Chapitre 2: Une journée (presque) comme les autres

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Le lendemain matin, je fais une entrée fracassante en classe, mon sandwich entre les dents, ma veste à moitié mise et les cheveux en pétard, essayant désespérément de les réunir en un semblant de queue de cheval.
Je me fige quand je vois tous les regards braqués sur moi... Y compris celui du prof de philo.

- Vous êtes en retard, Mademoiselle, me dit-il de son air pincé.

Je lui réponds, ironique:
- Mais qu'est-ce que le retard?

Il réfléchit un instant avant de déclarer:
- Vous avez une heure.

Oups...

***

Après le cours, tout le monde lâche son petit commentaire sur mon intervention. Je me rends compte qu'il y a deux groupes: ceux qui m'en veulent car un contrôle imprévu était la dernière chose dont ils avaient envie et ceux qui en rient encore.

Pendant que je suis occupée à ranger mes affaires dans mon casier, une voix ô bien trop connue m'interpelle:

- Il paraît que tu as fais des étincelles, ce matin.

Pas besoin de me retourner pour savoir que c'est Mike, le garçon populaire du lycée. Il est du genre beau, athlétique et à l'aise avec les filles.
Le genre que je peux pas blairer.

- Il paraît aussi que l'équipe de basket est qualifiée en demi-finale, dis-je pour détourner le conversation.

Ah oui, j'ai oublié de mentionner ce petit détail: il fait partie de l'équipe de basketball du lycée. Il paraît qu'il est bon. Il paraît.

- Oh-oh... Mademoiselle s'intéresse à ce que je fais... dit-il d'un air si fier que j'en ai envie de lui arracher les yeux.

- Non, pas du tout. C'est juste que je trouve dommage de devoir supporter plus longtemps les affiches et les supporters de votre équipe. Sur ce, je te souhaite une excellente mauvaise fin de journée.

Je tourne les talons et le laisse planté au milieu du couloir, les bras ballants et l'air ahuri.
Mon Dieu comme ça fait du bien!

Je retrouve mes camarade de classe de bonne humeur.

- Attends, Jo... C'est juste moi ou tu SOURIS??? me demande Louis d'une voix théâtrale.

- Zut, ça brise mon image de fille mystérieuse et distante! lui répondé-je sur le même ton.

- Nan mais sérieux, il s'est passé quelque chose de bien ou...? m'interroge Louise (et oui, il y a un Louis et une Louise dans la classe).

- Oui, peut-être... Enfin je crois...

- Allez, crache le morceau!

- Oh y'a rien d'exceptionnel. C'est juste que ça fait un bien fou de remettre Mike à sa place.

- Tu veux dire que tu as rembarré Mike? demande Lidya, visiblement sous le choc.

-Bah oui pourquoi?

- Oh, je sais pas... Peut-être parce qu'avant tu craquais sur lui?

- Euh... Je l'aimais? Moi??

- Ouais. Et pas qu'un peu. Toutes les excuses étaient bonnes pour parler de lui et vanter ses exploits.

- Pourtant le seul exploit dont il serait capable c'est sortir avec toutes les pimbêches du lycée... Et je ne pense pas que ce soit très flatteur.

Tout le monde explose de rire.

- Qui sait, si ça se trouve il craque pour toi!

- Mouais, j'en doute fort... Je ne suis pas assez Barbie à son goût.

Nouveau fou rire. Enfin, après quelques minutes, Lidya arrive à formuler une phrase cohérente:
- Il semblerait que tes sentiments pour lui se sont envolés en même temps que ta mémoire. Et honnêtement... Tant mieux.

Ses mots se voulaient rassurants et pourtant je les reçois comme un électrochoc.

Pendant un instant je me suis crue heureuse: je parlais avec des amis, je riais même avec eux.
J'ai ignoré la sensation de vide que je ressentais.
Et pourtant elle est bel et bien là.

Alors non Lidy, il n'y a pas de « tant mieux » qui tienne. Tes mots me l'ont rappelé; j'ai tout oublié et c'est exactement pour cette raison que j'ai changé.
Que je ne suis plus moi-même.

Cependant j'enfouis ces pensées le plus profondément possible et je plaque un sourire sur mon visage.
- Eh oui, que veux-tu, commencé-je d'un ton enjoué, c'est un des nombreux avantages quand on est amnésique!

***

J'arrive déterminée chez moi. Je balance mon sac à dos sans ménagement et bats un record de vitesse en enlevage de manteau.
Il faut que je parle à mes parents. Tout de suite. Et ils ont intérêt à m'écouter.

Je me dirige vers le salon et constate que mes parents sont tous les deux plongés dans un livre – ce qui n'est pas étonnant vu qu'ils tiennent une librairie. Je tousse pour me faire remarquer.
Ma mère lève les yeux vers moi.
- Bonsoir Johanna, comment s'est passée ta journée?

Il n'y a vraiment que mes parents pour m'appeler par mon nom complet... Ou les profs...

- Ah, Johanna... Tu es là... Depuis combien de temps? Pas trop j'espère. Enfin, je veux dire... Non pas que je n'ai pas envie que tu sois là, au contraire. C'est juste que j'étais plongé dans ma lecture, et tu sais comment je suis quand je lis... Et je ne suis pas comme ça parce que je préfère mon livre à toi, hein. C'est juste que... Que... bafouille mon père.

- T'inquiète Papa, je viens d'arriver.

- Ah. Bon. Très bien alors.

Un silence gêné s'ensuit. En d'autres circonstances j'aurais esquissé un sourire devant la maladresse de mon père, mais je suis bien trop préoccupée en ce moment pour m'attacher à ce genre de petit détail.

- Papa, Maman, je... Je dois vous parler.

Mon air grave doit les inquiéter car ils ferment leurs livres en silence avant de les poser sur la table.

- Vas-y ma chérie, on t'écoute, m'encourage ma mère tandis que mon père se contente de hocher la tête.

- Eh bien... me lancé-je, depuis mon amnésie, je me sens...vide. Vide et seule. Tout le monde s'occupe très bien de moi, ce n'est pas le problème. C'est juste que je suis entourée mais... seule. Tous mes camarades de classe me parlent comme si ça faisait des années qu'on se connaissait, ce qui est vrai pour eux mais plus pour moi. J'ai envie de changer d'air. De repartir de zéro, comme ma mémoire.

- Donc tu veux changer d'école, c'est ça? résume ma mère.

J'approuve d'un signe de tête. Mes parents se regardent quelques instants (je les soupçonne d'être télépathes, je ne vois pas d'autre explication à leurs entretiens silencieux) avant de visiblement se mettre d'accord sur une réponse.

Finalement, ma mère annonce le verdict:
- Comme nous pensons qu'il vaut mieux que tu changes le plus vite possible, tu seras transférée lundi.

Je reste interdite. Je ne pensais pas que ce serait aussi facile.

- Mais... commencé-je.

Je referme ma bouche aussitôt que je l'ai ouverte. Il ne faut jamais renégocier ce qu'on a déjà obtenu.

- On est vendredi, comment est-ce que je pourrai changer d'établissement aussi rapidement? demandé-je.

- Laisse-nous faire et tu verras que tout sera bouclé en un week-end, dit ma mère en appuyant son propos d'un clin d'œil.

***

Je me jette sur le lit en soupirant.
Je vais changer d'école.
Changer de vie.
Tout recommencer.
Avoir de nouveaux camarades qui deviendront des amis, que j'apprendrai à connaître en même temps qu'ils apprendront à me connaître.
Je pourrai être moi-même sans avoir à jouer de rôle de celle que j'étais avant. Et personne n'aura à savoir que j'ai une amnésie partielle.

Je ferme les yeux, soulagée. C'est comme si on venait de m'enlever un poids de la poitrine. Tout ira mieux. Tout ira bien.

Soudain je me souviens que si je change d'établissement d'ici lundi, je ne reverrai pas mes anciens camarades... Ce qui signifie que je dois au moins les prévenir de mon départ précipité.
Je saisis mon téléphone et appelle Lidya.

- Allo?

- Salut Lidy, c'est Jo.

- Tiens c'est pas souvent que tu m'appelles, ça fait plaisir! Alors, que me vaut l'honneur d'entendre ta voix?

Je lui raconte tout. Comment je devais supporter le regard des autres, à quel point je me sentais vide et combien j'avais besoin d'un nouveau départ.
Au moment où je lui annonce que je serai dans un autre lycée à partir du lundi suivant, Lidya parait d'abord choquée puis, comme j'insiste sur les raisons de mon départ, elle semble finir par comprendre.

Au bout d'une heure d'appel je raccroche, exténuée.
Je ne saurais dire de combien d'arguments j'ai dû appuyer ma décision dans l'unique but de la convaincre.

Je me glisse sous la couette et je me mets à fixer le plafond.
Pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour exprimer mes sentiments? J'aurai dû le faire bien plus tôt.

Je souris.

Petit à petit, l'espoir s'installe dans mon cœur.









—————————————

Ouf ça y est, le chapitre 2 est enfin terminé!
Quand je pense que ce que j'ai mis une semaine (ou presque) à écrire va être lu en 5 minutes à peine...
En tout cas j'espère que ça vous a plu, et on se retrouve dans une semaine encore (c'est un ordre d'idée, ça dépendra si mon ami la flemme vient me rendre visite ou pas lol) pour le chapitre 3 ^^
- Navera

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