Chapitre 25

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La rose et la lionne

Baptiste

Depuis quelques heures maintenant, tout roule dans la maison. Livia rayonne de bonheur devant ses amis que je ne connais pas mais surtout transpire l'amour face à Achille le merdeux. Ce petit morveux ne manque pas de me narguer dès que le regard de ma sœur est ailleurs, ça m'énerve. Ça m'énerve au point qu'Amélie prend chacune de mes paroles avec des pincettes depuis le début de la soirée, m'écartant du jeune garçon dès qu'elle le peut comme si j'allais me transformer en loup-garou à la moindre occasion pour lui arracher sa petite tête. Parce qu'il se croit beau avec sa veste de costume empruntée à son père et ses cheveux digne d'un chanteur de k-pop ? Pff...

-    Arrête de ruminer, me gronde Amélie pour la centième fois. Je sens d'ici ton cerveau maudire le pauvre garçon. Tu devrais être content que ta sœur sorte avec un planchiste.

-    C'est bien parce qu'elle traine avec un planchiste que je me méfie.

Utiliser le mot sortir est encore trop tôt pour moi. Quand mon amie m'a fait comprendre que ma sœur sort avec ce morveux, j'ai vu double. Depuis quand a-t-elle passé l'âge des poupées et des Pet Shop ? Depuis quand s'intéresse-t-elle aux garçons, aux soirées et aux sorties ? J'ai bien vu qu'elle sort de plus en plus depuis un mois, mais jamais je n'ai pensé qu'elle pourrait rencontrer un garçon. Je dis bien : jamais.

-    On peut changer de sujet ? Je demande en attrapant un toast. Je ne suis pas encore prêt à l'accepter je pense.

-    Comme tu veux.

Amélie hausse les épaules avec une drôle de mine puis bois une gorgée de son verre. Avec ses cheveux roses bien tressés et cette petite robe jaune, elle est tellement solaire. Entre les vêtements sombres des invités, on dirait une petite pâquerette. Ça change de la tête toute mouillée qu'elle avait tout à l'heure en tombant dans l'eau... La pauvre, Lays ne l'a pas loupé.

-    Au fait, tu viens jeudi, hein ? Elle me questionne avec nervosité.

-    On part mercredi, non ?

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres colorées de rose. Sans m'en rendre compte, je me retrouve à les observer longuement tandis qu'elle m'explique rapidement la programmation de la compétition sur quatre jours. Ses lèvres se muent à la fois rapidement et lentement, s'étirant à l'infini quand elle s'emballe un peu trop. La voir parler de sa passion la rend merveilleuse.

-    Mes yeux sont là, Baptiste.

Je relève la tête vivement comme pris sur le fait, et je suis presque sûr de sentir mes joues rougir. Amélie rit comme une enfant avant de s'éclipser pour aller aux toilettes. J'en profite pour prendre un grand verre d'eau histoire de me rafraîchir les idées mais quelqu'un m'empêche d'aller au bout de ma pensée. Hésitant, il replace sa mèche foncée derrière son oreille puis tripote le collier de perle qui décore son cou. Je lève un sourcil en attente d'un mot, mais il semble totalement muet. Achille lève lentement la tête, une lueur nouvelle dans le regard. Avec détermination et assurance — qu'une façade, évidemment — il commence à briser la glace.

-    Baptiste, je sors avec Livia. Je ne te demande pas ton autorisation mais je veux me présenter officiellement pour crever l'abcès. J'aime Livia et je ne lui ferai pas de mal.

Dubitatif, je me penche pour m'appuyer sur la table derrière moi en prenant le temps de le regarder de haut en bas. Pour qui il se prend à me parler comme ça ? Le jeune se décompose jusqu'à perdre toute l'assurance qui le composait il y a quelques secondes, mais Amélie arrive à sa rescousse. Mains sur les hanches, elle m'envoie un regard noir à travers la pièce à m'en faire pipi dans le slip. Je me redresse, mal à l'aise, ce qui a le don de surprendre mon interlocuteur. Un petit sourire de victoire se forme sur son visage d'adolescent avant de comprendre que ce n'est pas lui qui m'a fait peur mais bien la femme dangereuse qui se trouve derrière lui. Elle m'a déjà fait un scandale pour un bout de tarte, alors je m'attends au pire.

-    Achille, rassure-moi, souffle Amélie comme si elle était excédée, Baptiste ne t'embête pas ?

L'adolescent semble hésiter jusqu'à ce que ses yeux noirs tombent sur les miens. Un frisson parcourt sa peau puis il déguerpit en vitesse vers ses amis et ma sœur qui n'a pas manqué une miette de notre échange. Je me risque à l'observer un instant mais elle ne semble pas m'en vouloir. J'ai l'impression de voir une autre personne en fait. Quand elle est entrée avec Amélie, je n'ai pas vu la petite fille rebelle qui me met des bâtons dans les roues mais plutôt une belle jeune femme qui s'est apprêtée pour son anniversaire. Avec ses cheveux attachés et cette robe... Waouw. Je ne suis même pas sûre d'avoir déjà vu une telle beauté chez quelqu'un.

-    Quelque chose à dire pour ta défense Joe Dalton ? Me demande Amélie.

J'essaye de la regarder dans les yeux mais elle me fait trop peur. Malgré sa petite taille, elle a une aura super menaçante quand elle veut !

-    Tu as un couteau ?

-    Non.

-    Ok, tu viens avec moi fumer une clope ?

-    Je ne fume pas mais je te suis.

J'hoche la tête et attrape sa main. Elle est toute petite et chaude contre la mienne, j'aime bien. Je nous extirpe de la foule jusqu'à l'entrée où personne ne semble vouloir passer du temps. Dehors, l'atmosphère est plus légère et l'air plus respirable. La chaleur de la journée a laissé place à la fraîcheur de la nuit tombante ce qui me fait légèrement frissonner. Amélie se ravise quand elle met un orteil dehors alors je lui donne ma veste pour éviter qu'elle choppe la mort. Elle me remercie doucement et je ne dis rien de plus. Je crève de froid, mais je préfère être malade cette semaine plutôt qu'elle. Je sais à quel point la prochaine grosse régate est décisive pour son année, je ne veux pas être la cause de cette défaite.

En silence, j'allume ma clope et tire une longue taffe. La fumée qui remplit mes poumons me détend instantanément comme si j'étais en manque depuis des semaines. Il m'a sacrément remonté le gosse en fait.

Amélie s'assoie sur le muret à l'entrée de la maison, balance ses jambes dans le vide comme une enfant. Je me joins à elle en posant mes fesses contre la bordure et lui propose une taffe. Son regard noir me fait rire mais tant pis, j'aurais été poli au moins. Nous restons comme ça le temps que je finisse, à observer les étoiles sans un bruit. De temps à autre, un parent vient chercher un adolescent, signe que la fête touche bientôt à sa fin. Nous les saluons toujours, bien que ça ne donne pas un super exemple de voir le grand frère fumer une clope devant tout le monde.

-    Toutes les mamans ont l'air sous ton charme, ricane Amélie.

-    Comment ça ?

Son regard est perdu vers les étoiles, les lampadaires éclairant ses yeux bruns d'une teinte jaune. J'en profite pour observer la moindre particularité de son visage, allant de son maquillage à chaque grain de beauté en passant par son nez en trompette et ses grosses joues. De fines paillettes dorées illuminent ses pommettes tout comme l'intérieur de ses yeux, ce qui me fait penser à une petite fée.

-    Eh bien, chacune te dévore du regard, elle explique avec amusement. En même temps, t'as mis le paquet avec ton makeup et tes cheveux.

-    Qu'est-ce qu'ils ont mes cheveux ?

-    Ils sont humides, en mode j'ai mis du gel mais ça ne fait pas un effet gel comme dans les pubs où le garçon détruit un mur avec sa crête.

-    Il a vraiment fait ça ?

Elle éclate de rire en entendant ma réflexion avant de m'expliquer la publicité en entier. Elle hallucine que je ne la connaisse pas du tout mais me pardonne vite quand nous saluons un énième parent.

-    Et mon maquillage est toujours comme ça, je renchéris avec une pointe de dédain.

Amélie se tourne vers moi pour m'observer, bougeant ma tête du bout des doigts pour me scruter avec insistance avant d'arriver à sa conclusion. Je la laisse faire comme si j'étais un pantin, appréciant sentir ses ongles effleurer mes joues.

-    Tu as raison, et ça te va bien ce contour noir, elle dit simplement, tout bas.

Je lui souris, fier d'avoir eu raison mais l'ambiance change du tout au tout. Sa main sur ma joue ne tombe pas, je sens mon cœur s'emballer quand son regard tombe sur mes lèvres et le mien sur les siennes. Suspendu pendant une longue seconde, j'hésite. Oui, j'hésite. Troublé, je perds tous mes moyens et me revois au collège quand j'ai embrassé ma première petite amie, les fesses serrées de stress. Un poids se forme dans mon estomac comme si des milliers de papillons prenaient leur envol et je sens mes mains trembler légèrement. Je perds totalement tous mes moyens. Amélie semble toute aussi perdue que moi, sûrement surprise de cette attirance qui nous a pris d'un coup, mais c'est elle qui décide de franchir le cap. Ses lèvres s'écrasent sur les mienne avec douceur et je trouve la force de poser moi aussi ma main sur sa joue. Amélie laisse glisser sa main contre mon visage pour enrouler ses bras autour de mon cou alors que je la presse toujours plus contre moi. Mon pouls pulse si fort dans mes oreilles que j'ai l'impression que nos cœurs battent à l'unisson. Ce baiser n'a rien de sauvage ou agressif : les lèvres d'Amélie trouvent doucement les miennes avant de s'écarter pour revenir à l'assaut de ma bouche. Je me joins à la danse en essayant d'avoir la même patience et douceur que ma partenaire, ignorant le sang qui afflue dans des parties délicates de mon corps. La chaleur qui se répand commence à me faire perdre la tête, donc je décide de m'écarte lentement jusqu'à ce que seuls nos nez ne se touchent, mais quelque chose d'autre retire Amélie de mon étreinte.

Elle s'écarte avec brutalité, une expression d'horreur sur le visage. Je n'ai pas le temps de paniquer à me demander ce que j'ai fait de mal pour provoquer une telle réaction qu'elle descend du muret pour courir dans la rue. Je me retourne, le cœur pas encore remit de notre baiser que je comprends tout. La rose fonce dans les bras de son amie.

Charline se tient là, au milieu de la rue, les vêtements tachés de sang tout comme son visage que je distingue clairement sous un lampadaire. Sa crinière est attachée dans un chignon qui ne tient presque plus, comme si on lui avait tiré les cheveux. Son mascara a coulé à cause des larmes, se mélangeant au liquide poisseux qui coule de son nez. Amélie ne se décroche pas de son amie, secouée de spasmes qui me laissent deviner qu'elle pleure à chaudes larmes.

Charline, elle, a le regard vide. Comme perdue dans sa tête.

Je cligne plusieurs fois des yeux pour sortir de ma torpeur et rejoindre les filles. Doucement, j'écarte Amélie de son amie qui tient à peine debout. Ses bras sont maculés de bleus et de coupures, son regard est si vide...

Avec toute la tendresse dont je suis capable, j'attrape la taille de la lionne pour l'aider à avancer, sans un mot. Amélie s'empresse d'aller chercher les clés de chez elle, puis nous pénétrons chez les Marceau, le cœur lourd et les larmes aux yeux.

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