrocement mal, et le pire étant qu'il savait qu'il les méritait, ces regards haineux.

Il lui semblait que la Terre avait cessé de tourner, pour lui et pour les six jeunes hommes en face. Il aurait voulu leur hurler des excuses, s'effondrer en larmes dans leur bras. Mais il n'aurait pas le droit à leurs étreintes. Il était devenu un étranger pour eux. Il fallait qu'il bouge, qu'il aille leur dire quelque chose, mais il restait désespérément bloqué, une boule dans la gorge et un poids sur le cœur. Cinq années avaient passé. Cinq années durant lesquelles il n'avait eu aucune idée de ce qu'ils devenaient. Ils n'avaient pas changé tant que ça : leurs visages s'étaient affinés, leurs cheveux avaient pour quelques-uns subi des colorations, ils étaient devenus un peu plus assurés, un peu plus affirmés. C'était à l'intérieur qu'avaient dû se produire le plus de changements. Et il ne saurait jamais ce qu'ils avaient vécu pendant ces cinq ans, pas vraiment, il n'en aurait au mieux que des pièces rapportées, ce qu'on voudrait bien lui dire. Il avait l'impression d'avoir loupé une immense marche dans l'escalier de sa vie.

Quand enfin il se décida à bouger, il sentit un mouvement de recul de leur part. Il en était donc ainsi maintenant, ils se méfiaient de lui. Il n'était pas sûr de pouvoir supporter cette situation longtemps, voir le rejet sur leurs visages était pire que tout ce qu'il avait pu imaginer. C'était une erreur, il n'aurait jamais dû venir ici, il n'avait pas sa place au milieu d'eux. Mais qu'il le veuille ou non, il avait à présent marqué leur journée définitivement. Il n'avait plus d'échappatoire possible : il fallait qu'il affronte ses ex-meilleurs amis.

Il s'avança prudemment. Ils restaient figés, comme si le voir les avaient changés en statue de sel. Il aurait préféré se trouver n'importe où plutôt qu'ici. L'atmosphère était devenue glaciale, malgré les conversations avenantes qui continuaient d'avoir lieu à quelques mètres de lui, comme si le reste de la foule était indifférent au drame qui se jouait près d'eux. Au fur et à mesure qu'il se rapprochait, les têtes se tournaient vers Jisung, qui lui garda les yeux fixés sur le jeune homme. Il finit par arriver à leur hauteur, se sentant plus démuni que jamais. Pas un ne dit mot, et il sut que c'était à lui de commencer. Que pouvait-il dire ? Quels mots réussiraient à faire oublier ses années d'absence ?

-Salut, fit-il piteusement, toujours incapable de regarder son ancien petit ami.

Il entendit une exclamation choquée, qui devait venir de Felix. À présent, ils le fixaient tous, les sourcils haussés dans une expression stupéfaite.

-C'est tout ce que tu trouves à nous dire ? cracha Hyunjin, ne pouvant plus se retenir.

Il ne s'était pas attendu à de la bienveillance, loin de là, mais c'était une chose que de les imaginer le haïr et une autre d'en faire l'expérience en direct. De la pure haine, c'était bien ce qu'il voyait dans les yeux du noiraud, et dans ceux de Felix. Ils étaient les plus proche de Jisung, c'était normal en un sens qu'ils le détestent pour l'avoir fait souffrir. Mais Jisung leva la main pour leur demander de se calmer, et s'avança jusqu'à se trouver nez-à-nez avec lui. Minho ne pouvait plus l'éviter ; il se résigna à poser son regard sur lui.

Ce qu'il vit lui déchira le cœur. Il est tellement beau fut la première pensée qui lui traversa l'esprit. Le visage de Jisung était presque le même qu'avant, seulement un peu plus mature, et c'était douloureux que de se retrouver en face d'une personne avec qui il avait partagé tant de souvenirs le regarder comme un étranger. Il réalisa avec horreur qu'ils avaient désormais passé plus de temps sans l'autre qu'avec l'autre depuis leur rencontre, et cette constatation lui glaça le sang. Mais qu'importe la froideur qui se lisait dans ses traits : il était toujours magnifique, et Minho fut pris d'une furieuse envie de prendre sa tête entre ses mains et de l'embrasser. Ce qu'il ne fit pas, évidemment, malgré son corps qui n'avait qu'un désir : se serrer contre celui du jeune homme et ne plus jamais le lâcher.

