18. Emile, c'est bon

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Milan eut du mal à comprendre ce soudain changement de situation. Le bras toujours tendu vers l'avant, il tourna néanmoins la tête sur le côté. Les pièces du puzzle se mirent plus facilement en place. Il se retrouvait en effet face à face avec Emile Jacob, le fameux. A la vue de ses yeux furieux et de la tension qui avait pris tout son être, il était clair qu'Emile n'était pas dans son meilleur jour.

Milan aurait bien plaisanté sur le possible lever du pied gauche mais il ne voulait pas non plus tenter le diable. Aucun étudiant, normalement constitué, ne souhaitait se retrouver face à Jacob quand il fronçait ainsi les sourcils, sur le point d'attaquer, tel un animal en position de défense. C'était comme s'il montrait les crocs, comme s'il asseyait sa domination sur l'autre.

Malgré le peu d'éléments que Milan avait en sa possession, il saisit rapidement l'attitude d'Emile. C'était celle d'un grand frère, protecteur envers sa sœur, ce qui n'était plus un secret. Si Milan avait déjà remarqué en deux semaines seulement qu'Alice ne supportait pas le moindre contact d'autrui, son frère y était sûrement confronté depuis des années. Il essayait simplement de la protéger.

Milan ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour cela. Il ne savait pas ce qu'il ferait à sa place mais il se doutait que ça se rapprocherait sans doute de l'attitude d'Emile. Cependant, c'était la goutte d'eau qui menaçait de faire déborder le vase. Que croyait-il ? Qu'il souhaitait réellement rester là et attendre patiemment qu'Alice se calme et accepte enfin de prendre sa main, en risquant de se faire une tendinite entre temps ? Non. Lui, il voulait être loin d'ici, loin d'elle.

Il allait répondre, du ton provocateur qui le caractérisait, lorsque son sauveur apparut en la personne la plus improbable qui soit.

- C'est bon, Emile.

Nate Dubois se tenait à présent à côté de son meilleur ami. Il avait négligemment posé sa main droite sur l'épaule du jeune homme, comme pour l'apaiser. Sa voix, également, semblait plus posée qu'à l'ordinaire. A croire qu'il savait exactement comment réagir pour calmer la tension qui avait pris Emile. Peut-être qu'il aurait dû faire psycho, plutôt que droit.

Il regardait, en même temps, Milan dans les yeux comme pour lui prouver qu'il ne laisserait pas Emile bondir sur lui. L'étudiant en médecine ne savait plus comment réagir. Après tout, Nate était son dernier agresseur en date. Il choisit cependant de le laisser faire, pour le moment.

Emile s'apprêtait à regarder ce dernier comme s'il marchait sur la tête quand Alice fit finalement un mouvement, attrapant du bout des doigts la main de Milan. C'était comme si la voix de son frère avait réussi à la sortir de son état léthargique. Et Milan ne put s'empêcher de ressentir un picotement quand leurs peaux se frôlèrent.

Le jeune homme se contenta néanmoins de la laisser prendre appui sur lui comme elle l'entendait, sans même resserrer ses doigts autour des siens comme il aurait eu envie de le faire. D'ailleurs, on ne pouvait pas vraiment dire qu'Alice s'appuya sur lui mais elle réussit tout de même à se relever. Elle épousseta son pantalon des mains et récupéra rapidement les quelques feuilles qui l'avaient accompagnées au sol, comme si rien ne s'était passé.

Dans le même laps de temps, Alice ne croisa pas un seul instant le regard de Milan. Non, à la place, elle tourna la tête vers son frère et, d'un regard entendu, elle sembla lui dire mille mots. Milan n'en comprit pas un seul mais ne chercha pas non plus à saisir le sens de cet échange. C'était elle, la goutte de trop. Alors maintenant qu'Alice s'était relevée, il n'avait plus aucune raison de rester ici.

Ainsi, il repositionna la bretelle de son sac à dos sur son épaule. Elle était tombée sur son bras alors qu'il le laissait pendre en direction de la jeune fille. Il avait déjà fait quelques pas à l'opposé du groupe quand la voix qui personnifiait à elle seule le concept de distance s'éleva dans les airs.

- En réalité, il y a également de l'oxygène, du carbone, du fer, du néon, de l'azote, du silicium, du magnésium et du soufre.

Milan aurait voulu avoir assez de volonté pour ne pas s'arrêter de nouveau. Il aurait simplement dû continuer sa route comme si de rien était. Il aurait souhaité ne pas comprendre ce qu'elle était en train de lui dire. Et pourtant, le jeune homme stoppa son élan pour se retourner vers Alice. Il ne fit pas attention au regard éberlué d'Emile, qui ne comprenait décidément pas ce qu'il se passait, le jeune homme avait l'impression d'avoir loupé un épisode. Non, Milan se contenta de se concentrer sur la jeune fille à la place.

- Je n'aime pas vraiment réciter des listes.

Et il reprit sa route, comme s'il s'était arrêté juste pour avoir le dernier mot. Il n'entendit même pas si Alice lui avait répondu. Il ne voulait plus tomber dans le piège, il ne voulait plus laisser son corps répondre à sa place. Il allait écouter Aurore. Elle avait raison. Il fallait cesser cette mascarade.

Il traversa le corridor à toute vitesse, repérant une jeune blonde plus loin. Grande, pas autant que lui toutefois, plutôt fine, les yeux verts, les lèvres fines, un rire qui ne lui donnait pas mal à la tête. Parfait. Il se planta devant elle, l'embrassa et avant de lui laisser le temps de réagir, il se contenta de lui glisser à l'oreille.

- Ce soir, 19h, chez moi.

Il prit le portable qu'elle avait entre les mains pour s'ajouter en contact, prendre son numéro et lui envoyer son adresse. On était en pleine semaine, c'était une connerie mais il ne pouvait plus attendre. Il fallait qu'il réponde à ses pulsions avant qu'elles ne le dévorent tout entier. Ce serait un mal pour un bien, une fois qu'il serait satisfait, il serait plus concentré. Il en était certain. Il fallait qu'il se prouve que si, il était bien un goujat. Qu'il était un connard qui prenait toujours les filles comme et quand il le voulait, les jetant ensuite comme de vulgaires poupées de chiffon.

Il n'eut cependant pas le temps de faire deux pas en arrière qu'il était plaqué contre le mur à côté, une droite égalisant le dernier coup qu'il s'était pris. Et les yeux furieux d'Emile le transperçaient. Le jeune homme allait lui cracher tout son venin. Milan en était persuadé. Il allait le menacer, le tabasser, même, peut-être. Et malgré tout cela, Milan ne put se sentir que soulagé, comme si un poids venait de partir de ses épaules. La routine reprenait. La malédiction s'arrêtait.

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