Jour 30

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L'homme avait conscience que boire un café serré à trois heures du matin ne l'aidait en rien à vaincre son insomnie, mais il avait également conscience que vouloir conquérir le monde non plus, alors perdu pour perdu... Perdu dans son grand canapé, les yeux dans le vague, il semblait regarder la nuit au travers de la baie vitrée, mais tourné dans son monde intérieur, il ne vit pas la silhouette qui s'y confondait approcher. Sa vie compliquée pouvait pourtant se résoudre assez simplement, et son exil sur cette foutue planète bleue s'arrêter avec la mort du gamin. S'il revenait avec le cadavre de leur prince, s'il manipulait le peuple pour le pousser à le proclamer héros, sa place sur le trône lui serait garantie. Le gamin. Prince exilé n'attendant que l'occasion de quitter cette maudite planète, ils auraient très bien pu faire équipe pour en sortir ensemble, si Lord Blackwood ne désirait pas si ardemment sa place. La couronne lui seyait pourtant à merveille, il pouvait l'affirmer pour l'avoir testé. Mais surprenamment, l'héritier légitime ne se laissait pas abattre et continuait même ici de contrecarrer ses plans.

Ce fut alors que le carillon de sa porte d'entrée retentit précipitamment. À une heure aussi tardive et sous un tel orage, il ne pouvait s'agir de n'importe qui. Alors, il délaissa son breuvage, le poing rapidement entouré d'un halo de fumée noire, et s'avança à pas de velours vers son hall d'entrée. L'individu devait se tenir exactement dans l'angle mort de la caméra puisqu'il n'y vit personne. Mais une nouvelle sonnerie lui confirma qu'il n'était pourtant pas parti. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres alors que la magie affluait dans ses veines pour alimenter celle qui se concentrait dans sa main fermée. Si quelqu'un escomptait l'agresser, il n'était pas au bout de ses surprises. Mais celle-ci fut sienne lorsque, ouvrant la porte, il découvrit Fabio, visiblement blessé et terrifié, trempé de pluie, le regard suppliant de terreur.

« Je ne savais pas où aller, » articula-t-il faiblement avant de s'effondre sur le seuil de la porte.

Il ne dut qu'aux réflexes extraordinaires de Blackwood de ne pas heurter le sol, celui-ci ayant éteint sa magie et rattrapé le garçon en un fragment de seconde. Confusion. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Et qui avait bien pu s'en prendre à lui ainsi pour qu'il soit dans un tel état ? La puissance magique du prince dépassait la sienne, dépassait même l'entendement, ceux qui lui étaient tombés dessus n'étaient pas à sous-estimer. Il n'hésita pas un seul instant. Il aurait pu en profiter pour l'achever et mettre enfin un terme à son exil, et un début à son règne, mais il ne le pouvait pas sans savoir ce qui lui était arrivé. Sans comprendre s'il pouvait être lui-même en danger. Alors il souleva le corps de l'adolescent et le porta jusqu'à son canapé. Un coup d'œil à ses blessures : il pouvait aisément soigner les plaies bénignes mais les autres nécessitaient une réelle attention. Tout en s'occupant de lui, il laissa son cerveau toujours aussi parfaitement éveillé tourner à plein régime. Il ne reconnaissait pas les blessures. La magie ne pouvait avoir provoqué ça, pas plus que les armes blanches ou à feu des humains. Alors quoi ? Il l'ignorait, et il détestait cela.

Une autre pensée chemina jusqu'à son esprit. Pourquoi diable le gamin était-il venu se réfugier chez lui ? Pas faute d'avoir essayé, et faillit, à maintes reprises le tuer, pas faute de l'avoir ouvertement affronté, il ne pouvait ignorer ses intentions. Il ne le faisait d'ailleurs pas. Alors quoi ? Un nouveau grognement. Il haïssait ne pas savoir. Et le môme ne se réveillait toujours pas. Froncements de sourcils. Ses doigts sur son poignet, son pouls perceptible, tout allait encore bien. Il n'aurait pas dû boire ce café, il aurait pu s'endormir dans son fauteuil en attendant la fin de ce qu'il supposait être une longue convalescence.

Lorsqu'enfin, le prince déchu se réveilla, les sept mots qu'il prononça glacèrent le sang de son éternel ennemi, et lui confirmèrent qu'il avait eu raison de se méfier, et de ne pas le tuer immédiatement.

« On est en danger toi et moi. »

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