Chapitre 1 : Celui qui insistait trop

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

❀ TW : langage légèrement familier / insultes ❀


Je claquai la porte de toutes mes forces lorsque je sortis du bureau de monsieur Johnson, mais cela ne m'apporta rien de concret : son système de protection évita l'impact, la ralentissant quelques centimètres avant qu'elle ne heurte son support métallique.

Je regagnai la cour centrale où Arayah 92 était visiblement en train de battre le record d'Alex 91 à la corde à sauter, vu la mine dépitée qu'il affichait.

— Ah, Tommy, tu es là ! s'exclama-t-elle en délaissant la corde bleue, au plus grand soulagement de son concurrent.

Tous avaient un prénom favori et, lorsque nous n'étions qu'entre nous, nous évitions de nous appeler par nos numéros de fabrication. Sauf moi.

Les autres avaient fini par me renommer Thomas, car je ne voulais pas me faire appeler autrement que 97.

— Ouais, répondis-je enfin.

La session 90 était la dernière à avoir été conçue. Nous étions censés être les meilleures créations de John, les plus modernes et les plus... parfaites, en réalité.

Elle se composait de dix Humains Contrôlables, portant les numéros 91 à 100 – aussi dit cinq garçons, les chiffres impairs, et tout autant de filles, les chiffres pairs.

Il y avait Alex 91, Louis 93, Ethan 95, Évan 99 et moi, 97. Du côté des filles se trouvaient Arayah 92, Sonia 94, Anna 96, Lise 98, et enfin, Chloé, la numéro 100.

— Alors, ils t'ont dit quoi ? me questionna Ethan 95 en s'approchant.

Je reculai instinctivement d'un pas. Cieux, je détestais les contacts physiques et il m'avait semblé bien parti pour me poser une main sur l'épaule.

— Ils ont confirmé que j'étais défectueux.

Je n'avais aucune envie d'en parler. Et puis, leurs joyeux sourires naïfs m'exaspéraient. Ne se rendaient-ils pas compte des horreurs dont les autres humains étaient capables ? Étais-je le seul à avoir saisi l'ampleur du danger que la vie humaine, contrôlable ou non, représentait pour elle-même, car j'étais le seul à l'avoir constaté de mes propres yeux ?

— Oh, c'est dommage, fit Alex 91 en nous rejoignant avec insouciance. Tu veux jouer au basket avec nous ? On allait commencer une partie.

— Si tu veux, acceptai-je avec agacement.

Quels idiots ! Ils accorderaient leur confiance au premier venu sans se douter que celui-ci puisse vouloir leur planter un couteau dans le dos à la première occasion.

Dans mon cas, on m'avait mis un couteau sous la gorge pour m'empêcher de fuir – cela revenait métaphoriquement au même.

Durant toute cette partie de basket-ball, je pus constater que tous mes camarades de session s'impliquaient et souriaient, heureux de jouer ensemble. Pourquoi pas moi ?

Pourquoi plus moi ?

***

Quand mon équipe perdit, nos scores s'affichant en hologrammes bleus au-dessus de nos paniers respectifs,  je m'énervai. J'avais constamment besoin de montrer ma colère – au moins de la ressentir – et cet échec fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase... de ce morne jour.

Car tout recommençait, inlassablement, depuis que j'étais dans cet état.

— Pourquoi je suis toujours dans l'équipe des perdants ?!

— Peut-être que si tu n'y étais pas, elle gagnerait ! cria Chloé 100, qui ne supportait jamais mes sautes d'humeur.

— Tu es en train d'insinuer que je suis mauvais ? réagis-je en me rapprochant d'elle à grands pas, ayant bien envie de me battre pour lui remettre les idées en place.

— Mais calme toi, 97, ce n'est qu'un jeu ! fit Sonia 94 en m'arrêtant dans mon élan, agacée par mon comportement.

Elle ne prenait même pas la peine de m'appeler par le nom dont on m'avait affublé. Cela ne me dérangeait pas particulièrement, en soi, mais le problème était qu'elle le faisait uniquement pour rappeler aux autres que j'étais différent. Que je n'étais pas comme eux, que je n'appartenais pas réellement au groupe qu'ils formaient.

— Je n'aime pas perdre, répliquai-je lentement. Et j'aime encore moins être insulté.

— Personne ne voudra de toi aux enchères.

