Morxarelk n'aimait pas aller en cours. Comme la majeure partie des écoliers de l'univers. Et particulièrement ce cours-là. Il n'aimait pas les langues et n'avait jamais réellement voulu apprendre celle-ci en particulier, mais il y avait dans sa classe un élément de motivation certain. Uxœl, celui qui faisait battre ses cœurs un peu plus fort. Alors il s'y rendait avec plus d'enthousiasme que le reste de la journée, s'installait à ses côtés, et écoutait la leçon.

« Qui peut me dire comment vous traduiriez Ulrgel ourendiz vorel s'il vous plaît ? »

Une élève levait déjà la main, tandis que les autres réfléchissaient encore. Morxarelk essayait de se souvenir du cours passé, ils avaient déjà vu ça récemment. « Vorel » c'était « être » au singulier mais « ourendiz »...

« Ulrgel est dans la cuisine, déclara avec certitude Plurxæ.

– Parfait ! Tu ne t'es pas fait piéger par Ulrgel qui est un prénom typique de Roannel mais qui veut aussi dire « savoir ». Maintenant, à vous. Morxarelk tiens, viens au tableau et écris-nous une phrase. »

Il redressa la tête, comme un coupable surpris en plein fait, et se leva, stressé. Mais son voisin lui adressa un sourire encourageant, et Morxarelk sentit la confiance affluer dans ses veines. Sur le trajet, son cerveau principal fulminait, essayant de réunir les quelques mots qui lui venaient, tentant de les rassembler pour faire une phrase. Il attrapa une craie et traça les quelques uns qui lui étaient venus à l'esprit. Ourgel meno zamar friz roen gen. Dans la salle, les esprits chauffaient. Le cerveau principal de chacun cherchait dans leurs souvenirs, les envoyait dans le cerveau secondaire gauche, qui lui, les analysait. La main d'Uxœl se leva, la prof l'interrogea.

« Le pont s'est effondré hier. Heureusement, il n'y a pas eu de blessés.

– Excellent ! Bravo pour la bonne réponse, et bravo à toi Morxarelk pour l'exercice. Tu feras simplement à ne pas oublier le s caractéristique du pluriel à « sgen », mais autrement c'est grammaticalement correct. »

Morxarelk retourna s'asseoir, et son voisin le gratifia d'un sourire complice. Un qui voulait dire « bravo », « t'es le meilleur », ou « je t'aime ». Non, bien sûr que non, cela ne voulait pas dire ça. Mais il lui rendit le même sourire heureux. L'heure passa paisiblement, le Xerokx appréciait de plus en plus ce cours, cette langue, et sa professeur. Les sonorités chantantes et la facilité complexe de celle-là la rendait en réalité plus amusante à apprendre que ce qu'il pensait initialement. Il s'était bloqué inutilement, persuadé de ne pas aimer, et s'était donc fermé à sa beauté.

Lorsque le cours se termina, il chemina hors de la salle aux côtés d'Uxœl, qui lui expliqua qu'il réfléchissait à prendre un correspondant pour améliorer son Roanien. De camarades, ils devenaient petit à petit amis, et Morxarelk s'en satisfaisait infiniment. Amitié exponentielle. Il voulut l'inviter à déjeuner avec lui, mais sentait le courage l'abandonner petit à petit. Uxœl le devança pourtant et le lui proposa, ce qu'il accepta évidemment sans la moindre hésitation. Peut-être les cours avaient-ils un intérêt au final. Ils commençait à apprécier le Roanien, qu'il découvrait être une jolie langue, et il pouvait partager toute sa journée avec Uxœl. Il sourit. Oui, peut-être ne détestait-il pas tant le lycée que cela.