Jour 28

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Lara dessinait la nature mourante dans son esprit, compensant par son imagination le manque d'un papier et d'un crayon. Elle se voyait, traçant des lignes en couleurs les détails qui apparaissaient devant ses yeux alors qu'elle marchait dans la rue. Sa respiration pleine et entière, apaisée, son souffle calme, son cœur battant lentement, elle mit un mot sur son état. Plénitude. Les couleurs de l'automne résonnaient dans son être, et le vent doux l'emplissait complètement. Fraicheur. Elle aurait dû se dépêcher, se sentir empressée, le souffle battant, le cœur erratique, mais au lieu de cela, elle savourait chaque pas, chaque regard, chaque inspiration. Elle savourait la vie. Lara avait toujours éprouvé pour l'automne un amour profond, pas seulement parce que née au beau milieu du mois d'octobre, mais pour des raisons plus vraies et plus profondes. Ses nuances orangées, ses éclats de soleil, et sa douce atmosphère. La nature semblait mourir, les arbres perdaient leurs feuilles, plus rien ne fleurissait, et pourtant ce n'était pas triste. Simplement beau. Beau à s'émouvoir. Un souffle, un sourire, elle profitait pleinement de ce spectacle saisonnier.

À quelques rues de là, lieu de leur rendez-vous, Marya attendait, sans une once d'impatience. Elle connaissait son autre, ses étourderies, ses rêveries et ses absences en plein jour, son émerveillement de chaque chose, ses vagabondages imaginaires. Alors elle ne se laissa pas surprendre par son retard et sortit un recueil de poèmes de son sac, dans lequel elle se perdit rapidement. La beauté des mots faisait écho en elle de la même manière que celle de la nature automnale pour Lara, et provoquait les mêmes sensations. Bonheur et plénitude. Elle lisait Prévert. Elle adorait Prévert. L'idolâtrait presque. Alors plus encore que son cellulaire, elle ne pouvait sortir de chez elle sans un recueil de ses poèmes. Elle en connaissait certains par cœur, et Lara lui demandait régulièrement de lui en réciter.

Lara la regardait lire, arrivée depuis quelques minutes, mais ne voulant pas l'interrompre elle n'avait pas signalé sa présence. Présence pourtant ressentie puisque, sans quitter son livre du regard, Marya s'était penchée pour poser sa tête sur son épaule, et continuer ainsi sa lecture. Alors, Lara reprit ses dessins imaginaires, recréait les rues automnales autour d'elles, le goudron orangé des feuilles tombées au sol et les arbres en calvitie. Les deux femmes restèrent ainsi un nombre de minutes qu'elles n'auraient su reporter, oubliant leurs plans initiaux d'aller traîner ensemble à la librairie puis de se perdre avec une boisson dans l'herbe de leur parc préféré. Elles profitèrent simplement de la présence de l'autre au milieu de leurs rêveries communes, dans leur vie, tout simplement. Elles étaient comme ça. Pas besoin particulier de se dire bonjour, pas besoin de se parler, pas besoin de se regarder, elles savaient quand l'autre était là, de quoi elles avaient besoin, elles savaient se complaire de leur simple présence commune.

Elles sortirent au même moment de leurs imaginaires créatifs, se saluèrent d'un baiser encore enflammé de tout leur art, et se sourirent. S'aimèrent un peu plus d'un seul regard. Elles s'en allèrent ensuite effectuer ce qui devait être leur programme initial, avec simplement un peu de retard sur l'horaire, après ce cadeau de temps perdu offert par la vie. Un beau présent qu'elles gratifièrent ensemble. Sous leurs pas, les feuilles mortes craquaient, chantaient leur mélodie si particulière.

L'hiver possédait cette créativité triste et magnifique, mais il n'y avait en réalité rien de plus poétique que l'automne. À part peut-être la relation des deux filles qui cheminaient mains dans la mains, éclatantes de lumière et de lyrisme.

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