Sa réplique arrogante me sidéra. Arayah 92 allait lui reprocher son manque de tact mais je la coupai, ne souhaitant pas que quelqu'un s'apitoie sur mon sort :

— Je le sais et je me suis fait à l'idée, pauvre connasse.

Avant que la dispute ne dégénère en bagarre, Ayah, la secrétaire, arriva en courant et intervint :

— Session 90, vous allez vous préparer, les présentations aux potentiels acheteurs sont dans deux heures !

Furieux de ne pas avoir pu me battre contre Sonia 94, je regagnai le dortoir et allai me laver, me dépêchant pour ne pas avoir à attendre puisqu'il n'y avait que deux douches pour les garçons et deux autres pour les filles.

Je me dépêchai et en sortis alors que les autres arrivaient à peine vers les cabines, ayant inutilement perdu du temps à bavarder et rigoler. Ils traînaient tout le temps.

Je n'avais pas fait d'effort pour ma tenue : un T-shirt à manches courtes noir, un jean et une paire de basket de la même couleur me suffisaient amplement.

— T'aurais pu mieux t'habiller, le ninja, se moqua Alex 91 en passant à côté de moi.

— Au moins je suis prêt, contrairement à toi, rétorquai-je en articulant bien pour lui reprocher de ne jamais faire de même.

— Il ne se rend même pas compte de son physique avantageux, soupira Sonia 94 en doublant Anna 96 pour arriver à la douche la première. C'est pas croyable, quel con !

Moi, un physique avantageux ? Un soupir las franchit mes lèvres. Avec mes cheveux bruns que je n'arrivais même pas à coiffer convenablement et mes yeux verts qui m'insupportaient tellement ils semblaient ordinaires, je ne risquais pas d'attirer l'attention.

— Va te faire foutre, marmonnai-je en sachant très bien qu'elle m'entendrait.

Les gens s'obstinaient à croire le contraire, fallait-il croire... par exemple, nous avions récemment été en ville avec John Johnson pour nous habituer aux lieux populaires – je détestais d'ailleurs cela. Des adolescents de notre âge nous avaient suivis pendant presque sept minutes quarante trois en gloussant bêtement, certains se risquant même à nous demander nos "numéros de téléphone" avant que notre créateur ne les fasse partir avec agacement. Évidemment, nous n'aurions pas pu leur donner même si nous l'avions voulu car nous n'avons pas de portables – pour ne pas être influencés par les réseaux et garder un esprit pur et neutre que notre acheteur pourrait modeler à sa guise, disait John.

Je n'avais jamais compris pourquoi, ce jour-là, quelques filles et garçons mélangés m'avaient également abordé. Les autres s'étaient moqués de moi quand j'avais osé leur demander alors, j'étais fermement convaincu que c'était mon comportement atypique qui avait interpellé ces étranges adolescents.

Cela ne pouvait pas être autre chose, de toute façon, malgré ce qu'avait tenté de m'expliquer Ayah. Si j'attirais l'attention, cela ne pouvait tout simplement pas être pour les mêmes raisons que les HC de ma session, ils me l'avaient bien fait comprendre.

Quelques minutes plus tard, mes camarades sortirent enfin des salles de bain. Si Louis 93, Ethan 95 et Chloé 100 s'étaient habillés de manière élégante, avec des vêtements coûteux sans l'habituel logo de John Johnson – deux "J" superposés –, ce qui n'était autorisé que très rarement, les autres s'étaient habillés de manière plus simple tout en restant aussi beaux. Je me demandai un court instant pourquoi je n'étais clairement pas au même niveau qu'eux avant de me ressaisir : je n'avais pas de temps pour ces pensées sans but.

La secrétaire vint enfin nous chercher. Après qu'elle ait complimenté les autres sur leur tenue, on sortit du bâtiment connecté nous servant de lieu de vie pour en gagner un autre. On rejoignit une salle par un couloir désert à l'accès interdit aux visiteurs.

Personne ne dit un mot quand on monta sur la scène qui occupait une bonne partie de l'espace. Nous étions dans une pièce sans fenêtres, face au regard mi admiratif mi perplexe des potentiels acheteurs. Ils étaient tous assis sur des rangées de sièges confortables disposés un peu comme un théâtre, bien que la salle n'accueillait qu'une cinquantaine de personne riches au mode de vie suffisamment aisé pour se permettre d'acheter un Humain Contrôlable.

Il faisait sombre et chaud. Je trouvais l'atmosphère lourde, pesante et suffocante.

John Johnson arriva sur scène par le côté opposé à celui d'où nous venions et nous fit signe de nous assoir sur les chaises disposées en demi-cercle sur la scène. On obéit, nous rangeant par habitude dans l'ordre numérique, Alex 91 à droite et Chloé 100 à gauche – ou plutôt l'inverse du point de vue des potentiels acheteurs. Comme on nous l'apprenait depuis notre Réveil.

— Bonjour à tous ! dit-il joyeusement en se mettant devant nous, tapant dans ses mains pour ponctuer sa phrase et capter l'attention des quelques invités qui bavardaient encore entre eux.

— Tommy, tu penses que quelqu'un m'achètera ? me souffla Lise 98, une chaise à ma gauche.

— Sûrement, chuchotai-je pour qu'elle ne se retrouve pas bêtement à parler dans le vide comme cela m'arrivait bien trop souvent.

Même si mes camarades avaient presque tous un comportement exécrable envers moi, je m'efforçais toujours de faire des efforts pour eux, tant pour ne pas empirer ma réputation de défectueux que pour ne pas être signalé auprès d'Ayah comme c'était déjà arrivé tant de fois.

— Aujourd'hui, vous allez faire la connaissance de la quatre-vingt-dixième session pour ensuite vous décider, continua John. 98 et 97, ne chuchotez plus de la sorte, je vous prie.

Je baissai les yeux, gêné et agacé d'avoir été pris en faute. C'était frustrant. Il n'entendait jamais toutes les insultes et les propos rabaissants qu'on me tenait, que ce soit directement ou à travers les milliers de micros transparents dissimulés dans notre bâtiment, mais il ne ratait jamais une occasion de me reprendre sur mon langage "inapproprié" ou mon comportement inadéquat.

Je soufflai brièvement, la gorge nouée. Ce n'était pas juste.

Il allait désormais baratiner un joli petit discours bien préparé sur notre "nature humaine" qui resterait à jamais gravé dans l'esprit des personnes présentes, car ce n'était pas tout les jours que l'homme le plus riche du continent s'adressait à eux. Évidemment. Tout ce qui comptait était de voir à quel point notre créateur avait réussi ses gentils petits Humains Contrôlables, année après année, sans jamais véritablement se soucier d'eux.

À moins que je ne sois le seul à m'en rendre compte, évidemment, et que mes camarades soient bel et bien aussi stupides qu'il le souhaitait en nous éduquant.

Nous n'étions que des êtres constitués de cellules fabriquées et assemblées dans un laboratoire qu'il avait ensuite pris en charge pour les revendre au plus offrant, naïfs, inconscients de la cruauté du monde et parfaitement manipulables.

— Les Humains Contrôlables ont leur propre caractère, commença-t-il, et des rêves plus où moins réalisables. Les composants de cette session se nomment même entre eux, ce qui prouve à quel point ils nous ressemblent.

Un murmure agréablement surpris parcourut la foule de personne assises. Je les détestais déjà tous, et particulièrement ceux assis dans le fond de la salle. Certains pianotaient sur leurs téléphones, d'autres nous fixaient étrangement. Trop étrangement. Je n'aimais pas ça.

— Et je rappelle que les Humains Contrôlables ne sont pas des machines, que nous ne vendons pas des machines, poursuivit-il, son regard se baladant sur les invités. Les Humains Contrôlables éprouvent des sentiments, de la haine à l'amour. Ils peuvent tomber malades, doivent boire et manger comme nous tous. En somme, ce sont des humains... mais contrôlables.

Son petit discours provoqua des applaudissements qui renforcèrent mon impression d'étouffement, comme les bruits résonnaient curieusement dans la salle.

— Arayah, quelqu'un te regarde, fit Alex 91 avec un léger sourire.

Une femme dans l'audience leva la main pour poser une question.

— Oui, madame ?

— À l'instant, l'un de vos HC a parlé alors que vous aviez donné l'ordre de garder le silence. Est-ce que cela veut dire que cette session n'obéit pas ?

— Bien sûr que si, madame. Chacun d'eux sait se montrer docile, ils sont simplement dotés d'une volonté qui leur est propre. Néanmoins, si certains souhaitent acquérir l'une de mes créations parfaitement obéissante, ils pourront modifier ses paramètres depuis l'Écran de Contrôle.

— Merci.

De nouveau, les potentiels acheteurs se mirent à chuchoter, débattant à voix basse du pour et du contre de cette nouvelle information.

Un élan de panique me gagna. Le bruit qu'ils provoquaient me tapait sur les nerfs, l'air dans la salle était tiède et lourd, ce qui m'empêchait de respirer correctement, et le fait que le « public » soit presque entièrement masqué par l'obscurité, en contre-jour des projecteurs, m'angoissait.

J'avais presque l'impression de pouvoir sentir la lame émoussée d'un couteau sous ma gorge et l'odeur écœurante du sang – son sang – me donner la nausée.

Je fermai les yeux le plus fort que je le pus et plaquai instinctivement mes mains sur mes oreilles pour que les chuchotements des riches arrogants et égoïstes en contrebas ne soient plus qu'un lointain bourdonnement.

Je tâchai vainement de me concentrer sur ma respiration pour me calmer. Ça m'était actuellement impossible.

J'aurais aimé rester ainsi jusqu'à la fin des présentations, mais Lise 98 me tapota le bras pour attirer mon attention. J'ouvris les yeux, relevai la tête, croisai son regard empli d'un mélange de compassion et de pitié.

Cela me blessa plus que ses précédentes insultes.

Je retirai mes mains de mes oreilles, laissant à contrecœur l'insupportable bruit ambiant envahir de nouveau mon esprit, et me redressai sur ma chaise pour reprendre une posture convenable. Je me forçai même à laisser mon regard vagabonder sur la foule au lieu d'obstinément fixer le plancher de la scène comme j'en rêvais.

Que l'on me hurle dessus ou que l'on se contente de me lancer en regard en biais me rappelant à quel point j'étais anormal, le résultat était le même : j'étais blessé, je voulais pleurer. Mais comme je refusais de le montrer, ma réaction aurait encore été considérée comme de l'agressivité injustifiée.

— Maintenant, si vous le voulez bien, les HC vont se présenter. 91 ?

Le susnommé se leva et avança d'un pas, attirant l'attention des invités. Cela me soulagea aussitôt : le brun aux yeux que je devinais marrons, qui me fixait depuis que j'avais relevé la tête, se tourna également vers lui.

— Bonjour à tous ! Je suis la quatre-vingt-onzième création de monsieur Johnson. Le nom que je préfère est Alex et je souhaiterais aider à gérer des finances. Mon système ne présente à ce jour aucun défaut.

Il recula et se rassit après sa courte présentation, provoquant quelques applaudissements qui lui permirent de repérer qui était intéressé par son profil.

Sa dernière phrase me fit serrer les dents. "Aucun défaut", hein ? Évidement. Comme si cela ne se voyait pas déjà.

— 91 excelle dans les mathématiques et les langues étrangères, compléta notre créateur.

— Salut ! fit la suivante en s'avançant. Je suis la quatre-vingt-douzième, mais appelez moi Arayah, ce prénom est super joli ! Je n'ai pas de souhait précis car je suis aussi à l'aise à l'idée d'aider des jeunes en difficulté, comme en étant accompagnante d'élèves en situation de handicap, qu'à l'idée d'aider à gérer une entreprise en tant que secrétaire administrative.

— 92 aime par dessus tout se rendre utile et profiter du plein air. De plus, c'est de loin la plus parfaite en éducation physique, ainsi qu'en littérature. Son système est aussi parfait que son apparence !

Sa dernière précision enflamma ma colère naissante. Il n'envisageait visiblement pas qu'elle puisse être achetée pour autre chose que pour son corps. Son opinion me répugnait.

Tous ces gens, qui ne réagissaient pas, me répugnaient.

— Je suis 93, mais je préfère être appelé Louis. J'aime beaucoup l'idée de voyager et d'apprendre toujours plus de choses sur les cultures étrangères.

— 93 est toujours en quête de connaissances et déteste la routine. Son esprit vif et son caractère enjoué pourraient en ravir plus d'un.

Évidemment, par rapport à Arayah 92, Louis 93 récoltait tous les compliments.

Quel monde désolant.

— Je suis 94, alias Sonia, la plus forte au basket ! J'ai une très bonne mémoire et j'aime rencontrer de nouvelles personnes. Je préférerais néanmoins aider dans le domaine scientifique.

— Il n'y a rien d'autre a dire sur 94, à part que son système est aussi bon que celui des autres.

— Je suis 95, mais je préfère Ethan, c'est beaucoup mieux ! Je n'ai pas de souhait particulier, mais j'aime beaucoup l'idée d'aider des personnes dans la vie active. Mon système est en très bon état aussi !

— Moi, je suis 96, mais... je préfère Anna, c'est plus mignon. J'aime beaucoup les animaux car ils le sont aussi. Mon système est très bien, il me semble.

Je me tendis, pris au dépourvu par la vitesse à laquelle les autres étaient allés. C'était désormais mon tour.

Mais... même si je n'étais pas défectueux, avec un physique aussi banal que le mien, personne ne m'aurait remarqué. Mes cheveux bruns ne rivalisaient pas avec ceux, blonds et ondulés, d'Alex, et mes yeux d'un vert banal ne valaient pas ceux d'Anna, qui étaient d'un bleu pétillant. Ethan était bien plus musclé que moi et le sourire d'Arayah était à tomber. Evan était plus grand et Chloé savait charmer les gens avec son style vestimentaire. En résumé, j'étais le raté de la session, et ce sur tous les plans.

— 97, c'est à toi, me souffla John, me prenant visiblement pour un idiot incapable de compter.

J'attendis encore quelques secondes pour calmer ma respiration avant de trouver le courage de me lever, les mains moites et la boule au ventre. Je détestais me sentir oppressé ou être au centre de l'attention, mais par malheur, mes deux hantises se réalisaient simultanément.

Je me rendis compte que tout le monde me fixait, Humains Contrôlables et invités confondus.

Une chaleur diffuse parcourut ma nuque, se transforma en frisson glacé et descendit le long de ma colonne vertébrale, comme à chaque fois que je paniquais de la sorte. Je repliai mes bras contre moi pour dissimuler leur tremblement.

J'aurais voulu lever les yeux vers la foule, mais maintenant que son attention était rivée sur moi, je n'en avais pas la force.

— Je... je suis 97, finis-je par balbutier. Les autres m'appellent Thomas. Ça ne sert à rien que je me présente car je suis défectueux ; personne ne voudra de moi.

Je laissai quelques secondes passer avant d'oser ajouter, le regard rivé sur le sol :

— Je n'arrive plus à éprouver de sentiments positifs depuis que j'ai assisté à... un meurtre et... Voilà. B... bonne journée.

Je me rassis précipitamment, baissant de nouveau la tête pour ne croiser le regard de personne. J'en sentais néanmoins un obstinément braqué sur moi, que je devinai appartenir au brun du fond de la salle.

— Euh... moi je suis 98, je préfère être nommée Lise. Pour ma part, je n'ai pas vraiment de choix quand à mon utilisation, se présenta-t-elle rapidement pour mettre fin au lourd silence gêné qui avait suivi ma déclaration terrifiée.

Évan 99 et Chloé 100 se présentèrent également. John, de toute évidence dérangé par mon intervention, écourta l'entrevue.

— Maintenant que les présentations sont faites, vous avez tout l'après-midi pour faire connaissance avec les HC ! Les enchères se dérouleront dans deux heures ou trois, tout dépendra de vous. Je vous souhaite une très belle journée, mesdames et messieurs, et à très bientôt.

Ayah nous fit signe de sortir – elle avait attendu tout du long en restant à la porte par laquelle nous étions entrés. Dès que je fus dans la cour commune, où arrivaient déjà les visiteurs qui avaient dû quitter la salle par un chemin plus long que le nôtre, je m'assis sur un banc en pierre blanche et pris une longue inspiration. J'avais l'impression d'étouffer. J'en effleurai vaguement la texture rugueuse du bout des doigts pour tenter de réguler mon surplus d'émotions, me forçant à compter le nombre de secondes durant lesquelles j'expirais pour retrouver un rythme normale.

Du coin de l'œil, je vis qu'Arayah 92 n'hésitait pas à engager la conversation avec de nombreuses personnes, sociable comme elle était. Je l'enviais. Sa vie serait sûrement brillante et emplie de richesses, tant mentales que matérielles. Mes autres camarades de session seraient dans le même cas.

J'étais le seul imbécile à rester seul, incapable d'adresser la parole à qui que ce soit.

 ❀ ❀ ❀

Comment trouvez-vous le début ? Que dois-je améliorer ? Je suis ouverte à toutes les suggestions !

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro