76. Comprendre

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J'espère que ces chapitres surprises, cadeaux pour les fêtes de fin d'année vous font plaisir !

76. Comprendre

— Tu aurais pu me parler de ce traquenard en bande organisée.

Milan profita d'être seul avec Aurore dans le couloir entre le séjour et la cuisine pour lui glisser la petite pique, tout en faisant attention qu'on ne l'entendait pas. Le repas s'était passé sans accroche, les questions s'étaient amoindries au fil du temps et Alice était détendue. Il voyait bien à quel point elle était à l'aise dans son environnement. Elle ne semblait pas du tout anxieuse de le présenter à ses parents. Pour autant, il était toujours gêné de se retrouver là parmi eux. Il avait l'impression qu'à tout moment, il pouvait faire une bourde, se prendre les pieds dans le tapis. Sur le même ton de confidence, Aurore répondit à son reproche à peine sous-entendu.

— Figure-toi que je n'ai été au courant que hier, quand mes parents m'en ont parlé. Tu voulais que je t'appelle peut-être ?

— Je ne sais pas, c'est juste...

— Bizarre ?

— Je sais que, lorsque tu es dans une relation sérieuse, tu es censé rencontrer les parents de ta copine mais... ça ne fait pas si longtemps. Et puis, ce n'est pas comme si Alice et moi vivions quelque chose de normal.

— Justement, ce n'est pas normal. C'est pour ça que ça intrigue ses parents, et les miens. Ils veulent te connaître, ce n'est pas un mal. Ils veulent juste savoir qui fréquente leur fille.

Il comprenait. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était trop tôt et que ça n'en restait pas moins étrange comme invitation de la part d'Alice. Ce n'était pas son genre, les formalités. Aurore ne lui laissa pas le temps de répondre, reprenant la discussion en arrivant dans la cuisine.

— Arrête de te poser des questions. Tout va bien. Tu as réussi le test, ils t'aiment bien. Même Emile ne proteste pas, c'est dire. Ils voient tous comment Alice est avec toi. Je ne te dis pas qu'ils vont arrêter de se méfier. Non, ils vont continuer de s'inquiéter parce que c'est ce qu'ils ont fait toutes ces dernières années, mais aussi parce que c'est normal pour un père de s'inquiéter alors que sa fille a son premier petit copain. Ça va bien se passer, Alice fait des efforts en plus.

— Et si je ne veux pas qu'elle fasse d'efforts justement ? Si je veux qu'elle soit elle-même ?

— Tu es ridicule. Tout le monde fait des efforts dans un couple, c'est comme ça que ça marche. Je sais que tu ne connais pas encore bien les règles et qu'il faudrait te fournir un mode d'emploi mais quand tu es avec quelqu'un, tu fais des compromis. Ne me dis pas que tu es complètement toi, tout le temps, avec elle. Toi aussi, tu fais des efforts. Tu fais attention à ne pas la blesser, tu es plus expressif, tu choisis tes sujets de conversation en fonction de ses intérêts. Ne me dis pas que les astres étaient ta passion avant de la rencontrer, je ne te croirais pas. Vous faites des efforts tous les deux. Alors, certes, elle a besoin de temps pour s'ajuster mais vous allez trouver vos marques et, bientôt, tu te plaindras de la routine.

C'était une vanne. Il ne voyait pas bien comment il pourrait un jour tomber dans la routine avec Alice mais il comprenait ce qu'elle essayait de lui dire. Elle ponctuait ses phrases en plaçant les assiettes qu'il lui donnait dans le lave-vaisselle et bien vite, il n'y eut plus rien à ranger. Maintenant qu'il avait les mains vides, il ne savait pas quoi faire.

— Arrête de te tracasser pour rien. Si tu stresses inutilement, elle va forcément le ressentir et ça va l'angoisser aussi. Tout se passe bien, il n'y a aucune raison de tout foutre en l'air pour des doutes qui n'ont pas lieu d'être.

Quand ils retournèrent dans le séjour, ni son frère, ni Emile, ni Alice n'étaient présents. Il se voyait mal rester ici tout seul au milieu de quatre paires d'yeux qui, s'ils l'appréciaient peut-être, le jugeraient sûrement. Aurore comprit sa détresse et leur demanda où étaient les autres.

— Ils ont dû aller dans leurs chambres, attention je vous ai à l'œil.

Le ton était à la plaisanterie, mais Milan savait que ce n'était pas qu'une blague pour le père d'Alice. Pourtant, il ne prit pas la menace trop au sérieux. Après tout, ils avaient laissé Alice partir en week-end avec lui.

— Viens, la chambre d'Alice est par là.

Il n'arrivait pas à s'imaginer la pièce dans laquelle elle avait grandi. Elle était sans doute assez neutre, pour éviter les trop grandes stimulations visuelles, évitant les surcharges sensorielles. Tout le contraire de sa chambre d'ado, remplis de poster et de photos de ses années lycée. En pénétrant dans la pièce au fond du couloir, à droite, il s'aperçut qu'elle était exactement à l'image d'Alice. Le plafond ressemblait à un ciel étoilé. Les murs étaient blancs, les couleurs neutres. Il n'y avait que très peu d'objets, pas mal de livres, tout était rangé, sauf son bureau qui était rempli de feuilles noircies d'équations et de dessins. Il ne voyait aucune star au mur, aucun jouet qui traîne, aucune peluche sur le lit. Il y avait bien le système solaire complet affiché sur le mur de gauche, mais c'est tout.

Il dut se rendre à l'évidence qu'elle n'était pas là, pourtant, sans vraiment le vouloir, il était déjà devant son bureau, à bouger ses feuilles, distraitement. Il ne comptait pas l'espionner, il était toujours fasciné par son tracé et sa façon de prendre des notes, dans tous les sens, sans qu'une phrase ne soit réellement reliée à une autre. Il ne s'attendait pas à tomber sur une liste qui ne ressemblait à rien aux autres feuilles. Il fronça encore plus les sourcils quand il lut des noms de sitcoms populaires suivis de tirets décrivant des observations.

- Ils se complimentent

- Les petites attentions sont le ciment d'un couple

- Chercher à mieux le connaître

- Ne pas le coller, lui laisser de l'espace, ne pas lui répondre à la seconde

- Mais proposer des sorties. Adopter le comportement accessible/inaccessible

- Partager ses passions : une chanson, un livre, un souvenir. Se confier

- S'intéresser à lui, lui poser des questions

- Cultiver son intimité physique : se faire des câlins, s'embrasser, se tenir par la main

Se prendre dans les bras

- Faire connaissance avec ses amis, le présenter à ses parents.

- Être désirable, faire attention à soi

- Entretenir le mystère

- Le faire rire

- Rire à ses blagues, même si elles ne sont pas drôles.

- Aller le soutenir en tribune.

- Les sportifs offrent leur maillot ou veste à leur petite-amie.

C'était bien l'écriture d'Alice, pourtant la feuille était nette, les lettres droites, et aucun dessin ne figurait sur le papier. Il avait peur de comprendre ce que cela voulait dire.

— Et ça, c'est quoi pour toi ? Tu me dis de ne pas m'angoisser, mais elle regarde des séries et note ce qu'il se passe entre les protagonistes. Ça fait des jours qu'elle a changé son comportement et que je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Elle reproduit ce qu'elle voit, parce qu'elle croit que c'est ce que j'attends d'elle. 

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