Jisung semblait réfléchir. Il attendit une sentence, qui ne vint pas : le brun se contenta de l'observer, comme s'il redécouvrait son visage et souhaitait en retenir les moindres détails. Derrière lui, le reste du groupe attendait qu'il prenne la parole. Minho les analysa brièvement. Chan et Changbin ne semblaient pas particulièrement en colère, plutôt surpris et inquiet. Jeongin avait la bouche ouverte, toujours sous le choc de l'apparition soudaine de leur ancien ami. Et Felix et Hyunjin le regardaient d'un œil noir, visiblement toujours rancuniers de ce qu'il leur avait fait subir.

Le silence commençait à devenir inconfortable. Jisung gardait toujours les yeux fixés sur lui, et Minho sentit son cœur s'arrêter de battre quand il constata qu'une larme roulait sur la joue gauche du brun. Par réflexe, il voulut tendre la main pour l'essuyer, mais il se retint au dernier moment. Mieux valait qu'il garde profil bas dans la situation dans laquelle il était. Mais il était incapable d'assister à la tristesse de Jisung sans en être lui-même atteint. Était-ce la fatigue, le stress qui retombait, la vue des gouttes qui dévalaient maintenant abondamment les joues de son ex-petit ami ? Toujours est-il qu'il se mit lui aussi à pleurer. Et il sentit que parmi ceux qui l'observaient, cette réaction ne passa pas inaperçue.

Minho ne pleurait jamais. Ce n'était pas qu'il était insensible, blasé, dénué d'émotions. Il ressentait et souffrait autant que les autres, simplement ses sentiments ne s'exprimaient pas sous forme de larmes. Il pouvait se sentir immensément triste, ému, heureux à en pleurer, jamais il ne versait de larmes. Durant toute sa vie, il ne pouvait d'ailleurs se rappeler que de deux moments où il avait éclaté en sanglot : à la mort de son père, et quand il avait quitté ses amis en sachant qu'il ne les reverrait probablement jamais. Mais face à Jisung, il était incapable de garder sa contenance. Et il imaginait à quel point ils devaient avoir l'air idiot, à se regarder comme ça en pleurant, mais ni lui ni Jisung ne faisait le premier pas.

Autour de lui, l'hostilité était retombée comme un soufflé. Comment rester en colère face à quelqu'un en larmes ? Même Felix et Hyunjin se regardaient en coin, un peu gênés. Cette vision irrita Minho. À quoi s'étaient-ils attendus ? Avaient-ils vraiment pensé qu'il n'en avait rien à faire, que disparaître de leur vie comme ça avait été pour lui une partie de plaisir ? Le croyaient-ils donc si insensible ?

Après un moment qui lui sembla durer éternellement, Jisung finit par bouger. Et il fit une action à laquelle Minho ne s'attendait pas, vu l'état dans lequel il se trouvait. Il le gifla avec énergie.

Sous le choc, Minho ne réagit pas. La claque eut pour effet immédiat de tarir ses larmes. Il resta quelques instants interdits, la joue en feu, puis la seconde d'après sentit un poids s'affaisser contre lui. Jisung venait de le prendre dans ses bras, et il s'agrippait à lui de toutes ses forces. Son odeur, reconnaissable entre mille, envahit ses narines et il ferma un instant les yeux, laissant tous ses autres sens se remplir de la présence du brun contre lui. À ce stade, il ne savait même plus quelle émotion prédominait dans son cœur. Il n'avait que deux certitudes : ça lui avait énormément manqué, et il ne voulait plus jamais être séparé de lui.

