Chapitre 33

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Si Lyssandra avait dû parier sur les circonstances de sa mort, elle aurait juré finir vidée de son sang, entre les mains de Dame Miranda. Elle s'était toujours imaginé que cette dernière déciderait un jour de la tuer, lorsqu'elle se serait suffisamment délectée de ses souffrances. Elle l'aurait enterrée entre deux arbres de la forêt, sans prendre la peine d'ériger une stèle, et personne n'aurait plus jamais parlé de la jeune fille. Son existence aurait été aussi mémorable que celle d'un misérable cafard.

Cependant, finir décapitée sous les ordres du roi des vampires était bien la dernière chose à laquelle Lyssandra s'était attendue.

Car c'était bel et bien cela qui allait lui arriver, n'est-ce pas ? La princesse allait ordonner son arrestation pour agression d'un membre de la famille royale, puis la Neutre serait conduite à son procès sur la Terre des Vampires. Non, songea-t-elle en fixant la tache de sang qui ne cessait de s'étendre sur la robe d'Isabella. Ils ne vont même pas t'accorder un procès. Tu seras tuée sur-le-champ.

— C'est un joli poignard que tu as là, fit la princesse en se penchant pour ramasser l'arme. Vous avez vu tous ces joyaux, Duncan ?

Observant les pierreries avec attention, elle ne se préoccupait pas le moins du monde de sa plaie, comme si se faire embrocher par une lame en bois lui était aussi habituel que de se brosser les cheveux. Son garde du corps avait l'air un tant soit peu plus alarmé qu'elle, et avança doucement son allumette vers Lyssandra. L'intéressée restait adossée à la porte, pétrifiée de la tête aux pieds sous le regard circonspect de l'homme.

— Duncan, trouvez une bougie ou cette allumette va vous brûler les doigts, lui conseilla Isabella sans lever les yeux du poignard dont l'extrémité était encore maculée de son propre sang.

Le garde du corps s'exécuta et fouilla dans un tiroir d'où il sortit une chandelle. Ce n'est qu'à cet instant que Lyssandra réalisa où ils se trouvaient : dans un placard. La lumière de la flamme éclairait une minuscule pièce, juste assez grande pour accueillir une vieille commode et quelques patères suspendues aux murs. La jeune fille ignorait si Isabella et ce certain Duncan s'étaient cachés ici uniquement pour attraper un Neutre, mais elle jugea que c'était un endroit fort peu décent pour une princesse...

— Que faisiez-vous ici, mademoiselle ? demanda finalement le garde du corps en se tournant vers Lyssandra. Et pourquoi aviez-vous une telle arme sur vous ? Avez-vous été mandatée par quelqu'un pour assassiner la princesse ?

À ces mots, Isabella éclata de rire, mais ne fit aucune remarque. Elle était toujours aussi absorbée dans sa contemplation du poignard. Lyssandra ouvrit la bouche, sans qu'aucun mot n'en sorte. Son souffle était irrémédiablement bloqué dans sa poitrine, ce qui n'échappa pas à Duncan.

— Isabella, je crois que cette fille est en état de choc.

— Que de familiarités, monsieur Blackfire ! s'écria la princesse en lui envoyant un petit coup sur le torse. Dois-je vous rappeler que vous êtes tenu de m'appeler Votre Altesse Royale ?

On aurait dit qu'elle jouait dans une pièce de théâtre dont elle était la seule à connaître l'intrigue. Son sourire amusé trahissait ses faux airs outrés face à l'irrespect que venait de manifester son garde du corps. Ce dernier se permit même de lever les yeux au ciel, comme s'il avait déjà vécu maintes fois cette situation. Isabella prit cependant la peine de porter son attention sur Lyssandra.

— Comment tu t'appelles ? s'enquit-elle avec désinvolture. Non, en fait oublie cette question. Dis-moi plutôt pourquoi tu as décidé de trouer ma robe.

Son ton n'était pas particulièrement menaçant, mais le froid qui se dégageait de son corps suffit à glacer la Neutre. Ce placard était beaucoup trop petit à son goût, et sentir de si près la présence des deux vampires lui était insupportable.

— Elle est en état de choc, répéta Duncan comme elle ne répondait pas. Regardez comme elle est blanche, Votre Altesse, ajouta-t-il en appuyant bien sur ces deux derniers mots. Elle va finir par tomber dans les pommes.

