Lorsque Jimin revient dans la pièce, peu de minutes après son départ, ses cheveux sont encore humides et sa peau brillante ; Yoongi ne s'en plaint pas, il le trouve spécialement beau comme ça.

— Tout va bien?

Il hoche la tête, et il sourit.

Le danseur se glisse alors à ses côtés, amenant avec lui une brise fruitée qu'il se fait un plaisir d'humer, et ouvre ses bras afin de l'inviter à s'y blottir.
Le blond n'hésite pas, pose sa tête sur son torse et vient saisir son t-shirt de ses mains, comme pour être sûr qu'il ne partira pas.

Mais il le sait déjà. Jimin ne partira pas.

Il aime bien être dans cette position ; il peut sentir le cœur du garçon battre de façon régulière.
C'est rassurant.

Jimin est là.

Jimin sera toujours là.

Le plus jeune se met à lui caresser délicatement les cheveux, et Yoongi ferme les yeux afin d'en profiter un maximum. Puis, doucement, il se met à chanter, à fredonner à voix basse une mélodie aussi suave qu'une berceuse ; les notes s'accrochent dans l'air, pendent au-dessus de leurs têtes ; les paroles glissent aisément sur sa langue, font osciller le silence apaisant avant de disparaître vers le plafond obscur mais étoilé.

Jimin a tout d'un ange ; le visage, le cœur, la voix.

Et parfois, Yoongi est en colère contre les cieux pour laisser cet ange endurer un si gros chagrin.

La chansonnette se termine et coupe court à ses pensées, et il murmure un silencieux « merci » du bout des lèvres ; sa bouche frôle l'épiderme de Jimin et, avide de contact, il se rapproche davantage de lui afin de blottir son visage dans le creux de son cou.

C'est déstabilisant et à la fois si consolateur, de constater à quel point leurs silhouettes sont complémentaires ; comme deux pièces de puzzle ne s'assemblant qu'une avec l'autre.

Jimin caresse toujours ses mèches d'argent, lentement, précautionneusement ; et lorsqu'il prend la parole après quelques minutes de silence, Yoongi sait qu'il a choisi ses mots avec tout autant de soin.

— Est-ce que tu crois qu'un jour, on sera triste moins souvent?

Le blond ne sait pas, alors il ne répond rien.

— Moi je pense que oui. (Yoongi espère qu'il a raison). On était tout le temps heureux quand on était enfant. Je pense que ça doit être possible d'être comme ça de nouveau.

Il fait une pause avant de reprendre et, pendant quelques instants, il n'y a que leurs respirations calmes qui résonnent dans la chambre aux reflets d'or.

— Ça doit être comme cache-cache. Parfois, tu te caches dans un coin un peu obscur, un peu inquiétant, un peu oppressant, et tu regrettes de t'être mis dans cette situation ; mais c'est trop tard pour revenir en arrière, parce que la personne a arrêté de compter et que tu dois rester caché.

Il se sépare légèrement du blond, qui réprime une plainte boudeuse, et vient lever un bras vers les étoiles accrochées au plafond. D'un mouvement circulaire, il semble les désigner toutes, les contrôler, les guider ; Yoongi suit du regard la scène qui se déroule, la valse silencieuse des astres brillants.

— Mais le jeu a toujours une fin. Tu ne restes jamais caché à jamais, pas vrai? (Jimin s'est tourné vers lui, lui adressant directement la question, et il secoue la tête. Le garçon rit doucement. Yoongi ne sait pas réellement ce qu'il trouve comique, alors il se contente de sourire). Parfois, personne ne te trouve, alors, avec un peu d'appréhension, tu te dévoiles toi-même ; et hop! tu n'es plus dans l'obscurité. Et, d'autre fois, quelqu'un te trouve, et tu n'es plus  tout seul dans le noir.

Sa main retombe sur le matelas, avant de retrouver sa place d'origine dans les cheveux de Yoongi, qui en profite pour se rapprocher de son corps de nouveau.

— Quand on était petit, lorsque personne ne nous trouvait, on pensait qu'on avait gagné. Mais, en fin de compte, je trouve que c'est mieux quand quelqu'un te trouve. Car après tout, c'est le but du jeu, non?

Yoongi hoche la tête.

— Tu vois, hyung, on a déjà rempli la première étape : on s'est trouvé. Bientôt, on sera heureux.