19 | une fin de première

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— TA MÈRE REVIENT pour les grandes vacances, prévient Ezéchiel lorsqu'Ina rentre des cours.


Nous sommes un samedi de juin et Ina se rapproche tristement du BAC de français. Elle va devoir taffer, surtout qu'elle a trouvé en elle un grand amour pour la dissertation.

— Elle t'a appelée ? demande-t-elle finalement.

Depuis sa discussion avec ses amis, Ina fait des efforts pour prendre sur elle et répondre un minimum à ses remarques importantes. Là, le thème reste celui de sa mère, donc elle se doit d'y ajouter son grain de sel.

— Oui, répond-t-il en la regardant.

Elle rentre ensuite dans sa chambre, étale ses affaires et soupire devant tous les textes qu'elle doit apprendre. Ina a fait un planning avec Edgar, mais elle ne sait jamais comment trouver la motivation pour bosser. Souvent elle l'appelle, mais lui aussi est en train de travailler.

« Tu peux passer chez moi cet aprèm », reçoit-elle de son petit-ami.

« Je dois réviser :cccc » répond-elle en soupirant.

Ina sourit en lisant le message qui suit :

« On peut réviser ensemble ? »

Elle adore quand il répond directement à ses messages.

« OK, deal, je passerai chez toi à quinze heures »

Ça lui offre trois heures pour bosser un minimum tout en se préparant à manger.

— Allô ?

— Ingrid, maman revient pour les vacs !

Sa sœur bascule en Facetime et on voit son sourire illuminer l'écran.

— Misha va bien ? demande Ina en voyant la tête du nouveau petit-ami de sa sœur.

— Il est un peu fatigué mais ça va.

— Ça va pour tes exams toi ?

Ingrid tire une tronche.

— Laisse tomber la PACES, c'est... mortel. Littéralement.


Ina sourit.

— Comme le BAC de français.

— Oh t'inquiète c'est de l'eau ça.

Ina lève les yeux au ciel. Elle est pas allée en L.

***

INA FOND DANS LES BRAS d'Edgar. Elle se sent plus légère rien qu'en le voyant. Finalement, elle a juste pris une de ses fiches qu'elle a déjà révisées, persuadée qu'elle ne va pas bosser.

— On va vraiment bosser ? demande-t-elle en voyant tous ses manuels étalés sur son bureau.

Edgar grimace.

— Un peu, ouais, j'ai ça à finir, dit-il en montrant un chapitre de physique.

Ina soulève un de ses cahiers, admire son écriture et fixe sa fiche. Dans un coin de sa chambre, elle voit quelques uns de ses cartons.

— T'emménages quand à Paris ?

Parce que oui, Edgar monte sur Paris dès la rentrée prochaine. Il a été accepté à Dauphine en maths appliqués. Il dormira chez sa tante.

— En août, après le boulot, explique-t-il en soupirant.

Bizarrement, Ina n'a pas très peur de la distance. Elle sait que les amis de sa sœur ont toujours réussi à se déplacer malgré leurs emplois du temps chargés. Mais elle flippe à l'idée de ne pas le voir assez, ce qui creusera un peu plus le vide qu'il laissera derrière lui en partant.

— Tire pas cette tronche, remarque-t-il.

Edgar a arrêté de bosser. Il s'est tourné vers elle.

— Tu crois que toi et moi, avec la distance, ça va marcher ? Je veux pas dire... mais déjà l'été dernier, on était un peu tendu alors toute une année... remarque la brune.

Le jeune homme lui caresse les cheveux.

— Ina, ça va aller. J'aurais une voiture et je vais me démerder. On est à deux heures l'un de l'autre et j'ai encore ma famille à voir, affirme-t-il.

Elle l'écoute sans savoir quoi ajouter.

— Bon on arrête de réviser, achève-t-il avec un sourire en coin.

Edgar glisse alors une main le long de sa taille et remonte délicatement son t-shirt en l'embrassant. Ina sourit. Elle n'a pas honte de se l'avouer : elle a envie de lui. C'est dingue comme elle a découvert son corps ces derniers mois, comme elle apprend à ouvrir son monde à des terrains inexplorés.

— Oh.

— Quoi ?

— T'as la main sur mon cul, fortement inapproprié, s'amuse-t-elle en se moquant de lui.

Edgar étouffe un rire et continue de l'embrasser.

— Tais-toi un petit peu et laisse-toi faire.

Elle se laisse faire. Parce qu'elle en a envie et qu'elle déborde de désir. Finalement ils retombent sur son lit et Ina embrasse doucement sa clavicule. Elle sait qu'il est sensible dans ce coin-là.

— Deux suçons max, rappelle-t-il.

— Deux suçons max, répète-t-elle.

Elle en fait trois, parce qu'elle s'en fiche de leur règle pourrie. Ina sourit davantage quand elle le voit galérer à déboutonner sa chemise.