Il ne pensait pas si bien dire. La tête de Lyssandra lui tournait de manière atroce, d'autant plus qu'elle n'arrivait toujours pas à respirer aisément. Elle ne parvenait pas non plus à se dire que tout ce qui était en train de se passer était bien réel.

L'échec de sa transformation. Les bouts de verre qui lui rentraient encore dans les pieds et dont elle ne sentait même plus la douleur. Son poignard maculé du sang de la princesse des vampires.

Réveille-toi. Réveille-toi. Réveille-toi. Sauf qu'aussi sûr que Julian était le fils du Grand Alpha, tout ceci était bien la réalité. Une réalité dont il était impossible de se réveiller.

— Mademoiselle, l'interpella Duncan d'une voix soudain beaucoup plus calme et douce. Tout va bien, nous ne comptons pas vous faire de mal. Nous voudrions simplement savoir ce que vous faisiez avec un poignard dans l'enceinte du château du Grand Alpha.

En fin de compte, il n'avait pas l'air bien méchant. Ou alors était-ce simplement l'esprit de Lyssandra qui cherchait désespérément une bouée à laquelle se raccrocher...

— Je... Je ne voulais pas vous... Vous poignarder, balbutia-t-elle finalement en clignant des yeux plusieurs fois afin de chasser les points qui troublaient sa vision. C'est juste que...

Vous m'avez tirée comme une sauvage dans ce placard avant de me sauter à la gorge. On pouvait difficilement escompter une réaction différente de celle qu'elle avait eue.

— C'est juste que vous veniez de voler un poignard à la femme du Grand Alpha et que vous avez jugé bon de vous en servir contre moi, c'est ça ?

Dans sa torpeur, la jeune fille faillit acquiescer machinalement, avant de se raviser.

— Non ! s'écria-t-elle d'une voix cassée. Je ne l'ai pas volé, c'est elle qui me l'a donné.

La princesse fronça ses parfaits sourcils bruns et consulta Duncan du regard.

— Comment savez-vous qu'il appartient à la femme du Grand Alpha ? demanda-t-il en écho aux interrogations de Lyssandra.

Isabella brandit fièrement l'arme sous le nez du garde du corps, qui esquissa un mouvement de recul.

— Premièrement, commença-t-elle, il est incrusté de rubis, terre d'origine de notre chère Eleanor. On pourrait croire que ce ne sont que des petites fantaisies bon marché, mais ce n'est pas le cas. De plus, si l'on regarde bien le motif formé par ces pierres, on distingue les lettres "C" et "E", en référence à...

Elle laissa sa phrase en suspens, attendant que Duncan la complète.

— Clark et Eleanor ? se hasarda-t-il.

La princesse hocha vigoureusement la tête en affichant un petit air triomphant.

— Cela vous a vraiment suffi pour comprendre que cette arme appartient à Eleanor ? l'interrogea le garde, peu convaincu.

Un léger sourire étrangement innocent apparut sur les lèvres d'Isabella.

— En fait, c'est mon père qui lui a offert cette collection de poignards, avoua-t-elle en haussant les épaules. En tant que cadeau de mariage.

Duncan éclata de rire et dans d'autres circonstances, Lyssandra se serait jointe à lui. Le roi des vampires avait donc offert cette arme à Eleanor, sans savoir qu'elle allait être utilisée contre sa propre fille des décennies plus tard. La Neutre eut la présence d'esprit de trouver ce cadeau assez étrange. Depuis quand le roi offrait-il des armes susceptibles d'être utilisées contre son espèce ? Et à une Chasseuse de vampires, en plus ? C'était à n'y rien comprendre.

— Vous affirmez donc ne pas avoir volé ce poignard, reprit la princesse en toisant Lyssandra de ses yeux bleus si glaçants. Dans ce cas, cela ne vous gênera pas si je lui pose la question, une fois qu'elle aura repris une forme... Disons une forme aux crocs moins aiguisés ?

— Vous pourrez le lui demander. Je vous ai dit la vérité.

Isabella resta encore quelques secondes à la fixer, avant de pousser un profond soupir, l'air ennuyée. Elle baissa les yeux vers son ventre, où la tache de sang avait fini de croître. Sa plaie devait déjà être entièrement cicatrisée.

— J'aimais bien cette robe, déclara-t-elle en désignant vaguement l'endroit où elle était trouée.

Duncan ne fit aucun commentaire, observant toujours Lyssandra.

— Vous comprendrez si nous vous conduisons aux geôles de ce château, mademoiselle ? En attendant d'avoir la confirmation de celle qui vous a soi-disant donné cette arme.

Le premier réflexe de la jeune fille fut d'abord de s'horrifier à l'idée d'être emprisonnée, mais après tout, ne serait-elle pas plus en sécurité dans un cachot ? Ni Dame Miranda, ni aucun autre vampire ne pourrait l'atteindre, et elle ressortirait de toute façon dès que Julian aurait pris connaissance de la situation. Elle acquiesça silencieusement et Duncan l'attrapa par le bras d'un geste assez doux. Il entrouvrit la porte du placard et jeta un coup d'oeil au couloir avant de sortir, Isabella et Lyssandra sur les talons. Cette dernière retenait un cri chaque fois qu'elle posait le pied droit par terre, sentant les bouts de verre s'enfoncer dans sa chair.

La princesse ne prêtait nullement attention à ses grimaces de douleur, regardant avec intérêt les portraits fixés aux murs. De temps en temps, elle émettait un commentaire sur la personne qu'ils représentaient, l'ayant apparemment connue quelques siècles plus tôt.

Le couloir était désert, tous les loups-garous étant sûrement partis courir dans la forêt. Au détour d'un croisement, Lyssandra caressait l'espoir de voir Julian apparaître, mais il avait sûrement été contraint de suivre le mouvement de sa meute.

Le petit groupe passa devant une porte close, d'où se dégageait un discret air de musique. Isabella leva une main en signe d'arrêt et Duncan s'exécuta, contraignant la Neutre à faire de même. En se retournant, elle constata avec effroi que son pied laissait des traces de sang sur le sol.

— Nous pouvons bien faire un petit détour par ici, non ? fit la princesse en ouvrant la porte sans attendre l'avis de son garde du corps.

Lyssandra vit qu'il s'agissait de la pièce où les vampires avaient été mis à l'abri des loups-garous. Plusieurs portes donnaient en fait accès au lieu, ce qui était assez étonnant. La jeune fille imaginait sans mal qu'un loup bien décidé à rentrer aurait facilement pu enfoncer l'un des battants, ou tout simplement envoyer un coup de patte sur la poignée.

— Votre Altesse, il faut d'abord que nous déposions cette Neutre aux cachots, déclara Duncan avant que sa protégée ne s'engage dans la salle.

— Et bien allez-y ! lança-t-elle avec un petit geste désinvolte.

— Je ne sais pas où est Daniel, et je ne vais pas vous laisser seule. De plus, vous êtes couverte de sang, au cas où vous l'auriez oublié.

Plus elle prenait conscience de la réalité, plus Lyssandra commençait à trouver étranges de telles familiarités. Il s'adressait à la princesse des vampires, tout de même !

— Vous savez que je sais me battre mieux que vous, répliqua Isabella en entourant une mèche de cheveux noirs autour de ses doigts. Et je vous rappelle que cette salle est remplie de vampires. Ils voient tous du sang au moins une fois par jour, je ne vais pas heurter leurs pauvres âmes damnées...

Duncan poussa un profond soupir tandis que la princesse pénétrait dans la salle. Il jeta un bref regard à la Neutre, avant de resserrer légèrement sa prise sur son bras.

— Vous n'avez pas intérêt à tenter quoi que ce soit. Comme l'a dit Son Altesse Royale, cette salle est infestée de vampires.

Ce n'était pas vraiment une menace, mais un conseil. Lyssandra comprit qu'il valait mieux pour elle qu'elle reste sous la "protection" de Duncan, plutôt que de se balader toute seule au milieu de ces buveurs de sang. Elle hocha la tête, puis passa le seuil de la porte aux côtés du vampire.

La pièce qu'elle découvrit s'apparentait davantage à un grand salon de réception qu'à une salle de bal. Assez vaste, l'endroit était décoré dans des tons de beiges, rendant l'ensemble assez épuré par rapport au reste du palais. Divers fauteuils et méridiennes avaient été installés de part et d'autre du salon, laissant l'occasion aux vampires de s'y étendre tout en sirotant un verre de vin. Cependant, Lyssandra se rendit bien vite compte que le liquide dans lequel ils trempaient leurs lèvres était plus épais que la simple boisson à base de raisin...