Minho était d'ordinaire peu romantique, étant plutôt du genre à exprimer son affection en taquinant ou en blaguant qu'à faire de grandes déclarations. Il était vite gêné quand on lui exprimait de l'amour, et il préférait cacher ses véritables sentiments en étant froid ou désintéressé. Mais là, il considérait qu'il avait le droit de se laisser un petit peu aller. Il avait rêvé de ce moment pendant cinq ans, sans vouloir se l'avouer, et à présent il y était. Il aurait pu pleurer de joie si jamais ses yeux ne s'étaient pas déjà asséchés. Pour la première fois depuis des jours, il cessa de penser à ce qu'on allait penser de lui, ce qu'on allait lui dire, comment il allait se justifier. Seul comptait Jisung, et l'écho de son cœur contre le sien.

Quand ils se détachèrent, ce dernier le regardait d'un air plus apaisé, comme s'il avait réussi à enfin accepter quelque chose.

-Ne crois pas que tu vas t'en tirer comme ça, Lee Minho, le menaça-il néanmoins. Et ne prends pas mon geste pour ce que ce n'est pas : c'était juste ce que j'aurais aimé pouvoir faire avant que tu ne partes. Ça fait cinq ans que je le retiens, ce câlin. Mais ne commence pas à te faire des idées. Je suis passé à autre chose.

Minho eut un sourire gêné. Il sentait encore la marque cuisante de la claque de Jisung sur sa joue, et il n'était pas près d'oublier qu'il n'aurait pas le droit au pardon tout de suite. Il prit alors la parole, non sans avoir poussé un long soupir.

-Écoutez... Avant toute chose, j'aimerais vous dire de ne pas m'interrompre. Je sais que vous allez avoir envie de réagir, je le comprends, à votre place je serais pareil. Mais si vous pouviez juste m'accorder quelques minutes, c'est tout ce que je demande.

Il les implora du regard. Chan finit par s'avancer, et après concertation muette approuva pour le reste du groupe.

-Okay, alors... Ça vous dit pas qu'on aille dans un endroit un peu plus calme ?

Quelques minutes plus tard, ils étaient tous assis derrière l'estrade, dans une pièce qui devait servir pour des réunions, et qui du coup s'avérait parfaitement adapté à la situation. Ils s'étaient tous installés en silence, et Changbin avait prévenu les membres manquants de ce qu'il se passait et d'où ils pouvaient les rejoindre. Personne ne s'était assis sur les deux chaises de chaque côté de Minho, et il avait l'impression d'être à un procès dans lequel il serait l'accusé. Ce qui n'était pas forcément faux : après tout, il était là pour plaider sa cause.

-Je sais que je ne peux rien dire qui permettrait de m'excuser, commença-il, ignorant le reniflement dédaigneux de Felix. J'aimerais juste essayer... de m'exprimer sur ce que j'ai fait. Il n'y a rien que je puisse faire qui pourrait effacer mes actions, et si vous saviez à quel point je les regrette, je...

-Pas autant que nous, fit remarquer Jisung, qui malgré son acte spontané de plus tôt n'était décidément pas tout à fait encore revenu de son côté.

Rien d'étonnant : comme il l'avait justement annoncé, il était passé à autre chose, et il n'y avait aucune raison qu'après cinq ans, il soit toujours éperdument amoureux de Minho. Pourtant, le brun mentirait s'il disait qu'il n'y avait pas une petite partie de lui qui ait espéré secrètement que ce soit le cas. Ce qui aurait été un sacrifice immense à exiger de Jisung : on ne peut pas quitter quelqu'un et s'attendre à ce que des années plus tard, il éprouve toujours les mêmes sentiments.

-Il a demandé à ce qu'on le laisse parler, alors chut, intima Chan.

Minho lui adressa un signe de tête reconnaissant. Ce qu'il s'apprêtait à annoncer, il l'avait ressassé cent fois, mille fois dans sa tête. Il n'allait pas y arriver si on continuait de l'interrompre toutes les deux minutes. Déjà qu'il n'avait qu'un brouillon en tête, et qu'il allait sûrement se répéter au passage. Il n'était vraiment pas doué pour l'éloquence.

-Je disais donc, reprit-il, je regrette ce que j'ai fait. Mais je n'ai pas vraiment eu le choix, et si c'était à refaire, j'ai bien peur que je le referais à nouveau. La raison de mon départ, je ne peux malheureusement pas vous la révéler, sachez juste que si je pouvais, je le ferais. Vous méritez des explications. Mais je... Je ne peux pas vous les donner. C'est juste que... C'est quelque chose de personnel, et j'arriverais peut-être à en parler un jour, mais pour l'instant c'est trop dur. J'espère que vous comprendrez. Mon comportement a été impardonnable, et si je suis revenu aujourd'hui, ce n'est pas pour que vous m'acceptiez à nouveau parmi vous. J'ai conscience de l'erreur que j'ai faite, de l'impact que ça a pu avoir sur vous, et je suis terriblement, terriblement désolé. Je ne demande pas à ce qu'on oublie ce que j'ai fait. Si je suis ici... C'est parce que je n'ai pas pu me résoudre à faire comme si cette lettre, cette invitation n'existait pas. Je sentais qu'il y avait quelque chose que je devais faire que je n'ai pas fait à l'époque. Je suis venu parce que je sentais que je vous devais au moins des adieux corrects. Alors... ceci est mon dernier au revoir.

Il aperçut les regards échangés, les murmures étonnés. Il avait conscience que sa déclaration était plutôt inattendue. Il n'était pas venu pour qu'on l'accueille comme le fils prodigue : il revenait pour réparer ce qu'il avait négligé, cinq ans auparavant. Il avait pris sa décision, le matin même, alors qu'il se torturait l'esprit pour savoir ce qu'il allait bien pouvoir dire. À présent, tout lui paraissait clair. Il allait dire adieu, et quitter leurs vies pour de bon. Il leur avait déjà fait trop de mal : il était temps qu'il parte, définitivement.

-Tu te fous de nous ? explosa alors Jisung, ce qui fit vaciller ses rêves grandiloquents. Tu te prends pour quoi ? Un héros de film ?

Il éclata d'un rire sans joie. Interloqué, Minho ne sut quoi répondre. Il était tellement sûr du bien-fondé de sa décision qu'il n'avait pas envisagé qu'on la réfute, encore moins qu'on en rigole.

-Tu crois que tu vas t'en tirer comme ça ? continua le brun, visiblement furieux. Tu crois qu'il te suffit de réapparaitre subitement, de jouer les héros déchus et de faire une sortie de scène tragique ? Tu aimes ça, l'idée de jouer au personnage brisé ? Je vois que tu as préparé tes belles phrases. « Je sais que vous ne me pardonnerez pas », « je viens vous faire mes adieux », etcetera ? Toi, toi, toi, tout tourne autour de toi ! Tu as pensé une seconde à ce que nous, on allait ressentir ? Tu crois peut-être te donner le beau rôle en te sacrifiant, mais si tu pars à nouveau aujourd'hui, même en nous disant au revoir, tu referas la même erreur qu'il y a cinq ans, et cette fois, je te jure que je te dégagerais définitivement de ma mémoire. Merde, t'as foutu ma vie en l'air, Minho ! J'ai cru que je ne me remettrais jamais de ta perte ! Ça a pris des années pour que j'en sois au stade de l'acceptation, que je puisse enfin marcher dans ce quartier sans qu'un foutu souvenir ne vienne me mettre le cœur en miettes. Et tu reviens comme une fleur, me dire que tu t'es enfin décidé à nous faire des adieux décents, pour ensuite repartir ? Dans ce cas-là, il ne fallait pas venir du tout, ça aurait fait moins mal. Que tu le veuilles ou non, en venant aujourd'hui tu as remis les compteurs à zéro, alors maintenant assume !

