𝒆𝒗𝒆𝒓𝒚𝒕𝒉𝒊𝒏𝒈𝒐𝒆𝒔

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

— 𝘩𝑜𝑝𝑖𝑛𝑔 𝑦𝑜𝑢'𝑟𝑒 𝑠𝑜𝑚𝑒𝑜𝑛𝑒 𝐼 𝑢𝑠𝑒𝑑 𝑡𝑜 𝑘𝑛𝑜𝑤 —






Tout le monde avait déjà entendu parler de Kim Namjoon sur le campus de la Seoul National University.

Si vous aviez besoin d'un petit coup de main pour rattraper un cours dans lequel vous aviez du retard, il était prêt à vous aider, dans un coin de la bibliothèque, à recopier les notes de vos camarades. Il arrivait même qu'il vous explique s'il comprenait la matière, vous sauvant la mise la veille d'une interrogation.

Si vous aviez besoin de renfort pour préparer un projet, il était prêt à vous soutenir et à vous encourager. Que ce soit assister le club de rock à monter leur scène la veille des week-ends pour leur concert caritatif ou prêter main-forte aux délégués des différentes facultés à distribuer les flyers ou encore s'assurer que les salles de sport étaient propres avant la période des compétitions, il était là.

Il était un peu le petit ange bienveillant qui veillait sur les étudiants, un soutien émotionnel qui apportait tellement de bien être autour de lui. Cela faisait trois ans déjà que Kim Namjoon était à l'université et il avait réussi à se faire une réputation.

Personne n'oserait dire du mal dessus.

Lui et ses adorables fossettes qui avaient le pouvoir d'adoucir vos journées les plus épuisantes. Il lui suffisait de remarquer la mine fatiguée de l'un de ses camarades pour l'interpeller et lui demander comment allait-il sincèrement, finissant toujours ses questions par ce tendre sourire dont il était le seul à avoir le secret. Ses fossettes creusaient dans ses joues la sincérité de son comportement et ses yeux brillaient de générosité.

Lui et ses grandes épaules qui pouvaient vous aider à porter vos gros syllabus lorsque la journée a été beaucoup trop longue au point de vous épuiser. Il n'avait qu'à tomber sur une jeune étudiante bataillant avec ses gros bouquins et ses sacs pour trottiner jusqu'à elle et lui donner un coup de main sans un mot. Il mettait humblement en pratique ses muscles d'adonis façonnés durant des heures à la salle de sport.

Lui et ses câlins que peu de personnes ont eu la chance de recevoir, lorsque vous aviez l'impression que tout s'écroulait autour de vous. Il n'était pas très tactile, malgré cela, il arrivait que son tendre cœur ne puisse supporter la vue d'un étudiant effondré après un examen raté. C'était comme une nécessité, de tenter de rassurer du mieux qu'il le pouvait.

Kim Namjoon était celui dont le nom apportait de la couleur à votre quotidien. Une douce palette qui réchauffait vos journées. Lui dont le sourire aux lèvres pulpeuses pourraient faire fondre le plus froid des cœurs.

Le jeune étudiant était tel un doux début d'automne, les teintes chaleureuses qui coloraient votre monde et vous donnaient envie de vous réfugier dans un doux plaid, un petit chocolat chaud au creux de vos mains.

Mais cela serait si peu de parler de lui en ne mentionnant simplement que sa bienveillance au sein de son université et de sa faculté de sciences. Oui, il était inscrit dans la section scientifique, étonnant lorsqu'on apprenait qu'il avait toujours un livre sous la main, toujours.

Toujours un bouquin à proximité de Namjoon qui adorait la littérature, on pourrait presque croire que ce n'était que le prolongement de son être.

Le noiraud aimait se cultiver, en apprendre plus sur le monde, ce qui l'entourait et se plonger dans différents univers. Valser entre les livres de fictions à ceux philosophiques, il lisait tout un panel de romans aux différents thèmes, rien ne l'arrêtait.

Et peut-être que quelque part, c'était pour cette raison qu'il allait souvent vers les autres. À chacune de ces nouvelles rencontres, Namjoon avait l'impression de découvrir un nouveau monde, une nouvelle façon de le voir et emportait toujours avec lui un bout de l'autre.


   — Tu fais quoi ?

   — J'écris une nouvelle histoire, répondit simplement Haru en relevant enfin le regard de sa feuille.


Un homme âgé de la trentaine était accoudé au chambranle de la porte. Les mains dans ses poches, il semblait l'observer écrire en silence depuis un moment. Il portait un petit pull noir et une veste Bomber de la même couleur, son masque ébène cachait la moitié de son visage, signe qu'il venait tout juste de rentrer de l'extérieur.


   — Une nouvelle histoire ? demanda-t-il finalement après un moment de silence en se redressant pour se rapprocher de la jeune femme à petits pas.


Elle était installée face à une grande baie vitrée donnant sur un tableau à en couper le souffle, un plaid couvrant ses cuisses et un carnet par-dessus. Le sofa avait l'air confortable et la vue envoûtante.


   — Hmm, les feuilles d'automne me donnent toujours de l'inspiration, déclara-t-elle en montrant d'un signe de la main l'extérieur.


Un bois coloré décorait les lieux de l'autre côté de la vitre. Un tapis de feuilles orange, rouge et jaune donnaient à l'endroit cette ambiance chaleureuse et douce. Le vent caressait les feuilles colorées, faisant valser certaines dans les airs avant d'accompagner leur chemin jusqu'au parterre feuilleté. Quelques-unes s'envolaient plus loin pour s'échouer sur le bitume, là où elles n'attendaient qu'à être écrasées pour apporter à nos oreilles une merveilleuse mélodie craquelée.

Et même si les branches dansaient au gré du vent, les nuages gris se mouvant délicatement suspendus au toit terrestre, le temps semblait s'être figé. Comme si la scène ne faisait que tourner et tourner en boucle, créant une fissure dans le temps.

La vue de l'extérieur par ce climat automnal était une évasion de la bulle où semblait s'être réfugiée Haru.


   — Je vois ça, affirma l'homme en hochant la tête alors que ses yeux se plissaient.


La jeune femme, même si elle n'avait pas souvenir de son visage, pouvait aisément deviner le grand sourire qui se cachait derrière ce masque noir. Elle pouvait sentir la chaleur et la douceur qui s'y dégageait.


   — Chaque année, c'est à cette période que tu écris le livre, déclara-t-il en retirant sa veste.


La rousse l'observait se dévêtir, dévoilant des épaules saillantes et imposantes ainsi qu'un torse qui lui donnait cette envie irrépressible d'aller se réfugier tout contre. En le détaillant davantage, Haru remarqua un scintillement entre ses pectoraux. Il y avait autour de son cou un collier qui glissait jusqu'à sa poitrine, laissant y pendre joliment un pendentif vraisemblablement taillé dans l'argent. On pouvait y lire un mot en japonais, automne écrit en kanji, .


   — Ah oui, c'est vrai, murmura-t-elle pour elle-même alors que ses pupilles détaillèrent le joli collier avant de ne plus avoir que le dos de l'homme lui faisant face. Ce dernier s'était tourné pour s'avancer... vers elle ne savait où.

   — Je vais aller nous préparer quelque chose à manger, et puis tu me raconteras ton histoire ?

   — Hmm.


La japonaise était déjà de nouveau concentrée sur son écrit, les sourcils légèrement froncés, la lèvre inférieure mordue distraitement alors que sa main faisait danser son stylo de son encre sur le papier de son carnet.


Ce n'était pas un petit protagoniste et héros parfait ce Kim Namjoon, il aurait été ennuyant, il fallait bien l'avouer. L'étudiant avait, lui aussi, son petit paquet de défauts, bien qu'ils ne le rendaient que plus adorable. Et celui qui avait le don d'alterner ses journées et jouer avec sa patience était sa maladresse.

Il pouvait bien prêter main-forte au groupe de rock pour monter leur scène, mais il risquait de casser une petite chose ou deux sur son chemin. Pour la distribution des flyers, il en avait laissé envoler une cinquantaine du tas qu'il avait dans ses mains en trébuchant. Il lui était aussi arrivé de tâcher ses fiches de révisions ou celles des camarades qu'il aidait, devant réécrire l'entièreté du cours de nouveau. Namjoon ne comptait plus les maladresses qui lui arrivaient.

Comme en ce premier jour d'automne où il avait réussi par il ne savait quel moyen de briser le guidon de son précieux vélo en deux. Il n'avait sûrement pas pu contrôler la force de ses bras.

Namjoon était épuisé après cette longue journée de cours et il n'avait qu'une seule envie, celle de rejoindre la petite boutique de son père pour se ravitailler de l'ambiance qui y régnait. Et il avait dû faire tout le trajet à pied, sous la pluie, abandonnant son vélo sur le campus. Mais la simple idée de penser à sa destination arrivait à le motiver à ne pas succomber à la mauvaise humeur qui le lorgnait.

Son père était l'un des derniers de la ville à entretenir une petite boutique à bonsaï appelée 𝒎𝒐𝒏𝒐. Et les amateurs de verts et de plantes savaient que le vieux Kim offrait les plus jolies des plantes. Il y avait quelque chose chez cet homme bon qui apaisait les esprits dès que l'on posait les pieds dans son magasin. C'était une bulle en dehors du temps, où la nature vous parlait et vous détendait par sa simple présence.

L'étudiant avait hérité de cette sérénité qu'il avait le pouvoir d'offrir aux autres ainsi que de son parfum musqué, profond et envoûtant. Comme s'il avait passé ses nuits à se balader dans les bois, entre les sapins à l'odeur fraîche et les autres arbres aux différentes senteurs.

Namjoon adorait filer un coup de main au 𝒎𝒐𝒏𝒐 lorsqu'il avait beaucoup trop de commandes ou de travail. Il aimait jouer les livreurs, lui et son vélo parcouraient la ville à chaque fois pour amener les petites plantes à leur nouveau propriétaire. C'était une petite activité qu'il trouvait bien sympa, confiant les végétaux comme s'ils étaient ses enfants, s'assurant que le client avait bien assimilé les soins qu'il se devait de suivre pour le bon épanouissement de l'être-vivant.

Vous pouvez donc ajouter à la liste des choses que vous connaissez de Kim Namjoon, la passion pour la nature et les plantes vertes. Cela pouvait paraître étrange, mais dans la boutique de son père, le jeune étudiant avait ses petits arbustes favoris parmi toutes celles qu'il entretenait le temps qu'elles soient vendues.

Son père ne proposait pas que des bonsaïs malgré qu'il soit principalement reconnu pour cela. Il y avait quelques autres plantes dans la serre qui coloraient un peu plus le lieu, rendant la serre du vieux Kim un peu plus féérique et unique.

Et parmi tous ses favoris, il y avait ce tout petit bonsaï, très difficile à entretenir car il était de ceux qui fleurissaient à la fin de l'hiver, annonçant la douceur du printemps, Namjoon l'avait nommé Haru.

