Caprice des Nuages

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Samuel m'a appelée. Il était dans la rue, tout seul, énervé contre ses parents. Je lui ai dit de venir chez moi.

Ondine m'a jeté un regard glacial, quand je suis descendue pour accueillir mon ami. Elle s'est très vite retirée dans sa chambre. Depuis un moment, elle ne va plus dans la cuisine.

Sam était trempé ; il avait commencé à pleuvoir. Je lui ai tendu un sweat de ma sœur – les miens étant trop petits pour lui – et l'ai emmené près du feu, là où il pouvait se réchauffer.

Il m'a tout raconté. Ça m'a agacée, toutes ces histoires de familles. Je lui confié tout bas que, chez moi non plus, ça n'allait pas fort. Il a simplement hoché la tête.

Quand la pluie s'est calmée, Samuel a annoncé qu'il devait repartir. Il ne voulait pas que ses parents appellent la police. J'ai répondu quelque chose, en murmurant, je ne m'en souviens plus tellement. Il a souris en disant qu'il allait se faire défoncer. C'était un sourire trop triste pour être vrai.

• • •

— Qu'est-ce que t'en penses, Eglantine ?

Eliss, le téléphone posé sur son bureau, cherchait désespérément son cahier de maths. En même temps, elle écoutait la voix lointaine de son amie avouer qu'elle n'avait pas écouté.

— Cet aprem, au centre équestre, toi, Sam, Lise, Alban, Amandine et moi. Chacun amène de quoi manger et puis aussi des boissons si vous voulez.

Parce que la Boucle d'Or du lycée ne laissait rien lui échapper : elle avait bien vu que ses amis n'allaient pas bien, alors elle s'était chargée d'organiser une réunion de groupe de tout urgence. Ils en profiteraient pour rencontrer Fragrance et le cheval dont Églantine parlait tant.

— Ok. Ça me va.

Eliss sourit et envoya un message à Samuel :

VICTOIRE ! J'ai réuni tout le monde !!

Elle bascula ensuite de nouveau sur sa conversation avec Églantine.

— Génial. Rendez-vous à 14 heures !

Et sans laisser le temps à son amie de répondre, elle raccrocha.

• • •

Le petit groupe était assis dans l'herbe humide. Leurs conversations animées amusaient les passants, pour la plupart cavaliers.

— Alors, c'est en quel honneur, cette réunion d'urgence ? s'enquit Amandine.

Églantine et Samuel échangèrent un regard rapide, avant de se tourner d'un même mouvement vers Eliss.

— Problèmes de familles.

Tous acquiescèrent, d'accord sur le fait qu'ils en resteraient là. C'était plus facile d'éviter les sujets fâcheux.

Alban lança alors plusieurs débats qui éveillèrent un enthousiasme soudain chez les adolescents. Eliss défendit avec obstination les chats quand il fallut les comparer aux chiens. Les exclamations et éclats de rire se multiplièrent petit à petit. Églantine, les joues rougies par le froid, en oublia ses soucis pour un moment apaisant. Une pensée, très brève, rapide et comme chuchotée à son oreille, lui traversa l'esprit : avec Samantha, elle avait perdu l'habitude de s'amuser ainsi. Alors, elle se dit que peut-être ce n'était pas si mal, de se jeter dans l'inconnu, d'aller chercher la nouveauté.

— Famille ou amis ? demanda alors Amandine, lassée du débat « chat ou chien ».
— Ceux qui m'offriront le plus de livre, rit Lise.
— C'est tellement mieux avec les amis, souffla Sam, un peu amer.

Églantine garda le silence ; Eliss utilisa son joker, incapable de choisir ; Alban haussa les épaules et Amandine se prit d'interêt pour une notification sur son téléphone.

— Allez, venez, je vais vous montrer Fragrance et le nouveau ! Vous savez qu'il a un nom, maintenant ?
— Sérieux ?
— C'est obligé ? Il va falloir marcher dans la boue...