— Je vais t'aider.

Elle l'aide et son regard intense se pose sur elle. Les deux ont chaud. Puis ils soupirent de bonheur quand elle explore son corps du bout des doigts. Parce qu'ils aiment aussi cet amour charnel.



***

INA EST RENTRÉE ASSEZ TÔT pour recroiser son père. Il est dans le salon, un plat de coquillettes dans les mains. Il reprend ses habitudes d'étudiant, à 49 ans.

— T'es encore avec l'autre femme ?

Il se tourne subitement vers sa fille, surpris de la voir lui adresser la parole. Ina a pris du temps à réfléchir à ses actions, et aujourd'hui, si son père lui annonce qu'il est toujours avec cette femme, elle prendra la décision de la rencontrer.

— Daphné ?

La brune acquiesce.

— Oui, tu veux bien la voir ? demande-t-il avec espoir.

— Ouais. Mais juste elle et moi.

Et elle repart dans sa chambre, les mains tremblantes.

Cette décision, elle est personnelle. Pendant ces derniers mois, Ina a énormément réfléchi après le café avec ses amis. Et pendant cette introspection, elle s'est rendue compte qu'elle devait au moins prévenir cette femme de l'infidélité de son amant. Ina sait qu'elle a eu un rôle néfaste. Mais Ina a également un rôle à jouer cette fois. Elle doit débloquer cette situation. Parce qu'elle grandit et que parfois, il faut faire certaines concessions.

C'est comme Mél' et Issa. Ina n'a pas son mot à dire parfois. Elle n'est pas actrice de leurs vies. Autant qu'elle n'est pas scénariste des amours de son père. Elle souhaite juste le malheur de celui-ci pour qu'il réfléchisse enfin à ses erreurs.

Au fond, ils ont beaucoup discuté aujourd'hui par rapport à ces six derniers mois. Ina se sent tragiquement plus légère. Tout ça parce qu'elle a encore du mal à ne pas haïr jusqu'au bout son père.




***

POUR CETTE PREMIÈRE — et peut-être dernière — RENCONTRE, Ina a accepté d'aller au restaurant avec cette femme.

Lorsqu'elle la voit pour la première fois, elle sent son cœur se nouer. Cette dame est magnifique, comme sur les photos. Sublime. Elle est tellement différente de sa mère : plus jeune, plus belle, plus rayonnante d'énergie. Ina comprend au fond pourquoi cette femme plaît à son père depuis dix ans.

La première chose qui choque Ina est son sourire délicat, empli de bienveillance quand elle lui propose de s'asseoir.

— Bonsoir, débute-t-elle gentiment.

Ina a fait des recherches sur cette femme. Ingénieure-architecte de 37 ans, elle travaille dans la même boîte que son père depuis longtemps. Son profil LinkedIn est le paradis du stalk. Ina ne sait plus comment se comporter face à elle. Cette dame l'intimide.

— Je suis Daphné. Ezéchiel et ta sœur ont beaucoup parlé de toi. Ravie de te rencontrer, tu es encore plus jolie que je ne l'aurais cru, explique-t-elle en essayant d'instaurer une bonne entente.

Toutefois, elle l'irrite. Car elle est trop parfaite, trop souriante, trop naturelle. Ina l'a détestée. Et là, du premier regard, elle arrive à l'envoûter.

— Vous vouliez me rencontrer, réplique sèchement Ina.

— Tu peux me tutoyer, rappelle-t-elle avec bienveillance.

Elle ne préfère pas, voulant garder cette distance polie et diplomate. Elle ne veut pas faire de scène. Elle veut juste passer à autre chose au plus vite.

— Est-ce que tu as des questions ?

Le serveur arrive avec des menus. Et Ina sait que c'est le moment d'extraire toutes les informations possibles. Mais, elle veut lui faire comprendre qu'elle ne tombera pas facilement dans le piège de toutes ses artifices.

— Mon père a trompé ma mère avec vous. J'ai déjà assez d'informations. Il était marié, avec une famille. J'imagine que vous étiez au courant.

Le sourire de la femme devient fade, légèrement triste. Elle croise son regard, légèrement perdue.

— Je suis sincèrement désolée. J'ai découvert sa vie sentimentale et familiale seulement un an après l'avoir fréquenté. J'avais 25 ans, il arrivait dans sa quarantaine et, je ne sais pas, j'ai juste...

— Vous l'avez fréquenté même en sachant qu'il était marié, accuse l'adolescence.

Daphné commande un vin rouge trop cher. Elle paraît tellement « bourge » d'une certaine façon. Ina n'a jamais eu de problèmes financiers mais ils ont toujours vécu modestement, même avec les gros salaires de ses parents. Alors c'est ça, ce dont rêve son père ?

— Êtes-vous mariée vous aussi ?