Quelques-uns avaient remarqué l'entrée de la princesse, et se fendirent à nouveau de leur plus belle révérence. Leurs regards intrigués s'arrêtèrent un instant sur la robe couverte de sang d'Isabella, se demandant sans doute comment elle osait paraître ainsi devant ses sujets. Cette dernière n'y accordait néanmoins aucune importance, évoluant d'un pas léger au rythme d'un entraînant air de violon.

Tandis que Duncan la dirigeait dans un coin de la pièce, la Neutre chercha Dame Miranda du regard, mais ne vit que Kristal et Alisée. La première avait les yeux rivés sur Son Altesse, semblant à la fois émerveillée et terrifiée, si bien qu'elle n'avait pas remarqué l'entrée de Lyssandra et du garde. Ce n'était pas le cas de la seconde, qui fixait la jeune fille avec des yeux ronds, comme si elle était face à un revenant. Obligée de suivre le vampire lui empoignant le bras, Lyssandra n'eut pas le temps de lui articuler silencieusement le moindre mot. Qu'aurait-elle pu dire, de toute façon ? Non, je ne suis pas en train de me vider de mon sang dans l'escalier du manoir. Oui, le fils du Grand Alpha m'a choisie pour la transformation, mais non, ça n'a pas fonctionné. Oh et oui, bien sûr, j'ai poignardé la princesse des vampires. Sinon, tu passes une bonne soirée, toi ?

Alisée et Kristal se retrouvèrent rapidement hors de sa vue, mais elle les oublia aussitôt face aux regards que quelques vampires braquaient sur elle. Leurs yeux emplis d'avidité la fixaient comme s'ils devaient faire tous les efforts possibles pour ne pas se jeter sur elle. La Neutre comprit sans tarder que ses plaies au pied devaient empester le sang à plein nez, sans compter les traces qu'elles laissaient sur leur passage. Par chance, Duncan l'avait guidée vers un coin isolé où une porte se trouvait à proximité. Étonnamment, il sembla avoir pitié d'elle et lui fit signe de s'assoir sur un petit fauteuil beige. Il se planta ensuite à sa gauche, aussi droit qu'un piquet, ses iris si particuliers scrutant la pièce avec sévérité.

Ravie de pouvoir soulager son pied, Lyssandra fit en sorte qu'il ne touche pas le sol, mais elle ressentait toujours une forte brûlure. L'inspectant avec précaution, elle grimaça en voyant les minuscules éclats de verre scintiller au milieu de ses blessures ensanglantées. En levant la tête, elle croisa le regard de Duncan. Maintenant qu'elle était assise et lui debout, elle se rendit davantage compte à quel point il était grand.

— Vous devriez y mettre de l'alcool, déclara-t-il de sa voix rauque. Sinon, cela va s'infecter.

Même si sa remarque devait sûrement partir d'une bonne intention, Lyssandra mit un certain temps avant d'être capable de lui répondre.

— Je... Je pense que ça ira, bégaya-t-elle simplement alors qu'elle en pensait tout le contraire.

Elle imaginait la douleur accrue qu'elle ressentirait si l'on versait de l'alcool sur son pied, et préférait s'en abstenir. Duncan haussa les épaules et reporta son attention sur la salle. Comme s'il n'était déjà pas assez grand, il se mit sur la pointe des pieds, semblant chercher quelque chose, ou plutôt quelqu'un. La Neutre devina qu'il avait perdu de vue la princesse lorsqu'il maugréa un juron tout en se passant une main sur le visage. Il marmonna ensuite quelque chose d'inintelligible à propos d'une théière, et Lyssandra se permit de remettre en doute la santé mentale de ce pauvre garde.

— Vous, fit-il avec lassitude en se tournant vers la jeune fille, vous restez ici, c'est compris ? Vous avez déjà de la chance que Son Altesse soit de bonne humeur et que cet incident se soit produit à cette époque. Si vous l'aviez poignardée pendant un siècle de guerre, on aurait pu vous impliquer dans un complot avec les loups-garous. Mais visiblement, vous cherchiez simplement à vous défendre, ce que je comprends.

— Je ne peux de toute façon pas aller bien loin, répondit-elle en désignant ses pieds.

