3 - Pot de colle

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1er jour à l'académie de sorcellerie pour le jeune Benjamin. 12 ans à peine, tout lui paraissait alors si grand, si rempli de monde... Ses parents l'avaient déposé devant le portail ouvragé, en même temps que ses grandes sœurs. En attendant que la cloche retentisse, Sarah et Hellen lui avaient fait faire le tour de la cour, lui désignant les endroits clés : le réfectoire, l'administration, la mare interdite d'accès, l'amphithéâtre... C'est justement là qu'ils s'étaient rendus quand la cloche avait sonné de la plus haute tour. Chaque début d'année commençait par un rassemblement de tous les élèves dans l'amphithéâtre. La directrice avait fait un petit discours pour souhaiter un bon retour aux anciens, la bienvenue aux nouveaux, une bonne année académique à tous et toutes. Ben se souvient comme si c'était hier du majestueux chapeau de la directrice, orné d'une plume dont la couleur ne cessait de changer selon l'éclairage. Du reste de la journée, il n'a que peu de souvenirs, sinon de s'être senti très seul, très dépassé par son environnement.

2e jour à l'académie, ses sœurs l'avaient à nouveau pris sous leur aile, lui avaient rencontrer leurs amis, si grands, déjà presque diplômés ! Tous s'étaient attendris devant la bouille encore enfantine de Ben.

5e jour, Sarah avait commencé à s'agacer. Elle ne voulait pas le montrer à son petit frère mais elle commençait à être lassée de l'avoir toujours dans les pattes. Elle devait surveiller ce qu'elle disait à ses amis, on ne peut pas tout raconter devant un jeune garçon encore si proche de ses parents. Elle s'en était plainte à Hellen qui avait plaidé en faveur de Ben. « Tu sais bien que ce n'est pas facile, pour lui, de se faire des amis... Il aime passer du temps avec nous, on peut bien lui accorder ça le temps qu'il fasse un peu plus connaissance avec des gens de sa classe. »

14e jour, Hellen s'était emportée face aux regards agacés que Sarah lançait sans cesse à Ben, perdu dans ses rêveries au milieu du groupe d'ami des jumelles. Hellen avait pris à parti Betty, Charles, Leonard et Max, cherchant du soutien, un peu de compréhension pour son petit frère. Elle n'avait rencontré que des regards fuyants.

15e jour, Ben avait trouvé un arbre creux du côté de la mare, il y était tranquille. Bien plus tranquille qu'au milieu de la cour et de ces grands ados qui riaient trop fort. Au final, c'était visiblement mieux comme ça. Sur le chemin du retour ses sœurs lui avaient demandé s'il avait passé les récréations avec des gens de sa classe. Il avait répondu que non. Un silence gêné les avait suivi jusqu'à leur maison de ville, mais ni Sarah ni Hellen n'avaient souligné que Ben aurait pu se greffer à leur groupe d'ami, comme les derniers jours.

50e jour, Ben avait aménagé sa cachette. Il laissait à présent quelques livres dans le tronc creux, ainsi qu'une couverture en guise de coussin. Il avait commencé à apprécier son arbre. Il faisait tout de même attention à ne pas se salir en y enter ou en en sortant. La dernière fois, il s'était fait une trace de bois pourri sur la joue et le front sans s'en apercevoir, ça avait beaucoup fait rire ses camarades de classe. Malween, sa voisine du cours de potions, lui avait prêté un mouchoir avec un sortilège nettoyant. Ça lui avait fait chaud au cœur et lui avait un peu remonté le moral. Il en avait profité pour essuyer discrètement ses yeux humides.

78e jour, Henry s'était moqué de Benjamin. Il avait dit que s'il n'arrivait jamais à lancer de sortilèges c'est parce qu'il ne savait pas parler. Parce qu'il était bête. Benjamin s'était décomposé, leur professeur n'avait rien dit, il n'avait pas entendu. Quand le cours s'était terminé, il était sorti au plus vite de cette salle qui l'étouffait, allé se réfugier dans son arbre.

79e jour, Malween avait fait passer un papier à Ben, en cours de sortilèges. « Pourquoi tu ne parles jamais ? » Ben avait jetté un rapide coup d'œil au mot mais avait feint de ne pas l'avoir remarqué. Sa voisine n'était pas dupe. Elle avait pris le papier et l'avait posé sur le cahier de Ben. Celui-ci en avait fait une petite boule qu'il avait jeté négligemment dans sa trousse. Malween ne s'était pas laissée démonter. Elle avait découpé un autre bout de son cahier et écrit. Assez longtemps d'ailleurs pour intriguer Ben, un peu malgré lui. Enfin, elle lui avait filé le mot. « Je t'ai vu aller vers la mare hier et je sais même que tu te caches dans un arbre pendant les récréations. Si je dis à un prof que tu es allé là-bas tu vas avoir une heure de colle, ou plus. Mais je peux aussi garder le secret, SEULEMENT si tu me dis pourquoi tu ne parles jamais. »

— Malween et Benjamin, c'est au tableau que ça se passe. Rangez-moi ce papier !

Electrisé, Ben n'avait plus jeté un regard à Malween pendant le reste de l'heure. La cloche sonnant la fin du cours, Malween avait attendu que Ben range ses affaires en le fixant. Quand celui-ci avait relevé la tête vers elle et vu qu'elle faisait mine de se lever dans la direction de leur professeur, il lui avait attrapé la manche, le regard alarmé. Il lui avait pris la main et y avait fourré un bout de papier froissé tout juste sorti de sa poche. « Je suis né sans voix » y était-il inscrit d'une écriture soignée. Elle avait fait la moue, comme déçue de cette explication.

— Tu veux manger avec moi ce midi ?

Voyant que Ben hésitait à lui répondre, elle avait ajouté :

— Aller, je ne vais pas te manger tout cru... De toutes façons je serais jamais allée cafter au prof, je voulais juste que tu me répondes. Prends ton sac, faut qu'on se dépêche sinon on va faire la queue des heures !

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