Chapitre 3

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Nathan était assis dans sa chambre. Il contemplait d'un regard vide les écrits qui tapissaient ses murs. Le jeune homme n'avait plus de larmes à donner, plus de tristesse, plus de rage. Il n'avait plus rien.

Tout avait commencé dans la matinée. Il était dix heures et comme à son habitude, pour la troisième année consécutive, Nathan attendait Emile. Mais cette fois-là, c'était différent puisque tous deux en avaient enfin fini avec le lycée, ce qui signifiait qu'ils pourraient se voir à chaque fois qu'ils le voudraient et rester en contact tout le temps. Durant les vacances de Noël les deux garçons avaient passé leur journées à imaginer tout ce qu'il pourraient faire avec cela. Emile avait même avancé et avait pris l'initiative de se rapprocher et se confier à ses amis, ce que Nathan avait grandement salué.

Tous deux étaient prêts à vivre un véritable rêve, d'autant plus qu'ils semblaient s'aimer plus fort chaque jour passant. Alors lorsque Nathan avait vu la chevelure rousse de la cousine d'Emile, prénommée Deliah, son cœur avait raté un battement. Mais la jeune femme était seule, et elle semblait fortement préoccupée. Elle avait des cernes immenses sous les yeux, ses cheveux étaient vaguement coiffés et ses yeux laissaient aisément paraître cette inquiétude. Deliah tournait en rond dans la librairie à une vitesse folle, elle cherchait visiblement quelque chose. Nathan l'interpella et lui demanda s'il pouvait l'aider pour quoi que ce soit. Elle se laissa tomber dans le fauteuil face au jeune homme et soupira.

— Est-ce que tu as vu Emile ?

— Emile ? Non, il est ici ?

— C'est bien le problème, je n'en ai aucune idée. Oh, mais pourquoi il fallait que ça se passe ainsi !

Nathan pencha la tête, il était de plus en plus inquiet.

— Il est arrivé quelque chose à Emile ?

— Il a disparu. Enfin non, il est parti dans la nuit sans donner aucune indication sur où il allait, il a juste laissé un mot disant qu'il ne voulait que personne ne soit blessé ou ne meure par sa faute.

— Quoi ?! s'exclama Nathan, Mais, il a... il m'a dit que ça allait mieux ! Comment... je... pourquoi ?

— C'est arrivé il y a un mois, l'un de ses amis les plus proches s'est noyé alors qu'il était le seul avec lui. Et Emile n'a pas réussi à le décoincer et à le sauver. Après ça il a été envoyé à l'hôpital parce que lui aussi était resté longtemps sous l'eau. Ensuite il a simplement prétendu aller mieux jusqu'à la fin de l'année mais il ne parlait plus à personne et hier il est rentré, a récupéré toutes ses affaires et... il est parti.

Nathan ne savait pas quoi dire. Il se prit la tête dans les mains, il était plein de remords. Pourquoi ? Lui même ne savait pas. Mais il était dévasté de penser qu'Emile était de nouveau pris par les doutes et les pensées obsessionnelles sans personne pour l'aider. Le jeune écrivain était prêt à retourner la Terre pour le retrouver. Mais il savait au plus profond de lui-même qu'il n'allait que se faire du mal.

C'est ainsi qu'il se retrouva de nouveau seul, dans sa chambre, avec pour seule compagnie le souvenir de la douceur qu'il ressentait lorsqu'il était avec Emile. Son regard se posa inconsciemment sur son vieux carnet. Il n'avait plus que deux pages à écrire. Il aurait souhaité ne jamais les remplir, mais il avait ce besoin de poser ses pensées sur le papier, alors il s'assit à son bureau qui faisait face à la fenêtre, contre laquelle s'écrasait la pluie.

3 Juillet 20xx - Ephémère

Rien ne nous est jamais vraiment acquis. On pense avoir trouvé le secret de la joie seulement pour découvrir que ce n'était qu'une illusion de plus. Parfois se battre n'a plus de sens, il faut savoir lâcher prise, même si cela fait affreusement mal. Aimer fait mal. Laisser son cœur s'adoucir pour qu'il soit brûlé l'instant d'après. C'est le jeu. Les choses vont et viennent, tout est éphémère, il faut juste savoir en profiter.

Parce qu'au final, tout commence par la joie et se finit par la douleur.

Nathan observa son texte. Il était bien plus court que les autres, mais c'était sa volonté. Il referma alors le carnet et espéra au plus profond de lui-même ne jamais avoir à l'ouvrir une nouvelle fois.

.•.

Nathan était seul, assis dans sa chambre d'hôtel, épuisé. Il venait de passer des heures à répondre à des centaines de questions et tout ce qu'il avait eu la force de faire consistait en prendre une douche et boire un chocolat chaud. Cela faisait six ans depuis qu'Emile avait disparu. Le jeune homme était entre temps devenu un écrivain reconnu, ironiquement grâce au livre qui avait forgé sa relation avec Emile.

Nathan se sentait pourtant toujours seul. Personne n'avait su combler le vide laissé. Il avait des amis, seulement aucun ne lui donnait cette énergie qu'Emile lui transmettait. Mais l'écrivain ne s'en souciait plus, il avait l'habitude.

Il était presque en train de s'endormir lorsqu'on frappa à sa porte. Il ne répondit d'abord pas, persuadé qu'on venait déjà le chercher pour se rendre à ce dîner auquel il était convié. Nathan ne se décida à se lever que lorsqu'on lui annonça que quelqu'un de très énervant insistait depuis une heure pour le voir. Il ouvrit la porte et se retrouva face à une jeune femme. Il mit quelques secondes avant de la reconnaître et de réaliser qu'elle était à la réception de l'hôtel. Le jeune homme lui demanda alors ce qu'il se passait et elle partit sans un mot le laissant voir celui qu'il pensait au départ être un fan un peu trop collant, de ceux qui lui faisaient peur.

Mais il avait tout faux.

Le jeune homme avait ce regard qu'il aurait reconnu entre mille. Nathan ouvrit de grands yeux et fut incapable de produire un seul son, il était tétanisé. Face à lui se tenait Emile. Il était là, bien vivant, avec quelques années en plus, mais il était là. Lui non plus ne savait pas trop quoi dire, pourtant il brisa tout de même le silence :

— Je savais que ton livre deviendrait connu, tu mérites tellement tout ce que tu as achevé, c'est incroyable.

— Tu es juste là pour me faire des éloges ? Non parce que si c'est seulement ça tu peux partir. Tu l'as fait une fois tu pourras le faire deux fois.

Nathan avait finalement retrouvé sa voix, et toute l'amertume qu'il avait accumulée les années passées se déversait finalement sur Emile.

— J'imagine que je le mérite, répondit-il, j'ai paniqué et... je m'y suis mal pris.

— C'est le cas de le dire.

— Je vais être très honnête, je ne suis pas ici pour revenir dans ta vie, parce que je continue encore aujourd'hui de porter malchance à quiconque m'approche trop. Mais je suis là pour te présenter mes excuses, qu'on puisse tous les deux finir correctement.

— Quoi ? Tu veux dire que tu n'es là que pour présenter tes excuses mais pas pour revenir ?

— C'est ça... je n'en serais pas capable, je te blesserais plus que je ne te ferais sourire.

— Et qu'est-ce qui te fais dire ça ? s'exclama Nathan, Tu as toujours tenté de t'éloigner pour préserver les autres mais tu ne t'es jamais dit qu'ils voudraient prendre le risque. Tu ne t'es jamais dit que je t'aime assez pour me jouer de ta malchance ? Je me fous de ce que tu peux penser, des idées que les traumatismes t'ont mis dans la tête, moi je sais que ce n'était pas de ta faute et que tu étais toujours au mauvais endroit au mauvais moment.

— Je... je ne pensais pas que tu pourrais vouloir ça. Que tu pourrais m'aimer assez pour prendre de tels risques, dit timidement Emile, mais ça me détruirait si il t'arrivait quelque chose.

— Très bien. Si c'est ça que tu veux. Au moins je pourrais tourner la page désormais.

Nathan était resté froid. Il tourna les talons et s'apprêta à refermer la porte lorsqu'Emile lui attrapa le poignet. Leurs regards restèrent figés l'un dans l'autre quelques instants avant de se séparer une nouvelle fois. Mais le poignet de Nathan n'en était pas libre pour autant, et aucun d'eux ne voulait briser ce contact qu'ils savaient être le dernier.

Nathan sentait les larmes lui monter. Il voulait le raisonner, l'empêcher de s'enfuir une nouvelle fois. Il n'arrivait plus à songer rationnellement. Le brun se retrouva alors à embrasser Emile une toute dernière fois. Il ne savait pas comment, il ne savait pas pourquoi et il ne voulait pas savoir. Il voulait juste que cet instant dure pour toujours. Seulement Emile finit par briser le dernier contact physique qu'ils avaient. Les larmes dévalant ses joues il adressa à Nathan les tous derniers mots qu'il pourrait lui dire :

— Je suis désolé, mais je suis trop perturbé pour pouvoir te rendre heureux. Mais je suis sûr que tu pourras surmonter ça, parce que tu en es capable. En tout cas je suis impressionné de voir où tu es aujourd'hui et... je continuerai toujours de te voir grandir de loin.

Il marqua une pause et regarda Nathan droit dans les yeux.

— Adieu Nathan, je t'aime.

Emile disparût alors dans la pénombre du couloir tandis que l'écrivain l'observait depuis le pas de sa porte incapable de bouger. Après quelques minutes il ferma enfin sa porte et, les larmes coulant toujours à flots, il sût quoi faire.

Il se sentait vide et plein de désespoir à la fois. Il ressentait tout et rien. Mais il avait pris une décision. Il allait écrire la dernière page de son carnet et le faire publier. Nathan allait enfin tourner la page en se laissant lire tel un livre ouvert. Alors il attrapa son stylo et se mit à écrire un dernier texte, plus personnel, adressé à celui qui venait de le briser une nouvelle fois.

Lorsqu'Emile arriva au bout du recueil intitulé « Complainte d'un Garçon Solitaire » quelques mois plus tard, il ne put rien faire d'autre que d'avoir des remords. Il était seul et c'était sa faute, alors il se mit à relire ce dernier texte encore et encore jusqu'à tomber de fatigue.

27 Février 20xx - Si

Et si les choses s'étaient passées autrement ? Serions-nous séparés, chacun seul, sans jamais pouvoir oublier ce constant sentiment de solitude ?
Je ne sais pas.

Et si ? On peut refaire le monde avec des si. Mais ils ne te ramèneront jamais. Je suis vide, comme si un trou noir aspirait constamment mes émotions. Je ne sais pas si je pourrais faire taire ce vide un jour. Il faudrait pour ça que je t'oublie complètement. Que j'oublie que tu m'as fait voir ce que c'était de ne pas être seul, alors même que tu étais toi-même seul.

Et si tu avais eu le courage de rester ? Et si tu t'étais trouvé aux bons endroits plutôt qu'aux mauvais ? Et si on ne s'était jamais rencontrés ? Serions-nous là où nous en sommes maintenant ?
Non.

Je pourrais mettre des si sur tout, mais changer les événements signifierait changer notre amour et je ne pourrais pas me le permettre. Alors je reste là, les larmes ayant séché sur mes joues, le cœur brisé, à me demander :

Et si tout cela était censé arriver ?

Et si dans un autre monde, une autre réalité, on se retrouvait, nous aimerions-nous ?
Je l'espère.

Mais nous sommes ici. Et je n'ai pas le pouvoir de changer les événements. Alors même si je suis détruit je voulais juste te dire merci. Merci de m'avoir montré qu'il n'y avait pas que la solitude dans la vie.

Je t'aime, et je t'aimerai toujours, parce que tu es la seule personne avec qui je ne me sens pas seul.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro