Jour 2

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La couleur de son sang était le cadet de ses soucis. Ça, et la tache qui venait de se former sur ses draps. Non, c'était plutôt la raison de sa présence, et ce qu'il signifiait qui le dérangeait. Personne n'aimait les avoir, ces foutues règles, que ce soit à cause de la douleur ou de la gêne occasionnée. Mais lui. Ce qu'elles signifiaient pour lui. Il avait douze ans, et pour la première fois, il avait ses règles.

Bien sûr sa mère l'avait longuement prévenu, lui en avait souvent parlé. De ce que ça allait changer chez lui. Sa sœur avait évoqué cette première fois comme quelque chose de mémorable, et que si plus tard cela ressemblait plus à une semaine de cauchemar, elle l'avait accueillie comme une étape bienvenue et nécessaire. Mais ce jour-là, Théo n'y voyait rien de réjouissant, et les larmes se mirent à couler. Il savait que cela allait lui arriver, inévitablement, comme une épée de Damocles au-dessus de sa tête, mais il n'était pas prêt. Rien ne l'avait préparé au fait que cela allait lui arriver ce jour-là, cette nuit-là, et qu'il allait se réveiller avec les cuisses poisseuses de son propre sang, et une tache immonde sur ses draps blancs. Sa mère n'était pas encore levée, s'il se dépêchait il aurait peut-être le temps de mettre son linge à la machine et de passer à la douche. Au moins, il avait facilement accès aux protections périodiques de sa sœur, et s'il les mettait dans une pochette, il pourrait les jeter sur le chemin du collège. Il ne voulait pas que ça se sache.

Personne ne devait savoir.

Ce qu'il redoutait venait d'arriver, et il ne parvenait à identifier le sentiment qui l'habitait. Il savait bien qu'il n'avait guère le choix, et il savait qu'il aurait à subir ça. Et en tâchant de prendre du recul sur l'avenir, il songea qu'à force d'habitude, il finirait par s'y faire. Mais en attendant, du haut de ses douze ans et dans cette situation qu'il affrontait seul, cette nouvelle épreuve venait apporter un nouvel élément contre lequel il devait lutter. Il ne voulait pas que sa mère ni le reste de sa famille sussent que ça y était, c'était arrivé. Il ne voulait pas les entendre se réjouir pour lui alors que ça ne faisait que l'angoisser. L'oncle de sa meilleure amie avait vécu la même chose et l'avait prévenu.

« Chacun vit les choses de manière différente. D'aucuns trouveront que ça n'est qu'une étape obligatoire qui cessera peut-être un jour, ou continuera toute leur vie, sans que cela les dérangeassent plus que ça, d'autres l'accepteront bien, tandis que les derniers le vivront réellement mal. Chacun est différent, et ce qu'il te faut c'est prendre le mieux que tu pourras cette épreuve. Si tu parviens à t'y faire, je ne vais pas te mentir, ça te facilitera grandement ces semaines inévitables. Mais quoi qu'il en soit, si tu veux m'en parler, n'hésite jamais. »

Pour l'heure, Théo ne voulait en discuter avec personne, croiser personne. Il ne voulait plus y penser. Le petit garçon sécha ses larmes et s'empressa de défaire son lit puis de se glisser dans la buanderie. Pour une fois, il était heureux que sa mère ne l'eût pas élevé comme son grand frère, mais, à l'instar de sa sœur aînée, à effectuer les tâches ménagères. La machine lancée, il se doucha rapidement, effaçant de son corps les traces de l'impureté qui sévissait dans son bas ventre. Plus tard, sa mère le félicita d'avoir eu l'initiative de laver ses draps, et s'inquiéta des crampes d'estomac qui le secouaient, mais Théo la rassura, ça allait passer, il n'avait déjà presque plus mal, et serra les dents quand une nouvelle vague de douleur le saisit. Il ne voulait pas en parler, parce que ça rendait la chose encore réelle que le sang qui s'écoulait dans sa culotte protégée.

Personne ne devait savoir.

Mais sa sœur, elle, avait compris. Elle avait remarqué la serviette manquante, et entendu l'eau couler à une heure trop matinale pour que ce fût normal. Elle avait compris, aussi, pourquoi c'était si dur à vivre pour lui, et espérait de tout cœur qu'à force d'habitude, ça lui serait plus supportable. En attendant, elle lui adressa un sourire d'encouragement. Quand il serait prêt, peut-être, il lui en parlerait. Elle le souhaitait de tout cœur, car elle voulait que l'amour qu'elle lui portait fût à la hauteur de la confiance qu'il lui vouait. Il lui rendit un sourire douloureux.

Quelqu'un savait.

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