Tel le printemps, sa floraison le faisait toujours sourire, apportant de la nouveauté et de la sérénité dans sa vie. Il lui suffisait d'admirer ces pétales roses pour qu'il offre au monde le plaisir de voir ses fossettes se creuser constamment. Le jeune étudiant aimait la saison printanière.

Namjoon prenait spécialement soin de ce petit bonsaï, il avait eu un coup de cœur pour lui. C'était ainsi, difficile à expliquer, mais il était loin de savoir que ce simple petit bonsaï allait changer le cours de sa vie.

Alors, imaginez sa tristesse lorsque son père lui avait demandé de faire une livraison en lui tendant Haru, son précieux bonsaï bien emballé dans ses mains.

Il s'en était voulu à ce moment de ne pas l'avoir acheté lui-même pour le garder à jamais.

Il l'avait tenu pour acquis, lui rendant visite tous les jours et lui apportant de l'amour sans savoir qu'il était à la vue de tous, disponible. N'importe qui aurait pu tomber sous son charme, comme il l'avait fait, et vouloir l'acheter. Et malheureusement, cela avait fini par arriver aujourd'hui.

Namjoon savait que cette journée n'était pas de celles qu'il allait fortement apprécier, il avait déjà qu'une hâte, qu'il en finisse et qu'on passe déjà à demain.

C'était le premier jour de l'automne, une saison qu'il n'aimait pas particulièrement. Parce que les jolies feuilles vertes mourraient petit à petit pour s'échouer dans des tons orangers à ses pieds. Et quand bien même elles offraient de jolis tableaux inspirant son côté artiste et photographe, Namjoon préférait lorsqu'elles reprenaient vie au printemps. Mais il savait qu'il devait se dévêtir de leurs feuilles mortes, pour en porter de nouvelles, plus vivantes et fraîches.

Mourir pour renaître un peu plus neuf.

C'était le premier jour de l'automne, et il pleuvait. Namjoon n'aimait pas forcément la pluie, elle l'empêchait de rouler à vélo, de se balader tranquillement sans risquer de tomber malade, de glisser sur la chaussée grâce à sa légendaire maladresse ou encore se faire éclabousser sans pitié par les conducteurs. En somme, ce n'était pas le temps qu'il préférait bien qu'il savait qu'il fallait de la pluie pour faire pousser et hydrater cette nature qu'il aimait tant contempler et chérir.

La pluie, bien qu'elle rendait le temps grisâtre, maintenait la vie.

L'automne avait été accueilli, la pluie lui souhaitant la bienvenue et son vélo était cassé, il devait donc partir en métro. Chose qu'il haïssait. Se faire ballotter de part et d'autre, subir l'humeur ronchonne des habitants, devoir essayer de garder l'équilibre et tenter de ne pas rater son arrêt étaient l'une des raisons pour lesquelles il préférait circuler à bicyclette.

Mais il savait que les transports en commun était tout aussi écologique que son deux-roues, lui permettant simplement de croiser d'autres mondes et se faire des souvenirs plus vivants.

L'automne était venu tuer lentement les feuilles de ces précieux arbres, le ciel semblait les pleurer, son vélo l'avait envoyé se balader sans lui et en plus, il devait donner de lui-même son bonsaï préféré.

Namjoon était quelqu'un de nature souriante, d'aimable, offrant ses fossettes à qui le souhaitait, mais là, actuellement la seule chose dont il avait envie était de se rouler en boule dans son lit et se réveiller de ce mauvais rê-

   — Le dîner est prêt, annonça doucement le jeune homme en interrompant la rousse dans sa rédaction.


Elle leva les yeux de son carnet pour l'observer poser des plats fumant sur la table à manger, avant de s'installer tranquillement en lui offrant un petit sourire avenant. Le silence dans le salon ne faisait qu'agrandir ce sentiment de temps figé, et pourtant, il semblerait que les pupilles du trentenaire hurlaient, parlaient, communiquaient dans un langage que Haru peinait à comprendre.


   — Tu me rejoins ? lui demanda-t-il finalement en montrant la place face à lui.


Il était assis, devant lui se trouvaient un plat de gyoza, des raviolis japonais ainsi qu'un bol de nouilles. Et juste à côté il y avait une petite boîte qui, étrangement, paraissait familière à la jeune femme sans pour autant qu'elle ne la reconnaisse. Sans un mot, Haru déposa son carnet sur la table basse, juste à côté d'un bonsaï qui décorait joliment les lieux.

La rousse s'avança silencieusement pour s'installer face à lui sans un regard. Il y avait quelque chose d'étrange dans l'air.En effet, le temps était suspendu et à chaque seconde qui ne s'écoulait pas, il semblait s'alourdir dans une sensation de non-dits.

Les raviolis avaient l'air si appétissants et la jeune écrivaine était sûre que c'était son plat favori. Avant même qu'elle n'ait eu le temps d'attraper ses baguettes, le son de pilules qui s'entrechoquent dans un petit boîtier lui fit relever le visage brusquement, les sourcils froncés. Haru n'appréciait pas ce son, son cœur se tordait tout au creux de sa poitrine. Non, elle n'aimait pas ça.

L'homme face à elle lui tendait ses deux mains, l'une contenant des pilules blanches, rouges, bleues et vertes, et de l'autre il lui offrait un verre d'eau. Elle se contenta de l'interroger du regard, pourquoi cet homme voulait-il qu'elle prenne ces tonnes de médicaments ?


   — Haru ... je suis aussi ton infirmier, déclara-t-il comme s'il avait lu dans ses pensées. Je sais que tu n'aimes pas les prendre, mais promis, ça sera rapide !


Oui, c'était vrai .... Elle n'aimait pas avaler ces pilules. Comment le savait-il ?


    — Et puis regarde, je t'ai préparé tes gyozas favoris farcis de légumes et de crevettes, c'est qu'un mauvais moment à passer, fit-il en la suppliant du regard, et puis tu pourras me raconter ton histoire.


Alors elle avait raison, c'était son plat favori.


   — D'accord ....


Avec une grimace non dissimulée, la dénommée Haru apporta à ses lèvres deux premières pilules blanches pour les avaler. Elle savait qu'elle détestait en prendre.

Aussitôt cet horrible moment fini, après avoir ingurgité avec difficulté le reste, la jeune femme attrapa ses baguettes pour goûter un premier ravioli sous le rire attendri de son infirmier.

La première bouchée lui tira un soupir de contentement qui n'échappa aucunement au noiraud.


   — Alors ça te plait ? demanda-t-il fièrement en goûtant à son tour.

   — Un délice ! lui répondit Haru, enthousiaste, en relevant son regard de son plat pour contempler l'homme face à elle. Merci pour ce repas, commenta-t-elle avant de froncer les sourcils pour lire le pendentif accroché au cou du jeune homme, Aki, prononça-t-elle en devinant que c'était son prénom qui était accroché à son cou.


Le dénommé Aki lui offrit simplement un hochement de tête, le regard perdu en dehors de la pièce comme s'il souhaitait à tout prix fuir la pièce, le creux de sa joue mordillé.

Il fixait les feuilles orangées par l'automne, dansant lentement au gré du vent, tentant de s'accrocher comme elles le pouvaient à leur branche.

C'était la deuxième semaine depuis le début de la saison et les arbres se délaissaient déjà de leur parure offrant un tableau nostalgique et mélancolique. Leur couleur chaude attirait son attention et il ne savait pas s'il aimait cela ou non.

Les minutes s'écoulaient dans un silence paisible alors qu'ils mangeaient, tous deux perdus dans leurs pensées. Et ce ne fut que lorsque la feuille que contemplait le noiraud se décrocha enfin de sa branche pour s'envoler dans les airs qu'il détourna le regard pour le déposer sur Haru.

Elle était déjà en train de l'observer,ses yeux exprimant quelque chose qu'il était le seul à comprendre, alors qu'elle mâchait doucement, un petit sourire aux lèvres. Le plat semblait réellement lui plaire, ce qui ravit le cœur nostalgique de l'infirmier qui décida de prendre enfin la parole. La tension qui semblait avoir pris possession de son être s'était adouci, détendant ses traits crispés pour lui offrir un doux regard.


   — Alors cette histoire, fit-il en lui offrant un léger rictus à peine visible.

   — Hmm ?


Comme s'il s'y attendait, le noiraud lui montra d'un geste de la tête son carnet abandonné sur la table basse, juste à côté d'un joli bonsaï qui fleurissait, déréglé, comme si l'automne n'enlaçait pas la ville de son étreinte mélancolique, comme s'il était figé dans un éternel printemps.


   — Oh oui mon histoire ... tu veux que je te raconte les grandes lignes ? demanda-t-elle, toute heureuse de pouvoir partager sa nouvelle idée de roman.

   — Si ça te fait plaisir, raconte-moi cette histoire au parfum d'automne.


Haru ne put s'empêcher de camoufler le grand sourire qui s'installa sur son visage. Elle ne savait pas pourquoi, mais une douce joie s'épanouissait en elle. Pouvoir passer du temps avec cet homme la rendait toute chose, réveillant de doux papillons qui caressaient sa poitrine dans de délicats battements d'ailes. Elle avait cette étrange impression de le connaître depuis toujours, comme si sa présence dans son quotidien était une nécessité, Haru s'était rapidement accommodée à la présence du noiraud.

Mais il n'était que son infirmier, celui qui lui faisait prendre apparemment ces pilules qu'elle n'aimait pas et veillait sur elle.

Peut-être était-ce le fait qu'un joli homme comme lui prenant soin d'elle faisait naître en elle tout un tas de sentiments agréables ? Elle était sûre d'avoir vu l'ombre de jolies fossettes creuser ses joues lorsqu'il tordait ses lèvres pulpeuses d'un rictus bienveillant.

Et son regard, ayant l'air toujours aussi profond, envoûtait la jeune écrivaine. Haru était prête à mettre sa main à couper qu'il avait été un majestueux dragon dans une autre vie, elle ne voyait aucune autre explication à la beauté presque interdite du tracé de ses yeux.

Elle détourna le regard pour se lever et aller chercher son fameux carnet contenant le début d'un de ses prochains livres. Il était presque oublié auprès du joli bonsaï fleurissant où on pouvait lire sur son pot écrit en kanji, .

Haru,

printemps, là où les jolies fleurs de cerisier viennent ouvrir le bal d'un panel de couleurs aussi douces que vives, la vie reprenant, les arbres fleurissant. Le ciel s'attendrit pour offrir des caresses duveteuses du vent et un soleil bienveillant, comme lorsqu'on découvrait ce qu'était l'amour pour la première fois,

l'écrivaine japonaise, cette jeune femme au corps svelte, légèrement pâle et au regard souvent perdu dans le vide, elle portait le nom du printemps, vie, renaissance. Mais ses cheveux étaient vêtus d'une robe aux teintes ardentes, rousses, rappelant l'automne, la mort, le sacrifice.

Elle était écrivaine, elle le savait et les livres décorant la petite bibliothèque au coin pouvaient en témoigner, ils portaient tous son nom d'auteur. Mais ne serait-ce pas maladroit de parler de son nouveau projet à son infirmier ? Une petite voix dans sa tête appelée prudence lui rappelait qu'il ne fallait jamais parler de ses projets tant qu'ils n'étaient pas concrets, on n'était jamais à l'abri des fuites. Surtout pour elle, il semblerait qu'elle était assez populaire au vu de son lieu de vie assez luxueux, elle pouvait dire qu'elle vivait de sa passion.

Mais la rousse savait quelque part en elle, qu'elle pouvait lui faire confiance et lui dévoiler l'intrigue de sa nouvelle histoire. Peut-être était-ce la manière dont il la couvait du regard ou du sentiment du bien-être étrange qu'elle ressentait à la simple vue de son sourire. Elle ne comprenait pas cette envie de se faufiler dans ses bras et réfugier son visage dans son cou pour y inspirer son parfum, elle était sûre qu'il sentait profondément bon. Peut-être comme si l'on se plongeait dans une forêt de sapins frais ou dans un bois après une averse ?

La jeune femme se reprit, se giflant mentalement et se réinstalla face à lui et non sur ses cuisses, son carnet entre les mains.

Il semblerait qu'Aki ait remarqué son malaise puisqu'il leva une main hésitante, souhaitant la déposer sur la sienne sur la table avant de se rétracter et de simplement lui demander ;


   — Est-ce que tout va bien ?

   — Oui oui, je crois que je me sens juste un peu dans les vapes.

   — C'est normal ... ce sont simplement les effets de tes médicaments, lui rassura Aki dans un sourire bienveillant. Tu souhaiterais peut-être qu'on en parle sur le canapé, ça sera plus confortable tu crois pas ?


En proposant cela, le noiraud se redressa pour faire le tour de la table et lui tendre une main. Haru s'était perdue un instant à contempler cette grande dextre aux longs doigts qui appelaient les siens pour s'entrelacer, comme si la place de la sienne était dans celle du trentenaire debout devant elle. Elle était jolie cette main.

La rousse leva ensuite lentement ses pupilles vers lui, remarquant son sourire qui s'était agrandi, comme s'il lisait dans ses pensées, offrant donc la vue de ses fossettes.

Tiens, il ressemblait à son personnage.


   — Tu as les mêmes fossettes que Namjoon, ne put s'empêcher de murmurer l'écrivaine en se redressant.


L'infirmier avait toujours sa main tendue devant lui et Haru semblait l'avoir oubliée, se mettant debout, face à lui, son visage s'alignant à la hauteur de ses épaules. Sa main à elle se releva à son tour pour caresser la joue de l'homme, elle dut hausser le menton pour pouvoir l'observer convenablement. Elle se sentait si petite face à lui, mais étrangement, cela ne fit qu'accentuer cette sensation de bien-être qu'elle ressentait à proximité du noiraud.

Ce dernier referma les paupières dès qu'elle le toucha sa joue du bout de ses doigts, comme s'il savourait le moindre contact dans un frémissement à peine dissimulé. Il paraissait concentré, ses joues ne devenant plus que des collines sans aucun creux et ses sourcils s'étaient légèrement froncés. Mais malgré cela, Haru avait ressenti le besoin de continuer à effleurer sa peau, caresser son visage pour en retracer chacun de ses traits.

C'était un besoin, une nécessité presque vitale. Une voix en elle lui hurlait de continuer de redessiner le contour de ces pommettes rondes, la ligne de ces lèvres pulpeuses qu'il mordillait d'une caresse de son pouce, de survoler de manière imperceptible ces yeux fortement clos dans lesquels on pouvait déceler une puissance inégalable.

Haru ne l'avait peut-être pas remarqué, ou bien était-elle trop absorbée par la découverte du faciès de son infirmier : ce dernier respirait profondément, on aurait dit qu'il se livrait une bataille sans merci avec lui-même. La tête se penchant sur la main qui la flattait, son corps tendu exprimait une retenue presque douloureuse. La dextre qu'il lui avait offerte était toujours tendue, mais tremblait doucement en l'air. Le trentenaire paraissait vouloir replier son bras pour la ramener à lui par la même occasion. Son corps lui hurlait de le faire, mais il semblait ne pas vouloir y céder, ouvrant et refermant simplement son poing dans des gestes qui traduisaient une profonde souffrance.

Il se contenta de ressentir les fins doigts de l'écrivaine écrire tout un tas de mots oubliés sur sa peau, dont seul le temps autour d'eux en capturait le sens profond. Si on suivait de plus près le chemin que prenait son doigt sur sa joue, on pouvait y lire en kanji,.

   — Aki,

le nom par lequel elle appelait son infirmier,

automne, la saison qui lui apportait l'inspiration, la saison où les feuilles mourraient une à une.

Ce n'est que lorsque le trajet de ses doigts dévia plus haut pour se faufiler entre les mèches ébène du trentenaire que ce dernier ouvrit les paupières pour se plonger directement dans les pupilles brillantes de l'écrivaine au nom du printemps.

C'était confus ce qu'il y lisait, ses pupilles brillaient et ne semblaient plus aussi perdues, mais c'était un flou énorme qui brouillait tout ce qui se passait dans son esprit. Elle ne semblait pas à sa place, et pourtant, jamais elle ne s'était sentie aussi bien que si près de lui, presque au creux de ses bras. Elle pouvait enfin inhaler à plein poumons son parfum presque entêtant et Haru avait raison, c'était comme si on faisait une balade en pleine forêt entourée de sapins après une averse, l'odeur de la terre mouillée caressant ses sinus.

Le printemps contemplait d'un regard émerveillé la mine nostalgique de l'automne dans un silence presque envoûtant. Le temps s'était arrêté lui aussi pour les observer, durant ce moment confus qui faisait battre étrangement leurs cœurs. L'un criait merci, enfin satisfait et l'autre hurlait à la confusion, perturbé par tant d'émotions.

Haru n'osait pas quitter le regard de dragon du noiraud alors que sa main s'écartait de ses mèches ébènes pour s'échouer contre son torse. Ils ne parlaient pas, mais leurs yeux se hurlaient tout un tas de mots qu'il serait presque impossible de comprendre.

Dans des traits volatiles, tels des caresses, son doigt continua à écrire, juste au-dessus du cœur du soignant qui battait dans un rythme effréné, .

  — Haru,

son prénom qui fut prononcé du bout des lèvres de celui face à elle,

printemps, la saison de la renaissance, la saison où tout reprenait depuis le début.


   — C'est fou comme je te connais à peine et pourtant, tu ressembles comme deux gouttes d'eau à comment j'imaginais mon personnage, déclara tout à coup l'écrivaine qui semblait s'être réveillée de sa transe.

   — C'est dingue... souffla le noiraud en se détachant complétement de la jeune femme pour lui tourner le dos et s'avancer vers le canapé.

   — On dirait bien que c'est le destin, constata-t-elle en le suivant.


S'ils étaient restés ainsi ne serait-ce qu'une minute de plus, ils auraient cédé à l'étrange tension qui les enveloppait pour s'embrasser à en perdre haleine. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer qu'il se passait quelque chose entre eux.

L'observant s'installer à ses côtés, l'infirmier inspira profondément en mordant l'intérieur de sa joue, les lèvres crispées. Une bulle mêlant tension et confusion baignait dans l'air, les cajolant presque tendrement. Et il semblait que le seul à le remarquer était le noiraud qui avait du mal à reprendre ses esprits après ce simple toucher.

L'écrivaine, quant à elle, était plongée de nouveau dans son carnet comme si rien ne s'était passé. Elle relisait ses premières lignes munie d'un petit sourire trahissant sa satisfaction et sa hâte de voir ce nouveau projet se concrétiser, prendre vie.


   — Alors, tu me parles de ce Namjoon et de son histoire, finit par prononcer le trentenaire en lui adressant un regard que l'écrivaine ne sut déchiffrer.

   — Son histoire ? répéta-t-elle les sourcils froncés avant de s'exclamer : oh oui, celle de mon protagoniste... C'est un jeune étudiant, débuta-t-elle en plaçant sa main devant sa bouche après avoir bâillé. Aimé de tous, le genre de personne si bienveillante qu'il fait passer le bien-être des autres avant le sien.

   — Ah bon ? Il a l'air un peu trop parfait ton Namjoon, ria doucement l'infirmier en se tournant vers la jeune femme pour lui accorder toute son attention.

   — On peut bien dire qu'il est parfait... répondit Haru pensivement.

   — Ne le prend pas mal ou comme une critique, se permit de dire le dénommé Aki, mais je crois qu'il devrait avoir quelques défauts pour qu'il fasse plus humain, parce qu'un gars trop parfait... je ne crois pas que ça existe.

   — Hmm, des défauts tu dis ?

   — Oui... par exemple : super maladroit ou encore idiot sur les bords, fit-il avant de s'expliquer. Je veux dire par là qu'il peut très bien être intelligent et doué, mais dans la vie de tous les jours ne pas trop comprendre les sous-entendus ou bien être en décalage avec ce qui l'entoure.

   — Namjoon est déjà super maladroit et je trouve que c'est ce qui le rend humain et, quelque part, parfait à mes yeux...

   — Tu... tu ne peux pas dire que j- qu'il est parfait, rouspéta l'infirmier, le bout de ses oreilles rougissant.

   — C'est mon personnage et je suis sûre qu'il plaira ainsi, répliqua la jeune femme. Et puis, s'il ne plaît pas, moi je l'aime. J'ai déjà vraiment apprécié écrire dessus et c'est le principal ! s'exclama Haru en offrant un doux sourire au noiraud.


Ce dernier se racla la gorge, semblant tout à coup légèrement mal à l'aise. La tension électrique précédente laissant place à quelque chose dont il était le seul à percevoir le sens. Comme si la rousse le complimentait lui, directement. Comme si elle lui disait clairement qu'elle l'aimait et qu'elle le trouvait parfait avec tous ses défauts.


    — Et du coup, quelle est l'histoire de cet étudiant ? demanda-t-il. Quel est le thème de ce livre ?

   — Ça sera une petite romance, une douce romance au parfum d'automne, fit-elle le regard perdu au-delà de la grande baie vitrée.

   — Je vois.

   — Namjoon, ce jeune étudiant en troisième année, déteste l'automne, lui ce qu'il préfère, c'est le doux printemps. Mais il rencontrera une jeune femme portant justement le nom de cette saison qui lui fera changer d'avis.

   — Ah bon ? Dis-m'en plus.

   — Il travaille après ses cours dans une petite boutique de bonsaï que son père gère, il aime vraiment s'occuper des plantes, expliqua l'écrivaine en baillant. Il adorait passer des heures dans la serre à l'arrière-cour de la boutique de son père à prendre soin de ces précieux petits arbres. Il avait même son petit bonsaï préféré parmi toutes les plantes. Mais un jour...

   — Un jour ? reprit l'infirmier, semblant absorbé par le récit.


Le silence plana durant quelques secondes où Haru contemplait les feuilles orangées danser dans les airs grâce au vent qui les soulevaient et Aki, quant à lui, portait toute son attention sur la jeune femme à la chevelure faisant jalouser les teintes de toutes les feuilles à l'extérieur. On ne sut dire comment, mais ils étaient un peu plus proches, la distance entre eux s'amenuisait au fil des minutes qui s'écoulaient.


