Chapitre 33 : Piégée

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Chapitre 33

Elle allait être détruite.

Alizée essaya de rester stoïque jusqu'au dernier instant, de relever fièrement la tête face aux éclats de lumière blanche qui l'entouraient comme des vagues d'étincelles, et de ne pas se mordre la lèvre avec inquiétude. Royle avait l'air ravi, Zéphyr abasourdi, Kenric inquiet, Karl désespéré, et Kathy... elle espéra que sa meilleure amie avait trouvé un moyen de les libérer, de libérer son cousin, son petit-ami et son ami. Tant pis si elle devait y rester...

Elle se souvint des mots qu'elle s'était promis de prononcer lorsque Royle serait vaincu ; « Vous avez perdu », et même s'il n'était pas encore temps, elle ne voulait pas perdre sa volonté sans démontrer une dernière trace de rébellion. Elle adressa à leu ravisseur un regard assassin, fixant ses yeux noirs avec fureur, et lâcha ;

- Vous allez perdre !

La force invisible qui la faisait flotter se retira comme le reflux de la mer et elle tomba lourdement sur le dallage glacé, se cognant la tête contre la pierre ; étendue, ahurie, sur le sol, elle chercha des yeux une image à laquelle se raccrocher avant de s'évanouir et vit les trois personnes qu'elle aimait le plus au monde devant elle, Zéphyr avec ses yeux bleu sombre, Kenric qui lui transmettait d'un regard tout son courage et, derrière, Kathy, à moitié invisible, qui subtilisait discrètement les clefs de leurs chaînes à Selwyn.

« Pour vous, je me battrai ! » se jura-t-elle à elle-même. Un dernier regard aux yeux sombres de Karl, qui avait subi la même chose, puis elle sombra dans l'inconscience.

Elle avait toujours imaginé sa possession comme une douleur fulgurante, puis la disparition totale de pensées, la simple constatation de son entourage, sans état d'âme, sans rien du tout.

Pourtant, elle entendait les cris de Karl qui essayait de fuir, et elle voyait ses paupières noires. Elle voulut ouvrir les yeux, mais son corps ne réagit pas.

Que... ?

Elle fronça les sourcils, mais là encore, elle ne parvint qu'à avoir la pensée de ses sourcils se fronçant. Sans qu'elle ne l'ait prévu, ses yeux s'ouvrirent. Elle sursauta. Ce devait être la première fois que quelqu'un sursautait car ses yeux s'étaient ouverts, mais c'était comme si mental et physique étaient absolument déconnectés ; elle n'avait plus de pouvoir sur elle-même.

Alizée, sans le vouloir, se redressa difficilement ; son regard parcourut les alentours et passa sur Zéphyr, horrifié, Karl, les lèvres serrées, et Kenric, qui restait fier et droit même si l'on voyait qu'il se retenait de hurler et de casser des chaises.

Mais ne faites pas cette tête, je vais bien ! Je n'ai pas...

Son regard se tourna de nouveau vers le corps de Royle ; même si elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, pourquoi elle agissait sans ordonner ses actions, elle fut surprise de voir qu'il était toujours inerte, la peau aussi pâle que de la craie. On aurait dit une poupée de cire brisée. Rien de bien menaçant. Il ne se réveillerait sans doute pas de sitôt.

La possession n'avait pas dû marcher, mais alors pourquoi ses pensées et son enveloppe physique divergeaient-elles autant ? Elle regarda alors en direction de la porte de la vitrine qui contenait les flacons rouges de Mesolum. Le reflet qu'elle y vit n'était pas le sien.

Son cœur faillit s'arrêter de battre, ou il l'aurait fait si elle n'avait pas été dans un état aussi étrange.

Elle avait toujours les cheveux couleur ébène, mais quelque chose avait changé

Ses traits étaient durs, sa peau pâle, les yeux ardents. Ses yeux étaient la chose la plus étrange qu'elle ait vue depuis un moment ; loin de la prunelle de couleur glaciale, bleue acier, elle était du rouge incandescent de la braise, du pourpre profond du sang séché, du noir dévorant de la nuit d'été. Un mélange qui aurait pu être beau, mais qui avait des reflets de feu terriblement effrayants, et qui ne collait pas à son visage.

Bon sang de... merde.*

Royle a réussi.

- Eh oui, fit la voix du mage noir, jaillissant de ses lèvres que crispait un sourire machiavélique. Vous ne pensiez pas que je serais en mesure de réussir, n'est-ce-pas ? Pourtant me voici. Et votre amie est morte.

- NON ! hurla Kenric, qu'Alizée, enfin, Royle, bâillonna d'un geste de la main.

- Voilà donc, chuchota le mage en regardant ses doigts, le véritable pouvoir dont j'ai été si longtemps privé...

Il tendit une main vers le bureau, dans un coin de la pièce, et serra les doigts ; le meuble éclata de milliers de copeaux de bois qui allèrent se ficher alentours ; levant les deux mains, il fit exploser le plafond, dont les débris volèrent dans les champs, puis il s'éleva à une dizaine de mètres au-dessus de sol, flottant avec un large sourire ravi, faisant voler également ses trois prisonniers tandis que les Détraqueurs et les serviteurs, apeurés par la nouvelle puissance de leur maître, fuyaient dans les couloirs de la prison.

Alizée essaya vainement d'empêcher Royle de contrôler ce pouvoir, mais elle n'arrivait plus à reprendre les commandes. Elle n'était qu'une pensée. Une pelote de pensées inutiles, cachée dans un recoin d'un labyrinthe d'idées, de possibilités, abandonnée et oubliée, délaissée...

Karl a vécu la même chose. Et il s'en est sorti.

Elle eut beau se répéter ces mots en boucle, rien à faire ; elle ne comprenait pas comment son cousin avait réussi à accéder aux contrôles à nouveau, ni même comment il parvenait à voir les pensées de Royle.

Celui-ci, d'ailleurs, s'amusait avec ses nouveaux pouvoirs. Des dizaines de tonnes de terre battue s'arrachèrent aux champs environnants et devinrent tempête de poussière ; cette tornade dévastatrice fonça sur eux, et tandis qu'il se protégeait dans une bulle invisible, Karl, Zéphyr et Kenric furent ballotés en tout sens, flottant comme de petites marionnettes de chiffon, incapables de lutter contre un pouvoir invisible et seulement mental.

Il va trop loin. Il utilise trop mon pouvoir, et je suis trop fatiguée... Cette puissance ne fonctionnera plus et tout ce qu'il a créé sera détruit. Cet idiot va faire pleuvoir des tonnes de terre sur la prison, tuer ses occupants et écraser mes amis !

Pendant un instant, soudain, comme elle s'y était attendue, tout ce qui était en lévitation retomba légèrement, cessant de flotter quelques instants, avant que Royle ne réussisse difficilement à reprendre la main. Détruisant la tornade d'un geste, il reprit son souffle – ou elle ? Lorsqu'il s'agissait de ses poumons mais que lui commanditait la respiration, était-ce elle, ou lui ?

Je ne peux pas...

L'arrêter...

Toutes les forces du monde n'empêchaient pas Royle de les faire léviter.

Il va tuer mes amis. JE vais tuer mes amis... Et je ne pourrais pas arrêter cette horreur !

- Oh, Alizée Neigea commence à réaliser l'étendue du pouvoir que j'ai, sourit méchamment Royle avec les traits d'Alizée. Oui, je peux t'obliger à tuer tes propres amis... Ce serait faisable, et ce serait très amusant d'entendre tes pensées pendant ce moment crucial...

Il arrive à lire mes pensées ?

Il fallait qu'elle l'en empêche. Comment, cependant... ?

Elle vit les yeux e ses amis s'écarquiller tandis qu'ils constataient que leur amie était toujours là, quelque part.

- Relâche-la, Wall, exigea Karl, le seul qui n'était pas bâillonné, entre deux quintes de toux que la poussière de la tornade lui donnait. Laisse-la tranquille. Et ses pensées, laisse-les aussi !

- Mais ça, Karl, sourit Royle, c'est à moi d'en décider...

Royle leva la main d'Alizée et commença à refermer les doigts, lentement. Karl resta un instant immobile, puis il leva brutalement les mains pour chasser celle qui l'étranglait, sans la trouver ; il griffa légèrement son cou, essayant de se débarrasser de l'agresseur, sans succès.

La première pensée d'Alizée, ridicule, fut ;

Comme dans Star Wars ? Quel manque d'originalité.

Suivie de ;

Je suis en train de le tuer ! Non ! Royle est en train de le tuer ! Il faut que je l'en empêche... Stop...

Elle fouilla l'espèce de cage où elle était confinée, essayant de réduire les murs en miettes, enchaînant les coups durs portés aux parois immatérielles, se démenant en vain pour reprendre la main, mais rien n'empêchait les doigts de Royle de se resserrer à distance sur la gorge de son ancien camarade d'école.

Karl avait viré au rouge et ouvrait la bouche, en quête d'air.

Je suis en train de le tuer ! Ces mes pouvoirs, ma main, qui le tuent ! Je le tue ! Arrêtez ! Arrêtez ! Non ! Non, non, ne le tuez pas, je ne peux pas le tuer, stop, non, arrêtez, non, non, non, non, non...

Elle commençait à s'affoler de plus en plus et, sous la panique, eut envie de pleurer.

Soudain Royle relâcha son étreinte mortelle pour lever sa main vers son visage et ramener ses doigts devant ses yeux ; ils étaient humides ; des larmes salées dévalaient les joues d'Alizée. Ses sourcils, sans qu'elle ne l'ordonne, se froncèrent. Royle pleurait.

- Que... ?

- C'est elle ! s'étrangla Karl, à moitié évanoui, mais encore conscient. Alizée pleure. Tu peux peut-être contrôler certaines choses, mais ce qu'elle-même ne peut pas faire, tu ne le peux pas non plus. Dans cette situation, elle n'aurait pu s'empêcher de pleurer. Alors tu pleures aussi...

Rageusement, Royle chassa ses larmes, mais d'autres dévalaient aussitôt ses joues.

Je suis encore là, d'une certaine façon. J'existe encore.

Le mage noir les fit redescendre de leur perchoir invisible, et ils retombèrent sur le sol couvert de plâtre du bureau dont le plafond était réduit à l'état de poutres éméchées.

Il faut que je trouve comment a fait Karl pour résister à Royle et reprendre le pouvoir.

Comment, ça, c'est tout le problème...



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Merci pour tout, les votes, les commentaires, tout ^^ (ainsi que les lecteur qui s'abonnent à moi sur Instagram, du coup j'essaie de prévenir dessus quand un chapitre arrive)

Une idée de chapitre spécial pour  si jamais on arrive aux 10k!

Bises

Hermy


* pardooon


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