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« Putain mais il se fout de notre gueule, c'est pas possible ! »

Rageusement, Lucas balança la photographie fraîchement arrivée du dernier cambriolage dans le quartier, sur laquelle figurait fièrement un dessin de petit personnage qui tire la langue au milieu d'une maison débraillée dans tous les sens. Le dossier claqua contre le bureau du commissariat, tandis qu'un « à peine » ironique retentit dans la salle.

Le policier darda son collègue du regard, et lâcha sèchement :

« Ça ne me fait pas rire, Taeyong. Après c'est les habitants qui viennent se plaindre, comme quoi gneugneugneu on est pas compétents,  et là, on peut dire adieu à notre promotion. »

Le dit Taeyong roula des yeux, portant nonchalamment une cigarette à ses lèvres. Le troisième homme présent dans la pièce plissa alors le regard d'un air désapprobateur, agitant sa main devant son nez à peine le fumeur eu t'il tiré une première fois sur le joint.

« Arrête de fumer dans les locaux, ça pue. » le réprimanda t'il en grimaçant. « J'veux pas mourir d'un cancer des poumons si jeune, moi. »

Le concerné poussa un énième soupir exaspéré, et ouvrit la fenêtre avec un maximum de mauvaise volonté. Il expira la fumée dehors, et marmonna de manière à ce que ses deux collègues l'entendent :

« Décidément, vous êtes tous chiants aujourd'hui... »

Aucun des deux ne relevèrent, et le petit local du commissariat se plongea dans un silence inconfortable pour certains, inespéré pour d'autres.

Dans le poste de police de la petite banlieue de Séoul, on comptait seulement une dizaine de policiers, quand il n'étaient pas en congé maternité ou atteint de on ne sait quel microbe farfelu. Autant dire que cette deuxième catégorie de policiers étaient surtout des gros glandeurs. Seuls trois étaient toujours là, fidèles au poste, même avec quarante de fièvre ; il y avait d'abord Taeyong. Un homme se rapprochant de la trentaine, aux allures de délinquant avec ses cheveux rouges bordeaux et son nombre de piercing impressionnant aux oreilles. Quand il ne portait pas simplement son uniforme de police, il abordait toujours ses éternels tee-shirts de groupes de rock - la plupart disparus depuis longtemps -, accompagné de sa fidèle veste en jean customisée au possible, si bien qu'on pouvait se demander si c'était vraiment du jean en dessous de toutes ces décorations. Ironiquement, la première fois qu'il s'était pointé au commissariat, les agents présents avaient crus à un dealer de drogue venant se livrer. Quelle n'avait pas été leur surprise quand il avaient vu son diplôme obtenu haut la main, accompagné d'un nombre impressionnant de commentaires positifs sur lui.

Ensuite, il y avait Chittaphon. Thaïlandais, il avait passé l'intégralité de ses études là bas avant de, on ne sait pour quelle raison, choisir d'intégrer un petit commissariat miteux à des kilomètres de son pays. Heureusement qu'il semblait avoir un don inné pour les langues, - parlant couramment le coréen, l'anglais, le thaïlandais, le chinois et presque le japonais -, parce que vu l'écriture désastreuse de celui qui rédigeait les rapports, il aurait eu vite fait de ne rien comprendre. Même Taeyong, coréen de souche, devait s'y reprendre à plusieurs fois pour déchiffrer certains mots, c'est dire. Ses collègues étaient chaque fois bluffés par ses talents de déchiffrage. Quand les autres étaient plus à l'aise sur le terrain, lui excellait particulièrement dans les stratégies, et la résolution théorique des enquêtes ; bien qu'ils n'eurent encore jamais eu affaire à autre chose que des petites racailles de quartier. Chaque fois qu'un mystère planait sur un dossier quelconque, le thaïlandais sortait toujours la réponse avec une facilité déconcertante, sans presque jamais se tromper. Bref, un stratège dans l'âme.

Et pour finir, il y avait Yukhei. Ou Lucas, comme il préférait se faire appeler. Sortit majeur de sa promo sur les épreuves physiques, - uniquement les physiques -, impulsif et enthousiaste, toujours à guetter la moindre promotion éventuelle ; il était sûrement le plus actif du petit groupe de trois. Là où Taeyong avait tendance à dire : « on verra demain » et où Chittaphon haussait les épaules en disant que, après tout, c'était pas bien grave qu'un dealer vende de la drogue dans le quartier, le chinois se démenait. Il ne cessait de rabâcher : « Quand toute activité illégale aura disparu de ce bled, j'pourrais enfin me casser de ce commissariat miteux. ». Assurément le plus ambitieux des trois, il empêchait toute affaire, sérieuse ou non, de durer plus d'une semaine.