Ina veut comprendre comment cette femme a pu s'immiscer dans cette vie.

— Non. Mais j'ai une famille.

— Son divorce a dû être la consécration de votre vie.

Daphné, troublée, réplique :

— Je ne vis pas pour ton père. J'ai aussi ma vie active... Et son divorce a permis d'enlever un poids. Et... il m'a ainsi offert la possibilité d'être heureuse avec lui et...

— Vous êtes heureuse avec mon père ? coupe Ina.

Ina a soudainement envie de pleurer. Toute cette année, elle a redouté cet instant, où elle penserait à sa mère plus que jamais face à cette femme qui a su charmer son père.

— Oui, bien sûr. Ton père est quelqu'un de bien. C'est un père aimant. Tu dois être heureuse de l'avoir.

Ina rit nerveusement. Sa réponse la dépasse.

— J'ai juste une dernière question, avant de vous laisser ce soir.

— Nous avons à peine entamer le dîner, remarque-t-elle, déçue.

— Désolée mais je n'ai pas très faim.

Ina est polie mais ne comprend pas les réactions de cette femme. Quand elle parle, c'est comme si son père faisait partie du passé mais aussi de son présent. Comme si elle avait été amoureuse de lui mais qu'il ne reste que des brides de respect aujourd'hui.

Ina veut comprendre comment Ingrid a pardonné à son père.

Elle a une dernière question qu'elle veut lui poser. Car ce soir, elle confrontera son père, c'est décidé. Elle en a marre de cette atmosphère tendue chez elle. Parfois elle est obligée d'appeler Ingrid pour se souvenir qu'elle n'est pas seule dans tout ce bordel.

— Qui a fait les avances en premier ?

Elle aimerait que ce soit son père. Mais Daphné baisse les yeux, trop sincèrement.

— J'étais jeune et audacieuse. J'ai chassé son amour pendant deux ans avant qu'il ne cède à mes avances. Je suis désolée, je n'étais vraiment pas au courant pour ta mère.



***

CHEZ ELLE, ELLE TOQUE à la porte du bureau de son père. Trois fois, de manière brutale pour qu'il entende sa colère.

— Alors ? Tu as passé une bonne soirée ? demande-t-il en la voyant entrer avec un sourire rayonnant.

Il est en train de bosser et a l'air enchanté de savoir que sa fille a rencontré la « femme de sa vie ».

Ina, à bout de souffle, reste immobile au milieu de la pièce.

— Comment t'as pu... faire ça papa ?

Ça fait tellement longtemps qu'elle n'a pas appelé Ezéchiel « papa » que ça lui brise le cœur. Elle est tellement blessée et triste que ses histoires empiètent sur sa vie au point qu'elle se sent suffoquer.

— Ina... assieds-toi.

— Non papa. J'en ai marre de tes merdes. Je te parle mal, je te parle plus, tu crois que ça me fait plaisir d'être méchante avec toi ? Tu crois que c'est satisfaisant de te détester à ce point ?

Ina a tellement aimé son père, petite. Et aujourd'hui, elle a l'impression d'être face à un inconnu.

— Ina...

— Daphné, est juste... gentille quand tu la croises pour la première fois. Elle est sincère mais tellement... Argh... j'ai pas les mots. Elle est vraiment bienveillante. Quelqu'un de bien. Et elle me ment pas. Toi. Toi, t'as menti à notre famille tout ce temps. Et t'as toujours tout pris à la légère. Grandis. T'as 49 ans.

Ina sent que sa colère va retomber s'il continue à ne rien dire.

— Tu crois que je sais pas pour l'autre femme ?

— Daphné ? De quoi tu parles Ina ? Elle ne t'a pas expliqué ?

Elle ne comprend pas.

Cette confrontation est tellement insupportable pour Ina. Elle doit tout encaisser d'un coup et tout révéler parce qu'elle en a marre de tout ça.

— T'as trompé Daphné aussi. T'es content ? Je t'ai vu papa. Et je le lui ai dit ce soir.

Et c'est vrai, car juste après avoir entendu la réponse à sa dernière question, elle lui a avoué froidement cette vérité. Ce qui est encore plus terrible, c'est que cette femme n'a pas craqué. Elle a paru être au courant. Elle avait l'air de s'en ficher.

Soudain Ina réalise que quelque chose cloche. Elle ne comprend plus rien, car elle ne sait plus si l'histoire qu'elle a déduite l'été de sa 3ème est bel et bien réelle désormais. Mais si c'est vrai ? Pourquoi est-ce qu'elle doute de cette version ? Et son père se comporte comme si Ina a dû découvrir un fait important. Mais elle ne l'a pas découvert. Et elle veut le découvrir.

— Je veux la vérité, parce que je sais pas si j'ai la bonne version.