Samuel, soudain enthousiaste, s'était relevé. Églantine lui adressa un sourire complice et prit les mains d'Eliss et Amandine, les deux plus réticentes. Les filles ne résistèrent pas beaucoup, mais échangèrent un regard rieur avant de se mettre à se plaindre de tout et n'importe quoi sur un ton faussement ronchon. Alban se contenta de suivre ses amis pendant que Lise lui racontait toutes les histoires de chevaux qu'elle avait déjà lues dans sa vie, pleine d'entrain.

Ils traversèrent le club en parlant. De toutes, c'était pour une fois celle d'Eglantine qu'on entendait le plus. Ravie de pouvoir présenter ses amis chevaux aux lycéens, elle menait le groupe d'un pas vif alors qu'un sourire ourlait ses lèvres.

— Regardez, ils sont là !

Elle montra le pré où broutaient les deux équidés. Amandine fronça le nez, mais son dégoût de la boue s'effaça quand elle vit à quel point ses deux amis étaient content de partager leur passion. Lise observa les chevaux, puis se perdit dans ses pensées, comme souvent. Alban sourit, amusé de voir ces bêtes majestueuses de si près. Il se dit qu'une armure irait bien au grand cheval gris et imagina ensuite les deux cavaliers en tenues de chevaliers. Cela le fit sourire. Eliss, quant à elle, s'était approchée et tendait un poing plein d'herbe aux animaux.

— Pas comme ça, Lis, dit Samuel en s'approchant.

Délicatement, il ouvrit la main de son amie et Fragrance vint renifler l'herbe avant d'en goûter du bout des lèvres.

— Garde la main à plat, comme ça. Ils ne vont pas te mordre. En plus, Fragrance est la plus gentille du club, y'a aucun risque.
— Elle est grosse, surtout. Regarde comment l'autre est maigre !
— Fragrance n'est pas grosse, c'est la plus belle !
— On peut être grosse et belle.
— Alors, comment il s'appelle, le nouveau ?
— Caprice. Caprice des Nuages.
— Quand est-ce que tu pourras le monter ?
— Samedi prochain, ça te va ?

Marie, juchée sur un hongre à la robe alezane, s'était arrêtée derrière le groupe d'adolescents. Elle regardait Églantine, sa petite protégée passionnée. Chaque fois qu'elle la voyait, la dirigeante du club reconnaissait son père,  Martin, de qui elle était proche. Ces mêmes yeux bruns, presque noirs ; ce sourire discret et sincère ; ces pommettes qui rougissaient si facilement... Ces points communs troublaient souvent Marie. Peut-être était-ce aussi pour cela qu'elle lui permettait de payer moins cher la demie pension de Fragrance ou de monter d'autres chevaux quand elle le voulait.

Les yeux pétillants de la jeune fille et son sourire suffirent à la femme, qui continua, tout en exerçant une légère pression sur les flancs de son cheval :

— Rendez-vous samedi, 10 heures !

Elle elle s'éloigna sur le dos de sa belle monture, laissant derrière une Églantine aux anges et un Samuel un peu jaloux.

— C'est pas négociable, je viens avec toi, prévint le garçon.
— Mais c'est pas dangereux, de le monter ? Il a pas l'air très...
— J'ai pas peur. Et puis, Caprice est gentil, juste peureux, regarde-le !

Le grand hongre reniflait avec méfiance une fleur un peu plus grande que les autres, une des rares qu'il restait en hiver. Quand un insecte se posa dessus, il s'affola et partit au galop à l'autre bout de l'enclos. Cette scène fit rire Eliss, mais laissa Lise sceptique.

— Il est dangereux, conclut-t-elle.
— L'équitation est un sport dangereux, contra Sam.
— Ce n'est pas un...
— Ah si ! Je t'interdis de dire le contraire, c'est un sport ! Reviens me voir après une séance de mise en selle, les courbatures parleront pour toi.
— Je sais même pas ce que c'est, la mise en selle, se plaignit Alban.
— Moi je le trouve trop mignon, Caprice ! s'exclama Eliss, conquise par l'animal.
— Je dirais pas mignon, remarqua Lise.
— Il est grand, en tous cas, fit Amandine.
— Il est grave stylé en tous cas, murmura Alban.
— Il est magnifique, je trouve.

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