Chapitre 17

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Sous le soleil comme la pluie, ta bonne humeur rayonnait. Tu le disais si bien : « je suis le soleil des autres » ; et avec la pluie, tu créais des arcs-en-ciel.

Quinze minutes avant l'heure de notre rendez-vous, je suis devant le portail à attendre Marilou. Si la ponctualité n'est pas le fort de mon père, je suis son opposé : toujours en avance. Je me demande si ce n'est pas un tantinet psychologique, comme une compensation pour tous les retards que j'ai dû connaître à cause de lui. Enfin bon, ce n'est pas très important. Quand seize heures arrive, la fille au ukulélé fait de même. Son instrument dépasse de son sac à dos, elle porte effectivement un short, tout aussi coloré que ses tenues habituelles et ses cheveux sont maintenus par un bandeau fleuri.

— Ponctuelle à ce que je vois, lance-t-elle avec un rire.

— Plus que mon père, réponds-je sur le même ton jovial.

— Je ne dirai rien. Je ne veux pas perdre mon travail, ajoute-t-elle dans un murmure qu'elle me glisse à l'oreille.

Entre temps, elle a posé son vélo et s'est approchée de moi. Quand je baisse les yeux, nos pieds se frôlent. Ses Converses à blanches ont des fleurs multicolores peintes dessus., de même que quelques perles glissées le long des lacets. Les miennes font pâles figure à côté dans leur vert d'eau délavé par la machine. Marilou finit par regarder nos chaussures, et sourit.

— Je connais une théorie à ce sujet, lâche-t-elle avec un air mystérieux, mais satisfait.

— C'est-à-dire ?

— Si je te l'expliquais, tu ne me croirais pas. Ou tu me trouverais bizarre.

— Tu es mystérieuse plutôt ; un véritable soleil chaleureux et insaisissable.

— Je suis le soleil des autres, affirme-t-elle en replaçant sa tresse derrière son oreille, ce qui m'intrigue.

— Pourquoi cette mèche est plus longue que le reste de tes cheveux ?

Elle recule d'un pas, me regarde de haut en bas, et m'offre un clin d'œil.

— Parce que ça fait partie de mon mystère.

Elle attrape son vélo et monte dessus.

— On y va ? s'enquiert-elle.

J'acquiesce et enfile mon sac à dos et mon casque, avant d'enfourcher le mien.

Marilou me guide sur de petites routes de campagne en zigzag et entourées par des champs floraux aux douces effluves. On ne parle pas car le décor et ses bruits naturels sont trop beaux pour être perturbés par des mots. Notre silence se suffit et on se comprend ainsi. On finit par arriver à la lisière d'une forêt après une belle demi-heure de trajet. Ma guide descend de son bolide et commence à l'accrocher à un tronc. Je l'imite, sans vraiment savoir ce qu'elle a derrière la tête.

Elle déambule entre les arbres, leurs branches et leurs racines. Ses doigts glissent entre les feuilles aux nuances de vert et sur les troncs aux irrégularités rugueuses. Je l'entends fredonner une chanson, mais trop doucement pour que j'en saisisse chaque note et donc la globalité. Ses pieds tournent avec elle et ses mélodies. L'image me fait sourire.

Après quelques minutes de marche, nous arrivons à l'orée d'un pré fleuri. Marilou sort une couverture de son sac et l'étale à l'ombre d'un chêne. Les fleurs dessus me rappellent celles du plaid que j'ai rangé dans mon armoire la semaine dernière. Voyant mon regard, elle m'offre quelques explications.

— J'en ai une petite collection. Tu pourras me le rendre plus tard, sauf si tu t'en sers, auquel cas, tu peux le garder.

— Je te le rendrai. Il est bien au chaud dans mon armoire.

Elle s'assoit en tailleur et sort son ukulélé. Je m'installe en face d'elle, les genoux repliés sous mon menton. Elle joue d'abord en silence, puis elle se met à chanter, d'une voix timide et douce.

Don't say maybe, just don't wake me.

Elle lâche un petit rire nerveux, puis baisse les yeux quand elle voit que je la regarde.

We can stay here for as long as we want.

Je me laisse bercer par la mélodie.

And make forever last a while.

Je ferme les yeux, et me balance légèrement de droite à gauche au rythme de la chanson.

Leave the light on after the sun.

Le vent flotte et souffle dans mes cheveux, calmement, comme s'il écoutait lui aussi.

Leaves and goes to a far off ocean.

Je rouvre les yeux un instant, pour voir Marilou concentrée, le regard perdu dans l'horizon.

And lay here with me.

Alors je les referme et je profite.

And I'll catch you. Fallin' into me, fallin' into you.

Les paroles attrapent mon attention. Je me demande un instant si c'est voulu, mais je laisse couler.

Lettin' go of all the things I thought were true.

