Chapitre 35

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La première vision qui s'afficha dans l'esprit de Lyssandra resta floue un long moment. Des paroles inintelligibles lui parvenaient, sans qu'elle ne reconnaisse à qui les voix appartenaient. Progressivement, les images se précisèrent, révélant une magnifique jeune femme qui s'observait devant un miroir. Elle avait de longs cheveux roux, légèrement ondulés, ainsi qu'une frange effilée qui lui allait à la perfection. Avec son joli visage poupin, on aurait dit une version adulte de Kristal.

Mais Lyssandra reconnut immédiatement Dame Miranda, même si la jeune femme affichait un doux air innocent qu'elle n'avait jamais vu sur la vampire.

— Quand me transformerez-vous, maître ? fit-elle d'une voix fluette qui résonna étrangement dans l'esprit de la Neutre.

Les yeux verts de la belle rousse se tournèrent vers un lit, où un homme était étendu, torse nu. Ce n'est qu'à ce moment que Lyssandra réalisa qu'elle voyait la scène comme si elle était à la place de Dame Miranda, et qu'elle avait même accès à ses pensées et ses sentiments.

— Patience, ma chérie, patience, murmura l'homme avec un petit sourire en coin. Je t'ai promis que je le ferai. Mandy, pourquoi es-tu si pressée ?

Devant avoir une quarantaine d'années, il était plutôt séduisant, avec des cheveux noirs plaqués en arrière. Le coeur de Mandy se serra, comme chaque fois qu'elle posait les yeux sur cet homme qu'elle aimait tant. Cet homme qui était un vampire, et dont elle était la propriété. D'ailleurs, cela lui plaisait, de lui appartenir.

— Parce que lorsque je deviendrai une vampire, je serai certaine de pouvoir passer l'éternité à vos côtés. Et c'est la seule chose que je souhaite.

Mandy s'approcha du lit, tout en finissant de lacer sa robe violette. Si elle avait pu disposer librement de ses pensées, Lyssandra se serait stupéfiée de savoir que Dame Miranda avait déjà revêtu des couleurs claires.

— Et puis, reprit la jeune femme en triturant le lacet de son corsage, je veux que vous me transformiez tant que je suis encore jeune. Sinon, je risque de ne plus plaire au public, et ma voix pourrait changer. Sans compter que je ne serais plus assez belle pour vous, et que vous ne voudrez plus de moi.

Elle parlait avec une vulnérabilité déconcertante, comme si sa vie ne dépendait que de cet homme. D'ailleurs, cette faiblesse semblait étrangement plaire à ce dernier. Son sourire ne cessait de s'étirer, et malgré son apparence détendue, il ressemblait à un prédateur se délectant de savoir sa proie à ses pieds.

— Ai-je eu l'air de ne plus vouloir de toi ? fit-il en baissant un regard de braise sur le corps de Mandy.

L'intéressée sentit ses joues s'empourprer, sans qu'elle ne puisse retenir le sourire radieux qui étirait ses lèvres.

— Je voudrais toujours de toi, Mandy, assura le vampire en se redressant pour l'attirer contre lui. Toujours.

Il l'embrassa et la fit basculer sur le lit. La jeune femme sentait son coeur battre à une vitesse folle, et elle se laissait porter par les caresses de cet homme qu'elle aimait tant. Même lorsqu'il lui planta ses canines dans le cou, elle accueillit cette douleur à bras ouverts. Si lui la voulait à ses côtés pour toujours, alors elle l'aimerait jusqu'à la fin de sa vie, aussi longue soit-elle.

La vision se brouilla et l'espace d'un court instant, Lyssandra retrouva accès à ses propres pensées. Elle eut simplement le temps de songer qu'elle n'était pas sûre d'avoir tout compris à la scène à laquelle elle venait d'assister, et qu'elle était bien contente de ne pas avoir vu Dame Miranda aller plus loin avec ce vampire...

Bientôt, de nouvelles ombres apparurent dans son esprit. Cette fois, elles ne devinrent pas tellement plus visibles, se contentant de sombres silhouettes floues. Lyssandra ignorait pourquoi la vieille vampire tenait à lui montrer cette nouvelle scène, alors que l'on n'y voyait rien.

— Avez-vous de quoi payer votre dette, monsieur Theodore Song ? clama une voix masculine.

