Chapitre 13

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Quand le mal de crâne arrive, c'est qu'il est déjà trop tard.

-    Qu'est-ce que je te sers ? Il me demande, arquant un sourcil visiblement étonné de me voir ici.

Je suis quand même un peu déçue de voir que Jason a disparu, mais ce n'est que partie remise. Je compte bien revenir, et un jour il sera forcément là.

Ce qui m'interpelle, c'est l'étonnement de Gareth quant à ma présence ici. Il me semble qu'il a compris que je fais ce que je veux et que ce n'est pas la première fois que je viens ici.

Je trouve un siège à côté de moi, et m'assoie sur la chaise haute pour tenir compagnie à mon ami au bar.

Mon ami ? C'est vrai que maintenant que j'y pense, je ne sais pas si nous le sommes vraiment. Je ne connais pas grand chose de sa vie et pareil pour lui.

-    Je crois surtout que la demoiselle là-bas, déclaré-je en désignant la femme brune à la mine boudeuse, était là avant moi. Tu devrais la servir, par politesse.

-    Si elle n'est pas contente, je ne suis pas le seul homme derrière un bar ici, elle peut aller se servir autre part.

Son ton sec me surprend. La brune semble l'entendre car elle se lève aussi sec avant de partir vers un autre bar en insultant Gareth de tous les noms. Lui, se contente d'esquisser un léger sourire en entendant les noms d'oiseaux par-dessus la musique. « Tête de dinde farcie » me laisse assez dubitative — on dirait une insulte de Simpson.

-    Donc, maintenant que le problème est réglé, il m'annonce avec plus de joie, je te sers quoi ?

-    Un verre d'eau, je pense avoir assez bu pour la soirée. Je ne pensais pas que des cocktails aux couleurs rigolotes pourraient autant taper dans le crâne.

Il ne dit rien, et part me servir ce que je lui ai demandé. Je ne sais pas vraiment ce qu'on m'a servi tout à l'heure, mais c'est plus fort que je ne le croyais. J'aimerais éviter de rentrer totalement bourrée à mon appartement seule en pleine nuit. Je ne suis pas folle à ce point.

Surtout si cette fois, je croise un vrai tueur en série et non Gareth.

D'ailleurs, il revient avec mon verre d'eau, et le pose devant moi. Vu la taille du verre, je pense que je n'ai pas une bonne mine.

-    Que vient faire une jeune femme seule dans un club pour adultes ? Me demande-t-il. Non ! Ne répond pas en fait. C'est toujours mieux que de se rouler dans le sable.

Je ris et lui tire la langue pour réponse. Il ne va pas me demander à chaque fois ce que je fais là quand même ? Ça va devenir redondant à la fin...

Déjà que je lui en veux d'avoir remplacer le beau blond...

-    Cette jeune femme a sûrement des amies qui l'ont invité à venir, et pour occuper ses longues soirées sans nouvelles d'un jeune homme, elle les passe à draguer d'autres barmans. Tu as fait fuir ma proie. Déjà qu'il me faisait mariner, j'ai failli sauter sur Greyson... Quand j'y repense, beurk.

Il place une main sur son cœur, comme si une balle l'avait touché. Je lève les yeux au ciel en avalant une grosse goulée d'eau qui réveille ma soif enfuie.

-    Mon cœur saigne, Juliette ne deviendrait-elle pas affligeante ?

-    Et Roméo ne deviendrait-il pas lunatique ? Je réplique. Ah non, excuse-moi, il l'est déjà.

Un sourire franc se dessine sur son visage avant qu'il ne retourne prendre d'autres commandes en vitesse. Je l'avoue, un s'en est formé sur mon visage aussi. En même temps, à quoi s'attendait-il de ma part ? Il ne m'a donné aucunes nouvelles depuis la dernière fois. Pas que j'en attendais, mais au moins un minimum. Je me suis sûrement faite des idées, comme trop souvent. En plus, je le monopolise au travail, si ce n'est pas un signe que j'ai envie de lui parler...

