Chapitre 31 - Je devais le faire

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Dans le chapitre précédent :

"Kelly ?" demanda encore la femme d'Alpha Paul en me prenant la main. Je la regardai dans les yeux où transparaissait l'inquiétude.

Lentement, je tendis ma main vers mon cou. La peau n'était plus lisse et était plus sensible qu'à l'habitude. Je sentis une boursouflure qui me gênait. Puis, je me souvins de cet objet froid et pointu qui m'avait percée la peau à ce même endroit.

Je rivai mon regard dans celui de mon âme-sœur et vis l'inquiétude, mais aussi la peur et un sentiment désolé. Je fixai ensuite sa bouche et ses dents. Pointues. Froides. Tout se mit en place. Une marque. Sa marque.

Mon âme-sœur m'avait marquée. Gabriel m'avait marquée.

***

"Non," chuchotai-je en regardant Gabriel. Mais ses yeux bleus trahissaient ma crainte. Il m'avait vraiment marquée.

"Non, t-tu n'as pas fait ça ?" bégayai-je en secouant la tête. Les larmes me montaient aux yeux. Je me sentais trompée. Complètement trahie.

"Je suis désolé Kelly," plaida-t-il.

Mais je restai figée par ses paroles. Il ne les avait pas prononcées avec sa bouche puisqu'elle n'avait pas bougé. Je compris qu'à cause de la marque, nous étions maintenant connectés. Je pouvais communiquer avec lui par télépathie.

"Sors de ma tête !" criai-je en me précipitant vers la salle de bain.

Je m'y enfermai et me regardai à travers le miroir. Mes cheveux bruns étaient ébouriffés et mon visage ne retranscrivait que de la peur. Je ne me laissai pas avoir par les suppliques de ma mère qui voulait que j'ouvre la porte, et contemplai mon cou.

Je fixai la marque comme si c'était une abomination, comme si j'étais devenue une autre personne. Il pouvait maintenant user de la télépathie avec moi, mais pouvait-il exercer d'autres pouvoirs sur moi ? Je n'avais jamais entendu parler de Verndari marqué par un loup-garou.

Je fixai la marque à travers le miroir avec un visage dégoûté. Il fallait que je l'enlève et j'étais convaincue que c'était possible. À l'aide de mes ongles, je grattai l'ornement en forme d'un loup sur mon cou.

La porte céda sous les coups répétés de mes parents. Ma mère s'écria quand elle me vit essayer de retirer cette marque. Elle me gifla face à la bêtise que je faisais.

"Que fais-tu bon sang ?!"

Mes larmes s'écoulèrent toutes seules face à la situation et à la gifle que je venais de recevoir. Ce n'était pas souvent qu'elle portait la main sur moi. Aussi vis-je ses yeux scintiller de larmes contenues. Mais je ne perdis pas mon objectif.

"Enlève-la," suppliai-je à travers mon air pathétique.

Ma mère fut prise de tristesse en secouant la tête. Elle ne m'aiderait pas à l'enlever, c'était sûr. Après tout, Gabriel était mon âme-sœur. Pour elle, c'était sûrement normal qu'il me marque.

Je me laissai tomber, ne supportant plus le poids de mes jambes et des larmes de détresse. Je paniquai. Je ne savais plus quoi faire, encore une fois. J'étais complètement démunie face à la situation.

Je n'avais pas prévu de rencontrer mon âme-sœur, je n'avais pas prévu qu'il soit un loup-garou et encore moins qu'il me marquerait avant la fin de toute cette saleté de mission. Je n'avais pas non plus prévu le départ de Damien. Les Dieux semblaient bien se moquer de moi. Oui, ils devaient sûrement rire de mes pitoyables capacités qui se révélaient être inexistantes.

Ma mère s'assit et me prit dans ses bras. Mes sanglots s'atténuèrent tandis que je m'accrochais à elle comme une bouée de sauvetage. Elle me souffla des mots doux pour alléger ma peine. Une fois que je respirai mieux, je restai la tête plongée dans la poitrine de ma mère. Ses caresses me permirent de me calmer et donc de réfléchir.

Gabriel était dans ma tête maintenant, j'espérai qu'il n'avait pas découvert le secret de ma véritable nature. J'espérai que la télépathie était le seul pouvoir qu'il avait sur mon esprit. Non, en fait, j'espérai qu'il n'était pas comme mon ex. Je tremblai en repensant à ce mot qu'il m'avait laissé juste devant ma porte.

J'espérai que Gabriel n'était pas un manipulateur. Qu'il ne joue pas avec mes sentiments. Qu'il ne dise rien à propos de mon secret s'il le découvrait. Sinon le peu de Verndaris qui existaient encore seraient en danger. À cause de moi.

Mon corps tremblait encore plus sous ces veines espérances. Je me forçai à penser à autre chose pour calmer mon corps et mon cœur.

"Désolée," chuchotai-je. Ma mère, inquiète, arriva à me sourire tendrement.

