Chapitre 27 - Connais-tu un dénommé Jack ?

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Dans le chapitre précédent :

Mon âme-sœur planta un baiser sur mon front, puis me prit dans ses bras. J'acceptai avec plaisir sa chaleur et l'enlaçai aussi.

Il me caressa le dos tandis que je fis de même. La tête plongée dans son torse, je respirai son odeur réconfortante. Je me sentais tellement bien dans ses bras. Tellement bien.

Dans une heure, pour lui, pour tous les loups garous, je devais réussir à tirer des informations de la part des chasseurs. C'était le seul moyen que j'avais de protéger ces êtres chers à mon cœur.

***

Une heure plus tard, j'étais prête à partir dans la forêt pour rejoindre Eli, mais c'était sans compter les regards noirs des loups-garous de ma famille. Seules les femmes, ma mère et Eléonore étaient inquiètes.

Ces hommes ne me facilitaient vraiment pas la tâche. Ce n'était pas comme si j'allais mourir en allant dans la planque des chasseurs. Normalement, j'allai pour simplement m'entraîner. Bien sûr, je ferais semblant de ne rien comprendre à ses techniques de bases que j'avais déjà acquises avec Damien.

« Je dois vraiment y aller sinon je vais être en retard. Je ferais attention, c'est promis. »

Je sortis enfin de la maison et attendis le bus qui me déposerait à l'orée de la forêt. Soudain, mon téléphone sonna. Je n'étais pourtant pas en retard. En attendant le bus, je le sortis de ma poche et aperçus le numéro d'Ethan.

Intriguée, je décrochai, le bus n'étant toujours pas arrivé.

« Allo ? Ça va ? »

« Où es-tu ? » demanda Ethan d'une voix rauque.

« Je viens de sortir de chez mes parents... Pourquoi ? »

« Connais-tu un dénommé Jack ? »

« Oui, pourquoi ? » demandai-je avec grande attention. Mon cœur commença à battre à tout rompre en imaginant le pire. Et j'avais raison d'être ainsi.

« C'était un ami ? »

Cette fois-ci, mon souffle se coupa. J'avais reçu un coup de poing. En pleine poitrine.

« Ce-c'était ? » bredouillai-je. Les larmes me piquèrent affreusement. J'avais du mal à respirer. Je ne pouvais pas y croire. J'espérai qu'il s'était trompé dans la conjugaison de ce verbe être.

« Je suis désolée, chérie, » annonça Ethan. « Je suis tellement... »

Je n'entendis plus ses dernières paroles. Je n'entendis plus rien. Mes oreilles bourdonnaient sans que je ne puisse rien y faire. Mon souffle s'accélérait sans me laisser le temps de respirer. Mon sang affluait dans mes temps, me bloquant toute réflexion.

« Où est Jack ? » demandai-je dans un élan de lucidité. Je me rendis compte que mes joues étaient inondées de larmes.

« Je suis toujours chez lui. On vient tout juste de le retrouver... »

Je ne l'écoutais plus. Je regardai aux alentours et laissai le bus passer. Je m'engouffrai dans un taxi et roulai vers son appartement de la ville. Le portable toujours à la main, je me précipitai hors du véhicule pour zigzaguer autour des policiers présents en bas de l'immeuble.

Des bras m'emprisonnèrent la taille, m'empêchant de rejoindre l'appartement de Jack. Je lui criai dessus, mais il ne me lâchait pas. Au contraire, sa prise se resserra. Il me porta à l'opposé de ma destination.

« Non ! »

Je ne pouvais pas partir maintenant. Heureusement, Ethan sortit de l'appartement et me vit. Il me fixa avec de grands yeux avant de dire aux policiers de me laisser passer. Libre, je courus vers Ethan qui me prit dans ses bras.

Mais ce que je voulais, c'était de rentrer à l'intérieur. Je voulais revoir Jack. Je voulais le revoir en vie en train de s'appuyer sur la rambarde du balcon comme toujours.

Mais Ethan m'en empêchait. Je voyais sa bouche se mouvoir, peut-être qu'il me parlait, mais je n'entendais pas ses mots. Je devais passer. Je lui écrasai le pied à l'aide de ma bottine, ce qui le fit me relâcher en poussant un juron.

Je me précipitai à l'intérieur en arrachant les bandes jaunes qu'avaient placé les policiers. Je voulais le rejoindre, pourtant, je restai figée sur le seuil de la chambre.

Sur le lit, je pus voir un corps. Il était allongé. Une seringue à côté de lui. De la poudre blanche.

Le corps ne bougeait pas. Mort. Il était mort. Aucun battement ne sortait de Jack. Aucune pulsation.

Des larmes s'écoulèrent avant que je ne me m'écroule à terre, abattue par cette vision horrible. Je tendis la main vers Jack, mais il était trop loin. Je ne pouvais même pas le toucher. Je plongeai mon visage sur un torse accueillant et le laissai me bercer pendant que je criais mon désespoir, mes peines, ma solitude.

J'étais stupide de penser qu'il serait sauf. J'aurais dû être plus attentive. J'aurais dû le protéger. J'aurais dû le sauver. Mais il n'était plus là. Plus de battements de cœur. Les Dieux me l'avaient pris sans remords.

Mes pensées commencèrent à s'embrouiller, j'accueillis donc les ténèbres avec grand plaisir.

Je me réveillai presque en sursaut sur un lit que je ne connaissais pas. Une chambre que je ne connaissais pas. La panique me submergea, mais ensuite je reconnus Gabriel près du lit. Mon esprit était toujours plongé dans un brouillard épais et étouffant. Le mal de tête atroce ne m'aidait pas à dissiper l'épais nuage de douleur.

Gabriel me tendit un verre d'eau pour me désaltérer. Je le bus d'une traite tellement j'étais assoiffée.

« J'ai fait un horrible cauchemar, » avouai-je à mon âme-sœur comme pour me justifier de mon état.

Il ne prononça pas un mot. Ses yeux bleus se contentèrent de me fixer. Je reconnus un sentiment de peine passé. Je ne comprenais pas pourquoi il était si triste.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demandai-je innocemment.

« Je suis désolé, » annonça-t-il d'une voix rauque. Il s'assit sur le lit, et me caressa la joue, mais ce contact me distrayait. Je retirai sa main et réitérai ma question.

« Pourquoi es-tu désolé ? »

Mes lèvres tremblaient sous la peur. J'étais tétanisée par sa réponse, car je savais au fond de moi, où il venait en venir.

« Ton ami... » commença-t-il en hésitant.

« Non, c'était un mauvais rêve. C'est tout, » répliquai-je en secouant vivement la tête.

Les larmes s'échappèrent à une vitesse folle. Mon malheur se versait en un flot constant et pressant. Je voulus me lever pour partir, m'en aller je ne sais où. Faire quelque chose. Mais Gabriel me prit dans ses bras. Je me débattis en vain. Il m'emprisonna et je me laissai pleurer sur ses épaules. Ma digue de souffrance qui retenait toutes mes peines avait cédée. Je pleurai pendant je ne sais combien de temps. Après avoir épuisé toutes mes forces, je levai mon visage de son torse et reniflai.

« Toilettes, » croassai-je les yeux rivés vers le bas.

Gabriel me porta jusqu'à la salle de bain et me déposa sur la cuvette. Je le remerciai, puis il s'en alla sans refermer la porte complètement. J'étais trop épuisée pour le lui signaler. Je fis mes besoins et me lavai les mains et le visage d'un air lassé.

« Jack est mort, » exprimai-je cette pensée meurtrière à voix haute.

D'un coup, une chaleur envahit la pièce. J'aperçus Gabriel dans le reflet du miroir. Il était stoïque derrière moi.

« Pas vrai ? »

Rien dans son attitude ne me donnait raison. Mais je le savais. Je savais cette vérité que j'avais énoncée. Je n'avais pas besoin que quelqu'un ne me le confirme. Il était mort. Seul. Sans que je n'y vois quelque chose dans son attitude. Sa peine était passée dans mon filet. Je connaissais pourtant tout de lui, de sa vie, de ce qu'il m'avait confié.

Peut-être qu'au final, je ne le connaissais pas aussi bien. Peut-être qu'il ne m'avait dit que ce qu'il voulait que j'entende. J'étais une amie grotesque. Déplorable. Stupide. Inutile. Une amie ? En fait, je n'étais même pas une amie...

Sans prononcer un mot, les bras de Gabriel entourèrent ma taille. Je me baignai dans son torse accueillant, ce qui m'enleva toutes ces pensées néfastes sur moi. Je me sentais mieux, mais une flèche de douleur saignait encore mon cœur.

« Où est-il ? »

« Dans l'hôpital pour examen de son corps, » me répondit-il doucement comme si j'étais une enfant. Et il avait raison. Mes nerfs étaient en vrac. Je ne savais pas ce que je devais faire.

Ethan toqua à la porte, il vint à l'intérieur après l'accord de Gabriel.

« Kelly... » dit-il alors qu'il me regardait à travers le seuil de la salle de bain. Sa voix et son apparence débraillée montraient qu'il n'avait pas bien dormi. Gabriel me relâcha et je me précipitai vers les bras d'Ethan.

« Je suis désolé. »

Je finis par le regarder à travers mes yeux peinés.

« Que s'est-il passé réellement ? » demandai-je sérieuse. Il m'entraîna sur le lit pour s'asseoir.

« J'ai reçu un appel de son colocataire. Il l'a retrouvé comme ça quand il était rentré du boulot. Une fois sur les lieux, on a pu constater qu'il s'était suicidé. »

« Non, » répondis-je du tac au tac. Je ne pouvais imaginer cette fin pour lui. Il n'avait aucune raison.

« Kelly, on a retrouvé une seringue et... »

« Non, » l'interrompis-je. Il soupira.

« Il y avait de la drogue juste à côté de lui. »

Je me pinçai les lèvres pour éviter de lui crier dessus. Ce n'était pas sa faute, c'était ma faute. Je le savais bien. Je voulais me frapper. Je voulais me punir pour avoir été une idiote pareille. Je n'étais pas assez présente pour lui. Mais je restai butée.

« Ethan, il n'avait aucune raison pour. Il a tout fait pour arrêter ses trucs. Je l'ai aidé pendant des mois pour le sortir de toute cette merde, » dis-je en essayant de contrôler ma voix.

« Il est mort d'une overdose il y a une heure environ, » déclara-t-il. « Des policiers vont bientôt t'interroger. Il faudrait que tu te prépares... »

J'hochai la tête d'un geste machinal et me levai pour repartir en direction de la salle de bain. Je ne faisais plus attention aux chuchotements des deux hommes.

« Vous savez, la dernière fois que je lui ai parlé, on s'était disputé. Je n'ai pas couru derrière lui pour m'excuser. Je suis restée assise, » murmurai-je en m'engouffrant dans la pièce d'à côté.

Les deux hommes restèrent silencieux, mais je sentais toute leur pitié s'abattre sur moi. Ils ne devraient pas éprouvés cela à mon égard. Au contraire, ils devaient me crier dessus. M'envoyer des mots blessants affirmant à quel point j'étais stupide. Que tout était ma faute.

Ce n'était pas pour rien que j'avais énoncé le fait de ne jamais terminer une conversation sur une dispute, mais sur un mot affectueux. C'était justement pour éviter ce sentiment de regret et de culpabilité. Parce que j'étais coupable. Je le savais.

C'était ma faute si les Dieux me l'avaient enlevé. C'était ma faute si je n'avais pas réussi à le protéger. Si seulement j'avais avoué dès le début qu'il avait raison. Que les loups garous existaient comme il le soupçonnait. Si seulement je lui avais dit que je l'aimais au lieu de lui crier dessus. Mon mensonge avait coûté sa vie.

Je me déshabillai et laissai l'eau bouillante couler sur ma peau. Dommage qu'elle ne pouvait pas aussi laver les peines de mon esprit et de mon cœur en même temps. La chaleur de l'eau me brûlait tout comme elle me faisait du mal. Mais c'était ce que je voulais. Je devais me punir pour être une sombre idiote. Pour l'avoir laissé mourir.


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