|Question de départ.|

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"C'est répugnant !"

"C'est scandaleux ! Comment ose-t-il exposer ça ?!"

"Affreux.. vraiment dégoûtant."

"C'est une honte."


Et voilà, tout ça nous ramenait au sujet initial. J'avais finalement fait cette exposition. Je l'avais faite et maintenant, je recevais des critiques venant de n'importe qui, pendant n'importe quel jour, à n'importe quelle heure. Ils n'avaient pas aimé. En tout cas pas comme moi j'avais aimé. Je me suis senti si idiot d'avoir pensé une seule seconde que c'était une bonne idée.. Pourtant au fond de moi je savais que ce n'était pas la meilleure solution. On me l'avait dit, en plus. On m'avait prévenu. Mais je n'ai rien voulu voir, rien voulu écouter, comme à mon habitude. Et cette fois, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.

C'est ce qui m'avait conduit ici, poussé à faire cette exposition et croire que les gens allaient autant aimer que moi j'aimais voir des cadavres. Évidemment qu'ils me prendraient pour un fou, un monstre. Ils me prenaient déjà pour un monstre, et même moi je m'étais considéré comme tel. Je méritais bien ce titre après tout, il n'était pas mensonger. Je n'étais pas un artiste ou quoi que ce soit de si incroyable, j'étais juste un monstre. Après tout ça je ne savais même pas si je méritais d'exister. D'un seul coup, en voyant les réactions de tous les spectateurs, j'avais tout réalisé, et tout compris. L'art n'était né que dans mon oeil, pas dans celui des autres.

Et les spectateurs, eux, se faisaient un malin plaisir à me rappeler via les journaux que je n'étais qu'un fou, ou un provocateur. Comme d'habitude ils ne comprenaient rien, mais sur ce coup là, moi je les comprenais. C'était normal. Et tout était de ma faute, j'étais le seul responsable de mon malheur. Puis, quand j'ai pensé à ça, au fait que c'était de ma faute, quelque chose d'autre m'est revenu en tête. J'avais l'impression de me réveiller, d'un coup, et plein de souvenirs différents me revenaient en tête sans raison. Comment j'avais fait pour tout oublier ?

Mon enfance, ma vie après ça, l'autre vie que j'ai menée à Krimson City, et tous ces meurtres, puis mon exposition. Les raisons pour lesquelles j'avais fait ça me revenaient toutes en tête d'un coup. Je venais de me rappeler de ce que j'avais tant voulu oublier depuis tout ce temps, et j'avais réussi à tout oublier. Mais évidemment, ça n'aurait pas pu durer éternellement. Mon passé me rattrapait, encore, alors que je pensais que je l'avais semé pour de bon. Je n'allais jamais être tranquille, j'étais destiné à souffrir toute ma vie.

Parce que cette souffrance, je l'avais aussi à nouveau ressenti. J'avais l'impression de revivre tous les moments les plus difficiles de ma vie, dont mon accident. Et justement, en pensant à ça, mon oeil me faisait à nouveau mal. Et soit j'étais tellement habitué à cette douleur qu'à force je n'y faisais plus attention, soit c'était aussi quelque chose que j'avais oublié. Comme si le fait d'avoir mal à cet oeil était provoqué par tous les moments durs qui me revenaient en mémoire. Mais je ne voulais pas m'en souvenir, de ça. Si j'avais réussi à tout oublier, ce n'était pas pour rien.

Pourquoi la vie s'archarnait-elle à ce point sur moi ? Je voulais juste arrêter de vivre avec les souffrances du passé, et quand je pensais que j'avais enfin réussi, ce n'était qu'une illusion. Évidemment que c'était faux, c'était trop beau pour être vrai. C'est pour ça que j'avais voulu devenir quelqu'un d'autre. Qu'à travers ces souffrances, j'allais réussir à en tirer une opportunité. Puisque quand j'avais tué ma première victime, c'était au départ à cause de tout ce que j'avais vécu, même si ça n'excusait pas le geste, et à partir de ça, je me suis senti plus fort.

C'était moi qui avait ôté la vie à quelqu'un, et ça m'avait procuré une sensation de puissance. Sur le coup, je n'avais rien ressenti, et ce n'est que par la suite que je me suis rendu compte que cette sensation surpassait toutes les autres. Si je ne ressentais plus rien, je ne souffrirais plus. Je n'aurais plus à m'inquiéter de toutes les choses qui me hantaient tous les jours. C'était tellement mieux de vivre sans se soucier des conséquences, de devenir une autre personne, de se sentir plus fort psychologiquement. Sauf que, en fait, j'agissais plus comme un psychopathe.

C'est d'ailleurs comme ça qu'on m'appelait dans les journaux, et ils n'avaient pas tort. Et moi, en plus, ça me plaisait. Puisque je n'en avais plus rien à faire de l'avis des gens, du cours de ma vie. Tant que je vivais sans ressentir de douleur, ça m'allait. Puis la douleur est revenue après avoir vu l'avis des gens, justement. Parce que ces avis là, ils m'avaient fait comprendre quelque chose. C'est grâce à eux que je me suis rendu compte que tout ça, cette attitude de personne sans coeur, était fausse. J'avais encore des émotions, elles n'avaient pas disparu.

C'est comme si peu à peu je retrouvais ma vraie apparence. Je redécouvrais mon vrai moi, ma vraie nature. Et c'est comme ça que j'ai réalisé que la personne que j'étais devenue pendant ces trois années n'existait pas. C'était seulement un masque. Et ça aussi, je venais de le comprendre. Je venais de comprendre quel était ce masque dont on me parlait, et pourquoi j'allais regretter mon exposition. J'avais mis un masque pour me protéger de la réalité que je ne voulais pas affronter. J'avais tellement peur de perdre, que j'ai préféré prétendre être quelqu'un que je ne suis pas.

Au moins, comme ça, j'avais un bouclier. Un bouclier contre la vie, et visiblement, il tenait bien, jusqu'à ce qu'il tombe finalement. Puis je me suis aussi rendu compte que j'avais porté d'autres masques avant celui là, que j'avais toujours fait semblant d'être quelqu'un d'autre. Je ne savais même plus qui j'étais, à la fin. J'avais oublié qui j'étais réellement, à cause de tous ces autres moi qui sont venus s'installer dans mon esprit. Et encore une fois, c'était tellement simple d'être quelqu'un d'autre. La vie était beaucoup plus facile quand on évitait sa vérité.

Et cette vérité, j'ai toujours voulu l'ignorer. Je n'ai jamais voulu l'écouter, et maintenant je regrettais. Je regrettais alors que je n'étais pas censé ressentir quoi que ce soit. Enlever ce masque avait rendu la vie tellement dure soudainement, c'était tellement mieux de jouer les aveugles. Et maintenant que je m'étais rendu compte de tout ça, je m'étais aussi rappelé de ma question de départ. Celle que je m'étais posé après cette exposition justement. Cette question qui était "Pourquoi je suis devenu comme ça ?".

Puis comme j'avais oublié tout mon passé pendant tout ce temps, je devais m'en rappeler. Même si je n'en avais pas envie pourtant. Il n'y avait rien de plaisant, mais si je voulais comprendre pourquoi j'étais devenu ainsi, je devais m'en rappeler. Alors tout m'est revenu, doucement, comme si je revivais tout. Et maintenant que j'ai terminé de tout me souvenir, je me demande si j'ai eu ma réponse. C'est pour ça que maintenant, je dois essayer de me concentrer.. Essayer de comprendre, parce que tout est en désordre dans ma tête.

Il faut que j'essaie de tout remettre dans l'ordre, comme ça je serais peut-être enfin tranquille.

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