Il hocha la tête avec un petit sourire compatissant, ce qui la surprit. Elle ne savait décidément pas si elle devait avoir peur de lui ou non.

— Je vais simplement voir si Daniel est avec Son Altesse. Si c'est le cas, je lui dirai de venir vous surveiller.

Lyssandra acquiesça, même si elle ignorait qui était ce Daniel. Elle supposa qu'il devait s'agir du second garde du corps qui escortait la princesse. Duncan s'éloigna d'un pas vif, laissant la Neutre seule dans ce salon qui regorgeait de vampires. Peu tranquille, elle ne cessait de surveiller tous ceux qui rôdaient près de son coin reculé. Elle remarqua que quelques serveurs aux bracelets blancs circulaient parmi les invités, tenant des plateaux chargés de coupes de champagne. Ce n'était néanmoins pas cette boisson qui intéressait les convives, qui sortaient régulièrement de leur poche des flasques remplies de sang. Ils ne devaient sûrement pas être autorisés à toucher aux Neutres employés au palais.  

Concentrée sur les personnes présentes dans la salle, Lyssandra ne se préoccupait pas de la porte close à côté de son fauteuil. Alors quand le battant s'entrouvrit, elle ne le remarqua même pas... Pas plus que la main gantée de noir qui en surgit.

Ce n'est que lorsque des doigts se refermèrent sur son poignet qu'elle poussa un cri, s'attirant les regards de quelques vampires. Elle se retourna brusquement vers le bras qui la tirait avec une force incroyable, l'obligeant à se lever de son siège. Reconnaissant les jupons noirs qui dépassaient du battant entrouvert, elle tenta de se dégager de son emprise, en vain. Elle entendit son poignet craquer, ce qui lui fit lâcher un nouveau glapissement.

— Alisée ! cria-t-elle dans l'espoir que la belle vampire puisse l'entendre à travers le salon. 

Ses pieds blessés patinaient sur le sol pour essayer de résister face à son agresseuse qui l'attirait vers la porte. Constatant qu'elle rencontrait une défensive plus acharnée qu'elle ne l'avait prévu, Dame Miranda ouvrit davantage le battant et rentra complètement dans la pièce pour saisir Lyssandra par les deux bras. Cette fois, elle réussit sans mal à la traîner jusque dans le couloir, avant de claquer la porte d'un coup net.

— Espèce de sale petite sotte, gronda-t-elle en envoyant une gifle sur la joue de la jeune fille.

Lyssandra cria, mais la vampire ne relâcha pas sa prise sur sa victime, la forçant à la suivre tandis qu'elle marchait d'un pas vif à travers le corridor. La Neutre résistait du mieux qu'elle le pouvait, mais son pied et son poignet lui causaient une douleur atroce. Le sang se répandait de plus belle le long du couloir, comme si l'on avait déplacé un cadavre ensanglanté.

Ne pouvant retenir ses sanglots, la poitrine de Lyssandra se soulevait par à-coups, ses cris plaintifs résonnant à travers le palais. Elle espérait qu'une âme charitable l'entende, que des vampires ayant assisté à la scène dans le salon prennent sa défense...

Cependant, personne ne vint.

— Mais tu ne vas donc jamais arrêter de geindre ? s'emporta Dame Miranda en s'arrêtant pour lui faire face.

Pour toute réponse, Lyssandra se mit à crier davantage, appelant désespérément à l'aide de sa voix étranglée. Les yeux de la vieille vampire jetaient des éclairs, et ses doigts étaient si crispés sur le poignet de la Neutre que ses ongles transpercèrent ses gants. Les griffes vinrent à nouveau s'enfoncer dans la chair de leur victime, qui avait encore juste assez de souffle pour hurler. Au comble de l'exaspération, Dame Miranda sortit un objet de sa poche.

Lyssandra ne put voir de quoi il s'agissait, car il vint heurter son crâne avec force.

Des points noirs mouchetèrent sa vision, juste avant qu'elle ne chancelle sur ses jambes et que son corps ne tombe sur le sol dans un bruit sourd.

À travers ses paupières qui tentaient tant bien que mal de rester ouvertes, il lui sembla voir un petit sourire maléfique s'imprimer sur le visage de Dame Miranda.

S'ensuivirent les ténèbres.

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