Il avait prononcé tout cela d'une traite, en criant de plus en plus fort. Quand il eut terminé, il était debout, essoufflé, et l'ensemble du groupe le regardait les yeux ronds, surpris par cet accès de colère. Il ne les avait pas habitués à s'énerver comme ça, pas depuis le collège et le début du lycée. En tout cas, son discours avait eu de l'effet sur Minho. Le brun était laissé sans voix, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau. Il n'avait pas envisagé les choses sous cet angle, persuadé que puisqu'il souffrait, c'était la bonne décision à prendre. Il reconnut avec honte qu'il s'était en effet posé en héros de tragédie, voyant son sacrifice comme un acte noble. Il n'avait pas pris en compte qu'en venant ici, ce n'est pas seulement lui qui était perturbé, mais aussi tous les autres.

-Je suis désolé si tu l'as pris comme ça, Jisung, parvint-il à balbutier. Tu as raison, c'était idiot de faire ça sans votre avis. Mais je pensais... Enfin, je pensais que vous ne voudriez plus me voir.

-T'étais notre meilleur ami, évidemment qu'on a envie de te voir ! Mais t'as l'air de penser qu'on te fait juste la gueule ! Je sais pas si tu réalises que quand t'es parti, on a cru qu'il t'était arrivé quelque chose. Bam, d'un coup, plus personne qui répond au téléphone ou sur les réseaux sociaux ! On s'est tellement inquiété qu'on a fait le tour des hôpitaux, on a cherché l'adresse de tes parents sur internet, à la fin, on croyait juste que t'étais mort ! Et je me suis dit que non, c'est pas possible, il se passait juste un truc dans ta famille ou je sais pas quoi, que t'allais revenir. Mais t'es jamais revenu.

-Je suis désolé...

-Et là, tu nous dit que tu peux pas nous dire pourquoi t'es parti sans explications. Ok, je le prends mal, mais je conçois. Et alors ? Pourquoi tu reviens subitement ? Me fais pas croire que tu voulais juste nous dire au revoir, parce que t'as eu cinq putains d'années pour le faire.

-Je...

Minho sentait une horrible migraine se pointer. Ses pensées étaient en fouillis, il ne parvenait plus à choisir ses mots convenablement. Pourquoi était-il revenu ? Parce qu'il sentait que c'était son devoir ? La nostalgie ? Il n'était plus sûr de rien. Il avait envie de retourner dans son lit, de s'enfouir sous la couette et de ne plus jamais en sortir. Toute cette situation était bien trop complexe, il ne savait pas ce qui lui avait pris d'accepter cette foutue invitation. Mais il savait que ce n'était pas la réunion en elle-même le problème ; c'était ses actes d'il y a cinq ans. S'il avait juste pris le temps de leur dire qu'il allait devoir partir, s'il avait envoyé ne serait-ce qu'un seul message, il n'en serait pas là aujourd'hui.

-J'avais envie de vous voir, avoua-il dans un souffle. Je sais bien que je n'ai pas le droit d'être triste alors que tout ça c'est ma faute, mais...

-Arrête de te poser en victime, s'il te plaît, l'interrompit Jisung. C'est très, très irritant.

-D'accord, d'accord. Vous me manquiez et je voulais vous revoir, ça te va comme explication ? Tu veux que je mente et que je dise que tout ça ne m'affecte pas ? Tu crois que ça m'a fait plaisir de partir comme ça ?

C'était plus fort que lui, il sentait une colère sourde l'envahir peu à peu et il ne parvenait pas à se contenir. Même si se battre avec Jisung était la dernière chose qu'il voulait, il devinait qu'ils avaient tous les deux des choses sur le cœur, et il fallait que ça sorte.

-Les garçons, tenta Changbin peut-être pourriez-vous discuter au lieu de vous énerver, je ne pense pas que...

-Si ça te rendait tellement triste, alors pourquoi tu l'as fait ? cracha Jisung, coupant la parole à leur aîné. C'est facile d'arriver et de dire qu'on t'a manqué ! Toi au moins, c'était ta décision, tu ne l'as pas subi, cette séparation !