L'entente de cette voix s'accompagna d'un nouvel assombrissement de l'image. C'était comme si Dame Miranda avait tant de fois refoulé ce souvenir aux confins de sa mémoire qu'à force, il avait fini par s'étioler et devenir imprécis. Les sentiments de la femme, en revanche, avaient conservé leur force, leur violence. Désormais devenue une vampire, elle tremblait de la tête aux pieds, anéantie par l'effroi.

— Votre Majesté, déclara l'homme qui était avec Mandy dans la vision précédente, conformément à vos exigences, je vous ai apporté une offrande. Je suis certain qu'elle saura satisfaire tous vos désirs, quels qu'ils soient.

Theodore ponctua cette dernière phrase d'un ton lourd de sous-entendus. Son sourire pouvait s'entendre dans sa voix. Le coeur mort de Mandy, si habitué à battre passionnément pour cet homme auquel elle avait tout donné, se brisait en mille morceaux à chacun de ses mots. Comment as-tu pu croire que je t'aimais ? lui avait-il lancé quelques heures plus tôt, juste après l'avoir enfin transformée, plus de vingt-cinq ans après sa première requête. C'est ton sang que j'aimais, c'est tout.

— Vous vous fichez de moi, n'est-ce pas ? ricana un autre homme. Que voulez-vous que je fasse d'elle ? Elle a au moins vingt ans de plus que moi. Enfin... Façon de parler.

La vision devint subitement plus nette, se concentrant sur un homme vêtu d'élégants habits noirs. Seule sa chemise était d'un blanc immaculé. Sa veste était trouée au niveau du coeur, laissant dépasser une rose d'un rouge foncé qui évoquait le sang. Avec ses cheveux blonds de la même teinte que l'or, et ses yeux bleus de la couleur du ciel, il était sans conteste l'homme le plus séduisant que Mandy avait vu de sa vie. Uniquement si l'on omettait Theodore.

— C'est également une excellente chanteuse, ajouta ce dernier. Sa voix était très admirée sur le territoire du clan Song.

— Nous avons assez de musiciens pour le moment. Peut-être qu'elle saurait vous plaire, Branwell, mais j'en doute ? fit le roi en tournant la tête.

Mandy ne suivit pas son regard, toute son attention braquée sur lui. La peur, la honte, la tristesse lui nouaient les entrailles tandis que de pauvres larmes s'échappaient de ses yeux. Elle ne voulait pas regarder Theodore. Elle ne voulait pas voir ses moqueries et son mépris se refléter dans ses prunelles. Elle refusait de croire qu'elle avait pu se tromper à ce point. Qu'elle avait pu tant donner, pour ensuite être jetée en pâture au roi des vampires... qui ne voulait même pas d'elle.

— Sans façon, répondit le dénommé Branwell. La prochaine fois, ramenez une jolie jeune fille, monsieur Theodore...

— Ou un joli jeune homme, le coupa Sa Majesté. En attendant, même si Jae-Sun n'est pas présent, vous êtes banni du clan Song.

Des protestations s'élevèrent, mais le si beau visage du roi des vampires s'évanouit. L'obscurité le remplaça pendant quelques secondes, avant qu'une sombre ruelle ne s'imprime dans l'esprit de Lyssandra. Des flocons de neige tombaient dans la nuit, formant un épais tapis sur le sol rocailleux et les toits pointus des maisons. Des gens vêtus de haillons déambulaient dans la rue, passant devant le regard de Mandy. Cette dernière chantait une chanson bien lugubre, qui rendait la scène encore plus accablante. Derrière ses inflexions où transparaissait tout le désespoir du monde, on entendait des enfants pleurer, des femmes supplier qu'on leur donne un simple morceau de pain, des hommes frapper aux carreaux à moitié cassés des habitations...

Mandy se trouvait dans l'endroit où s'accumulait toute la misère que les vampires et les loups-garous préféraient ignorer. La Frontière.

— Tu gagnerais plus en te la fermant, déclara un vieillard qui passait devant Mandy. Comment veux-tu que les gens te donnent quoi que ce soit si tu les déprimes à ce point ?

Il ne portait aucun bracelet à son poignet, mais Mandy savait qu'il s'agissait d'un vampire. Elle le sentait à son regard trop vif pour un homme de son âge.

— Et que voulez-vous que je chante ? rétorqua-t-elle. Ici, même la plus joyeuse des chansons passerait pour un chant mortuaire.

