La menace

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Mort s'était dissimulée derrière un kiosque à journaux. Elle venait de voir passer un mange-cauchemar pour la cinquième fois de la nuit et le jour ne tarderait plus à se lever. Elle était presque à destination. La porte n'était qu'à quelques mètres, à côté d'un arbre bordant la route.
Les mange-cauchemars n'avaient pas vraiment de forme fixe, ils n'étaient que des sortes de tâches lumineuses qui glissaient sur le sol ne pouvant sortir que la nuit, et les repérer n'était pas si facile, la lumière des réverbères les rendant parfois invisible. Une fois la créature passée, Mort s'élança vers l'arbre.

Elle ouvrit le portail en quelques secondes, d'une simple pensée bien ajustée, et elle s'y engouffra sans hésiter.
Elle se retrouva dans une petite cours en béton fissuré, bordée d'une clôture envahies par les buissons, en face duquel un grand bâtiment ressemblant à une résidence abandonnée, se dressait silencieuse vers le ciel blanc. Les lierres avaient envahies les façades et crevaient les fenêtres, la peinture des boîtes aux lettres anonymes alignés à l'entrée se détachait en petits flocons collants, et il n'y avait pas un souffle de vent qui venait troubler l'ambiance pesante de l'endroit. Elle s'empressa de se cacher dans les buissons qui avait sauvagement envahies la clôture, accroupie, et réfléchit un instant.

Mort était dans le domaine de Solitude. Elle avait décider de commencer par cette émotions en premier car c'était moins dangereux pour elle. Solitude n'avait ni Elfes, ni autre créatures, et ne recevait presque personne.

Mort devait la trouver et lui voler son talisman.

Temps lui, venait de voir débarquer Vie, Amour et Passion chez lui. Ils étaient tous debout, réunis dans l'entrée, sans prononcer un mot. L'ambiance était pesante, jusqu'à ce que Passion laisse enfin échapper.

- Temps, t'as fait une connerie

Il releva la tête vers lui. Il commençait à regretter d'avoir laisser partir Mort. Que lui voulaient-ils ? Il parlaient sûrement de la fuite de Mort, mais que s'apprêtaient-ils à faire ? Il sourit

- C'est possible, il m'arrive d'en faire, et que puis-je pour vous ?

Vie sortit et s'approcha de lui. C'était un sourire tordue et faux, vexée qu'il ne s'inquiète pas plus que ça de sa situation. Elle se posta juste devant lui. Bien qu'elle soit obligée de lever la tête pour le regarder, il se sentit petit face à elle. Une certitude le remplit en même temps qu'une sensation sur laquelle il avait du mal à mettre des mots s'insinuait dans son cœur comme une eau croupie. Vie, la Vie qui se tenait devant elle, avait quelque chose de différent. Quelque chose qui les différenciaient d'une sorte particulière. Les yeux verts qui le fixaient durement le connaissaient, le transperçaient, le déchiffraient, le cernaient, mieux que lui même. Il eut la sensation qu'il était un étranger à lui-même à travers le regard de cette Vie qui elle-même lui semblait étrangère. Comme si Vie ne regardait pas le Temps qu'il se savait être mais un autre Temps qu'il ne connaissait pas. Il eut l'impression d'être tout d'un coup exclue de la pièce, comme un enfant qu'on renvoie dans sa chambre quand la conversation de grandes personnes commence, mais qui espionne tout de même sans comprendre ce qu'il se dit dans l'angle du couloir.
Elle lui dit d'une calme, mais froide et détachée.

- Temps, par ta faute, Mort s'est échappée. Dans une semaine, l'avance qu'elle avait accumulé serait consumée, et alors plus aucun mort ne connaîtra le repos. Nous te laissons une semaine pour aller la chercher et la ramener ici, sans quoi tu seras réprimandé.

Il tiqua à ses mots, frappé par l'incompréhension qui venait de le saisir de la tête aux pieds, et balbutia la voix rauque

- U-une semaine, mais non, el-elle ne m'avait pas c'était autre je ne comprend je croyais elle avait dit que...

Vie le coupa pour un peu plus broyer son assurance par le poids de ses mots.

- Elle t'avait dit qu'il lui restait plusieurs années d'avance de travail ? Et bien il te reste une semaine.

Derrière eux Amour éternua et Temps sortit de son état choqué et reprit  un peu de son attitude habituelle, sûre de lui et un peu arrogante. Il répliqua alors un petit sourire toujours un peu tremblant malgré ses efforts pour ne rien laisser paraître.

- Et sinon quoi ? Ce n'est pas mon problème, je ne l'ai pas poussé à s'enfuir, et elle est sous ta responsabilité. Pas la mienne. Allez-vous en, je n'irais chercher personne.

C'est alors que Passion, un rictus triomphant sur les lèvres, s'exclama.

- Oh je te croyais plus fin que ça Temps, tu penses que ma sœur et moi avons accompagné Vie pour le plaisir ?
Le cœur de Temps sauta un battement. Il avait déjà remarqué, et à vrai dire, déjà compris ce qui se tramait, mais il avait repoussé la possibilité que cela soit possible le plus loin qu'il l'avait pu. Il ne se retourna pas et lâcha la voix blanche.

- Sortez de chez moi.

- Temps soit raisonnable !

C'était Amour qui venait de s'exprimer. Elle se tordait les mains, horriblement gênée par cette situation tendue, pleine d'animosité à peine contenue. Elle allait continuer, mais Temps l'interrompit pour lui dire la voix accusatrice

- Amour, je comprend ton frère mais toi ? Tu sais que Vie enferme Mort, tu sais qu'elle la surveille comme elle n'a jamais surveillé aucune de ses prédécessrices*, qu'elle est allé jusqu'à lui mettre des liens, comme on le fait pour les Efles rebelles ? Tu ne te poses aucune question ? Et je croyais que tu n'acceptais jamais d'user de tes pouvoir contre quelqu'un sans son consentement ? Tu déroges à tes principes ?

À chacune de ses questions Amour semblait se recroqueviller un peu sur elle-même. Amour ne supportait pas cette ambiance lourde, les mots de Temps étaient pour elle comme autant de coup d'épée qui venait la déchirer de culpabilité.
Elle ouvrit timidement la bouche, mais Vie s'imposa.

- Amour respecte ce qu'elle a toujours fait : elle œuvre pour rétablir un équilibre sans provoquer de haine ou de conflits. En te punissant ainsi, nous n'infligeons une douleur qu'à ton propre ego.

Tout de suite Temps s'exclama

-'Une punition pour quoi ? Pour avoir soulagé le quotidien difficile d'une mourante qui croule sous le travail ? Amour, tu penses vraiment que j'ai mal agit en la faisant sortir de temps en temps ? Elle s'est enfuie de sa propre initiative !

- MAIS TU L'AS LAISSÉ FAIRE !

Rugit alors Vie.

- Je n'ai pas fait exprès !

Mais sa voix n'avait pas été aussi assurée et forte qu'il l'aurait voulut. Il mentait ouvertement en prononçant ses mots, et sa conscience faisait faiblir son assurance. Passion intervint alors

- Amour, peu importe ce que tu choisis moi je le ferais. C'est toi qui choisis ton propre camps, entre ton frère et l'une de tes amies les plus proches, et Temps, avec qui...

Il hésita avant de reprendre excédé.

- Ta relation avec Temps est totalement inconstante ! Tu peux aussi bien t'entendre avec lui que le détester ! Pourquoi te pose-tu seulement la question ?

Il la prit par les épaules et la regarda avec douceur mais fermeté

- Tu sais que si ce n'est pas toi ce sera quelqu'un d'autre.

Amour avait les larmes aux yeux.

- Fais-le toi !

Ce fut Vie qui lui répondit

- Passion seul n'a pas la même force que la tienne.

Elle ajouta un peu plus doucement

- Nous avons besoin de toi...

Temps ne savait plus quoi dire pour sa défense. Il s'apprêtait à s'indigner en protestant que ce n'était pas sa faute, qu'elle s'était enfuie sans qu'il ne demande rien, mais alors Vie trancha mettant un terme à la conversation.

- Tu as une semaine Temps, nous te laissons une seconde chance pour te rattraper. Ne la gâche pas.

En sortant elle ajouta sèchement

- Une juste réprimande pour ta propre bêtise.

Il croisa alors le regard d'Amour et il sut qu'elle était du côté de son frère et de Vie, et qu'elle le ferait, certes avec des remords, mais sans hésitation. Ils sortirent un à un de la pièce, Passion le dernier. Celui-ci en passant à côté de Temps lui souffla avec son petit sourire en coin de satisfaction

- Va falloir mettre ta fierté de côté mon vieux, pendant 7 jours où l'éternité, ça dépend de toi.

Et la porte claqua le laissant seul dans l'entrée.

Passion et Amour rentrèrent chez eux sans un mot tant dis que Vie prit la direction de chez elle. Elle marchait d'un pas assuré et rapide, son visage était fermé et sombre. La partie facile venait d'être accomplie, maintenant le plus dur  s'annonçait à venir.
Elle traversa d'une traite son domaine, passant par les couloirs et les jardins, n'hésitant pas un instant sur sa trajectoire. Encore un étage et elle fut là où elle allait. Elle parvint enfin à une partie de son domaine plus reculée, plus cachée, auquel elle seule avait accès.

Au fond d'un couloir froid et vide au carrelage noir et blanc, une porte de métal à double battant, fermée par un sort apposé par Vie, attendait solennellement que quelqu'un la pousse et qu'elle libère enfin les lourds secrets qu'elle contenaient. L'immortelle s'arrêta devant la porte, l'ouvrit d'un simple geste de la main et les deux grandes et lourdes plaques de fer coulissèrent pour lui laisser le passage, s'ouvrant sur une mer d'obscurité coupée par le carré de lumière plaqué au sol par l'ouverture de la porte. Elle y entra sans un seul instant de doute, absolument certaine de là où elle allait.
Au moment où elle franchit le seuil de la pièce, la lumière blanc et crue pleuvant de néon glacé et poussiéreux révéla l'endroit.

Un endroit vide, aux murs nus, au centre duquel il n'y avait qu'une seule chose. Une couronne, posée à même le sol. Une couronne de fleur.
Vie s'en approcha et la ramassa délicatement et la contempla en silence quelques secondes pensivement. Les tiges tendres et vertes s'entremêlaient délicatement, s'entrecroisaient dans un assemblage complexe de petites fleurs bleues électriques et jaunes poussins. Entre deux amas de tiges plus solides et épaisses reposait une pierre ovale et polie de couleur verte, une émeraude. Soudain une voix fit sursauter Vie.

- Tu fais bien de la surveiller attentivement.

Vie se retourna vivement, la couronne toujours dans les mains. Elle bafouilla soudain blanche comme un linge.

- Ah ah oui, je vais la-la garder sur moi désormais pour plus de sécurité on ne sait jamais, et et je...

Elle s'arrêta et déglutit. L'homme qui se tenait dans l'encadrement avança d'un pas. À l'instant où il mit un pied dans la salle, les lumières clignotèrent avant de s'éteindre. Vie ne voyait plus le visage de son interlocuteur noyé dans l'ombre du contre-jour qui s'était formé. La voix grave, coulante et chaude comme du miel et qui contenait pourtant comme un arrière goût de menace sourde et constante reprit de son calme qui affolait Vie

- Tu quoi ?

Elle recula de quelques pas avant de reprendre la voix aiguë d'une seule traite

- Je vais garder la couronne de Mort sur moi aussi.

L'homme avança encore et Vie reculant simultanément pour maintenir le plus grand possible l'écart les séparant jusqu'à ce que son dos percute le mur. Alors seulement il lui répondit

- Tu sais ce qui se passera si elle le fait ?

Puis continua sans lui laisser le temps de répondre

- Évidement tu sais, et tu ne le souhaites pas je le sais. Et pourtant... Tu l'as laissé s'enfuir ? Je ne te comprend plus Vie, je croyais que tu prenais les mesures nécessaires pour toujours surveiller tes Morts...

Il avait prononcé le mot "Morts" d'une façon étrange, une minuscule intonation différente, réelle, mais insaisissable.

- Je...

- Tu t'ai laissé aller, tu t'es amusée à parier avec Temps des choses parfaitement stupides, des risques complètement inutiles et tu le payes aujourd'hui... Tu vas devoir réparer tes erreurs... Quelque chose à ajouter ?

Des gouttes de sueurs coulait le long du visage de Vie, elle tremblait de tout son corps, pâle comme la mort, pétrifier par la voix et les yeux de son interlocuteur. Elle finit par difficilement prononcer

- Je crois que Temps se doute de quelques choses...

Sa voix n'avait été qu'un souffle. L'homme prit le visage de Vie en coupe dans une de ses mains et approcha son visage du sien pour la fixer à quelques centimètres. Il lui murmura

- Ce n'est pas mon problème Vie, c'est le tien. Mais si tu échoues tu sais ce qu'il t'arriveras... Que lui as-tu dit à ce Temps déjà ? Une juste réprimande pour ta propre bêtise... Alors tu as compris ? tu vas faire ce qu'il faut ?

Elle hocha la tête mais il resserra sa prise sur son visage et répéta d'une voix plus dure

- Tu vas faire ce qu'il faut ?

Vie semblait sur le point de s'évanouir de terreur

- Oui Guerre.

Un léger sourire éclôt sur les lèvres de l'homme, et ce sourire était encore plus terrifiant que s'il avait haussé la voix. Il se détourna sans un mot et sortit de la pièce.
Vie s'écroula au sol et un sanglot lui échappa, puis elle se recroquevilla sur le carrelage froid et poisseux et elle pleura de longues minutes, jusqu'à ce soudain elle ferme le poing et frappa le sol. Elle se redressa à moitié et laissa simplement échapper comme un grondement

- Elle ne le fera pas. 

(*le mot prédécessrice existe vraiment)

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