Je ne peux pas m'empêcher de rouvrir les yeux, pour voir. Pour comprendre. Marilou me regarde de nouveau, un sourire timide perdu sur ses lèvres.

Fallin' into me as I'm fallin into you.

Un frisson me parcourt. Un doute aussi. Mais elle semble tellement confiante et concentrée sur sa musique que je me demande si j'imagine ce que je crois penser.

It seems so clear but I don't know what to do.

Exactement : on croit souvent comprendre, mais on ne sait pas quoi faire des signes. De peur qu'ils soient le fruit de notre imagination. Mais elle continue sans ciller par les mots qu'elle chante, comme si elle ne connaissait pas leur signification, ou leur résonnance.

I speak too much, you stay closed off.

Alors je préfère ignorer mes pensées. Ce n'est qu'une chanson.

But I can see your thoughts in the stardust.

Je referme les yeux, pour oublier mon trouble ou juste me conforter dans mon imaginaire.

Shining back at me.

Elle reprend le refrain, puis fredonne et finit par s'arrêter.

— Grace Vanderwaal.

Je marmonne quelque chose d'incompréhensible en sortant de ma torpeur.

— La chanteuse. C'est Grace Vanderwaal.

— Celle qui te ressemble, mais qui a l'âge de ta sœur ?

— C'est ça, rit-elle. J'adore ses chansons.

— Elles sont pleines de douceur.

Elle sourit, puis commence une autre chanson. Les heures de la fin d'après-midi s'envolent et laissent place à celles du début de soirée. Le ciel se couvre de nuages gris, qui annoncent un orage.

— On ferait bien d'y aller, dit-elle doucement et en se levant.

— Bonne idée.

Un premier coup de tonnerre résonne dans l'horizon alors que nous rentrons à l'abri des arbres. Il n'est pas suivi et nous retrouvons nos vélos. Et puis la pluie s'abat sur nous. Je peste, mais Marilou trouve ça amusant. Elle se met en selle et commence à pédaler sous la pluie chaude. L'odeur du béton brûlant qui se recouvre d'eau me prend le nez. Les gouttes me fouettent le visage dans une douce chaleur d'été. J'entends Marilou rire aux éclats devant moi, et ça me donne le sourire.

Nos cuisses se couvrent de boue lorsque nous rejoignons les petites routes en terre permettant de rentrer chez moi. La pluie continue de s'abattre, et la musicienne continue de s'amuser.

Et puis, le soleil revient discrètement derrière les nuages, laissant un petit encart de bleu illuminer notre horizon. Finalement, nous arrivons à la maison, et un arc-en-ciel se dessine derrière Marilou, dont le sourire rayonne autant qu'une étoile dans la nuit.

On se regarde, sans trop savoir quoi dire ou faire. Elle finit par lâcher un rire maladroit et gêné. Je l'imite, ne sachant pas trop quoi faire moi non plus.

Nos cheveux dégoulinent et des mèches se sont collées contre nos fronts. Nos vêtements regorgent d'eau de pluie, et mes chaussures font de petits bruits bizarres lorsque je bouge mes orteils. On ne ressemble vraiment à rien dans cet état.

— Tu veux rentrer te sécher ?

Ma proposition nous prend de court toutes les deux. Elle sourit, mais s'excuse.

— Ma famille m'attend.

Je tente de masquer ma déception, mais elle ne cache pas la sienne.

— Merci d'avoir proposé.

Elle replace sa tresse derrière son oreille, un sourire léger et totalement perdu sur le visage. Ses joues sont rosies, et je ne pensais même pas qu'elle pouvait prendre la couleur d'une cerise. Marilou semble tellement sûre d'elle que je n'avais jamais songé à la possibilité qu'elle rougisse.

— Bonne soirée alors.

Mes mots sont maladroits. J'aurais voulu qu'elle reste encore un peu, mais elle est attendue. Je ne peux pas vraiment la retenir. On échange un rire confus, puis je détourne le regard, perdue.

Marilou s'approche de moi. Nos pieds se rencontrent à nouveau. Nos Converses détrempées sont moins radieuses que plus tôt, mais au fond, elles ont l'air de s'en moquer. Puis, elle m'embrasse sur la joue.

— Merci pour cette sortie, me dit-elle avant de remonter sur son vélo et de s'enfuir sous les dernières gouttes de pluie.

J'adore ce chapitre ! Pas vous ?

Ça commence doucement à flirter moi je dis.

Mais, malheureusement, je n'ai plus qu'un seul chapitre de côté, et à moins d'un miracle d'ici lundi, je vais devoir vous laisser sur ce chapitre.

Certains le savent, j'ai réécrit La THÉOrie de Francine et je travaille sur un projet de fantasy, donc je l'admets, À l'ombre des cerisiers a été délaissé.

Mais je reviendrai, c'est promis !

Je vous souhaite un bon week-end

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