De toute façon, elle était bien incapable de chanter quelque chose de plus gai. Lorsqu'elle chantait ses belles chansons d'amour sur le territoire du clan Song, c'était parce qu'elle aimait Theodore et qu'elle croyait qu'il l'aimait tout autant. Désormais, toute trace d'amour avait déserté son coeur... ce qui ne faisait pas les affaires de son chapeau, où seules deux pauvres pièces de cuivre se battaient en duel.

— On entend la rage et la colère dans ta voix, fit le vieil homme. Que dirais-tu de mettre à profit cette hargne, afin d'en tirer un peu plus que quatre sous ?

— Et combien en tirerais-je, exactement ? Je vous préviens, je préfère encore passer ma vie ici, à chanter dans cette rue, plutôt que de devenir une de ces prostituées de bas...

— Oh non, il ne s'agit pas du tout de ça ! l'interrompit-il avant de s'esclaffer. Ce que j'ai à te proposer serait bien mieux payé ! Avec un peu d'entraînement, tu pourrais facilement récolter mille pièces d'or par soirée, voire plus si tu enchaînes les...

— Je vous arrête tout de suite. J'ai passé ma vie à croire naïvement aux belles histoires que me racontait un homme. Alors je ne vais pas accorder de crédit à un vieillard qui prétend qu'il serait possible de gagner une telle somme à la Frontière.

Loin de se vexer, il parut encore plus amusé.

— Allons, tu n'as jamais entendu parler des clubs de combats ?

La vision s'effaça subitement, libérant Lyssandra de ces images qu'elle ne comprenait pas. Elle s'attendit à ce que de nouvelles ombres viennent danser dans son esprit, or il ne se passa rien. Ne restait que l'obscurité. Ce n'est que lorsqu'elle sentit le contact froid quitter sa tempe, qu'elle se rendit compte qu'elle était simplement en train de fermer les yeux.

Elle les rouvrit aussitôt, heureuse de quitter ces souvenirs étranges. Mais le sombre grenier dans lequel elle se trouvait, ainsi que le regard perçant de Dame Miranda à quelques centimètres du sien, lui rappelèrent bien vite que la réalité n'était pas tellement mieux...

— Pour... Pourquoi m'avoir montré tout ça ? balbutia-t-elle tandis que quelques bribes de ce qu'elle avait vu lui revenaient en mémoire. Je n'ai absolument rien compris.

— J'aurais dû m'en douter, maugréa Dame Miranda. Tu es bien trop ignare pour comprendre toutes les subtilités de la Terre des Vampires.

Et à qui la faute ? eut envie de répliquer Lyssandra.

— Je ne suis pas non plus complètement stupide. Lorsque vous étiez une Neutre, vous êtes tombée amoureuse de votre propriétaire. Il vous a laissé croire qu'il vous transformerait pour que vous puissiez passer l'éternité à ses côtés, sauf qu'en fin de compte, il vous a offerte au roi des vampires. C'est là que je ne comprends pas. Pourquoi a-t-il fait ça ? Qu'est-ce que le roi aurait pu faire de vous étant donné que vous n'étiez plus une Neutre ?

Une réponse lui vint, qu'elle refoula aussitôt. Elle savait que le roi n'avait pas une réputation des plus reluisantes, mais elle avait du mal à croire qu'il se fasse offrir des femmes rien que pour les mettre dans son lit.

— Sais-tu de quoi se nourrit Sa Majesté ? fit Dame Miranda en se reculant de quelques pas.

Lyssandra en avait plus qu'assez de ces demi-réponses.

— Oh et bien je ne sais pas, laissez-moi réfléchir... De gâteaux au chocolat, sûrement ? supposa-t-elle avec sarcasmes.

La vampire était si exaspérée qu'elle semblait sur le point de se planter un pied de chaise dans le coeur.

— Il ne boit que du sang de vampire. Ne me demande pas pourquoi, je n'en sais rien. Le fait est qu'il se sert de cela pour maintenir ses sujets sous ses ordres. Pour garantir leur place au sein de leur clan, chaque vampire doit en offrir un autre au roi, et cela tous les cent ans. C'est la même chose si nous sommes bannis de la Terre des Loups. Si nous voulons intégrer un clan, il faut pouvoir donner un vampire à Sa Majesté. Sauf qu'il se réserve le droit de refuser certains présents...

— Tout comme il vous a refusée. C'est pour cela que vous le détestez.

Ce n'était pas une interrogation, mais une certitude. Dame Miranda ne la contredit pas, mais pinça les lèvres.

— Je préférerais mourir plutôt que reparaître devant lui. Seulement, il faut parfois savoir prendre ses précautions, ajouta-t-elle avec un nouveau sourire malfaisant. C'est ici qu'intervient Alisée...

Dans d'autres circonstances, Lyssandra aurait peut-être compris où elle voulait en venir, mais entre sa migraine, son poignet sûrement cassé, et ses pieds affreusement douloureux, c'était déjà un miracle si elle parvenait à suivre la conversation. Voyant qu'elle ne saisissait pas, la vampire leva les yeux au ciel et demanda :

— Tu ne t'es jamais demandé à quoi pouvaient bien me servir Kristal et Alisée ?

— Pour Kristal, c'est évident. Vous convoitez ses immenses talents de couturière, sans aucun doute.

Dame Miranda paraissait de plus en plus excédée, se demandant certainement pourquoi elle avait entamé une telle conversation avec cette Neutre irrécupérable.

— J'ai fait subir à Kristal le même sort que le mien, déclara-t-elle. J'aurais voulu être transformée plus jeune et elle, elle ne souhaitait pas que je la transforme avant d'être devenue la "magnifique femme qu'elle était amenée à devenir", comme elle disait. Sauf que je n'ai pu résister à la tentation de la voir en gamine pour l'éternité. Et même si elle est insupportable, la croiser chaque jour dans ce corps qu'elle déteste me procure une incroyable satisfaction.

Lyssandra se demanda un bref instant comment l'on pouvait être aussi sadique, avant de se rappeler qu'il s'agissait de Dame Miranda.

— Et Alisée ? C'est pour vous rappeler chaque jour qu'il existe une personne au moins cent fois plus belle que vous ?

Elle attendit la gifle venir, mais la buveuse de sang resta de marbre.

— Alisée est ma garantie. Si par le plus grand des malheurs, j'étais un jour contrainte de revenir sur la Terre des Vampires, alors j'aurais un cadeau à offrir au roi. Un cadeau que cette fois, il ne pourra refuser.

Horrifiée, la jeune fille n'osait même pas imaginer ce qui attendait Alisée si elle était un jour vraiment offerte au roi. Se doutait-elle que Dame Miranda la gardait auprès d'elle pour ce dessein ?

— Vous êtes un monstre, cracha-t-elle en sentant la colère la gagner. Et le mot est faible. Vous condamneriez Alisée à servir de poche de sang à cet homme infâme, après toutes ces années passées à vos côtés ?

— Alisée est déjà condamnée depuis sa naissance, ricana la vampire. Sa beauté est une malédiction. Le jour de sa vente, seuls deux destins se dessinaient pour elle : être achetée par une maison close de luxe, ou être acquise pour le plaisir personnel d'un riche vampire. Les enchères se sont envolées, et j'ai bien cru que cet abruti n'allait jamais lâcher l'affaire. Mais j'ai finalement obtenu ce que je voulais.

Lyssandra se souvenait de la somme qu'elle avait déboursé pour acquérir Alisée. Vingt-neuf mille neuf cents quatre-vingt-dix-neuf pièces d'or. Si elle se fiait à ce qu'elle avait cru comprendre de la dernière vision, Dame Miranda avait gagné sa fortune dans des clubs de combats. Mais c'est impossible, ne cessait-elle de se dire.

— Et quelle est cette histoire de "clubs de combats" ? fit-elle en voulant mimer des guillemets avec ses doigts, mais son poignet douloureux l'en empêcha.

— Le nom ne peut pas être plus explicite, si ? C'est un endroit où des vampires entraînés pour le combat affrontent des loups-garous assez stupides pour croire qu'ils peuvent rivaliser avec une force surnaturelle. J'ai combattu dans les arènes pendant près de soixante ans, ce qui grâce à l'argent des paris, m'a permis d'en tirer une petite fortune afin de vivre un jour sur la Terre des Loups. J'étais la combattante la plus célèbre de la Frontière, tout le monde voulait se mesurer à moi, sans que jamais quiconque ne parvienne à me battre. Contre toute attente, cette période de ma vie est peut-être celle que j'ai le moins détesté.

La Neutre était si éberluée qu'elle resta un long moment sans rien dire, essayant tant bien que mal de s'imaginer Dame Miranda en plein combat dans un club obscur. Certes, cela expliquait la précision et la force de ses coups lorsqu'elle s'en prenait à elle, mais l'image de la vampire en train d'enchaîner les combats sous les acclamations de la foule refusait de s'imprimer dans son esprit. Est-ce qu'elle combattait avec ses gants en dentelle et ses grandes robes noires ? songea-t-elle stupidement.

— Vous dites que cette période est celle que vous avez le moins détesté, reprit-elle, perplexe. Tout à l'heure, vous avez affirmé que j'avais "réduit à néant l'unique source de bonheur que vous ayez connu en vos deux cent quarante-cinq années d'existence". Or, je ne vois pas ce que j'ai à voir avec tout ça. Je n'étais même pas née à cette époque, et ma mère non plus.

Un affreux rictus déforma les lèvres de Dame Miranda alors qu'elle se rapprochait de Lyssandra dangereusement. Maintenant qu'elle savait que la femme avait combattu dans une arène pendant soixante ans, la jeune fille était encore moins rassurée en sa présence, ce qu'elle ne pensait pas possible.

— J'ai dit que cette période était celle que j'avais le moins détesté. Pas celle que j'avais le plus aimé. Et c'est dans celle-ci que tu interviens.

Sans crier gare, elle plaqua de nouveau deux de ses doigts sur la tempe de Lyssandra, la replongeant dans un de ses souvenirs.

Étonnamment, l'image était d'une netteté presque parfaite. De grands lustres diffusaient une lumière éclatante, si bien qu'on se serait presque cru en plein jour. Cet éclat illuminait une salle remplie de convives aux tenues plus éclatantes les unes que les autres. Tout le monde semblait s'amuser avec la plus parfaite insouciance. Dame Miranda se sentait étrangement bien parmi tous ces loups-garous. Elle savait que tous devaient la mépriser, d'autant plus qu'elle n'avait rien à faire à cette soirée, mais elle s'en fichait.

Après avoir connu la misère de la Terre des Vampires pendant tant d'années, elle avait enfin trouvé sa place. Cela faisait plus d'un siècle qu'elle vivait sur la Terre des Loups du Diamant, mais ses blessures du passé commençaient tout juste à cicatriser. Pas celles qui avaient découlé de ses multiples combats à la Frontière, mais celles creusées par Theodore et le roi.

— Je ne crois pas que nous ayons été présentés.

Dame Miranda s'extirpa de ses pensées pour se tourner vers l'homme qui venait de lui parler. Même si elle n'avait plus le contrôle de ses pensées, Lyssandra sentit son coeur se serrer. Le loup-garou qui apparut dans son esprit devait avoir une trentaine d'années et approcher des quarante ans. De jolies boucles rousses tombaient devant ses yeux marron, et un petit sourire illuminait son visage. Sans qu'elle ne puisse se l'expliquer, Dame Miranda eut aussitôt envie d'effleurer ces mèches d'un roux un peu plus flamboyant que le sien.

— Peut-être parce que cela n'en vaut pas la peine, rétorqua-t-elle.

Son instinct défensif avait pris le dessus, et elle regrettait déjà ses mots. Mais pourquoi cet homme veut-il te parler, si ce n'est pour te faire du mal ?

Vous avez raison, répondit-il sans perdre son sourire. Je n'en vaux pas la peine.

Déroutée, Dame Miranda reporta son attention sur la coupe de champagne qu'elle tenait entre ses mains, s'attendant à ce qu'il reparte sans un mot. Or, il s'installa sur la chaise qui se trouvait juste à côté d'elle. D'ici, on pouvait distinguer tous les invités qui dansaient et riaient avec gaieté.

— Simplement, reprit-il, je me suis dit que vous, vous en valiez peut-être la peine. Vous êtes assise sur cette chaise depuis votre arrivée, et sans vouloir vous manquer de respect, vous avez l'air de vous ennuyer à mourir. Ne voudriez-vous pas danser avec moi ?

La vision vacilla légèrement, comme si elle s'accordait avec les pensées affolées de Dame Miranda.

— Danser avec vous ? s'exclama-t-elle avant de laisser échapper un petit rire incrédule. Enfin, je ne sais même pas comment vous vous appelez.

Les lèvres du loup-garou s'étirèrent davantage, en un sourire aussi étincelant que ses deux bagues bleu ciel.

— James du Topaze. Ravi de faire votre connaissance.

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