Jimin s'est traîné jusqu'à un mur, rampant presque sur le parquet.
Assis à même le sol, dos contre le béton, la tête en arrière et les yeux clos, il compte les respirations hachées qui font vibrer sa poitrine endolorie.

La bouche entrouverte, il attrape d'une main et sans regarder une bouteille traînant dans les environs ; il la porte à ses lèvres rouges et un peu sèches et, avide du liquide incolore et insipide, la vide en quelques secondes.

Il jette le cadavre en plastique dans un coin de la salle, essuie d'un revers de manche l'eau ayant coulée sur son menton ; puis il passe une main dans ses cheveux décoiffés d'un geste à la fois las et désespéré et laisse retomber son bras le long de son corps épuisé.

Pour une quelconque raison, la musique s'est interrompue, et un silence étouffant vient le titiller.
Jimin se sent soudainement bien seul, dans la grande salle de danse.

Et c'est peut-être ça le pire, pour lui : cette solitude atroce qu'il ressent alors qu'il est si bien entouré au quotidien.

Il déglutit ; son corps se tend aux pensées qui reviennent germer dans son esprit.

Le laisseront-elles un jour en paix?

La fatigue l'empêche d'essayer même de les retenir, alors il les laisse s'immiscer en lui, car à quoi bon se battre contre soi-même?
Et alors que la lumière vacille autour de lui et cède de nouveau la place à ses pensées noires, la porte de la salle s'ouvre doucement, en un grincement léger mais clairement perceptible dans le silence bien trop présent.

Jimin ouvre les yeux, nécessite quelques instants d'adaptation à la luminosité et, enfin, son regard se pose sur la silhouette frêle qui se tient dans l'entrée, dans un immense pull bleu marine qui dévoile des clavicules immaculées.

— Hyung? Qu'est-ce que tu fais là?

La voix de Jimin est un peu éraillée à cause de son récent effort et donne, contre son gré, un air menaçant à sa question.
Pourtant, l'intrus ne semble le remarquer et, sans se donner la peine d'y répondre, il s'approche du plus jeune jusqu'à s'asseoir à ses côtés.

Jimin se tourne vers lui, étonné : Yoongi est rarement celui en quête de contact physique. Néanmoins, lorsqu'il voit le visage déconfit du garçon, sa lippe torturée par ses dents, ses doigts jouant entre eux afin de canaliser un surplus d'activité intérieure et la musique résonnant dans ses oreilles, il comprend.

Alors il ne pose pas de questions. Il passe un bras autour du blond et s'empare d'un de ses écouteurs ; puis il prend doucement le téléphone du plus âgé, baisse le volume à une intensité plus respectable et, en prenant soin de ne pas le brusquer, pose une de ses mains sur les siennes, afin d'en cesser les tremblements nerveux.

Leurs doigts entrelacés se posent sur une cuisse un peu maigre et Yoongi, sans se soucier jamais de l'état un peu transpirant du plus jeune, vient poser sa tête contre son épaule, infiniment reconnaissant de la simple présence de Jimin.

Et dans cette salle de danse en apparence silencieuse, deux jeunes hommes aux cœurs emballés et aux pensées affolées cherchent et trouvent du réconfort l'un auprès de l'autre.