Chapitre 4 - Un gars normal

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Publié le 4 novembre 2021 à 13h33.

― Je ne sais pas...

― Tu dois bien avoir une idée, dit Alexandre. On peut parler de tout ce que tu veux, je ne suis pas difficile.

― Aucune idée, je réponds. Je ne sais pas de quoi parlent les gens normaux... Je ne suis pas un gars normal.

Il lève les yeux au ciel.

― Mais on s'en fiche, de ça ! Nous ne sommes pas normaux, et c'est tant mieux. D'ailleurs, qu'est-ce que c'est qu'être normal ?

― Euh... je réfléchis. C'est ne pas être différent de la majorité des gens ?

Mon invité secoue la tête.

― Non. La normalité ça n'existe pas. Car on est tous différents.

Je pince les lèvres.

― Pourtant, il y a bien des caractéristiques communes à une majorité de personnes dans un pays, par exemple. Comment tu appelles ça ? 

― Des coïncidences, répond-il.

Je souris.

― Je ne crois pas aux coïncidences.

Il sourit à son tour et me lance :

― Alors dis-toi que c'est tout le monde qui se copie.

Sa réflexion me fait éclater de rire.

― Il n'empêche, je réponds, que ça en fait une norme : si tout le monde se copie, les gens qui ne le font pas son jugés et rejetés car ils sont différents. Donc ça revient au même.

Alexandre hoche la tête.

― En effet, tu marques un point. 

― Ce sont des normes sociales, je continue. Des modes. Les gens suivent les personnes les plus influentes comme des moutons, et ça en fait une norme. La normalité c'est simplement être comme la majorité des gens.

― Mais qui a envie de ça ? Tu voudrais être un gars lambda toi ? me demande-t-il.

Je pince les lèvres.

― Un gars lambda peut marcher. Donc oui.

Alexandre soupire.

― Mais un gars lambda c'est ennuyant. Ça joue aux jeux vidéos, c'est grossier et ça déteste ses parents, ça suit les gens populaires pour s'intégrer dans la société, ça cache son mal-être sous un faux sourire et... un gars normal n'est pas un gars heureux. Toi, tu es spécial. Je ne dis pas que tu as de la chance, loin de là, mais ton handicap te rend aussi unique. Tu peux prendre ça pour une faiblesse, mais il ne tient qu'à toi d'en faire une force. 

Un silence plane pendant quelques secondes.

― C'est... c'est très beau ce que tu dis, je murmure.

― J'espère que tu comprends ce que je dis en tout cas. Même si elle existe, la normalité n'est pas un idéal. Ce n'est pas quelque chose d'enviable. Comme dirait Dumbledore dans Harry Potter : "Ce ne sont pas vos ressemblances qui comptent, ce sont vos différences."

Je souris.

― Mets-toi bien dans le crâne que tu n'es pas un gars normal, reprend-il. Moi non plus. Et nous ne le serons jamais. Mais je préfère mille fois être vu comme le mec bizarre qui vit dans son monde, qui a un comportement bizarre et qui traîne avec des gens encore plus étranges que lui, plutôt que d'être un mec ennuyant à mourir qui a des faux amis et qui ne sera jamais heureux. La normalité c'est ennuyant et sans intérêt. Nous, les gens bizarres, les "cas sociaux", nous sommes l'inverse. Nos vies sont intéressantes et palpitantes.

J'éclate de rire.

― Ma vie n'a rien de palpitant. 

Il sourit et me dit avec un clin d'œil :

― Pour l'instant.

*

Durant tout l'après-midi, nous parlons de la normalité. Ce concept absurde sans réelle définition. Nous débattons sans nous lasser, avec autant de passion au début qu'à la fin. Nous sommes tantôt en désaccord, tantôt sur la même longueur d'onde ; nous plaisantons, rions, nous moquons des "moutons" et des gens sans personnalité. Nous ne voyons pas le temps passer, et quand je regarde ma montre et aperçois le chiffre dix-sept, j'écarquille les yeux.

― Oh, il est déjà cette heure ?! je m'exclame.

― Ah oui en effet, dit-il en regardant l'heure à son tour sur l'écran de son téléphone. Je vais sûrement bientôt devoir y aller. Mon père a dit qu'on devrait être rentrés pour dix-huit heures au plus tard.

Nous décidons alors de sortir tous deux de ma chambre.

― En tout cas c'était très chouette cet après-midi, dit Alexandre pendant que nous marchons pour retourner vers le salon. J'adore débattre et on dirait que j'ai trouvé un partenaire parfait pour ça !

― J'ai beaucoup aimé aussi, je souris. Je sens que les deux mois à venir vont passer trop vite au final.

― Tu vois, on a fini par en trouver un, de sujet de conversation ! rigole-t-il.

― C'est vrai, j'acquiesce. C'était rapide tout compte fait.

― Je te l'avais dit. 

Nous arrivons dans le salon. Justement, nos pères venaient visiblement d'avoir fini.

― Ah parfait, vous êtes là ! fait le père d'Alexandre. Je venais justement de dire que j'allais vous chercher.

Il se retourne vers mon père et lui serre la main.

― Eh bien sur ce je vous dis à jeudi, même heure !

― C'est ça, à bientôt, répond mon père. Martin, tu raccompagnes nos invités ?

Je hoche la tête et les raccompagne jusqu'à la porte d'entrée.

― Au revoir jeune homme, me dit monsieur Clyster. J'espère que vous vous êtes bien amusés, mon fils et toi.

― Oui, nous nous entendons très bien, je réponds.

― Tant mieux ! dit-il. Dans ce cas, nous nous revoyons comme prévu dans deux jours.

Et sur ces paroles, il sort de la maison. Ne reste qu'Alexandre.

― Allez, c'est à mon tour de dire au revoir, dit celui-ci. Je suis très content d'être tombé sur un garçon intéressant en tout cas, moi qui avais peur de rencontrer un geek insupportable et ennuyant à mourir.

― Je t'avoue que moi aussi j'avais peur de rencontrer un mec lourd, narcissique ou simplement méchant. Quelle heureuse coïncidence qu'on se soit rencontrés, je dis en souriant. 

Il sourit et répond :

― Je ne crois pas aux coïncidences.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro