Chapitre 22

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Les super-héros ne portent pas forcément de cape. Après ça laisse douter sur leur efficacité...

Amélie

Je lance un grand sourire à Baptiste quand il me voit sur la terrasse, son gros sac de voile sur l'épaule. Il le dépose à côté de moi, puis me salue correctement avec deux bises avant de s'étirer le dos.

- Alors, tes partiels ? Il me demande en ouvrant la fermeture éclair qui le sépare de son matériel. Je n'ai pas pensé à t'envoyer un message hier soir pour savoir si ça a été.

- Baptiste, tu m'as envoyé des messages tous les soirs ! Mais oui, je suis enfin en vacances !

Baptiste me sourit doucement avant de sortir sa rallonge de voile et son aileron. J'en fais de même avant de m'atteler à gréer mon matériel que j'ai déjà sorti du conteneur.

Pendant toute cette semaine intense de partiels, Baptiste a été un véritable supporter comme on en voit rarement dans la vraie vie. C'est presque s'il ne débarquait pas à la sortie de mon amphithéâtre, banderole à la main avec un petit gâteau. Quand il ne m'envoyait pas de message pour savoir comment ça allait, il passait directement me voir chez moi, sans que mes parents ne soient contre. On passait la soirée à discuter, moi révisant pour le lendemain et lui jouant à Animal Crossing, souvent un paquet de chips à portée de main. J'ai été un peu étonnée quand je me suis rendue compte que j'appréciais vraiment sa compagnie, sans que ça ne soit un supplice de l'avoir à mes côtés. Au contraire, j'ai appris quelques mots en Italien, même si je le soupçonne de m'avoir appris l'importe quoi, je lui ai appris quelques expressions en breton pour que ma mère ne l'étonne plus. C'était assez fastidieux, mais ce n'est pas un mythe quand on dit que les Abbelli apprennent vite les langues.

En soutien à ma cause, Baptiste a passé presque tout le weekend dernier à m'aider à réviser. Il m'interrogeait toutes les cinq minutes sur mes cours difficiles à apprendre et moi je l'interrogeais sur le film qu'il visionnait sur mon lit. Maintenant, je vous promets qu'il connait sur le bout des doigts Batman ou Lalaland.

Charline n'a pas tenté de venir me voir depuis jeudi d'il y a deux semaines. J'ai évité la bibliothèque universitaire de la faculté de lettres en me rapatriant dans celle de médecine et j'ai mis en muet son numéro de téléphone. Baptiste m'a montré les quelques messages qu'elle lui a envoyé, mais ça tournait toujours autour de ma santé. Jamais elle n'a essayé de se remettre en question.

Quand on parle du loup... Assise en train d'étarquer ma voile, Charline arrive main dans la main avec Adam et son sourire radieux. Plus ils s'approchent, plus j'ai envie de vomir en voyant le couple parfait qu'ils forment. Je détourne le regard de ses boucles blondes avec rage, et tire d'un coup sec sur le bout à m'en brûler les doigts.

- Un étarqueur, ça existe, marmonne Baptiste en me balançant un tube en fer qui contient des trous. Tu sais, parce que tes petites mimines n'auront jamais la force nécessaire pour gréer ça seules.

Je lui tire la langue mais le remercie quand même, puis place le morceau de corde dans un des trous de l'étarqueur. Je fais un nœud de huit pour bloquer le tout, place mon pied sur le bout de mon mât et tire de toutes mes forces le bout en arrière. Les poulies coulissent en grinçant, ma voile se tend un peu plus et je finis par coincer le bout dans les petites dents, satisfaite de mon gréement. Je tente de lancer l'étarqueur sur Baptiste, mais je me rappelle au dernier moment qu'il est en fer. Je suis cruelle, mais pas à ce point.

Il me remercie mais son regard s'attarde sur quelque chose derrière moi. Ses prunelles vertes s'assombrissent légèrement, avant que ses lèvres roses ne bougent.

- Tu as vu le bras de Charline ? Il demande en fronçant ses sourcils noirs.

Un peu agacée que la conversation tourne autour d'elle, je regarde à ma droite mon ancienne meilleure amie porter sa housse contenant sa voile à bout de bras.

- Regarde sa manche, m'indique Baptiste d'un ton grave.

Mon regard dévie sur le haut noir à manches longues de Charline, mais surtout au niveau de son bras gauche où il est légèrement remonté pour dévoiler une grosse tâche multicolore. Cette fois, c'est à mon tour de froncer les sourcils. Je sais que Charline est aussi maladroite qu'un Schtroumpf, mais delà à tomber quinze fois en ce faisant ce genre de bleus... Je la connais assez pour savoir qu'elle n'est pas à ce point maladroite.

Je me tourne vers Baptiste qui semble un peu perdu. Il essaye de fouiller dans mes yeux une trace d'énervement, mais j'avoue que celle-ci m'a quitté une fois que j'ai vu le bras de mon amie.

- Peut-être qu'elle a des pratiques spéciales avec Adam, cherche Baptiste en haussant les épaules.

Je secoue la tête, pas le moins du monde convaincue par cette histoire. Charline a beau avoir changé depuis qu'elle sort avec Adam, elle n'aurait pas changé à ce point. C'est une amoureuse de l'amour. Jamais de la vie elle ne se laisserait aller à faire des pratiques qui nécessitent une violence physique quelle qu'elle soit. Je n'ai même pas assez de doigts pour compter le nombre de fois où elle m'a raconté son copain parfait, les dates de ses rêves et surtout sa nuit de princesse.

Même si elle est plus qu'amoureuse d'Adam, jamais de la vie elle n'accepterait ça. Je la connais.

- La dernière fois, enfin je ne sais plus si c'était à Pâques ou à un autre moment, je déclare en réfléchissant. Elle avait un bleu, un peu pareil. Je fermais sa combinaison rose et son dos, mon Dieu ! Elle est tombée dans l'escalier, apparemment. Je n'ai pas pu regarder si ça a guéri correctement parce qu'Adam a commencé à lui fermer sa combinaison les séances suivantes.

Attentif, Baptiste arrête ce qu'il réglait sur sa voile pour m'écouter. Il s'assoit à côté de moi, piquant une de mes barrettes pour attacher sa mèche noire trop longue.

- C'est possible, elle est maladroite mais avoir un autre bleu aussi gros maintenant, c'est bizarre. Et ta théorie est impossible. Elle est douce, elle est amoureuse de l'amour, à la moindre violence, elle fuit si ce n'est pas pour prendre ma défense.

- Tu sais que je crois que j'ai déjà vu un bleu similaire, intervient Baptiste en mordant sa lèvre. Elle est venue pendant vos partiels, enfin vos révisions. Et la semaine dernière, le weekend, juste avant que je vienne chez toi, j'ai vu deux petits bleus dans sa nuque. Je n'ai pas fait attention mais mon regard a directement été attiré. C'est rare qu'elle daigne relever sa crinière, au point qu'on voit son cou. En général, elle a tellement de boucles et de nœuds que...

- J'ai compris, Baptiste, je le coupe gentiment. Viens-en aux faits, s'il-te-plaît.

Il me lance l'un de ses sourires charmeurs, de ceux qui lui font plisser les yeux au point qu'ils en deviennent sombres.

- Tu dis qu'elle ne se laisserait pas faire pour des pratiques sexuelles douteuses mais...

- Mais ?

- Mais c'est possible. Je veux dire, j'ai déjà rencontré de jolies femmes qui pensaient ne jamais s'adonner à de telles pratiques et au final, elles ont vite changé d'avis.

- Est-ce que j'ai le droit de te demander comment tu sais ça ?

Une légère grimace tord son visage, au point que sa mâchoire carrée ressort plus que d'habitude. Ses traits tirés me dissuadent de poser plus de questions, même si je ne sais pas quoi en penser. Maintenant qu'il me met ça sous le nez, ça ne m'étonnerait pas plus que ça s'il me sortait qu'il a des pratiques BDSM régulièrement à en faire pâlir Christian Grey. Entre son corps fin mais musclé, son allure sombre et son visage bien dessiné, il a tout de l'homme torturé qui écrit des poèmes torturés tout en faisant jouir des femmes attachées à un mur.

Comme si mon esprit pensait à voix haute, Baptiste arrondit ses yeux avant de démentir toutes les idées que j'ai pu avoir.

- N'y pense même pas Amélie ! Je disais ça comme ça, moi !

- Tu as l'air de vachement t'y connaitre pourtant...

- Rahh mais pas du tout ! C'est de la faute de ces idiots de Paolo et Ricardo. Eux ont des pratiques discutables, moi jamais de la vie. J'en ai été témoin mais trop peu pour moi, je préfère la douceur.

Je prends une mine dubitative très exagérée pour l'agacer et ça semble faire son effet. Baptiste sourit de toutes ses dents en plongeant sur moi, me ruant de chatouilles. J'éclate de rire en essayant de le repousser, mais ses mains sont partout à la fois. Je le supplie d'arrêter quand les larmes me montent aux yeux et il m'accorde enfin du répit.

