Jour 16

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Les échanges scolaires étaient toujours source d'enthousiasme pour les enfants, mais Lune, le regard perdu dans l'espace, sentait une boule d'appréhension monter au fond de ses entrailles. À tel point que le brouhaha de ses camarades lui parvenait comme étouffé. Les groupes d'amis jacassaient, riaient, jouaient sans la moindre discrétion, et elle, dans son coin, tremblait de peur. Parce qu'elle n'aimait pas la nouveauté. Parce qu'elle l'appréhendait douloureusement. Elle ne pouvait pas prétendre être douée pour les relations humaines, et puisque chacun d'eux devait rejoindre pour deux semaines complète une famille, et suivre le cursus scolaire du complexe de la ville où ils se rendaient, et visiter celle-ci, elle savait l'épreuve compliquée. Depuis le début de l'année, ils échangeaient des messages avec leurs correspondants, et autant Lune aimait recevoir ceux de Soaëlle, autant elle détestait devoir parler d'elle et redoutait d'être ainsi jetée dans l'inconnu pendant si longtemps. Et si Soaëlle la trouvait trop introvertie, pas assez drôle, pas assez insouciante, comme pouvaient l'être tous ceux de sa classe ? Habituellement, elle se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser d'elle, elle avait compris il y a bien longtemps qu'elle ne correspondait pas à leurs attentes. Mais elle appréciait réellement discuter avec la Nupténienne, et si elle devait passer deux semaines avec elle et sa famille, il était préférable qu'elles s'appréciassent. Oh. Merde. Sa famille. Et si ses parents ne l'aimaient pas eux non plus ?

Avant qu'elle ne pût continuer à s'inquiéter de ce sur quoi elle n'avait pas de prise, leurs professeurs les informèrent de Nuptunn était en vue. Aucun d'entre eux n'avaient jamais visité la jolie planète du système voisin, et il n'en fallait pas plus pour faire régner le silence dans le vaisseau. Chacun regarda, le souffle coupé, ce que même leurs esprits créatifs n'auraient pu ne serait-ce qu'imaginer.

Le monde flottait. Ses bâtiments, ses immeubles, ses rues, ses habitants... Non seulement n'avaient-ils jamais vu quelque chose de semblable, mais surtout rien d'aussi beau. Lune en restait bouche-bée. Bien sûr ils avaient étudié la planète en long en large en travers depuis le début de l'année, mais leurs connaissances faisaient pâle figure à côté de la réalité. Devant le spectacle qui s'offrait à ses yeux, Lune en oublia d'avoir peur. Elle se demanda comment une telle planète pouvait exister ailleurs, et pourquoi elle n'y était pas née. La sienne, avec ses villes au ras du sol, ses champs et ses collines, paraissait bien fade à côté de celle-là. C'était comme si le monde volait. Le sol n'était que nuages, et la ville entière semblait suspendue à une dizaine de mètres de celui-ci. Pas semblait. Flottait réellement.

Le vaisseau se posa à l'astroport, où les attendaient leurs correspondants et leurs familles qui devaient les accueillir pour les deux prochaines semaines. Lune, malgré tout pas touchée par l'enthousiasme effervescent de ses camarades, descendit en dernier, sous le regard un peu inquiet de ses professeurs qui la connaissaient et craignaient que ce temps fût long et compliqué à gérer pour elle.

Mais Lune passa en réalité les meilleures semaines de sa courte existence. Elle adora Soaëlle et Soaëlle l'adora. Elle adora cette planète, également, le mode de fonctionnement de son école et ce qu'elle y apprit, elle adora découvrir la ville avec sa nouvelle amie, elle adora même rencontrer le groupe de potes de celle-ci, elle adora chaque seconde de ce séjour qui se révéla au final bien trop court. La peur ne l'avait pas magiquement quittée, mais une fois l'appréhension de chaque nouvelle chose passée, elle y prit un réel plaisir. Ses camarades ne l'appréciaient pas plus non plus, elle ne cherchait pas davantage leur approbation ni même leur contact, Soaëlle lui suffisait. Elle voulait profiter de chaque seconde passée dans ce paradis lointain, parce qu'elle sentait bien qu'une fois de retour chez elle, tout redeviendrait comme avant, avec seulement en plus le souvenir de ce moment où elle s'était sentie à sa place. Les adieux furent déchirants, des larmes furent versées, des promesses de vacances et de contact gardé échangées, et peut-être également un baiser. Mais sur la joue ou les lèvres, cela, personne ne le sût jamais sinon les deux protagonistes de cette énième promesse. Lune adressa des signes à Soaëlle jusqu'à ce qu'elle ne fût plus en vue. Un sourire léger flottait sur ses lèvres, lui aussi. Et son cœur, calmement, battait sans que l'anxiété ne cohabitât avec lui.

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