Je sirote mon verre d'eau en le regardant servir un nombre incalculable de personnes avec une vitesse et une grâce folle. Le temps passe mais le bar ne désemplit pas, c'est assez bluffant. Je pense que Greyson devrait ouvrir une boite de nuit un jour — si ce n'est pas déjà le cas. Bien sûr, Gareth ne sert presque que des femmes venant essayer de le séduire : seins serrés, lèvres de sortie et fesses en l'air — on croirait qu'elles dansent sur Les pouces en avant. Mais à chaque avance trop explicite, il ignore ouvertement et ne répond même pas poliment. Le côté très froid qu'il a toujours arboré avec moi... il faut croire qu'il n'est pas réservé qu'à moi. Et ça rassure.

Au bout d'une vingtaine de minutes, il s'accorde une pause en venant me voir.

-    Pourquoi tu t'es comporté comme un trou du cul avec moi et maintenant tu fais le bisounours ? Je t'avouerai que tu me perds là, j'ai loupé un épisode de ma propre vie.

Il fronce les sourcils, cligne des yeux plusieurs fois, ouvre la bouche pour répondre mais rien ne sort.

-    Non mais parce qu'au début, au café, c'est à peine si tu ne crachais pas ta commande sans un bonjour, et même à la plage avec filles ! C'est à peine si tu as ouvert la bouche au début. J'ai commencé à croire que j'avais un bouton sur le nez.

Il relance son sourire en coin qui commence à beaucoup m'agacer, s'essuie doucement les mains avec un torchon tout en répondant.

-    Oui je reconnais je n'ai pas été super sympa. Mais comme tu vois, il y a beaucoup de monde ce soir, tu ne veux pas parler tout à l'heure ? Je finis dans une demi-heure.

-    C'est un rencard ? Me dicte l'alcool.

-    C'est un petit pas pour l'homme.

J'approuve d'un signe de tête, auquel il répond d'un clin d'œil avant de frimer en servant 1 mètre de shots en 1 seconde.

***

Cette demi-heure fut terriblement longue étant donné qu'elle s'est transformée en une heure. Croulant sous le travail, il a été forcé de faire des heures supplémentaires sous la demande du patron. Il est quand même venu me prévenir que ça durerait un peu plus longtemps que prévu, mais je n'ai pas voulu partir. En réalité, j'aimerais beaucoup qu'il me ramène à l'appartement pour éviter que je ne tombe au milieu de la route.

D'un coup, les lumières s'éteignent provoquant un bruit de la foule et me sortant de mes pensées. Surprise par cette soudaine obscurité, je me mêle aux exclamations en lâchant un petit couinement des moins sexy. Plus de musique non plus. Juste le bourdonnement des chuchotements.

Une lumière s'allume, visant un endroit en hauteur sur la scène où le vide s'y trouve.

Le noir complet de nouveau, tout le monde reste attentif au moindre mouvement tandis qu'une musique aguicheuse empli l'air.

La lumière rouge de nouveau en hauteur sur la scène. Mais cette fois, un cerceau s'y trouve. Dessus, une femme faisant de la balançoire. Assise comme une fée dans les airs, seuls ses bras bougent lentement, caressant les parois du cercle parfait.

Au moins trois mètres la séparent du sol, mais pas une once de panique, pas un tremblement. La femme commence à enchaîner des figures acrobatiques sous les yeux des spectateurs, l'applaudissant à chaque fois.

La tête en bas, en haut, les pieds en V ou pendant dans le vide, je reste scotchée face à cette petite prise de risque et ce spectacle fascinant. Je sais que je ne suis pas la seule car les « oh », « ah », « oula » de spectateurs résonnent en cœur avec la musique.

Ce n'est que 10 minutes plus tard, quand le cerceau descend sur la scène et que la lumière se rallume entièrement sur toutes les danseuses, que je comprends à qui appartient cette chevelure rouge remplie de paillettes dorées.

Harper salue la foule en délire et lance des baisers aux hommes qui se sont approchés, avant de retourner danser en rythme avec les autres.

Si toutes les danseuses savent faire ça, je ne suis définitivement pas la personne que Greyson devra recruter.

Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche à ce moment-là. Je le sors et vois le numéro de ma mère s'afficher. Je souffle, laisse mon grand verre vide sur le bar et sors du club en décrochant.

Je t'en pris, alcool, fait passer ce moment douloureux en un champ de fleurs bleues.

La voix stridente de ma mère résonne dans le téléphone en à peine une seconde.

Alcool, tu ne pourras rien faire face à ma souffrance.

-    Je t'ai appelé 5 fois aujourd'hui, Eden ! S'exclame-t-elle. Tu pourrais décrocher ce n'est pas difficile, il n'y a qu'un bouton bon sang !

-    Bonjour aussi maman, je réplique agacée. Et il n'y a plus de bouton sur les téléphones.

Oui, elle m'a bien appelé 5 fois aujourd'hui. A croire qu'il n'y a pas de décalage horaire en France.

-    Pourquoi tu ne décrochais pas choupette ? Elle me demande bien trop près du haut parleur.

-    Tu sais, j'ai ce qui s'appelle une vie et du travail ici, maman. Ce n'est pas parce que je suis loin que la vie n'est pas pareille qu'à Paris.

Elle déballe sa vie sur les 7 minutes — précisément — qui suivent, sans même me laisser l'opportunité d'en placer une. Je l'écoute d'une oreille distraite tandis que j'observe les gens qui sortent du club petit à petit. Je croise le regard d'un vigile qui semble, sous cette poker face digne de Lady gaga, fatigué pour moi.

-    Edennnnn, je t'ai posé une question, crie-t-elle dans le téléphone. Tu es où ? J'entends des voitures.

Je sursaute sous cette agression phonique avant de lui répondre.

-    Sortie avec des amies maman, elles m'attendent je ne vais pas pouvoir rester, je mens pour me débarrasser de cette sangsue.

Enfin mentir, pas vraiment, théoriquement j'étais bien avec des amis.

-    Tu me manques ma chérie, pourquoi tu es partie si loin ? Elle chouine dans le téléphone comme une enfant.

-    Maman stop, on a déjà eu cette conversation.

La vérité c'est que c'est de sa faute, si je suis partie aussi loin. Mais j'ai l'impression de l'avoir encore avec moi tellement elle m'appelle. Fuyez Stéphanie et elle vous rattrape au galop, pire qu'un poney celle-là.

-    Mais ne pars pas, s'il te plait, me demande-t-elle entre 2 sanglots étouffés de morve. On a à peine parler depuis que tu es partie. Tu me manques tellement !

-    Bonne nuit maman, il est tard ici et toi vas dormir avec Jérôme, Fred ou je ne sais pas qui !

-    Mais il est même pas 7 heures du...

Et je raccroche. Si je devais la convaincre de me laisser tranquille et bien...j'aurais un téléphone collé à l'oreille 24h/24. Je soupire et tape dans le vide pour calmer mes nerfs. Je dois ressembler à une folle à me défouler sur un punching-ball imaginaire mais je m'en fous. J'en ai marre de ce harcèlement incessant qui m'empêche d'oublier mon ancienne vie.

Une main froide se pose sur mon épaule nue, m'arrêtant en plein élan. Effectivement, je suis plus proche du mur que je le croyais donc ça m'arrange. Je sursaute quand même — quelques secondes plus tard — et tente d'asséner un coup de point à la personne. Note à moi-même : un torse d'homme peut être très dur. Voire plus qu'un mur.

Après un gémissement de douleur, je prends mon poing dans ma main libre et saute partout espérant calmer la douleur sourde de mes phalanges. L'homme explose de rire en se tordant dans tous les sens, je crois même qu'il en pleure.

Il se redresse en séchant ses larmes, et il ne s'agit finalement que de Gareth.

-    Ne fais plus jamais ça princesse, me dit-il, parce que tu as la force d'un minimoys et le charisme de Gollum.

Je ne lui réponds pas, légèrement — non totalement — vexée par sa remarque. Il sèche sa dernière larme tout en essayant de reprendre son sérieux.

-    Tu avais l'air contrarié, excuse-moi pour le fou rire, explique-t-il en affichant un air sérieux. Tu vas bien ?

Lui dire la vérité : hors de question. J'opte donc pour le mensonge.

-    Tout va bien, déclaré-je avec un faux sourire. Tu as fini ? Gollum s'ennuie sans son précieux.

-    Oui j'ai fini, on y va ? Je suis un très bel anneau que tu peux mettre quand tu veux.

-    Je vais faire comme si je n'avais rien entendu. Où va-t-on ?

-    Où tu veux.

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