Il y a un silence mortifiant. Son père lâche alors ses enveloppes, pose ses coudes sur la table et soupire.

— Daphné ne t'a rien dit ?

Ina fait « non » de la tête. Peut-être que la brune a trop voulu couper la femme dans ses paroles. Peut-être qu'elle n'a eu aucun contrôle finalement. Le monde des adultes est effrayant.

Silence. Puis, son père prend la parole.

— Ta mère me manque, avoue-t-il tristement.

Ina ne sait pas quoi répondre.

— Pourquoi t'as trompé maman alors ? Pourquoi ?

C'est une question désespérée.

— Assieds-toi.

Elle obéit, prête à s'écrouler. Son père va lui avouer la vérité.

— Ina... Je crois qu'il y a eu un malentendu. Je ne suis pas avec Daphné. J'ai arrêté d'être avec elle il y a plusieurs années. Car oui, j'ai eu une liaison. Et oui j'ai regretté. Le problème, c'est qu'elle est tombée enceinte. Et que cette femme a voulu le garder... Ta sœur et toi vous avez donc un demi-frère de neuf ans. Vadime Aurel, mon fils. Ingrid a appris ça en rencontrant Daphné. Je pensais que tu savais...

Il marque une pause.

— La femme que tu as vue avec moi, c'était le seul rendez-vous que j'ai pris depuis le divorce. Et à cette rentrée où j'ai dit que cette Daphné est la femme de ma vie, je t'ai menti. Parce que j'avais pour objectif de réunir les deux familles, pour que ce soit plus simple. Mais je n'ai pas réussi.

— Tu veux dire que...

— J'ai trompé ta mère. C'est vrai. Pendant un an, il y a dix ans. Puis j'ai trompé cette famille, pendant trop longtemps. Ta mère a découvert tout ça l'année dernière. Et on s'est quitté. J'ai tout essayé, en vain. C'était trop. Je comprends, j'avais une famille cachée. Et voir ta mère me quitter... Tu sais Ina... c'est peut-être le plus grand regret de ma vie. Mais Daphné est aussi une des femmes de ma vie, car elle est la mère de Vadime, ton demi-frère qui est aussi mon enfant. Et cette famille compte également pour moi. Je ne veux plus te mentir. Je sais que j'ai été un père terrible. Mais tu grandis.

Ina regarde ses pieds. Les paroles de Daphné résonnent dans sa tête. Tout prend sens. Toutes ces histoires n'ont rien à voir avec sa réalité. Elle pensait autrement. La situation est encore plus compliquée.

— Je suis profondément désolé. Vous méritiez pas d'encaisser nos problèmes, ta sœur et toi.

L'adolescente sanglote maintenant. Elle sent au fond d'elle qu'elle est en train de le pardonner. Mais que ça lui bouffe le cœur d'imaginer ce qu'a dû traverser sa mère toutes ces années. Parce que son père a fait une erreur mais il a essayé de la réparer. Et elle reconnaît un peu dans cette action de sauvetage, tout ce qu'elle a cru bon d'aimer chez lui, dans le passé.

— Tu grandis tellement vite. J'arrive pas à réaliser que tu rentres dans ta dernière année de lycée en septembre. Et on a perdu deux ans. Je ne sais même plus si tu me considères encore comme ton père.

Ina répond à peine.

La Terminale l'attend. Le BAC aussi. Même si ses épreuves anticipées se profilent à l'horizon. La Terminale des dix-huit ans. Comme Ingrid, quand Ina était en seconde. Comme quand le monde avait encore trop de mystères innocents.

Chez elle, Ina grandit, mais plus le temps passe, plus elle se sent petite. Elle sort du bureau en silence, pour digérer toutes ces informations. Dans sa chambre, elle appelle Mél', puis Edgar puis demande sur le groupe si certains peuvent venir la voir.

Elle a un demi-frère. Une autre famille cachée.

Elle a l'impression d'avoir été trahie, mais son soulagement est tellement grand. Il a trompé sa mère il y a longtemps, mais s'est repenti et s'en veut encore. Elle ne sait pas si elle va le pardonner, mais elle sait qu'elle a besoin de temps.

Et Ina connaît enfin la vérité. 


Ce soir, la brune n'a pas envie d'être seule au monde. Et elle sait qu'elle a des personnes sur qui compter depuis cette année de Première. Même si sa sœur ne lui a rien dit et que l'illusion d'une famille parfaite est définitivement partie.




nda: :c

j'ai besoin de serrer ina dans mes bras snif; fini les chap d'ina en première pfiouu y avait autant de léger que de lourd, émotionnellement.

wah il reste plus qu'une année à raconter. des deux premières années de lycée, laquelle est pour l'instant votre préférée?

(j'ai kiffé écrire la première niveau amitié amour famille même si j'ai un peu galéré vers la fin)

vos soupçons et théories sur la suite?

elo

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