Jour 5

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Solian n'étant pas un homme de tradition, et détestait celle-là tout particulièrement. Son mariage. Il essaya de desserrer son nœud papillon, qui enserrait son cou comme une corde.

Il se sentait condamné.

Depuis le couloir, il pouvait entendre ses parents hurler. Comme chaque jour depuis trente-deux ans de vie commune. Cette fois-ci, à en juger par les sons qui lui parvenaient, la cause de la dispute semblait être la couleur de la cravate de son paternel, mais tout y passait quotidiennement. Et si aucun sujet n'était propice à la discorde, il leur venait alors l'idée d'en inventer un. Solian priait le ciel s'il voulait bien lui être clément de ne jamais connaître ce supplice qui accompagnerait ses parents jusqu'à la fin de leur vie. Et que la personne qu'il devait épouser fût, s'ils ne devaient pas s'aimer, quelqu'un avec qui il partagerait amitié et complicité. Soupir d'effroi, terreur glacée. Il n'était pas exigeant pourtant, il se souvenait d'une discussion avec son meilleur ami qui aurait ses vingt ans, et son mariage avec, un mois après lui, et dont la liste des exigences concernant la personne qui lui était promise le prédisposait à la même union ratée que ses parents.

Le Parti ne se préoccupait pas d'une compatibilité amicale voire amoureuse entre deux futurs mariés, mais bien de celle génétique et productive. Génétique ou productive.

L'heure était enfin venue de rencontrer celui ou celle qui devait désormais partager sa vie. Le Parti s'étant dissocié de l'Église, un représentant de leur gouvernement officiait la cérémonie dans l'immense jardin des parents de Solian. Son père le mena jusque devant l'homme en costume de cérémonie, et l'abandonna là à l'incertitude et à sa vie d'adulte. Une présence à ses côtés lui fit tourner la tête.

« Solian Hervé Michaëlyo, le Parti présente devant vous aujourd'hui celui qui sera votre époux jusqu'à la fin de vos jours. Oël Maxime Andrélio, le Parti présente devant vous aujourd'hui celui qui sera votre époux jusqu'à la fin de vos jours. Puissiez-vous nous être utile et productifs. »

Et ce fut terminé. Quelques applaudissements, et quelques minutes après, tout le monde se délectait du buffet offert par la maison Michaëlyo. Solian s'était éloigné, besoin d'air pour ne pas suffoquer. Une présence de nouveau à ses côtés, la même que la première fois. Un sourire gêné à son époux. Qu'avait-il seulement à lui dire ? À part son prénom, il ne connaissait rien de lui. Ledit lui semblait pourtant en avoir des choses à dire.

« Je suis né à Dorm, il y a vingt ans de cela aujourd'hui, mais ça tu t'en doutes, autrement je ne me marierai pas aujourd'hui précisément avec toi. J'ai une grande sœur, elle a déjà un enfant, Léonnard – ça se prononce Léon-nard –, qui va sur ses un an c'est fou comme le temps passe vite, elle s'est mariée il y a de cela deux ans, et une petite sœur de seulement quinze ans et quelques bricoles. J'aime passionnément lire, me promener en pleine nature, et nager. Oh et j'avais très peur de tomber sur une fille, encore plus si elle avait des pustules. »

Suite à l'éclat de rire de Solian et son air intrigué, Oël ajouta :

« Nous ne connaissons rien l'un de l'autre, il me semblait juste de te faire un petit topo de mon incroyable personne et de sa passionnante vie ! »

Un autre gloussement échappa à Solian. Au moins était-il tombé sur un comique, qui lui promettait de ne pas s'ennuyer de si tôt. Acceptant le jeu que son époux tentait d'instaurer, il se lança :

« Je suis né dans cette maison et j'en ai jamais sorti ne serait-ce que le bout des orteils. Je suis fils unique, mes parents me mettent une pression monstrueuse à côté de ça. Il faut que je sois leur fierté, digne de notre famille, digne du Parti. J'aurais souhaité connaître l'époque lointaine où l'on choisissait de se marier par amour, et non parce que c'est le jour de nos vingt ans et que le Parti l'a décidé. J'ai terriblement peur que mon mariage finisse comme celui de mes parents, dans le mépris et la haine. »

Oël lui offrit un sourire compatissant, complice, un sourire beau, presque heureux. Comme une promesse. Je te comprends, moi aussi, et tant qu'on le veut, rien ne pourra nous empêcher de mener ce mariage au moins dans la complicité, sinon dans l'amour. Alors, Solian voulut tenter ce qu'il n'avait jamais vu faire ses parents, ce que rares couples faisaient. Il se pencha vers celui qui était à compter de ce jour son mari, et l'embrassa. Course folle de deux cœurs qui s'emballent. Leurs craintes s'envolèrent comme des chevaux au galop.

Sans nul doute, ils allaient s'aimer.

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