Chapitre IV

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Carl courait vite. Il courait vite parce qu'il avait peur, et il avait peur parce qu'Anthony était avec Adrien. Et qu'Adrien était trop fragile pour Anthony, et qu'Anthony était trop con pour Adrien. Il s'efforçait de cadencer ses pas et sa respiration, sans succès. Il courait trop vite. Et il mourait de peur. C'était tout ce que à quoi il pensait : "j'ai peur".
Cette même peur, on aurait dit qu'elle courait aussi. Elle courait dans ses veines, le faisant accélérer alors qu'il courait déjà trop vite. Un tas de pensées désagréables lui traversaient la tête, et il se concentrait sur ses pas pour les oublier.

Il savait parfaitement où il allait : le skatepark était le seul endroit où son frère squattait. Il ne faisait pas de skate, mais aimait regarder avec des potes, et ça Carl le savait parfaitement. C'était pour ça qu'il courait. Parce qu'il avait peur, aussi.

Il courait parce qu'il avait peur.

Il cru entendre ses amis derrière, mais il secoua la tête pour oublier : il devait se dépêcher, il devait y arriver à n'importe quel prix. Il bouscula un garçon et son skate a l'entrée, ne s'excusa pas, continua a courir et arriva aux 3 grand arcs de cercle en béton qui étaient là, comme posés par la main d'un géant sur le sol.
Et devant, il y avait Adrien. Adrien dont les beaux cheveux blonds étaient retenus par la grande poigne de son frère.

Il s'arrêta net, essoufflé, l'esprit en vrac.

- Carl, dit Adrien, comme une observation.

Il n'avait l'air ni triste ni heureux : seuls quelques coupures et bleus qui commençaient à se former son son visage et ses bras montraient la violence de cette même main qui lui tirait les cheveux et l'obligeait à se tenir à genoux sur la pierre.

- A... drien, souffla le brun, à bout de souffle, les mains sur les genoux.

- Coucou, dit Anthony d'un étrange sourire. J'ai ramené des potes.

- Je m'en... commença Carl.
La peur refluait lentement, remplacée par une autre sensation familière : la colère. Il fut coupé par deux bras musclés qui lui ceinturaient le dos.

- Mmh, tu disais ? sourit encore Anthony en refermant son poing sur la tignasse blonde d'Adrien.

- Rien, rien. Lâche le.

La peur revenait. Mais la colère était plus forte.

- S'il te plaît, articula Anthony comme s'il parlait à un enfant.

- S'il te plaît, répéta Carl.

L'autre ne répondit rien, et fit mine de réfléchir en portant sa main à son menton (tirant par le même coup les cheveux d'Adrien, qui n'eut pour réaction que de fermer les yeux douloureusement.)

- Arrête ! Lâche le maintenant, s'imposa Carl, que la constante vue d'Adrien à terre énervait.

- J'ai bien réfléchi. C'est non. Le but, c'est que tu frappes la charmante fillette ici présente. Si tu le fais pas, je m'en charge, et toi avec. Pour t'en sortir vivant, la première option est préférable.

- Non.

- Attends, fit Anthony, menaçant, en tirant de plus belle. Tais toi, j'ai pas fini. Dans le cas où tu refuserais, j'ai ramené un adorable première, Tyler, et un de ses amis... Comment tu t'appelles, pédé ?

- Gregory, marmonna une voix dans le dos de Carl.

- J'entends pas.

- Gregory, répéta l'autre.

- C'est bien.

Carl enrageait. Qu'est ce qu'un première foutait ici ? Les gens n'avaient donc rien d'autre à faire que de passer leurs après-midi à frapper les autres ?

- Tyler, tu te ramènes ?

- Ouais, répondit une voix mal assurée.

Ce fut quand Tyler sortit de derrière son dos que Carl put le voir. Il était grand, blond, et il avait l'air d'avoir peur... Carl se dit qu'il l'avait peut être jugé un peu vite. L'autre semblait terrifié.

- Ah... souffla Adrien en le voyant.

- Qu'est c'qu'tu dis, p'tite merde ? se fâcha Anthony en tirant sa chevelure de plus belle.

- Je savais pas que c'était lui que tu voulais tabasser, dit lentement Tyler.

- Ça change quoi ?

- Ça change que tu peux pas.

Carl se dit qu'il avait du courage. Ou qu'il était complètement con.

- Je peux pas quoi, débile ?

- Lui, tu ne peux pas le toucher. Moi, je le peux encore moins.

- C'est comme ça dans ton espèce de groupe de merde ? C'est quoi, ton frère, connard ?

- Nan, c'est.. C'est mon cousin, avoua le plus grand.

- Et bah si mon cousin était pédé, j'hésiterai pas.

- Il est pas- T'es pas pédé, hein, Adrien ?

- Ah mais que vois-je ? Secrets de famille ! Le mec que ton copain retient, c'est mon frère... Il sort avec la fillette !

- Adrien n'est pas une fillette, c'est un garçon et mon petit-copain, dit Carl, les mâchoires serrées.

- J't'ai autorisé à parler ? Nan. Pour la peine, fit Anthony en relevant la tête d'Adrien et en la baffant. La tête du blond partit sur le côté, avant de tomber complètement en avant. Il semblait évanoui.

Carl poussa un cri étranglé en se débattant, craignant qu'Anthony empire les choses s'il l'entendait parler à nouveau. La peur revenait.

- Mec ! cria Tyler. T'es complètement con ! Tu peux aller en prison, pour atteinte à personne en situation de handicap !

- Déjà, je ne suis pas con, dit froidement Anthony. Ensuite, être pédé n'est pas encore considéré comme un handicap. Malheureusement.

- Je te parle pas de ça, qu'il est gay on s'en fout, j'te parle qu'il a la maladie des os de verre, j'espère que tu sais que tu peux pas l'toucher ?!

Carl sentit sa respiration se bloquer. Il sentit aussi les bras de Gregory, dans son dos, arrêter de le serrer impitoyablement.

- Merde, jura Tyler.

Le brun courut à toute vitesse vers Adrien, se débarrassant de la prise relâchée de Gregory. Les larmes se formaient dans ses yeux. Il parcourut les deux mètres qui les séparaient avant de dégager son frère rapidement, le poussant pour mieux attraper délicatement le corps du blond dans ses bras.

Gregory et Anthony étaient les seuls ne sachant comment réagir. Tyler donnait des indications plus ou moins précises à Carl, qui ne l'entendait pas, se contentant d'allonger Adrien sur ses genoux. Il respirait, semblait aller bien, mais Carl avait tellement peur qu'il n'arrivait pas à se reprendre.

La maladie des os de verre... Tout ce que Carl savait, c'était que ça fragilisait les os, et que ça pouvait même les déformer, ou tuer quelqu'un. L'incertitude le faisait stresser, et il se décida à apostropher Tyler, qui avait arrêté de parler en voyant qu'il ne l'écoutait pas.

- Il ira bien ? demanda-t-il d'une voix basse.

- Normalement, oui, répondit Tyler en s'agenouillant à côté de lui. Il n'a pas une forme grave, juste plus de fractures que les autres et du bleu dans les yeux. Il a dû s'évanouir à cause de la fatigue de rester à genoux, ou du choc à son visage... Ton frère frappe très fort...

- Ouais, dit amèrement Carl.

Les deux semblaient savoir de quoi ils parlaient.

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