Appelons un lundi un lundi

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Appelons un chat un chat. Appelons un lundi un lundi.

Encore une fois, la malchance du jour maudit s'est abattue sur moi, pauvre lycéenne qui n'avait rien demandé.

Il faut vraiment trouver un sort pour annuler cette malédiction. Sinon, je vais finir par mourir un lundi. Ce serait terrible.

Truc pas cool du jour :

(En oubliant le fait que j'ai renversé mon plateau à la cantine et ma mauvaise note en sport.)

Sam a décidé de me faire la tête. Le problème, c'est que je ne sais pas pourquoi.

« En tant que meilleure amie, tu devrais savoir ! », répétait-elle.

Il faut dire que la maturité de Samantha Monteir peut parfois être comparable à celle d'une petite fille de maternelle. C'est je crois son seul défaut.

« Change d'amis, m'a dit Ondine, avec sa délicatesse naturelle.
— Change de classe, a fait papa.
— Change de lycée ! a hurlé Zéphyr. »

Je crois que je vais changer de vie, ce sera plus simple.

• • •

Samantha soupira et plaqua un grand sourire sur son visage en entrant dans le lycée. Elle n'attendit pas Églantine et fila vers sa salle de classe. Là, elle s'installa au premier rang, sur la rangée du milieu.

— Salut, je peux m'assoir ?
— Oui, bien sûr.
— Merci.

Quand Églantine arriva dans la salle, son regard se voila d'incompréhension. Mais elle se reprit vite et s'assit à sa place habituelle, près du mur. À côté d'elle, la chaise resta inoccupée.

— Alors, Chloé, ça va ?

Chloé esquissa un rictus infesté d'hypocrisie en se tournant vers Sam.

— À merveille. Et toi, tu t'es disputée avec Églantine ?

La lycéenne entortilla une mèche rousse sur son doigt, sans quitter sa voisine du regard.

— On peut dire ça comme ça, hasarda Samantha. En fait, j'ai besoin de changer d'air, je crois.
— Oh, je vois. Rester avec la même personne depuis la maternelle, c'est sûr que ça craint.
— Ouais, carrément.

Le prof de français tapa dans ses mains pour demander le silence. Puis il se tourna vers le tableau pour débuter son cours.

— Je peux manger avec toi, ce midi ?
— Bien sûr.
— C'est sympa, merci. Le souci avec Églantine, c'est qu'elle n'aime pas le changement. Mais on ne peut pas rester des gosses de maternelles toute notre vie.

Sam jeta un regard à son ami qui gribouillait des dessins au milieu de ses notes.

— Déjà, avec un prénom aussi bizarre...

Samantha ne dit pas qu'elle adorait ce prénom. Elle repensa aux moments où elles échangeaient d'identité, jusqu'à rentrer chacune le soir dans la maison de l'autre. Églantine devenait alors Samantha et Samantha se transformait en Églantine. Elles adoraient ce jeu, toutes les deux, même si elles étaient loin de se ressembler.

Mais cela appartenait au passé. Et si elle voulait changer, se faire remarquer, Sam devait oublier les souvenirs. Elle devait se réinventer pour plaire aux autres et ainsi, elle l'espérait, se plaire.

— Dis, Sam, tu pourrais m'aider ? Je comprends pas...

La jeune fille acquiesça et se pencha vers Chloé et sa voix suave et mielleuse.

• • •

Églantine sortit la première du cours de français. Lundi, foutu lundi, foutu lundi de merde.

Elle se dépêcha de rejoindre la cour. Samantha faisait encore la tête pour une raison inconnue. Elle allait donc passer son horrible journée toute seule.

Elle s'assit sur un banc et se contenta d'observer en silence, puisqu'elle n'allait pas parler dans le vide.

Elle rêva de retrouver Fragrance. Elle s'imagina son regard intelligent et doux. Elle se remémora leur dernière ballade. Sans qu'elle s'en aperçoive, ses yeux se mirent à briller. La joie l'envahit et calma ses pensées trop sombres.

Églantine montait à cheval depuis si longtemps qu'elle ne se rappelait pas de sa première fois. Cependant, elle pouvait sans mal se souvenir de toutes les années où l'équitation n'avait plus quitté sa vie. Plus qu'une passion, c'était devenu sa raison de vivre.

— T'es toute seule ?

Églantine leva les yeux. La lycéenne devant elle possédait de longs cheveux blonds et ondulés. On aurait dit Boucle d'Or, pensa la jeune fille.

— Ouais.

D'ailleurs, ce n'était pas rare au lycée, d'être seul. Quand Samantha lui faisait la tête, Églantine le remarquait avec une étrange culpabilité qu'elle ne comprenait pas. Avec sa meilleure amie, elle ne prêtait pas attention à ce genre de choses.

— Alors ça te dérange pas si je m'assois ?

La lycéenne secoua la tête.

— Je m'appelle Eliss, mais tu dois sûrement déjà le savoir.

Elle rit un peu. Le son tinta dans l'air comme une jolie mélodie. Les deux filles, même si elles ne s'étaient jamais vraiment parlé, partageaient la même classe. Si Églantine avait déjà remarqué sa présence, car celle-ci n'échappait à personne, elle n'avait pas osé l'approcher.

— Tu viens manger avec nous, ce midi ?
— C'est qui, nous ?
— Samuel, Lise, Amandine, Alban et moi. Et toi, du coup !

Églantine sourit, d'abord timidement. Puis son regard s'illumina.

— Tu ne me laisses même pas le choix !

Eliss s'esclaffa et embrassa sa joue.

— Je sais très bien que tu en meurs d'envie. Comme ça, ta vie sociale ne se résumera pas à Samantha !

Cette fois-ci, elles rirent toutes les deux. Églantine observa sa camarade étinceler, s'illuminer et briller de mille feux.

Car Eliss ne se contentait pas d'être là, elle propageait sa bonne humeur tout autour d'elle.

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