60. On va marcher

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Est-ce qu'on aurait là un deuxième chapitre ? Mais oui ! 

Merci pour vos retours hyper réactifs, hyper positifs même après autant d'absence 

60. On va marcher

Milan ne put s'empêcher de regarder le frère d'Alice avec des yeux rieurs. La pointe d'appréhension qu'il ressentait face à cette nouvelle confrontation était cachée sous une montagne de provocation, comme à son habitude. Il pouvait faire des efforts mais il ne changerait pas pour Emile. Alice s'approcha de lui alors que ce dernier allait répliquer quelque chose et planta le clou du spectacle en lui donnant un bisou sur la joue. Comme quoi il devait y avoir une justice dans cette vie.

Pour son propre bien et pour ne pas mettre Alice dans une mauvaise posture, il ne rajouta rien. Seul son visage arborait un air de victoire. Emile était coincé. Il savait très bien que Milan n'était pas impressionné par lui. Même s'il le menaçait de mille façons, il se tiendrait toujours là. Il n'y avait qu'Alice pour décider de sa sortie de sa vie et Emile n'était pas prêt à la forcer ou la contredire dans ses choix.

La jeune fille entra dans le hall de l'immeuble et son frère tint la porte entrouverte, un instant, tiraillé par la situation. Milan était déjà prêt à partir quand il l'entendit s'adresser à sa sœur avant de fermer la porte derrière elle.

— Dis à papa et maman que je vais faire un tour. Je reviens dans pas longtemps, ok ?

Milan n'était pas dupe. Il aurait aimé rentrer chez lui et rattraper ses cours mais il savait qu'Emile ne voulait pas juste faire un tour. Son sourire s'effaça et il mit ses mains dans ses poches, en attendant qu'il le rejoigne.

— On va marcher.

Le ton était sans appel. Il ne laissait place à aucune négociation possible. Emile n'était pas vraiment le genre à demander l'avis des autres pour faire ce qu'il avait à faire. Milan se contenta d'hocher la tête. Il ne servait à rien de le provoquer, là, maintenant, alors qu'il se trouvait déjà dans une position de supériorité. Il n'avait pas non plus envie de gâcher aussi rapidement ce si bon week-end en aggravant son cas. Emile pouvait toujours le coincer dans une rue pour le tabasser au moindre mot de travers et il n'avait pas envie de passer la soirée aux urgences.

Ils marchèrent ainsi pendant quelques minutes sans parler. Aucun des deux n'avait envie d'avoir cette discussion. Emile shoota dans un caillou à plusieurs reprises avant de prendre la parole, ne prenant même pas la peine de se retourner vers Milan, resté en retrait.

— Comment tu aurais fait si ça s'était mal passé ?

— Qui te dit que ça s'est bien passé ?

Emile leva les yeux, tout en soupirant. Ses poings se serrèrent mais il n'alla pas plus loin, refreinant son envie de meurtre.

— Parce que vous ne revenez que maintenant, que mes parents n'ont eu aucun appel pendant le week-end, et que tu avais ton foutu sourire aux lèvres en la ramenant ?

Il n'avait pas ajouté qu'Alice l'avait embrassé sur la joue, ce qui était une preuve bien assez suffisante de leur rapprochement mais c'était sans doute une de trop pour son frère. Heureusement qu'il n'était pas arrivé lorsque Milan lui effleurait les lèvres. Il n'aurait pas attendu aussi longtemps pour lui casser la gueule ou le jeter dans la Seine.

— Alors ? Comment tu aurais fait ?

— Le principal c'est que ça se soit bien passé, non ? Pourquoi toujours penser au pire ?

— Put... Tu vois c'est exactement pour ça que c'est une mauvaise idée. Tu n'as même pas conscience d'à quel point ça pourrait mal tourner, des conséquences que ça pourrait avoir pour elle. Tu avances inconsciemment parce que ce n'est rien, pour toi. Pour un peu, demain, tu trouveras quelqu'un d'autre et Alice ne sera qu'un vague souvenir. Tu vas bousiller tous ses efforts.

Ses yeux lançaient des éclairs, le menaçant de mille tortures. Ils étaient dans une impasse et l'étudiant en médecine ne savait pas comment en sortir. Il pourrait faire amende honorable, le supplier à genoux, promettre tout et n'importe quoi que ça ne serait jamais assez. Emile l'avait déjà catégorisé et rien ne pourrait changer son jugement. Il n'était pas fait pour Alice. Alors au lieu de jouer au bon vieux toutou qui tend la patte pour se faire battre, il choisit le parti de le défier, et de lui faire comprendre que, peut-être, il fallait voir le problème d'une autre façon.

— Tu ne t'es jamais dit que, peut-être, il fallait la laisser vivre hors du cocon que vous lui avez créé pour qu'elle puisse avancer ?

— C'est facile pour toi. Tu arrives, et elle a progressé d'une centaine d'étapes. Tu crois la connaître mais tu ne sais rien de ce par quoi elle est passé pour en être là où elle est aujourd'hui. Elle aurait pu réagir de mille manières à Marseille. Je ne te vois déjà pas gérer une de ses crises de panique alors s'il lui était arrivé bien pire...

Milan ne voulait pas penser au pire. Il avait des images encore fraîches d'Alice tremblant à son toucher, le soir de leur rencontre. Ses lèvres qui se mouvaient dans un geste répétitif, rassurant. Sa manière de se calmer, toute seule. Il voyait son air catégorique quand elle lui avait dit qu'elle voulait sortir de la cathédrale, que ce n'était pas un endroit pour eux. Il avait toutes ses fois où elle récitait des morceaux d'encyclopédie parce qu'elle ne savait pas quoi lui dire, toutes ses fois où elle avait détourné le regard parce qu'elle n'aimait pas le regarder dans les yeux. Il ne voulait pas y penser parce qu'il y avait aussi toutes ses fois où elle lui avait confié ses affaires, les longues discussions qui, si elles étaient basées sur la science, étaient des réponses et un moyen de garder contact. Il y avait ce week-end, ses balades et ses lèvres sur les siennes.

— Je sais que ça t'insupporte mais je compte rester, Emile. Tu préférerais que je me barre en courant à la première difficulté, mais je suis là, que tu le veuilles ou non. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro