Chapitre 7: Sœurette

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Trois jours plus tard, je croise à nouveau Jonathan sur le chemin du lycée.

- Bonjour! dit-il gaiement.

- Bonjour... grommelé-je.

- Toujours autant de bonne humeur à ce que je vois.

- Cette fois-ci j'ai une raison. Une bonne je veux dire.

- Laquelle? Je t'ai fait venir au match donc tu m'en veux? demande-t-il, joueur.

- Non, si je devais en vouloir à quelqu'un sur ce sujet ce serait plutôt aux deux Léa...

- Ah, pourquoi?

- Elles sont venues chez moi, m'ont tirée du lit, m'ont préparée puis m'ont emmenée de force.

- Je comprends mieux...

- Quoi?

- Pourquoi tu t'étais aussi bien habillée pour un événement qui ne t'intéresse pas.

- ... En effet.

- Mais finalement, c'était pas si terrible, n'est-ce pas?

- ...

- Et si on revenait à ma question de base?

- Laquelle? Il y en a eu beaucoup.

- Quelle est la raison de ton excellente humeur aujourd'hui?

- Ah ça... je soupire. Mes parents ont jugé bon d'aller boire un verre hier soir.

- Et alors? Je ne vois pas où est le problème.

- Le problème c'est qu'ils ont oublié qu'ils n'ont plus vingt ans. Ils se sont pris une bonne cuite et j'ai dû m'occuper d'eux toute la nuit...

- Oh ma pauvre.

- J'ai dû leur tenir la tête au-dessus de la cuvette pendant qu'ils vidaient leurs tripes, les mettre en pyjama, leur brosser les dents parce que ça empestait l'alcool et le... tu-sais-quoi, remettre un peu tout en ordre, etc. Ce qui fait que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit!

- Ah. VDM validée. Tu as une bonne raison pour ton humeur de chien ce matin.

- Merci, je n'aurais pas survécu sans ton approbation, ironisé-je.

Jonathan se met à rire tandis que je continue ma déprime. Le silence s'installe, à mon plus grand bonheur.
... Jusqu'à ce qu'il le brise à nouveau.

- Hey Jo.

- Depuis quand tu m'appelles par mon surnom?

- Tu trouves pas que ce serait drôle si on s'appelait mutuellement Jo?

- Non, sans façon.

- Allez, ça pourrait être marrant! Ça ferait Jo&Jo!

- Oh, on vient d'arriver! À plus!

J'accélère le pas au niveau du portail de l'établissement mais il me rattrape vite.

- Tu sais, ce n'est pas parce qu'on est arrivés qu'on doit forcément arrêter de parler, me dit-il.

Je m'arrête et me tourne pour lui faire face.

- OK, commencé-je. Je pense que je vais devoir être claire et mettre les points sur les i. Je n'ai pas envie de parler avec toi. Et avant que tu ne me demandes pourquoi, je vais te le dire; c'est simplement que j'ai du mal avec les personnes populaires. Peut-être que tu es quelqu'un de bien, de sympa, tout ce que tu veux, mais le fait est que je ne me sens pas à l'aise avec toi. On n'est pas dans le même monde. Pour résumer, ça veut dire « arrête de me coller ».

Il reste interdit un instant avant de répliquer:

- Donc ça veut dire que tu ne prendras pas la peine d'apprendre à me connaître juste parce que je suis populaire? demande-t-il, interloqué.

- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit.

- Tu l'as sous-entendu.

Un lourd silence s'installe tandis que nous nous lançons des regards glacials.
Les amis de Jonathan (enfin je crois) s'approchent pour le saluer puis s'arrêtent à quelques pas, conscients de l'atmosphère tendue qui règne autour de nous.

C'est Jonathan qui brise (de nouveau) le silence:
- Alors... Moi ce que je ressens, mes sentiments, on s'en fiche?

J'ouvre grand les yeux, surprise.

- Tes... sentiments?

- Ouais. Tu sais, ce que les êtres humains normalement constitués ressentent.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, tu le sais très bien.

- Tout comme je suis sûr que tu pourrais très bien comprendre ce que je viens de dire.

- Figure-toi que non, étant donné que je ne suis pas normalement constituée, apparemment.

- En clair, j'ai envie d'apprendre à te connaître, moi.

- Et pourquoi? Qu'est-ce qui te donne envie de me côtoyer chez moi?

- Je sais pas, je te trouve juste intéressante et...

Je lui coupe la parole.

- Intéressante? C'est vraiment l'adjectif que tu utilises pour me décrire? On dirait que tu me vois comme un objet ou une donnée à analyser!

- Mais bien sûr que non! Ce n'est pas...

Je l'interromps de nouveau.

- Écoute, il faut que tu te rendes compte que tu parles à un mur. Je ne suis pas apte à t'écouter, et au pire dis-toi que c'est parce que je n'en vaux pas la peine, que je suis stupide et qu'au fond tant mieux pour toi, je m'en fiche. Mais je n'ai vraiment pas envie de faire copain-copain avec toi. Point barre.

- Donne-moi au moins une chance de te prouver que je ne suis pas juste une personne «populaire» comme tu dis; que je suis plus profond que ça, punaise!

Je croise les bras.

- Je ne comprends franchement pas pourquoi tu tiens tant à ce qu'on sympathise.

- Parce que moi je t'aime bien.

- ... Pardon?

- Même si tu me détestes, que tu as un sale caractère et que tu es dépressive, je t'apprécie. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis attaché à toi. Voilà.

Après quelques longues secondes, je parviens à formuler une phrase.

- J'ai quelques modifications à apporter à ce que tu viens de dire.

- Mais je t'en prie.

- Premièrement, je ne suis pas dépressive. Je suis cynique; c'est très différent.

- Pardon, au temps pour moi, dit-il en levant les yeux aux ciel.

- Et deuxièmement...

Je baisse la voix jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'un souffle:
- Je ne te déteste pas.

Sur ce je m'en vais, et cette fois-ci il ne tente pas de me retenir.

***

Je passe ensuite le reste de la journée à l'éviter tandis qu'il me pourchasse.
Je reçois évidemment nombre de regards suspicieux de mes camarades de classe mais, heureusement, personne ne me pose de question.

Cependant Jonathan n'abandonne pas et réussit à m'avoir en fin de journée à la sortie des cours.

- Viens, il faut qu'on parle, me glisse-t-il en me prenant par le poignet pour m'emmener dans un coin plus tranquille.

Évidemment tout mon entourage et le sien se posent des questions. Nous ignorons les paires d'yeux inquisiteurs braqués sur nous et nous nous éclipsons à la vitesse de la lumière.

- Toi, souffle-t-il une fois arrivés dans un recoin plus discret, je crois qu'on a des choses à se dire.

- Je n'ai rien à dire.

- Dans ce cas, je vais te...

- En fait si, je l'interromps. J'ai une question à te poser.

Il m'encourage du regard à continuer.

- Tout à l'heure, tu m'as dit que tu t'étais attaché à moi. Mais je ne comprends pas comment ni pourquoi étant donné qu'on s'est parlé à peine trois ou quatre fois.

Il réfléchit quelques instants avant de répondre:

- Parce que tu me fais penser à quelqu'un.

- Ah? Et qui donc?

- Ça ne te regarde pas.

- Pardon? Ça ne me regarde pas?
Honnêtement, si ça ne me regarde pas je ne vois pas qui est-ce que ça pourrait regarder.

- OK ok... Tu me rappelles ma sœur. Ma... petite sœur.

- Ta... ma voix déraille.

Si il dit que je lui « rappelle » sa sœur, cela signifie qu'elle n'est plus là, pour une raison ou pour une autre.

- Elle est morte l'an dernier dans un accident de voiture, avoue-t-il.

Je reste sans voix. Tout d'un coup je me sens stupide.
Extraordinairement stupide.

- Oh... Pardon, je... Je ne savais pas.

Je me frappe mentalement la tête. Mais bien sûr que tu ne savais pas, idiote! Vu qu'il vient à peine de te le dire! Je m'auto-désespère. Trouver des répliques cinglantes, ça je sais faire. Mais des mots de réconfort? Pas du tout. C'est lamentable. Je suis lamentable.

- Physiquement, tu ne lui ressembles absolument pas, explique-t-il. Mais au niveau du caractère... Ton côté fier, ton sens de la répartie, ton air de défi... Je retrouve un peu d'elle en toi.

Il me fixe droit dans les yeux. Il a l'air sincère. Incroyablement sincère.
Après d'interminables secondes, je parviens enfin à dire quelque chose:

- Je suppose que ta sœur n'était pas aussi bête que moi par contre.

Je parviens à lui arracher un sourire.

- Je dirais plutôt qu'elle n'était pas aussi têtue.

Cette fois c'est moi qui souris.

- Donc c'était ce que tu voulais dire par « tes  sentiments » la dernière fois? lui demandé-je.

Il hoche la tête. Nous restons longtemps, face à face, dans le silence. Contrairement aux fois précédentes, c'est moi qui finis par le briser:
- Alors je les accepte.

Il relève brusquement la tête, surpris.

- Si j'ai bien compris... Tu veux bien que je te colle?

- Je le tolère, plutôt.

Nous nous sourions avant de partir dans un fou rire nerveux incontrôlable.
À ce moment la bande de Jonathan débarque, suivie de près par les deux Léa. Nous devons avoir l'air de deux fous car ils nous regardent de travers.

Cependant le rire est le plus fort et nous ne parvenons pas à nous arrêter.








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Et un autre chapitre de fini, yes!
Ce chapitre 7 était essentiellement constitué de dialogues... tous entre Jo et Jo ^^'
J'espère en tout cas que ça ne vous a pas trop gênés X)
En fait je n'ai qu'une seule envie, c'est d'arriver au surnaturel. Mais il n'est pas encore l'heure... Ça viendra bientôt, ça viendra bientôt... :3

Sur ce, à la prochaine!
- Nalvera

PS: Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi au moment où j'écris, le chapitre 6 a plus de vues que le chapitre 4 ou 5? C'est pas logique 😂

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