-Tu n'as aucune idée de pourquoi je l'ai fait, alors ne parle pas de ce que tu ne connais pas ! Je n'avais pas le choix, et j'étais déchiré ! Mais j'aurais préféré rester avec vous, qu'est-ce que tu crois ? Alors, oui, peut-être, peut-être que je souffrais moins que vous parce que je savais ce que j'avais fait. Mais ce n'est pas pour autant que c'était plus facile pour moi ! Tu ne sais pas ce que j'ai traversé !

-Et moi, tu sais ce que moi j'ai subi ? Tu veux qu'on compare ? Tu crois que c'est un concours ? C'était peut-être dur à vivre pour toi, mais ça l'était encore plus pour nous !

-Je sais !

La voix de Minho s'était brisée.

-Je sais que ce que vous avez dû ressentir, c'était ce que je ressentais mais en dix fois pire. Je ne peux même pas imaginer ta peine, et pourtant je l'ai fait, j'ai tenté de me représenter dans quel état tu devais être, et c'était une torture ! C'est l'idée de ta douleur, de votre douleur qui me faisait si mal ! Et je ne pouvais rien faire pour l'empêcher, sinon je l'aurais fait !

-Tu aurais pu envoyer un message, intervint Felix, lui aussi dangereusement en colère. Juste un mot, je ne sais pas, quelque chose. Ne prétends pas que tu en as quelque chose à faire de nous alors que tu avoues avoir pensé à ce qu'on ressentait et ne pas avoir réagi !

-Mais je ne pouvais pas ! Plus le temps passait, et plus je me disais qu'envoyer un message serait mal pris, qu'on me rejetterait encore plus ! J'étais pris dans un cercle vicieux...

-Et bien tu pensais mal, déclara Hyunjin, s'immisçant à son tour dans le débat. Au point où on en était, juste un « je vais bien, je ne peux pas répondre pour le moment » aurait suffi, on s'en serait contenté.

-Jisung a raison, ajouta Chan, soucieux. Si tu regrettes de nous avoir quitté sans un mot, alors ne recommence pas aujourd'hui. Tu penses que tu es impardonnable ? Laisse-nous au-moins en juger nous-mêmes.

Comme d'habitude, son intervention apaisa un peu les tensions. Avec Changbin, il avait toujours agi dans le rôle du médiateur, tentant de garder un point de vue neutre quand des disputes secouaient le groupe, bien souvent entre les plus jeunes. Felix, Hyunjin et Jisung se calmèrent, et le brun se rassit sur sa chaise. Minho laissa échapper un soupir. La discussion animée l'avait secoué, il se sentait désorienté et sa tête lui faisait plus mal que jamais.

-Admettons. Donc là, je suis censé vous laisser décider si vous voulez encore de moi dans vos vies ou pas ?

-Ce n'est pas obligé d'être aussi radical, tempéra Changbin. On peut tous parler calmement. Mais Minho, tu as déjà pris la décision de nous quitter une fois sans nous consulter. On aimerait bien avoir notre mot à dire, c'est tout. Donc, est-ce que quelqu'un à quelque chose à objecter ?

Le silence tomba sur la petite assemblée. Puis, à la surprise générale, ce fut la petite voix de Jeongin qui s'éleva :

-Je n'ai pas trop envie que tu partes à nouveau, Minho-hyung. Si ça te dérange, tu n'es pas obligé de rester, s'empressa-il d'ajouter, mais moi en tout cas... Je veux bien de toi.

Minho déglutit péniblement. La confiance du plus jeune ne le laissa pas indifférent. Après tout ce qu'il avait dû subir par sa faute, il arrivait encore à voir le positif et à souhaiter son retour. Il ne savait pas s'il aurait été capable d'un tel acte de pardon. Il faut croire que l'amitié l'emportait sur la rancune.

-On n'a qu'à faire un tour de table, proposa Chan. Felix, c'est à ton tour.

Le blond soupira, visiblement contrarié. Il avait changé depuis le temps. Minho gardait de lui le souvenir du garçon avenant et attentionné à qui il avait donné des cours de coréen. À l'époque, il avait les cheveux roux flamboyants, et son énergie s'accordait parfaitement avec sa coiffure. Mais là, il semblait juste... Éteint. Était-ce uniquement la faute de Minho, ou y avait-il une autre raison pour qu'il soit ainsi abattu ?

-Désolé d'avance, mais ce que je vais dire ne va pas être aussi gentil que Jeongin. Je ne connais pas les raisons qui t'ont conduit à partir comme ça, mais je trouve assez culotté le fait que tu te pointes comme une fleur cinq ans après. Pourquoi aujourd'hui subitement ? Pourquoi tu viens remuer le couteau dans la plaie après aussi longtemps ? Évidemment que tu m'as manqué, que tu étais mon ami, mais je ne peux juste pas accepter que tu reviennes comme si de rien n'était. Il va me falloir du temps pour ça. Et je ne dis pas que je n'y arriverais jamais, c'est juste qu'actuellement, ça fait beaucoup à encaisser, et j'ai besoin d'attendre un peu avant de vraiment comprendre comment je me sens à propos de toi.

Minho hocha la tête. C'était logique, il ne s'attendait pas à autre chose. Malgré tout, il n'était pas ravi pour autant. Il posa son regard sur Hyunjin, qui était le prochain à passer. Le noiraud avait toujours l'air énervé, mais les interventions des autres semblaient le faire reconsidérer sa position.

-Pareil que Felix, finit-il par lâcher du bout des lèvres. Je ne peux pas nier que je suis heureux de te revoir, Minho. Je veux dire, on a quand même vécu trois ans ensemble, et tu m'as manqué. Mais je ne vais pas réussir à agir normalement avec toi avant un bon bout de temps... C'est un peu comme si on était des étrangers, il va falloir un temps de réadaptation.

-Je comprends, murmura le brun piteusement. Et toi, Changbin ?

-Je suis d'avis de te pardonner. On ne sait pas ce qui t'es arrivé, et si tu ne souhaites pas en parler, ça me va. Tu as sûrement une bonne raison pour être parti, je sais qu'autrement tu nous aurais prévenu.

Il adressa à Minho un sourire chaleureux qui lui contracta douloureusement le cœur. Il ne méritait pas qu'on soit aussi gentil avec lui. Il se sentait lâche et inutile. Le tour d'après était celui de Jisung, et il redoutait déjà ce que le blond allait lui asséner de plus. Mais celui-ci se contenta de secouer la tête :

-J'ai déjà dit tout ce que j'avais à dire.

C'était donc à Chan de clôturer ce tour de table. Et il manquait Seungmin, qui n'avait pas l'occasion de s'exprimer. Minho planta son regard dans celui de leur leader, qui ne laissait passer aucune expression. Il savait que les autres attendaient sa réaction impatiemment, et qu'elle déterminerait sûrement la suite des évènements.

-J'entends ce que chacun a dit, et je suis d'accord avec tous. Je pense que la meilleure solution, si vous êtes d'accord, est de continuer de sortir ensemble et de parler et de voir comment les choses évoluent. Si jamais...

Il fut interrompu par la porte qui s'ouvrit sur un grand châtain paniqué. À la vue de leurs amis, un grand sourire s'étira sur son visage, qu'il perdit immédiatement dès qu'il aperçut le jeune homme tout seul au bout de la table.

-Minho ? s'écria Seungmin, stupéfait. Mais qu'est-ce que...

Son regard passa sur toutes les personnes présentes dans la salle. Il constata rapidement que l'ambiance n'était pas vraiment à la fête. Seungmin écarquilla des yeux immenses. Il avait été d'un immense soutien pour Hyunjin lorsque celui-ci se remettait de l'absence de Minho, et il se doutait que le noiraud ne serait pas insensible à ce retournement de situation.

-Va-y, prend une chaise, l'invita ironiquement Minho. Tu as quelque chose à dire sur mon retour ? Tout le monde se lâche, viens participer !

Il remarqua les échanges de regard, les sourires en coin adressés au nouvel arrivant. Ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps, et il gâchait leurs retrouvailles. Forcément, pensa-il amèrement, il gâchait toujours tout, d'abord avec ses erreurs d'il y a cinq ans, aujourd'hui avec sa présence inattendue qui venait remuer de vieux souvenirs. Il était d'ordinaire plutôt indifférent à lui-même, mais en ce moment il se détestait profondément. Il les regarda s'échanger des banalités quelques instants, puis l'attention se reporta sur lui.

-Je disais donc, repris Chan d'un ton solennel. Si ça convient à tout le monde, Minho, on aimerait continuer à parler et à être amis comme avant, et on voit où les choses nous mènent. Je ne vois pas de raisons de t'isoler alors que tu as fait l'effort de revenir ici, en sachant que tu risquais d'être jugé. J'imagine que ce qu'il t'es arrivé n'est pas anodin, et comme a dit Changbin, tu devais avoir une bonne raison de faire... Ce que tu as fait. Enfin bref... Tu prévoyais de rester longtemps à Tokyo ?

La question le prit au dépourvu. À vrai dire, il n'avait pas vraiment réfléchi sur ce qu'il allait faire une fois cette réunion passée. Elle l'avait obsédé au point qu'il n'avait pas pensé à autre chose qu'elle. Il n'avait pas vraiment d'impératifs chez lui, mais il n'allait pas non plus pouvoir s'absenter longtemps. Il y avait des choses qu'il ne pouvait pas laisser en plan.

-Je ne sais pas, avoua-il. Pourquoi ?

Chan haussa les épaules.

-En Australie, c'est les vacances d'été. J'en ai profité pour venir ici quelques semaines, afin de vous retrouver. Et j'ai laissé passer une très bonne opportunité de job à cause de ça, d'ailleurs ! Tout mon argent est parti dans le logement et le billet d'avion ! Enfin bref, tout ça pour dire que je ne compte pas partir de sitôt. Et si tu as du temps, au lieu de rentrer... Enfin, je me disais qu'on pourrait en profiter pour rattraper un peu le temps perdu.

Jisung, Felix et Hyunjin avaient l'air d'avoir avalé une souris. Forcément, habitant tous les trois dans la capitale, ils allaient aussi probablement faire partie des plans de Chan pour les réconcilier. Minho le dévisagea, stupéfait.

-Tu veux dire...

-Je veux dire, on se donne deux semaines, d'accord ? Deux semaines pour se retrouver, parler, voir où on en est tous ensemble. Si jamais on sent que notre amitié n'est plus ce que c'était... On ne te retiendra pas, d'accord ? Mais avant de t'écarter de nos vies pour toujours, on voudrait bien essayer de t'y intégrer à nouveau, tu vois ? Ne crois pas qu'on veuille te rejeter : la réaction des autres est normale, ils ont difficilement supporté ton départ. Mais je pense qu'on est capable de raisonner en adultes maintenant, et de reprendre à zéro sans s'attacher constamment au passé. Si tu es venu ici, comme tu l'as dit, c'est parce qu'on te manquait. Alors essayons de rattraper ces cinq années en deux semaines, d'accord ? Si ça ne marche pas, nous n'aurons aucun regret, et nous pourrons reprendre nos vies apaisées. Mais partir comme ça ne changerait rien, Minho. Alors, qu'est-ce que tu dis ?

Deux semaines. Ils lui offraient deux semaines pour se racheter, deux semaines pour retisser les liens qu'il avait détruit sans ménagement. C'était plus que ce à quoi il s'attendait. L'espace d'un instant, il sentit son cœur battre plus fort, rendu vivant par l'espoir de cette réconciliation qu'il se surprenait à désirer plus que tout au monde. Oui, il voulait à nouveau rire avec eux comme avant, partager les bons moments. Même si sa vie était autre part désormais, il avait la possibilité de se racheter. Et puis, pour deux semaines, il pouvait bien mettre ses projets en pause, non ? Un sourire éclaira son visage, qui fit écho à celui de Chan et celui de Jeongin.

-Deux semaines, répondit-il dans un souffle. Ça me va.

Cette fois, il vit le vœu de ne plus jamais les décevoir.

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