Sourires éternels

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Avec Fragrance, tout est toujours plus simple. On se comprend sans parler et on s'aime sans condition. On ne s'abandonne pas sous prétexte qu'on se connait depuis trop longtemps. On est là, toutes les deux.

Je suis naïve au point de croire que ce sera pour toujours.

Avant Atchoum, nous avions un chien. Avec Ondine, nous avons grandi avec lui, tout le temps. Il était là avant notre naissance. Il semblait éternel, parce que la vie n'existait pas pour nous sans lui.

Je n'ai jamais imaginé qu'il puisse mourir. Parfois, on croit que les choses sont immortelles. Et en fait, non.

Rien n'est éternel. Rien ne le sera jamais.

C'est terrifiant.

• • •

Églantine sortit de sa chambre à grands pas, les bras serrés autour d'elle dans l'espoir de se réchauffer. Sur la rambarde de l'escalier, elle attrapa une polaire bleue. Puis, elle descendit avec la grâce d'un éléphant, le regard fatigué.

— Oh non, Églantine, encore ce pull horrible !
— Bonjour à toi aussi, sœurette. Ne critique pas mon pull préféré, pas dès le matin. Il est parfait.
— Il est trop petit, vieux et moche comme un oiseau mort.
— Arrête, ça devient glauque.

La plus jeune continua son chemin, laissant sa sœur traîner devant la télé et entra dans la cuisine. En baillant, elle ouvrit un placard au hasard, versa du jus d'orange dans une tasse, lâcha un « merde » chuchoté, dénicha des céréales.

— Je les mets dans mon verre, du coup ? Quitte à tout inverser, autant le faire jusqu'à bout.

Finalement, elle rangea les céréales et coupa une tranche de pain. Au moins, les tartines ne demandent pas un bol, ou un verre ou quoi que ce soit. Elle étala le beurre, se perdit dans une contemplation de jus d'orange dans un bol, ravala un autre bâillement.

C'est ce moment que choisit Zéphyr pour débarquer. Les cheveux en bataille, les yeux encore à peine ouverts, il faisait presque peine à voir dans son pyjama tigré trop grand.

— C'est l'effet samedi qui vous rend comme ça ?

Juste derrière, leur père apparut. Martin Foltier semblait la plus en forme des trois personnes réunies.

— Ouais, sûrement.

Églantine pensa que le prochain lundi arrivait trop vite. Elle se demanda ce qu'elle allait subir, cette fois. Ne préféra pas s'aventurer sur les chemins des hypothèses déprimantes.

Zéphyr s'assit près d'elle et attendit sagement, comme si la nourriture allait venir toute seule à lui.

Martin mit en route la bouilloire et chercha une tasse.

— Ondine ! T'as encore changé l'organisation de cette cuisine ?
— Troisième fois dans la semaine. On est encore loin du record, marmonna Eglantine.
— Je vais pas m'en sortir, gémit le père. Où est-ce qu'elle a encore rangé les tasses ?

La lycéenne l'abandonna à son exploration des placards, se leva, déposa la vaisselle dans l'évier, rangea le beurre et le jus d'orange au frigo et partit sans un mot.

Elle alla s'installer sur le canapé, près de sa sœur.

— Peut-être bien, que j'ai peur.

Ondine redressa la tête. Elle eut un moment de perplexité, puis comprit.

— Ah ! Je crois que tu peux supprimer les trois premiers mots de ta phrase.

Églantine la foudroya du regard. Elle leva les mains.

— Ça va, ça va, je plaisante. T'as peur de quoi ?
— Toi, tu crois que j'ai peur de quoi ?
— Du changement, de la solitude, des autres.
— Ça fait beaucoup de peurs.
— Elle sont reliées. Tu as peur que les autres te renient et donc de te retrouver seule. Avec Samantha, tu n'es pas seule, alors tu veux que tout reste pareil, ce qui nous amène à la peur du changement.
— Les études de psychologie, ça avance, on dirait.
— C'est top ! Mais ce n'est pas la question, Chou.
— Ne m'appelle pas comme ça...
— Ce n'est pas non plus la question, Ch...
— Comment je peux m'en débarrasser, de ces peurs ?
— En claquant des doigts, tu vas voir, c'est du gâteau !

Ondine ricana et tapota son téléphone. Églantine serra les poings.

— Ondine, t'es une sœur insupportable.
— C'est le principe d'une sœur, chérie.
— Ah, très drôle.
— En même temps, je crois que j'apprends autant que toi. Ce n'est pas parce que je suis plus vieille que je devrai avoir plus d'expérience, c'est des conneries tout ça. Des tas de gens restent collés à la télé pendant des heures, même s'ils ont, je sais pas, quatre-vingt dix ans ! C'est pas une question d'âge, l'expérience. C'est un apprentissage qui se termine jamais. Tu sais quoi ? Pour effacer tes peurs, je crois que tu dois juste sourire. Parce que tout va bien, parce que t'es en vie, parce que t'as Fragrance, parce que tu nous as nous. À ce moment, quand tu réalises tout ça, Samantha ne devient plus qu'un détail, même pas assez important pour que tu t'en soucies. Va pas te pourrir à soulever des montagnes pour elle, t'embête pas à lui ramener la Lune. Elle le mérite pas. Toi, par contre, tu mérites tout ça. Vivre, sourire, rire. Ne la laisse pas te priver du bonheur, d'accord ? Je te l'interdis.

Et Églantine, après un long silence, dévoila un sourire.

— Tu es vraiment une drôle de sœur, Ondine.

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