C'était là qu'il y avait un problème. Ça faisait maintenant trois semaines qu'un « petit con » s'amusait à faire des cambriolages dans le quartier, laissant à chaque fois un petit message provocant à l'intention des policiers. Si les premiers signalements avaient réjoui certains agents qui n'attendaient qu'un peu d'action, rapidement, la capacité à disparaître du cambrioleur avait finit par les agacer. Et, très vite, la plupart avaient finit par mettre l'affaire sur attente. Après tout, il ne dérobait jamais rien de bien précieux. Il s'amusait juste à foutre un bordel monstre dans la maison, puis partait avec une bague en plastique ou un oreiller acheté chez Ikea. Rien de bien dramatique.

Mais pour Lucas, les choses étaient toutes autres. Ok, le vol le plus grave qu'il avait fait était un petit appareil photo d'enfant à peine utilisé. Ok, il n'avait jamais tué personne, ni menacé. Mais en attendant, en plus de créer un sentiment d'insécurité chez les gens, il le provoquait. Aujourd'hui encore, voilà qu'on lui envoyait un personnage moqueur en photo, fièrement dessiné sur le mur de la dernière maison cambriolée. Et cette provocation, le policier ne pouvait que l'avoir en travers de la gorge. Non seulement cette affaire traînait depuis presque un mois, alors que les autres étaient résolues en maximum une semaine, et il avait fallu que le « petit con » prenne un malin plaisir à lui rappeler son échec en heurtant son honneur avec des provocations débiles.

Enfin, pas si débiles que ça puisqu'elles marchaient à merveille sur le jeune chinois, aurait sûrement fait remarquer Taeyong.

Toujours est t'il que là, assis devant la table où le narguait fièrement le dossier du voleur, Lucas avait juste envie de tout casser. Il était tendu comme jamais, et se passait de manière répétitive une main dans ses cheveux, réfléchissant au meilleur moyen de choper l'abruti qui s'amusait à voler des babioles chez les gens. Ils avaient essayé d'anticiper l'action du cambrioleur pour le prendre par surprise : un échec. Il se démerdait toujours pour soit, ne rien faire, soit aller fouiller la seule maison qui n'était pas surveillée. Ils avaient presque forcé tout le quartier à foutre des alarmes pour prévenir d'une éventuelle intrusion : rien à faire. Aucunes d'entre elles n'a sonné au bon moment, la seule fois où cela arriva étant du à un chat un peu trop curieux. Ils avaient tenté de relever les empreintes digitales, bien évidement : encore faudrait t'il qu'il y en ai. Les gants étaient l'invention de satan.

Non, vraiment, il ne savait plus quoi faire. Dans un grognement de frustration, il se laissa retomber contre son dossier, fixant rageusement le petit classeur contenant les rares informations sur le voleur. Cela eu pour effet de faire relever le thaïlandais des papiers dans lesquels il était plongé, et il lâcha un petit sourire amusé - qui bien sûr, d'après Lucas, n'avait pas lieu d'être. Parce que sincèrement, il n'y a rien de drôle à se faire rouler par un petit con avec sûrement une collection impressionnante d'objets plus inutiles les uns que les autres. Si au moins il volait des trucs de valeurs. Là, on avait juste l'impression qu'il se foutait d'eux de a à z.

« Arrête de t'énerver sur ce dossier. » lança Chittaphon en souriant avec amusement. « Tu vas finir par te brûler tes dernières neurones.

- Mange tes grands morts, le thaïlandais. Moi au moins, je m'investis dans la vie du commissariat.

- Tu attends désespérément une promotion pour pouvoir te faire la malle, nuance. »

Lucas releva le regard vers son collègue, qui abordait toujours un petit rictus amusé, une lueur joueuse dans les yeux. Il lui lança un regard blasé, n'ayant aucune envie de repartir dans un éternel duel de piques avec lui. Après un ans à l'avoir comme coéquipier, il avait retenu la leçon : quand Chittaphon décide d'être chiant ; Chittaphon est chiant.

Celui ci lâcha un petit rire devant la tête du chinois, et se leva pour se foutre derrière lui.

« Aller, j'rigole pas, détend toi un peu. » commença t'il en posant ses mains sur les deux épaules de Lucas, débutant un massage sans pression. « C'est pour ton bien.

- Mais qu'est ce que tu fous ? » grogna son collègue.

- T'inquiètes, j'ai été masseur dans une autre vie.

- Mais-... J'en veux pas de ton massage, dégage !

- Ça détend.

- Je veux pa-

- Tu sais que si t'es trop tendu, tu peux te transformer en balai ?

- Chittaphon qu'est ce q-

- Genre regarde Seunghyun : un balai.

- Bon, quand vous aurez finit de dire des conneries, on y va ? » lança Taeyong après avoir éteint sa cigarette dans son gobelet de café froid, s'incrustant dans la conversation sans grand intérêt des deux autres. « Il commence à se faire tard. »

Le thaïlandais cessa finalement son massage, et répondit avec un grand sourire :

« J'attendais que ça ! À demain, hein, Yukhei.

- J'espère qu'un pigeon te chiera dessus. » répliqua le concerné avec délicatesse.

- À la bonne heure. »

Taeyong roula une énième fois des yeux sous les bêtises de ses collègues, puis demanda en haussant un sourcil :

« Tu viens pas avec nous, Lucas ?

- Il est de garde ce soir. » répondit Chittaphon à sa place. « Comme le vieux est en congé, il le remplace.

- Ah. »

Le fumeur adressa un bref signe de main au chinois, et lâcha en sortant :

« Bon bah bon courage hein, à demain.

- Salut ! » renchérit le thaïlandais

- À demain ! »

Et les deux hommes quittèrent la pièce, laissant Lucas seul dans le petit local. Un fin sourire flotta sur ses lèvres. Il avait beau jouer les indifférents, les conneries du thaïlandais réussissaient toujours à le sortir de son humeur morose. Taeyong disait souvent qu'un Lucas et un Chittaphon de bonne humeur ensemble revenait à se choper une migraine garantie. Et en effet, personne ne nierait que les deux hommes déconnant ensemble, c'était un amoncellement de conneries plus stupides les unes que les autres. Leur tempérament collait bien, parfois, sur ce point.

Le policier de garde s'étira en bâillant, puis mis sa bonne humeur de côté en reposant son regard sur le dossier du cambrioleur. Bon, et bien il n'avait plus qu'à le relire en espérant trouver un indice qui lui serait passé inaperçu pour tuer le temps... La nuit allait être longue...

***

« Je suis rentré ! »

Doyoung releva le regard du livre entre ses mains, et sourit à son colocataire.

« Pas trop tôt. Je commençais à m'ennuyer sévère, sans toi.

- Ah euh... »

Jungwoo retira son manteau, le balançant d'un geste automatique sur le canapé, puis lança avec un grand sourire qui se voulait innocent à son ami :

« En fait, je repars bientôt, j'suis attendu après le repas. »

Doyoung soupira, excédé. Il ferma son livre, le posant sur la petite table basse où était empilé une tonne de babioles, et râla :

« T'es chiant à être toujours occupé, sérieux. Ça fait combien de temps qu'on s'est pas fait une soirée tranquille tous les deux ? »

Son colocataire haussa les épaules d'un air détaché. Il s'affaira à mettre de l'eau à chauffer sous le regard rempli de reproches du plus âgé, sortant deux paquets de nouilles instantanés de son placard.

Cela allait bientôt faire trois ans que les deux jeunes hommes partageaient le même appartement. Totalement inconnus au départ, il s'étaient rapidement rapprochés, se trouvant pleins de passions communes. La première était la musique. Ils n'en faisaient pas eux à proprement parler, mais prenaient plaisir à découvrir de nouveaux artistes ensemble, où à chanter toute la nuit dans un karaoké. Ensuite, il y avait la lecture. L'un comme l'autre aimait se plonger dans cet univers fictif, imaginaire, parfois bien plus accueillant que la réalité. C'était d'ailleurs de cette manière qu'ils s'étaient rencontrés : le plus vieux avait posé une annonce concernant sa recherche de collocation à la bibliothèque ; et Jungwoo était tombé dessus. Et les voilà à vivre ensemble depuis tout ce temps.

Mais bien que très similaires sur certains points, il y avait une chose sur laquelle ils ne s'accordaient pas : Jungwoo avait le goût du danger, de l'adrénaline, alors que Doyoung préférait largement le calme et la sûreté. Si cela ne les avait pas dérangés plus que ça au début, c'était rapidement devenu un sujet de conflit lorsque, il y deux semaines de cela, ce dernier avait découvert que son ami se livrait à des activités pas très légales : le vol. Rapidement, ils s'étaient pris le choux là dessus, le plus âgé allant même jusqu'à menacer son ami de le dénoncer à la police s'il n'arrêtait pas.

Puis finalement, après que Jungwoo ai insisté sur le fait qu'il ne volait, et ne volerait jamais rien de valeur, que c'était juste pour les sensations, et qu'il ne ferai jamais de mal à personne, Doyoung avait finit par laisser couler. Après tout, si il se faisait choper, c'était son problème. Il l'avait prévenu, au moins.

Depuis, leur relation était un peu plus tendue, sans l'être de manière insupportable. Jungwoo était un jeune homme, un adulte. Il avait l'age de faire ses propres choix.

« Et tu vas faire quoi ? » demanda Doyoung depuis le canapé. « Un nouveau cambriolage ? Tu trouves pas qu'on a déjà assez de casseroles comme ça ? »

Son colocataire pouffa légèrement, ses cheveux châtains lui tombant doucement devant les yeux. Il les dégagea d'un bref mouvement de tête, et planta son regard sur son ami, un petit sourire aux lèvres :

« Non, pas ce soir. J'ai un rendez vous avec Lucas. »

Ce fut au tour de l'autre de lâcher un petit rire, levant les yeux aux ciels.

« Tu sais, je pense pas que faire rager ton policier préféré avec tes conneries soit le meilleur plan de drague possible.

- Je veux pas le draguer. » rétorqua Jungwoo en faisant glisser les nouilles dans l'eau bouillante. « C'est juste marrant de le voir s'énerver tout seul, alors qu'il a le coupable sous les yeux presque tous les jours.

- Mais bien sûr...

- J'te jure c'est vrai.

- Et bien dans ce cas, t'es vraiment le mec le plus fourbe que je connaisse. »

Le châtain sourit fièrement, et répondit en ricanant :

« Je le prends comme un compliment, merci. »

En effet, Jungwoo, le cambrioleur que Lucas détestait plus que tout au monde et qu'il rêvait de piétiner, était paradoxalement un de ses amis le plus proche, que l'on pourrait même qualifier de « flirt du moment ». Il le voyait régulièrement, sans savoir qu'il était celui à l'origine de ses nuits blanches.

Même Doyoung, plus raisonnable de base, avait finit par trouver la situation amusante. A la fois, entendre le policier rager pendant on ne sait combien de temps, avec le châtain juste en face de lui, c'était plutôt risible, il fallait bien l'admettre.

Jungwoo vint alors se poser sur le canapé, deux bols fumants dans les mains et en passa un à son ami, qui le récupéra en le remerciant rapidement.

« Aish, t'aurais pas pu le laisser refroidir un peu ? » râla Doyoung en sentant sa peau brûler sous la chaleur émanant des nouilles. « C'est chaud !

- Pas le temps. » Jungwoo pointa l'heure, puis mit une bouchée du plat dans sa bouche. « Faut que j'y sois dans un quart d'heure.

- Et ben, quel emploi du temps de ministre... »

Le châtain engloutit son bol sous le regard désapprobateur de son ami, et se releva en vitesse grand V, lançant simplement :

« J'te laisse débarrasser, faut que j'y aille.

- C'est ça, casse toi. »

Jungwoo se retourna vers son ami, pouffant légèrement face à son ton plein de reproches :

« Promis, demain, on passe la soirée ensemble.

- Promis ?

- Promis.

- Ok, bah t'as intérêt à tenir parole alors, sinon j'te fais bouffer la table basse.

- Ça marche ! » rit le plus jeune, amusé des menaces de son ami. « Allez, à demain ! »

Et sur ces mots, le jeune homme quitta rapidement l'appartement, enfilant distraitement son manteau avant de prendre la direction du café où il allait retrouver son policier préféré, comme Doyoung aimait tant le dire.

***

L'air était léger, frais sans vraiment être froid. Vêtu d'un simple tee shirt et d'une veste en cuir, Lucas attendait devant le petit bar à deux rues du commissariat, une cigarette entre les mains. La faible lueur de celle ci éclaira légèrement son visage lorsqu'il la porta à ses lèvres, un fin sourire ne le rendant que davantage radieux.

« Salut. » lança t'il à la tête châtain qui venait d'arriver.

Jungwoo lui sourit, et répondit simplement :

« On rentre ? »

Le policier hocha la tête, éteignant sa cigarette sous sa chaussure d'un geste un peu ringard, mais qu'il avait prit la fâcheuse habitude de faire. Jungwoo laissa un rictus amusé apparaître sur ces lèvres à cette vue. Cela pouvait paraître con, insensé ou même cliché, mais quelque part, il trouvait ça sexy. Il avait l'impression de se retrouver face à ce bad boy dans les vieux films, qui fait craquer toutes les filles avec sa moto. En fait, Lucas n'était pas bien différent de ça. À l'exception près d'une moto.

Les deux hommes rentrèrent dans le petit bar, la veille musique jazz en arrière plan venant immédiatement les mettre dans l'ambiance du lieu. C'était la première fois qu'ils s'y rendaient, tous les deux. Habituellement, le châtain préférait les lieux plus « jeunes », où passaient les derniers tubes du mois. Alors lorsque Doyoung lui avait conseillé ce lieu, il avait bien rit. Déjà parce que son colocataire lui avait dit que « C'était un endroit parfait pour draguer », et qu'il refusait d'admettre que le policier lui plaisait peut être vraiment, et ensuite parce ces vielles ambiances romantiques, ce n'était pas du tout son genre. Il préférait encore les boîtes de nuits, où il fallait gueuler pour se faire entendre.

Mais bon, pour des raisons évidentes de pratique, les voilà ici, parce c'était à mi chemin parfait entre le commissariat et l'appartement du châtain.

Ils s'assirent tout deux au bar, prenant les commandes, avant que Lucas ne demande :

« Alors, quoi de neuf ? »

Jungwoo lâcha un petit rire.

« Oh tu sais, rien de bien palpitant. C'est pas fou la vie d'un étudiant. Mais et toi, alors ? Le commissariat et tout ? »

Le policier soupira, et balança d'une traite :

« C'est long, c'est chiant, ça me tend et ça me met de mauvaise humeur. »

Un rire franc franchit les lèvres de Jungwoo. Entendre Lucas se plaindre était son passe temps favori. Et encore plus lorsqu'il savait qu'il était la cause de ses plaintes.

Oui, peut être que quelque part, le jeune homme était un peu sadique.

« Toujours pas de nouvelles du cambrioleur, je présume ? » le nargua t'il en buvant le début de son verre.

- Toujours pas... À croire c'est un fantôme ce type !

- C'est peut être vraiment le cas. »

Lucas jeta un regard excédé au châtain, lançant un « hin hin » ironique terriblement agaçant, mais surtout amusant. Du moins, aux yeux du cambrioleur.

« J'te jure, j'le retrouve, il regrettera toute sa vie d'être né. » lança le policier en touillant rageusement son café.

- Ah oui ? »

Jungwoo haussa un sourcil, un sourire presque provocateur aux lèvres.

« Et tu lui ferai quoi ?

- Je lui roulerai dessus cinq fois avec la voiture de service, lui ferai écouter l'intégrale de nyan cat, brûlerai son cadavre, noierai ses cendres dans l'océan et enverrai des baleines sauvages le manger. Ça te suffit ? »

Le châtain éclata de rire, se faisant mentalement la réflexion qu'il avait intérêt à pas se faire choper, et répondit d'un ton amusé :

« Je suis pas bien sur que ça soit dans la procédure, ça.

- Brise pas mes rêves. »

Un doux rire s'éleva une nouvelle fois. Jungwoo devrait sérieusement l'enregistrer pour en faire un sketch, son ton de voix était juste épique. Il aurait dû faire doubleur, ou même acteur à ce niveau là.

L'étudiant s'adossa à la table, posant sa tête contre ses mains, le regard taquin.

« Tu ferais mieux de changer de rêve, vu comment c'est partit.

- Et tu veux que je rêve de quoi ? » rétorqua le policier. « De toi ?

- Ah ça... C'est déjà le cas, Lucas. »

Le dit Lucas haussa un sourcil, ne comprenant pas vraiment où son vis à vis voulait en venir.

Beaucoup diraient que Jungwoo était fou de le provoquer ainsi, qu'il ferait mieux de laisser un minimum d'indice à l'intention de son policier préféré. Mais il n'était pas comme ça. Le châtain aimait jouer avec le feu, quitte à en ressortir blessé. Plus le risque était grand, et plus le plaisir qu'il en tirait augmentait. C'était comme ça, et pas autrement.

Le chinois tiqua finalement, et lança sans réellement y croire :

« Ça veux dire quoi, ça ? C'est une déclaration d'amour ou une dénonciation indirecte ? »

Le jeune homme rit à nouveau, se penchant vers le policier, et murmura dans un souffle :

« À ton avis ? Tu m'aimes déjà tellement, Lucas, tu fais que penser à moi. »

Ce fut au tour de son vis à vis de pouffer en s'adossant contre le dossier de sa chaise.

« Tu prends trop la confiance, mec, j'pense plus à ce putain de cambrioleur qu'à toi. »

Jungwoo se retint de lui répondre « oui, justement », parce qu'il n'était tout de même pas suicidaire et qu'il ne voulait pas devenir fou et perdre son audition avec nyan cat, très clairement la menace la plus effrayante dans le précédent discours du policier.

Ce genre de taquineries étaient en réalité plutôt courante entre les deux jeunes hommes. Trois mois qu'ils se connaissaient, et trois mois qu'ils se tournaient autour, se cherchaient, attendant de voir qui craquerait en premier. Ils se lançaient souvent des flirts discrets, dissimulés dans une phrase ou dans un regard plus chaud que les autres, des sous entendus parfois trop tendancieux, des provocations... Il fallait croire que ça leur plaisait, comme mode de vie.

Les amis du chinois étaient toujours exaspérés de voir qu'il ne se passait jamais rien à leurs rendez vous, alors qu'il était évident que ce qui planait entre eux n'était pas seulement de nature amicale. Et Doyoung, il préférait ne rien dire. Après tout, c'était plutôt marrant à voir.

On aurait dit une mauvaise comédie romantique, avec un nombre impressionnant d'épisodes et de faux espoirs. Et au final, une comédie, c'était peut être bien le mot pour décrire leur relation.

Ils se tournaient autour sans jamais sauter le pas, et le comble du comble, l'un détestait l'autre sans le savoir.

Alors oui, quelque part, comédie était sûrement le bon mot...

***

« C'est une blague ? »

Excédé, Lucas regardait Chittaphon avec un air de poisson mort, tandis que le thaïlandais relisait mot pour mot le rapport.

« Non non, le voleur est repartit avec, je cite, « Une chaise en bois peint rose. ». Le cambriolage a eu lieu aux alentours de midi. »

Le chinois du se faire violence pour ne pas aller se fracasser la tête contre le mur tant la situation semblait risible. Imaginez ne serait ce qu'un seul instant un homme sortir d'une maison par la fenêtre avec une chaise rose, puis se balader tranquillement en pleine heure de pointe dans les restaurants et disparaître comme par magie. Ça devait être le premier avril, ce n'était pas possible autrement.

« Tu noteras quand même un bon point, » fit remarquer son collègue. « Pas de message provocant envers nous cette fois ci. »

Bien évidemment, il n'en avait pas besoin. L'action même de voler une chaise, à midi, était déjà bien suffisant.

Lucas se laissa tomber contre son dossier dans un soupir d'agacement venant du plus profond de son âme, et demanda au thaïlandais :

« Et personne n'a rien vu ?

- On a interrogé tous les restos aux alentours, et hormis voir un certain policier que je ne nommerai pas se casser la gueule de façon ridicule, non, il n'ont rien vu.

- J'vais t'frapper, Chittaphon. » grogna Taeyong.

- C'est pas ma faute si tu sais pas faire tes lacets.

- Non mais tait toi en fait- »

Le chinois se pinça l'arrête du nez, tentant d'ignorer le débat partit entre ses deux collègues. Il fit chauffer ses neurones un moment, puis lâcha finalement en coupant court à la petite dispute qui avait lieu dans le commissariat :

« On a qu'à aller fouiller tous les appartements ! Une chaise rose, ça court pas les rues, on la repérera facilement. »

Un silence s'en suivit, puis le thaïlandais pouffa :

« Yukhei, t'as conscience que-

- Lucas. » le coupa son collègue.

- Roh, Lucas, si tu veux, mais excuse moi de briser tes rêves, mais on va pas trouver un mandat pour chaque maison. Et puis imagine que ce type habite même pas dans le quartier ? On aurait pas l'air con, tient.

- Fait chier... »

Et voilà, encore une fois, il se retrouvait coincé. Avec un truc énorme sous les yeux, mais aucune solution pour trouver le coupable. C'était chiant, chiant, et juste chiant.

Toute cette merde le faisait chier.


_____oOo_____

Fin de la première partie, qui était surtout une mise en place :3

Ca vous a plut ? 👉🏼👈🏼

À vrai dire j'ai pas vraiment l'habitude d'écrire dans ce "style", c'était un peu un test^^'

J'espère que vous avez malgré tout prit plaisir à la lire, et à bientôt pour les deux dernières parties ;)

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