Chapitre 37

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Mieux que Amour, Gloire et Beauté.

Gareth

Si elle continue de me serrer aussi fort, je pense que ses bras vont s'incruster dans ma chair. La nuit, et elle me serrant de toutes ses forces, il faut que je sois doublement plus vigilant sur la route.

Quand Eden m'a prise par la main pour que je l'emmène faire un tour, je n'avais aucune idée précise du lieu où nous irions. Mais elle, elle s'en fiche. Je crois que mon plaisir de rouler l'a contaminé, et c'est le meilleur cadeau du monde.

Comme chaque fois que nous partons à deux, je garde dans un coin de ma tête l'idée d'acheter un autre casque parce que, ce qui était censé être temporaire s'est transformé en habitude, et rien n'est plus dangereux que l'habitude sur une route.

Après 30 minutes d'errance, je pensais qu'Eden se manifesterait à cause de l'ennui ou du vent qui la fatigue mais tout le contraire ; aucun son, aucune plainte. Juste la pression de son corps contre le mien.

Moi par contre, la fatigue de la nuit commence à se faire ressentir quand je décide de nous arrêter au niveau du parking des kiosques. Je sais qu'elle sera heureuse d'y retourner, et rien de tel pour se faire pardonner qu'une ambiance de film romantique.

Je m'arrête en ralentissant doucement le moteur, Eden se décollant lentement de mon corps.

-    On est où ? Elle me demande avec une certaine impatience dans la voix.

Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'elle décolle de la moto, prête à courir un marathon.

-    Je t'ai emmené là il n'y a pas si longtemps... je lui donne comme indice et son visage s'illumine.

-    Les kiosques !

Je descends à mon tour et bidouille quelques trucs sur ma moto tout en voyant Eden courir le sourire aux lèvres à travers les champs séchés. Il faut croire que même si je l'ai porté la première fois, elle a bien retenu le chemin.

Quand je la rattrape en courant un peu, elle tourbillonne déjà au milieu de notre kiosque, les yeux fermés - comme une fée. Les petites lumières se reflètent dans sa robe noire, révélant quelques paillettes dissimulées, si bien qu'on la croirait irréelle. Que quelqu'un ose me dire qu'elle est moche et il verra, parce qu'en ce moment je ne suis pas sûre qu'il existe plus belle créature sur Terre. Ni sur Mars.

-    J'ai l'impression d'être dans un film ! Me crie-t-elle avec le souffle court à force de faire la folle.

-    Calme-toi un peu, je n'ai pas envie que tu meures moi ! Tes poumons et ton cerveau vont lâcher si tu tournes autant. Même si tu as raison, on dirait que tu es dans un film tellement que tu es belle.

Elle s'arrête de tourner les joues rouges pendant que je m'approche d'elle pour l'enlacer. Elle me rend rapidement mon étreinte, me permettant de mieux accéder à son parfum que j'aime tant.

-    Tu sais, reprend-elle en s'écartant de moi pour me regarder de ses yeux verts, je te remercie mais ce n'est pas vrai. La seule chose que je veux, c'est être l'héroïne de ma propre histoire. Le personnage principal de ma propre vie.

-    Mais tu l'es, Eden. Personne ne le sera à ta place.

-    Tu m'as un peu manqué.

Ces simples mots ne devraient pas me toucher autant et pourtant ils raisonnent dans mon corps si violemment que ça m'en fait mal. Elle m'a manqué. C'est indéniable.

Ces 3 petits jours m'ont paru une éternité loin de ses bras. C'est incroyable comment la distance peut autant marquer l'âme au point de ne plus vouloir vivre. Parce que oui, pendant 3 jours qui m'ont paru des années, je suis passé par toutes les phases d'une vie ; le doute, la peur, l'anxiété, le dégoût... Pendant ce laps de temps infini, c'est comme si un bout de mon âme s'en était allé avec ce petit bout de femme au caractère bien trempé. Ce même petit bout de femme qui m'a redonné goût à la vie en si peu de temps. Cette même femme que j'espère aimer toute ma vie.

-    Seulement un peu ? Je lui demande finalement en m'écartant un peu plus de ses bras.

-    Beaucoup.

-    Mais tu pouvais revenir tu sais ?

Cette fois, c'est elle qui met un peu de distance entre nous sans pour autant lâcher mes mains.

-    Je sais Gareth, mais comme je te l'ai dit, je veux être le personnage principal de ma vie. Ce qui implique de faire des choix. Des choix pour mon bien. Et sur le moment, c'est le choix qui m'a semblé le mieux - pour toi comme pour moi.

Je lui souris et tire sur sa main pour la faire basculer dans mes bras. Elle masque sa surprise par un rire spontané et se laisse entraîner. Je la rattrape dos à moi, mes bras l'entourant puis entame quelques pas de danse léger. Elle ne cesse pas de rire tout en se laissant aller dans cette improvisation sans musique.

Je voudrais entendre ce rire toute ma vie.

-    Je t'aime, Agapi Mou.

Elle se penche pour voir ma réaction face à sa déclaration qui me touche en plein cœur.

-    J'aime beaucoup ce surnom, elle m'avoue en se libérant pour être de nouveau face à moi.

-    Je suis prêt à faire tout ce que tu voudras, là, maintenant. Je suis à tes ordres.

Elle éclate de rire de plus belle ce qui m'arrache un petit rire aussi.

-    Alors épousez-moi, monsieur Gareth Davis !

-    Je prends les billets pour Las Vegas dès demain, hors de question de se faire marier par quelqu'un d'autre qu'Elvis Presley

Je l'attrape pour la faire voler dans les airs, accueillis par ses rires angéliques. Malheureusement, ce moment est rompu par le téléphone d'Eden qui se met à hurler dans son petit sac que je n'avais pas remarqué jusqu'ici. J'ai l'impression que ça devient une habitude pour sa mère de gâcher nos moments.

Je la dépose doucement sur la terre ferme pour ne pas lui faire mal pendant qu'elle essaye de saisir l'objet maudit.

-    Ça doit être Harper ou Courtney je pense, on n'a prévenu personne que nous partions. Elles doivent s'inquiéter.

Quand elle arrive enfin à sortir son portable de la pochette, son visage lumineux affiche une incompréhension totale face à ce qu'elle lit.

-    Allô ? Elle demande dans le haut parleur en fronçant les sourcils.

Pendant les minutes qui suivent, je suis incapable de comprendre la conversation car elle a changé de langue pour revenir à sa langue maternelle. Et comment dire que je n'ai jamais été très attentif au cours de français à l'école.

J'essaye de reconnaître quelques mots que prononce Eden, en vain.

Puis en une seconde, son visage si lumineux change drastiquement, se renfermant de plus en plus jusqu'à se briser totalement.

Je m'approche pour la prendre par la main mais celle-ci semble morte à mon contact. Ses yeux verts retiennent des milliers de larmes avant qu'une seule ne s'échappe pour glisser sur sa joue.

Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Déjà plusieurs minutes qu'elle ne parle plus et écoute attentivement son interlocuteur français - par déduction - en fixant le sol de bois. Je tente de la faire me regarder mais lorsqu'elle relève enfin la tête, elle est si fragile qu'un simple contact pourrait la briser.

-    Merci... elle chuchote une dernière fois avant de raccrocher.

Je n'ose pas parler, de peur de lui poser la question qui fâche. Sans un mot, je la prends dans mes bras pour qu'elle sache que je suis là, quoi qu'il se soit passé au téléphone. Au début, elle se laisse faire, comme si son corps était une enveloppe vide, puis elle lève enfin les bras pour me serrer contre elle. Je sens ses larmes mouiller ma chemise mais je ne dis rien et la laisse pleurer en silence sur moi.

J'essaye de ne pas lui transmettre mon inquiétude, mais elle est bien présente. Ce coup de fil vient de transformer Eden, me révélant une partie d'elle que je ne connais absolument pas. Seulement, je n'ai aucune idée de ce qu'on vient de lui dire au téléphone - et c'est un gros problème si je veux pouvoir l'aider.

-    Tu sais, je commence doucement pour ne pas la brusquer, j'ai lu un jour un roman, et le mec remerciait sa copine de le transformer en mouchoir humain. C'était son rêve. Alors merci de réaliser mon rêve, j'ai toujours voulu être un mouchoir humain.

Sans relever le nez de mon corps, je l'entends retenir ses larmes pour articuler maladroitement.

-    Tu lis des sagas de romance ? Elle me demande dans un léger rire forcé.

-    Tu ne connais pas encore toutes mes facettes, mais oui. Ça m'arrive de temps en temps. Et depuis que j'ai lu ça, je me suis toujours dis que je serais un super mouchoir humain comme ce mec.

Elle ne me répond pas, et je lui laisse le temps de se calmer. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais faire de plus hormis attendre ?

Quand elle se sent prête, je la sens qui s'éloigne de moi avec douceur, sans pour autant me lâcher. Je l'aide en gardant mon bras dans son dos en soutien, au cas où qu'elle ne tombe - on n'est jamais trop prudent.

-    Je sais que c'est dur Eden, mais il va falloir que tu me parles. Je ne peux pas te venir en aide sinon. Est-ce que ça va ? Même si je sais que ce n'est pas le cas.

Elle ne dit rien, dégageant ses bras pour essuyer ses joues et étaler maladroitement son maquillage. Je sais que ce n'est pas le moment, mais ce look panda est juste adorable sur elle.

Elle se contente de secouer la tête et de déglutir pour essayer de prononcer quelque chose.

-    Il me faut tout de suite un billet pour la France, elle déclare en ravalant un sanglot. Tout de suite, c'est urgent.

-    Hein ? Mais pourquoi Eden ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Il faut que tu m'expliques, je ne parle vraiment pas français, je n'ai rien compris.

Pendant qu'elle remet ses idées en place, je tente de lui arranger son allure d'animal bicolore tant bien que mal.

-    Ma mère a eu un accident, elle déclare simplement. Elle est à l'hôpital, c'est eux qui viennent de m'appeler comme je suis son seul proche enregistré, apparemment. Ils ne savent rien, ils n'avaient rien de plus à me dire ! Pas de circonstance, rien ! Ils m'ont juste dit qu'elle était alcoolisée et que l'accident a eu lieu avec une autre voiture. Ils ne savent pas encore si c'est grave ou non.

Je ne trouve rien à lui répondre sur le moment tellement je suis étonné. Bien sûr, j'ai un peu peur pour Stéphanie, elle a beau être spéciale, après une semaine à ses côtés, on s'attache. Mais aussi, la réaction d'Eden est assez étonnante. Comme quoi, elle aura beau essayer d'enlever sa mère de sa vie, elle l'aime. Et ça me rassure de savoir ça.

-    Je vais appeler Greyson, je déclare à Eden pendant qu'elle se remet à pleurer.

Je sors mon téléphone de mon pantalon pendant que je ramène Eden auprès de moi de l'autre bras.

-    Greyson ? Je demande à la hâte quand celui-ci décroche.

-    Mec, t'es où ? On vient juste de voir que vous n'êtes pas là. Harper flippe carrément.

-    Écoute, je vais tout t'expliquer en rentrant, mais là faut que tu nous trouves 2 billets pour la France le plus rapidement possible. Nous, on ne trouvera jamais à cette période mais toi, tu peux tout faire. C'est urgent, Grey...

-    Je gère ça de suite, rentrez maintenant Gareth. Et calme-toi, tu sembles paniqué. Je vais gérer mon frère, occupe-toi d'Eden.

J'acquiesce dans le vide, sachant pertinemment qu'il n'est pas là. Tout ce que je retiens, c'est que je croyais faire preuve de force pour Eden alors qu'en fait, je suis tout aussi retourné qu'elle.

***

Comme je l'avais prévu, Greyson nous a trouvé des billets pour la France sans aucun problème. En même temps, je suis presque sûr qu'au moins une personne présente à son anniversaire travaillait pour une compagnie aérienne. Si cette personne n'en était pas la patronne.

3 heures plus tard, nous sommes dans l'avion avec Eden. Elle voulait y aller seule mais hors de question que je ne l'abandonne dans ce pays alors qu'elle est aussi mal.

Et puis, je n'ai jamais voyagé donc c'est l'occasion.

Depuis que l'hôpital a appelé, Eden ne lâche pas son téléphone, au point que j'ai été prendre 2 batteries externes pour qu'elle puisse le recharger dans l'urgence. Elle n'a pas prononcé un mot, et n'a pas voulu affronter ses amies quand j'ai rejoint Greyson. Je respecte son choix, je ne suis pas sûre que j'aurai voulu supporter Harper dans ce cas là.

Greyson m'a posé plusieurs questions auxquelles j'ai répondu brièvement, faute de réponse. Il m'a dit de le tenir au courant sans prendre en compte les frais de téléphone, il paiera.

Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est le silence d'Eden. Dans l'avion, elle reste collée à la fenêtre sans lever le nez. Aucun son, aucune aura n'émane d'elle. Comme si elle était morte.

Je respecte ce silence, même s'il m'angoisse. De toute façon, moi non plus je ne veux pas parler. J'ai peur que la moindre de mes paroles ne la brise instantanément.

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