"Une marque est un honneur pour la partenaire d'un loup-garou. C'est un privilège d'être sous la protection d'un homme qui serait prêt à se sacrifier pour sa bien-aimée. Il te donnera un immense amour que lui seul pourra te transmettre. Vois cette marque comme une bague de mariage, mais pas comme une horrible cicatrice," tenta-t-elle d'expliquer.

Mais je savais déjà tout cela. Elle ne comprenait pas que c'était à cause de ma nature de demi-Verndari, que je ne devais pas révéler, qui m'empêcher d'être pleinement avec Gabriel. J'avais aussi ce manque de confiance, mais je ne pouvais pas le faire partir. Faire confiance à Gabriel est plus difficile que je ne le pensais.

"Mariage auquel je n'ai pas consenti. Un mariage forcé," m'exprimai-je avec venin.

Gabriel et sa marque remettaient tout en doute. Cette mission et la protection de ma nature étaient ma priorité surtout quand je savais que mon ex était un chasseur qui résidait dans la ville. Les risques étaient beaucoup plus grands.

"C'est vrai, mais..."

Je secouai la tête, ne souhaitant plus écouter ses explications.

"Je suis désolé," dit Gabriel par le lien, ce qui me fit sursauter. Je n'étais clairement pas habituée à entendre sa voix dans mon esprit.

Je serrai les dents pour ne pas l'engueuler. Je me levai du carrelage froid de la salle de bain et regardai les personnes encore présentes dans la chambre.

Alpha Paul se tenait devant sa femme, de façon à la protéger contre Gabriel. Le regard d'Alpha Paul était rivé sur le corps de Gabriel pour y déceler le moindre geste susceptible de l'attaquer, lui ou sa femme. Je ne pensais pas que Gabriel l'attaquerait, mais avoir mes parents, Gabriel et Alpha Paul dans une même pièce n'était pas une bonne méthode pour calmer la tension dans l'air. Des loups-garous, des Alphas, j'étais même étonnée qu'il ne se grogne pas dessus pour affirmer leur territoire ou possessivité.

J'arrêtai de penser à tout cela et rivai mon regard sur le vieil Alpha. Je vis sa femme tirer sur le bras de son mari, pour qu'il tourne sa tête vers moi. Il connaissait ma condition de demi-Verndari donc peut-être qu'il pouvait m'informer sur les changements que je pourrais avoir après ce marquage. Mais avant qu'un mot ne puisse sortir de ma bouche, il secoua la tête avec un air désolé. Il ne savait rien.

"Excusez mon ignorance, Kelly," annonça-t-il, désolé. Je lui souris malgré tout.

"Je devais le faire, tu allais mourir," se justifia Gabriel encore par le lien, qu'il semblait utiliser sans ménagement.

Je pouvais sentir ses émotions à travers ce lien magique et invisible qui s'était installé à mon insu. Il était faible, mais je le voyais briller dans mon esprit comme pour m'indiquer qu'il existe et qu'il serait toujours là au cas où je l'oublierais.

"Je n'allais pas mourir," tiquai-je à ses mots.

"Si justement," chuchota la jeune mère.

"Non, que voulez-vous dire ?" demandai-je étonnée. Elle me regarda avec peine.

"Tu perdais trop de sang..." répondit ma mère toujours près de moi.

Elle prit mes mains dans les siennes, et je me rendis compte des cicatrices qui ornaient mes bras. On aurait dit que je m'étais mutilée.

"Non," dis-je, butée. "Il n'y avait qu'un peu de sang. C'était juste des éraflures."

Ma conviction s'ébranla dès que je me rappelais les évènements de la journée précédente. Dès que j'étais rentrée dans mon appartement, j'avais été tellement en colère que j'avais tout cassé. Mais en même temps, les bouts de verre m'avaient tailladé les bras et les jambes. Je pensais que ce n'était pas si grave. Cependant, ça l'était.

"Je n'ai jamais voulu me suicider. Je vous le jure !" m'écriai-je avec force en essayant de me sortir de cette situation.

"Je ne t'aurais jamais laissé mourir !" gronda la voix de mon âme-sœur. "Je ne peux pas te perdre alors que je viens tout juste de te trouver."

Ses sentiments me percutèrent en plein cœur. Toute sa peine vint se mélanger et se fondre dans la mienne. J'avais l'impression de ressentir ce qu'il ressentait, et de le ressentir moi-même. Je compris à quel point il tenait à moi.

"Attendez, n'êtes-vous pas une..." La jeune femme hésita à énoncer le mot suivant. Tout le monde la regarda sans comprendre. Je vis qu'elle parlait avec son mari en le fixant dans les yeux.

"Une personne qui peut... Vous avez déjà connu la mort, non ?" annonça-t-elle en changeant ses mots.

"Quoi ?!" grondèrent mon père et Gabriel.

Je les ignorai et secouai la tête en direction de la jeune femme pour lui signifier que je n'étais jamais encore morte en tant que demi-Verndari. Donc je ne savais pas si je pouvais revenir à la vie comme Damien ou Joshua.

"Oh, donc vous ne savez pas si vous pouvez..." À cela, je secouai encore la tête en souriant.

"De quoi parle-t-elle ?" demanda Gabriel par le lien. Je lui lançai un regard noir et menaçant. Ses intrusions intempestives dans ma tête m'énervaient.

"Arrête de t'incruster dans ma tête !" m'écriai-je une bonne fois pour toutes. Il soupira et croisa les bras. Il avait pris un air boudeur assez sexy. Je me donnai une gifle mentale pour cette pensée déplacée.

"Bon, on a des choses à régler," dit ma mère en poussant son mari vers la sortie. Mon père grogna avant de se laisser faire. Soudain, ils partirent un à un en me lançant un regard compatissant.

"Attendez, où allez-vous ?" demandai-je, paniquée.

"D'autres membres ont été enlevées alors que nos meilleurs combattants les protégeaient. Je ne sais pas comment ils font, mais ils ont l'air d'avoir toujours un coup d'avance sur nous," me répondit mon père avec un air entre la rage et le songe.

La porte se referma avant que je ne prononce un mot. Les chasseurs nous surveillaient de près. Rien que le fait que des caméras étaient cachées dans mon appartement le prouve. Ils me surveillaient étroitement parce qu'ils me voulaient. Depuis le mot de mon ex laissé sur mon paillasson, j'en étais persuadée. Il me voulait et ferait tout pour m'avoir, quitte à enlever les personnes de mon entourage.

Dans mes pensées, je me rendis enfin compte que Gabriel était resté dans la chambre, avec moi. Mon cœur battit plus vite face à l'angoisse. Qu'allait-il me dire ? Mes nerfs étaient emmêlés par le stress, ne me laissant pas que peu de contrôle sur moi-même.

"Kelly," souffla sa voix dans mon esprit. Je soupirai sachant que je ne pouvais pas ignorer cette conversation.

Je me retournai face à lui, le cœur jouant des tambours dans ma poitrine. Il était si près. Je fus surprise quand il me prit dans ses bras.

"Je suis désolé, je n'aurais jamais dû te laisser toute seule en sachant que des... personnes que tu aimais avaient été tuées. J'ai échoué en tant qu'âme-sœur... Quand j'ai ressenti que quelque chose n'allait pas, j'ai su qu'il t'était arrivé un malheur. Quand je suis arrivée dans ton appartement, et que j'ai vu tout ce sang autour de toi, j'ai vraiment cru que je t'avais perdu. On t'a emmené directement ici, mais trop de sang s'était déjà écoulé de ton corps... À chaque transfusion de sang, ton corps le rejetait. On était désespéré. J'étais désespéré alors je t'ai mordu. Je savais que tu me haïrais, mais c'était le seul moyen... J-je ne pouvais pas risquer de te perdre."

Ses bras se resserrèrent comme s'il avait peur que je ne m'enfuie. Et face à un tel discours, c'était ce que je voulais faire. M'en aller pour réfléchir, comme je le faisais tout le temps. Mais je ne le pouvais pas.

J'étais émue. Tout simplement. Sa voix avait tremblé à certains passages. Il se livrait complètement à moi alors que je lui cachais encore tellement de choses. Je me sentais coupable.

Il me relâcha face à mon silence. Les épaules en avant, il n'osait pas me regarder. Sa douleur m'avait percutée pour se mélanger à la mienne.

"Je ne te hais pas," murmurai-je.

Il leva sa tête, surpris par mon aveu. Je lui souris. Des mèches blondes lui barraient le visage. Je les soulevai et les replaçai sur sa tête. Il me regarda avec tant de tendresse que je ne pouvais pas lui en vouloir. Je comprenais pourquoi il avait apposé de sa marque.Et je ne pouvais pas lui en vouloir.

"C'était ma faute. J'aurais dû être plus prudente, et ne pas m'isoler comme je l'ai fait. J'ai cru que je me sentirais mieux, mais ça a été tout le contraire."

Peut-être que cette marque était une bonne chose. Je pouvais sentir tout l'amour que Gabriel me procurait par cet intermédiaire ainsi que l'espoir. L'espoir d'avancer. J'avais été touchée par ses mots vrais, réels. Des sentiments à l'état brut.

Il déposa ses lèvres sur mon front puis me garda dans ses bras.

"Merci," déclara-t-il.

Gabriel se tendit soudainement. Je le regardai, confuse, et compris qu'il parlait avec quelqu'un par le lien de sa meute. J'attendis qu'il me raconte, mais il hocha la tête une fois, puis déposa un léger baiser sur mes lèvres.

"Je dois y aller," souffla-t-il contre ma bouche.

Et il s'en alla aussi vite que le vent tandis que je restai figée sur place. Une brise glacée et mordante avait remplacé la chaleur de son corps et de son cœur.

Que s'est-il passé pour qu'il s'en aille aussi rapidement ?


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