Allongée sur le sol, en train de calmer mon hilarité, je sens bien tous les regards sur nous mais comme d'habitude, je m'en fous. Puis ils reprennent leurs activités comme si nous n'existions pas. Tant mieux.

- Un peu de sérieux, madame Marceau, me réprimande Baptiste en prenant un air dramatique. Votre amie aime se faire frapper par un fouet, nous ne pouvons rien faire !

Je me redresse et lui tape l'épaule en riant, mais quelqu'un vient interrompre notre moment de complicité en toussant. Je me retourne et vois Livia se ratatiner sur elle-même, les joues aussi rouges que ses cheveux. Je me lève d'un bon pour la prendre dans mes bras, véritablement heureuse qu'elle ait répondu à mon invitation. Livia ne me rend pas mon étreinte de suite, je sens juste ses mains se poser avec hésitation sur mon débardeur bleu. Je m'écarte pour la laisser un peu respirer, mais elle en profite pour essayer de se cacher encore plus dans la casquette qu'elle porte. La pauvre, elle doit mourir de chaud avec ses vêtements larges !

Je reporte mon attention sur Baptiste, tout sourire, jusqu'à ce que j'aperçoive sa position défensive. Crispé comme jamais, ses poings sont légèrement serrés, bras pendant contre son corps, une expression me dévoilant la tonne de questions qu'il veut me poser.

J'attrape Livia par les épaules pour qu'elle arrête de se cacher derrière moi, même si je devine qu'elle fuit le regard de son frère.

- J'ai envoyé un petit message à Livia même si je ne pensais pas qu'elle viendrait, j'explique à Baptiste qui passe de moi à sa sœur. Lissandre ou Sacha, peu importe, sont d'accord pour qu'elle vienne sur leur zodiac ! Je ne pense pas être la bonne personne pour lui apprendre ma voile au vu de mon niveau pédagogique de 0, mais peut-être que venir avec nous lui fera découvrir un nouvel horizon. N'est-ce pas ?

La concernée hausse les épaules avec nonchalance, et je fais mine de ne pas avoir vu le petit sourire en coin qui s'étire sur ses lèvres.

- Achille ! Je l'interpelle alors qu'il passe en courant avec sa planche sous le bras.

- Oui ?

- Tu n'as pas gréé je crois, comme tu es en retard. Ça te dérange de montrer à Livia, la petite sœur de Baptiste, comment on fait ? Elle va venir avec nous à l'entraînement juste en observation.

Le jeune asiatique descend ses yeux pour trouver Livia, une pointe d'étonnement trahit son intérêt. Il esquisse un geste de la main pour inviter Livia à le suivre, alors je la lâche pour l'inciter à le suivre. Baptiste observe la scène d'un œil mauvais, rappelle au moins trois fois à Achille que c'est sa petite sœur avant qu'ils ne disparaissent plus loin sur la terrasse où tous les plus jeunes compétiteurs sont rassemblés.

- Alors, content ?

Baptiste se tourne vers moi, toujours la même attitude. Je me gratte la tête avec nervosité, comme si je me rendais compte que ce que j'ai fait était une bêtise. Quand il m'a parlé du comportement sanglant de sa sœur entre deux parties de Mario Kart, je me suis dit qu'en passant par moi, Livia voudra bien rétablir le dialogue. J'aime bien cette gamine, je la trouve très intéressante du haut de ses quatorze ans. Le feeling était super bien passé, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Alors je lui ai proposé de venir pour me faire plaisir mais aussi pour faire un pas dans le sens de son frère. Elle a refusé mon offre, à la base. Mais s'est ravisée au dernier moment. Au fond de moi, j'étais persuadée qu'elle me poserait un lapin quand même. J'ai eu tord.

- Ne m'en veux pas, je soupire vers Baptiste en jouant nerveusement avec le bout de ma ceinture en cuir. J'ai pris le temps de parler avec elle, quand on sortait les poubelles. Elle a compris que tu n'es pas le con que tu laisses penser être. Enfin, tu n'es plus. Je lui ai demandé de venir pour moi, avant tout, mais aussi pour me laisser lui prouver qu'elle se trompe. Alors s'il-te-plaît, mets-y du tien sinon on ne s'en sortira pas et...

Je n'ai pas le temps de finir que Baptiste se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras. Décontenancée, je me laisse faire et passe mes bras autour de sa taille. Il se redresse pour poser un doux baiser sur mon front.

- Merci, il chuchote.

Je pose ma tête sur son épaule, souriant tout en profitant de son parfum boisé. Si je ne peux pas réparer mon amitié avec Charline pour le moment, je peux bien m'occuper à réparer une autre relation.

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