   — Un jour, le premier jour d'automne, reprit-elle, son père lui annonça qu'il avait vendu son bonsaï préféré et qu'il devait le livrer chez la personne sous une pluie torrentielle.


Elle bâilla de nouveau, se sentant de plus en plus somnolente.


   — Même si cela lui fendait le cœur de devoir se détacher de sa plante préférée, il était parti livrer le bonsaï chez la cliente qui s'avérait être une nouvelle étudiante dans sa faculté. Une Japonaise qui avait décidé de faire un Erasmus en Corée du Sud et qui souhaitait rendre son petit studio étudiant un peu plus vert et vivant.

L'écrivaine avait laissé tomber son carnet à côté de ses cuisses alors qu'elle sentait l'entièreté de son corps se détendre doucement.


   — Et si Namjoon était entré dans ce petit appartement tout ronchon, il en était sorti ravi, tu sais pourquoi ? demanda-t-elle alors que son corps s'était penché sur le côté, vers le noiraud qui s'était discrètement avancé vers elle.

   — Pourquoi ? murmura-t-il, un petit sourire nostalgique se dessinant sur ses lèvres pulpeuses, bougeant son épaule pour que la tête de la jeune femme se cale dessus.

   — Il avait flashé sur cette étudiante depuis une semaine avant qu'il ne lui livre le bonsaï, annonça-t-elle. Et tu veux savoir le plus drôle, son bonsaï et cette Japonaise portaient le même nom-

   — Haru... ne put s'empêcher de souffler l'infirmier la coupant dans son récit.

   — Oui, Haru, articula-t-elle lentement le sommeil semblant prendre le dessus. Leur idylle avait débuté le premier jour d'automne...

   — Et se figea le premier jour de printemps, chuchota l'infirmier tout contre sa tempe.

   — Hmm ? marmonna la jeune femme somnolente, les paupières closes.

   — Rien... rien, dors trésor, lui chuchota-t-il, osant enfin entourer son corps de ses bras pour la serrer contre lui. Ton traitement t'épuise.


Haru marmonna quelque chose, faisant sourire l'infirmier qui la cala contre lui pour qu'elle puisse s'assoupir confortablement. Son visage enfoui enfin comme elle le souhaitait depuis qu'il était entré dans la pièce, au creux de son cou, alors que ses bras avaient entouré presque avec automatisme son torse pour se mouler contre sa poitrine.


    — Tu as raison trésor, dès la première fois que je t'ai vue, j'ai su que tu étais celle qui allait voler mon cœur, déclara-t-il.


La jeune femme assoupie tout contre lui, il détaillait ses traits détendus, se permettant enfin de caresser son visage de la pulpe de son doigt.


    — Cette journée que je détestais tant est devenue celle que je chérirai à jamais, lui avoua-t-il durant son sommeil. Je me souviens encore ton coréen à l'accent fort prononcé, tes sourires timides et tes airs perdus. Je me souviens encore de ces moments passés à te faire rattraper les cours et te faire visiter le campus et surtout toutes les excuses débiles que j'ai sorties juste pour pouvoir passer du temps avec toi.


La femme dans ses bras avait soupiré dans son repos, poussant son visage un peu plus contre la peau de son cou, faisant sourire le noiraud de bien-être. Il aimait tant lorsqu'elle se rapprochait ainsi de lui, lui réclamant même durant son sommeil ses étreintes qu'elle adorait tant.


    — Je me souviens de cet automne qui m'a paru le plus merveilleux de tous, t'as réussi à me faire aimer cette saison. Je me souviens de cette soirée en début d'hiver, lorsque tu m'as offert ce pendentif en me disant que je te rappellerai l'automne, c'était ta manière à toi de me demander d'être plus que ton ami.


Il parlait alors que son regard s'était finalement envolé au-delà de la baie vitrée, contemplant de nouveau les feuilles mortes.


    — Et à cet instant, je ne savais pas à quel point tes mots étaient vrais. L'automne est devenu la seule chose qui te rappellera ce que nous sommes, notre histoire.


Il pouffa doucement alors qu'il sentait sa vue se flouter et sa gorge se nouer. C'était difficile de s'avouer cela, il ne comptait plus le nombre de fois qu'il lui avait dit et redit leur histoire. Et pourtant, ça lui serrait toujours autant le cœur.


   — C'était ton dernier automne avant que la vie ne devienne qu'une boucle infinie pour toi, j'étais ton dernier automne. Là où es feuilles se mourraient, tes neurones aussi, petit à petit, devenaient défaillants.


Une petite larme solitaire tentait de s'échapper de ses paupières, capricieuse, elle souhaitait découvrir l'automne et la mélancolie qui avait envahi la pièce.


   — Et lorsque le printemps avait pointé le bout de son nez, saison qui t'allait à merveille, tout se figea pour un printemps éternel. Lorsque la nature reprenait vie, toi aussi, ton esprit avait décidé de se ressusciter pour renaître, revivre une nouvelle vie. Comme si tu n'avais jamais vécu avant, oubliant le goût de l'automne et de notre amour.


Et voilà, la larme avait réussi son combat, elle ne pouvait défier la gravité, traçant son chemin à travers la douce pommette du noiraud.


    — Alors je me souviens de nous pour toi, je me souviendrai de nous à jamais. Lorsque toi tu écris sans le savoir notre histoire, à chaque automne, elle reprend vie à travers tes mots.


Une autre larme avait suivi la précédente pendant que la jeune femme dans ses bras remuait doucement, semblant émerger lentement de cette toute petite sieste.


   — Je me souviendrai de nous et je prendrai soin de toi jusqu'au bout, trésor, peu m'importe si tu m'oublies, avoua-t-il difficilement. Parce que même lorsque je ne deviens qu'un simple inconnu à tes yeux, ton regard amoureux ne peut mentir. L'une des seules choses positives à ton Alzheimer, c'est que tu retombes inlassablement amoureuse de moi, nous revivons constamment nos premiers moments.


Il tentait de rire alors que Haru se redressa légèrement en s'étirant. Elle soupira de bien être en se recalant contre lui pour le serrer à son tour dans ses bras dans un petit sourire.


   — Salut toi, murmura-t-elle doucement en embrassant sa poitrine, là où sa tête était posée confortablement.

   — Hey mon trésor, lui répondit d'une voix émue le noiraud en la serrant un peu plus contre lui.


Il était toujours bouleversé lorsque sa Haru reprenait conscience et se souvenait de lui. Il pouvait le savoir à la manière dont elle avait d'agir avec lui ainsi que celle de lui parler.

Le noiraud savait lorsqu'elle se souvenait d'eux.

À l'entente de sa voix enrouée, la jeune femme redressa son visage, sa joue toujours collée à son torse pour observer ses traits.


   — T'as pleuré.


Ce n'était pas une question, mais simplement un constat qui fit serrer le cœur du noiraud à la vue de la mine coupable qu'elle avait affichée.


   — Non.


Mais une larme traîtresse vint le contredire. Parce que dans le calme d'automne où le temps semblait s'être figé, il y avait tout un tas de choses qui causait un chaos dans leur être. Le calme n'était qu'une façade et le temps qui se fige une illusion factice.


   — J'ai recommencé hein ? demanda-t-elle alors que ses propres pupilles se gorgèrent de perles salées en remarquant son carnet abandonné plus loin sur le canapé.


Il acquiesça simplement, amenant sa main à la joue de la rousse pour la caresser tendrement, heureux de pouvoir le faire sans qu'elle ne le repousse ou l'observe étrangement. Pour une durée qu'il savait pas très longue. Sa Haru était redevenue celle qui l'aimait en retour, sans aucun filtre.

Il glissa sa main dans sa nuque après avoir effacé les quelques larmes qui s'échappaient du bord de ses paupières pour la rapprocher à lui.

Et alors que le vent continuait à arracher les feuilles mortes de leurs branches, que les nuages gorgés de leurs larmes se mirent à pleurer sur la ville, Haru embrassa cet homme dont elle se remémorait le prénom le temps de quelques heures ou de minutes, ils ne le savaient pas, avant de l'appeler de nouveau par un autre qui n'était pas le sien, lui brisant le cœur sans le vouloir.

L'automne avait enfin le droit à son moment de répit, embrassant le printemps, avec amour, avec tendresse, avec ardeur et passion. Parce qu'il ne savait pas quand est-ce qu'il pourra de nouveau lui démontrer à quel point il l'aimait. Bien qu'il le fasse tous les jours en prenant soin d'elle en tant que son infirmier personnel.

Il était son amant et son infirmier, prenant soin de son cœur et de son corps.

Et lorsque l'éclipse des saisons avait pris fin, les laissant haletants dans les bras l'un de l'autre, étendus sur le canapé, Haru lui redit ces quelques mots, comme à chaque fois qu'elle se souvenait de lui.


   — Je te l'ai déjà dit Namjoon ? Tu me fais penser à l'automne.

   — Et toi... à un printemps éternel.

C'était leur manière à eux de se dire je t'aime. 



♪ 𝒘𝒉𝒆𝒏 𝒘𝒆 𝒘𝒆𝒓𝒆 𝒚𝒐𝒖𝒏𝒈 - 𝑎𝑑𝑒𝑙𝑒 ↺

𝐿𝑒𝑡 𝑚𝑒 𝑝𝘩𝑜𝑡𝑜𝑔𝑟𝑎𝑝𝘩 𝑦𝑜𝑢 𝑖𝑛 𝑡𝘩𝑖𝑠 𝑙𝑖𝑔𝘩𝑡

𝐼𝑛 𝑐𝑎𝑠𝑒 𝑖𝑡 𝑖𝑠 𝑡𝘩𝑒 𝑙𝑎𝑠𝑡 𝑡𝑖𝑚𝑒

𝑇𝘩𝑎𝑡 𝑤𝑒 𝑚𝑖𝑔𝘩𝑡 𝑏𝑒 𝑒𝑥𝑎𝑐𝑡𝑙𝑦 𝑙𝑖𝑘𝑒 𝑤𝑒 𝑤𝑒𝑟𝑒


𝘩𝑒𝑎𝑣𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑖𝑛

hiii mes ptits papillons, je suis heureuse de vous retrouver pour ce nouveau oneshot dans les couleurs de l'automne qui j'espère vous aura plu. j'espère que vous avez pu comprendre qui était le fameux infirmier et faire le lien entre Aki et Namjoon hihi, et finalement comprendre leur histoire. 

ce petit one shot est né cette fois-ci après que Bbalgan_Unnie m'ai envoyé cette jolie photo de namjoon qui est dans la couverture en me disant qu'elle serai parfaite pour une couverture. je lui ai donc demandé trois petit mot pour lancer le truc et après avoir eu ; Université, métro et bonsaï, ce petit os est né. et bien sur mention spéciale à mon duo d'amour Akamikeko ma bêta lectrice et taemots ma correctrice 🤍

merci de m'avoir lu, ça me fait toujours énormément plaisir de vous partager mes petites idées qui j'espère vous on fait voyager le temps de quelque mot. 

je vous aime.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro