Chapitre 31 : Le souvenir de l'oubli

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Bonsoir ma team ! Je me dois immédiatement de vous prévenir que ce chapitre nécessite les avertissements suivants :

TW : violence, agression sexuelle

Bonne lecture malgré cela !

PS : pardonnez-moi T-T

On se retrouve en fin de chapitre pour des excuses approfondies XD

Nous avions fini par rentrer chez notre professeur de mathématiques, chacun portant ses écouteurs par précaution puisque le trouple était rentré, si l'on en croyait le bazar qui régnait dans le hall. J'avais lancé ma playlist en mode aléatoire et, actuellement, je m'éclatais les oreilles en alternant rock et métal. Les groupes populaires des années 2020 avaient véritablement eu un grand potentiel à mes yeux. 

Milo, après une brève hésitation, se risqua à stopper sa musique pour tendre l'oreille et souffla, soulagé.

— Bien, ils ont passé leur état d'ivresse pour sombrer dans un long sommeil qui se soldera par une magnifique gueule de bois, l'entendis-je dire après avoir baissé le volume de mes écouteurs.

— Ok, répondis-je.

— Tu viens dormir ?

Il se vautra sur le canapé en baillant et m'invita à le rejoindre d'un geste de la main.

— Il n'y a pas assez de place.

— Si, bien sûr que si, fit-il, amusé malgré sa propre fatigue.

— Non, c'est faux, répondis-je, perplexe.

Selon mes estimations, nous pourrions très bien pouvoir s'y allonger tous les deux si nous étions collés et qu'aucun ne bougeait suffisamment pour éjecter l'autre par inadvertance pendant son sommeil. 

— Je ne te laisserai clairement pas dormir par terre ! Alors ramène-toi, Noah-pafa.

— Mais...

Il se releva, me fit un bisou sur la tête et me poussa presque sur le canapé avec un rire de gamin. Quand il s'y mettait, il retombait à un âge mental inférieur à ce que la logique voudrait. Sûrement que les quelques verres de champagne qu'il avait bu aidaient un peu.

Il était adorable.

Vaincu, j'acceptai l'idée de passer la nuit lové dans ses bras. Cieux, j'adorais ce mot. "Lover" ressemblait fortement à "love", ce qui le rendait d'autant plus doux à mes yeux. Même si je savais qu'il venait de "lofen", qui signifiait "tourner" en allemand, la mince partie rêveuse de mon esprit ne faisait pas le lien.

J'étais donc allongé dos contre Milo, au bord du canapé. Je finis par m'endormir, épuisé par ma crainte et mon appréhension.

***

— Putain de bordel de mal de tête à la con ! s'énerva la voix de Sarah en claquant la porte d'un placard.

Je sursautai brusquement en ouvrant les yeux, effrayé par le soudain niveau sonore élevé. Mon petit ami me rattrapa avant que je ne tombe.

— Gueule de bois, hein ? se moqua-t-il en s'asseyant sans me lâcher pour autant, me serrant contre lui comme une peluche.

— Absolument, confirma monsieur Nëja en avalant un médicament avec un verre d'eau. Et le caractère explosif de Sarah n'arrange pas les choses.

— À mon avis, Liam n'a pas mal qu'à la tête, décréta simplement Raphaël.

Le professeur recracha une bonne partie de son verre, les joues écarlates.

— Ce genre de blagues, garde-les pour quand nous ne sommes que tous les trois, merde !

— Mais comme ce n'est absolument pas une blague, qu'étais-je censé faire ? s'amusa-t-il. Les seuls à avoir eu un comportement responsable hier soir étaient les gamins.

— Cieux.

— Bon, les gosses ! nous appela tous la policière, soudainement sérieuse. On va tous devoir assumer notre soirée et se remettre à bosser illico. Un cachet et on repart. Raphaël, finalises tes dossiers complets. Noah, il faut que je sois bien sûre d'une chose. Es-tu bien certain de vouloir aller jusqu'au bout de cette histoire ?

— Je crois, oui.

— Tu vas  devoir rédiger une déclaration. J'ai déjà aidé d'autres témoins à le faire, donc je peux t'affirmer que c'est terrifiant pour le concerné, que cela ravive des souvenirs flous et même que l'on peut se rappeler de choses que l'on tentait d'oublier, d'enfouir au plus profond de sa mémoire.

Un frisson me parcourut et je forçai Milo à me lâcher.

— Il... il y a des choses que je veux et que j'ai presque oubliées. 

— Mémoire sélective, commenta l'avocat.

— Elles risquent de te revenir, insista-t-elle. Nettement.

— Je suis terrifié, fis-je avec un rire sans joie d'une voix faible. Mais... que cela serve à quelque chose. Il faut que je sois le dernier à subir les conséquences directes des actes d'Ylan et de ses amis.

— C'est bien dit, mais y es-tu prêt ?

— Non, bien sûr que non. Mais ce n'est pas une vie de ne pas vivre.

***

Non, bien sûr que non, me répétai-je lamentablement sous le regard patient de la policière.

Je fis tourner mon stylo entre mes doigts comme s'il était brûlant.

Il n'y avait que nous deux dans la pièce du commissariat - apparemment pour éviter qu'un quelconque élément extérieur ne me fasse modifier ma version des faits.

— Écris en même temps que tu penses, me conseilla Sarah en croisant mon regard effrayé.

Je hochai la tête et inspirai longuement. 

Il était temps de cesser de me cacher derrière mes métaphores, mes calculs et mes dessins pour simplement... raconter. Rédiger cette maudite soirée.



— Noah, je peux te tenir la main ?

Mon regard s'était posé sur Annaëlle. Elle était toujours aussi compréhensive avec mon aversion pour les contacts physiques indésirés. J'avais hoché la tête, et nos doigts s'étaient entremêlés. Tendrement. Sans rien rechercher de plus qu'un peu d'affection.

Ses longs cheveux blonds retombaient délicatement jusqu'à ses hanches et ses doux yeux marrons semblaient lire dans les miens sans même que je n'ai à parler. Je l'appréciais diablement. Bien plus que tous les membres de ma session réunis.

— Hey, toi. Tu veux venir voir quelque chose ?

J'avais sursauté en me tournant vers le nouveau venu. Grand, "baraqué" et à la mâchoire carrée. Effrayant.

— Non, rétorquai-je.

— Tu ne vas pas vraiment avoir le choix.

Quelqu'un me passa soudainement un bras sous la gorge, me coupant le souffle dans une douloureuse pression. Un autre type attrapa Annaëlle de la même façon. Ils nous trainèrent dans une ruelle plus éloignée malgré ses cris affolés. Elle comprenait visiblement mieux que moi ce qu'il se passait - honnêtement, je n'en avais pas la moindre idée.

Le premier homme, qui m'avait interpellé, me força à m'asseoir à même le sol et plaça une lame de couteau contre mon cou, ce qui me figea, effrayé. Le fait qu'il avait désormais un droit de vie ou de mort écrasant sur moi me heurta de plein fouet. Il m'était également impossible de feinter par la gauche puisqu'un type blond s'était assis à côté de moi et avait passé son bras autour de mes épaules. J'étais coincé entre deux étreintes dont l'une potentiellement mortelle. Et je détestais les contacts physiques.

Les autres inconnus forcèrent Annaëlle à s'agenouiller dos à nous. Elle m'appela d'un air désespéré ; je tentai de me débattre pour échapper aux brutes qui me bloquaient. Celui à ma gauche attrapa mon bras et le replia brutalement dans mon dos, ce qui me fit lâcher un glapissement de douleur. Celui à ma droite m'entailla la joue avec son arme.

Mes yeux s'étaient écarquillés. En moins d'une seconde, j'avais été doublement blessé et réduit à l'impuissance. J'aurais dû me tenir tranquille et je le savais.

Mais Annaëlle...

Obstiné, je retentai une seconde fois de me dégager de leur emprise. Ce fut tout aussi vain.

Je fus forcé de voir ce qui arriva à la fille à laquelle je tenais. Où l'entendre, lorsque je fermai les yeux avec obstination, des larmes inondant mes joues dont celle blessée. Puis, en un coup de couteau habilement lancé à son complice par le type brun, son cauchemar se termina dans un cri et une flaque écarlate qui s'étendait macabrement, glissant entre les dalles brunes  et sales de la ruelle où nous étions.

j'étais avec eux.

Une ultime fois, j'essayai de me soustraire de l'horreur à laquelle on voulait me forcer à assister. Pour toute riposte, on me plaqua au sol, face contre terre. Mon nez heurta le sol dans un douloureux craquement. Un peu de sang s'en échappa. Pas autant qu'à quelques mètres, où le sien coulait toujours plus loin, formant comme un quadrillage horrifique sur le sol.

Ce qui suivit fut bien plus douloureux encore. Je ne voulais pas me souvenir. Je ne voulais pas me souvenir. Je ne voulais pas me souvenir.

Mais la bulle d'oubli qui me protégeait de moi-même avait éclaté, aussi perforée que mon cœur meurtri par ma propre mémoire.

Quelqu'un m'attrapa les poignets. Les maintint d'une poigne de fer en ricanant.

— Ta copine n'a pas suffi, faut-il croire...

Et je compris. Je compris tout. De ma haine viscérale des contacts physiques à ma terreur pure de l'attirance sexuelle. C'était évident. Ma mémoire sélective me manquait déjà cruellement.

Écris. Arrête. Écris. Arrête. Écris.

Supplie.

Premièrement, ce furent les mains du premier type, celui au couteau, qui se baladèrent partout sur mon corps. J'apprendrai plus tard que son nom était Ylan. Il me toucha longuement, d'une façon écœurante, et, se moquant éperdument de mes larmes, alla au bout de ses actions. Deux de ses amis me firent subir le même calvaire, à même le sol, comme si je n'étais qu'un objet. Et le pire, dans ce cauchemar éveillé, ce fut que bien malgré moi, mon corps réagit à leurs attouchements plus ou moins prononcés. Ce fut en me rendant compte de cela que ma vue s'obscurcit, que mon envie de vivre s'évapora et que je perdis totalement le contrôle de mes émotions positives.

— Tu ne parleras pas, hein, mon beau ? ricana le type.

Ses amis m'avaient lâché. Je ne bougeais plus. Il sentait vaguement l'alcool. Ses yeux marrons me dégoutaient. Marrons comme ceux d'Annaëlle. Annaëlle. Annaëlle ? Annaëlle.

Le regard vide, je me retournai, me rasseyant avec difficulté. Mes larmes ne coulaient plus.

Annaëlle. Elle ne bougeait pas. Elle ne bougerait plus. Jamais ? Mais... non ! Je voulais qu'elle rouvre les yeux. Qu'elle me sourie encore.

Mais elle était immobile, et une large tâche pourpre colorait son éternelle chemise blanche.

Quand l'homme au couteau, juste derrière moi, me tira les cheveux pour me faire relever la tête vers lui, je ne me débattis pas. Peut-être étais-je mort dans mon esprit ? À ma connaissance, les vivants ne se laissaient jamais faire.

Ce geste brutal me rappela tout de même à quel point je souffrais, là où j'avais été griffé - au couteau ou non - et dans le bas du dos.

— Tu ne diras rien ? redemanda-t-il, sérieux.

Sérieusement bourré et dangereux, oui.

Quelque chose se brisa alors en moi. Je ne sus dire ce que c'était. J'avais juste envie de me rouler en boule par terre et de faire cesser l'horrible douleur qui me lancinait le cœur. Et en quelques secondes à peine, j'étouffais cette sensation. J'étouffai tout. De A à Z. De la joie à l'amour en passant par mes souvenirs. 

— Dire quoi ?  fis-je d'une voix neutre.

Ses sourcils se froncèrent brièvement, puis il éclata de rire. Je ne réagis même pas lorsque l'un de ses complices renversa une partie de sa canette de bière sur mon pull. Maintenant, n'importe qui croirait que c'était moi qui avait bu et non ces monstres. Ils avaient... fait du mal à Annaëlle. Et Annaëlle n'était plus.

— Pour de vrai ? insista-t-il, euphorique.

Ils avaient  forcé puis tué Annaëlle. Rien d'autre n'avait d'importance.

Qu'y avait-il eu d'autre, d'ailleurs ? Pourquoi avais-je aussi mal à cause de simples coups m'ayant été adressés pour que je ne tente pas de l'aider ?

Les garçons rirent une dernière fois et s'éloignèrent, me laissant seul avec Annaëlle. 

Seul.

Mais... que diable s'était-il passé avant ?

Mon regard inexpressif se posa encore une fois sur le corps devant moi. Ma mémoire me faisait défaut, et tout ce que je savais tenait en une phrase : on m'avait arraché, de la pire façon possible, la seule personne que j'aimais plus que ma vie.



Mon stylo me glissa des mains ; je n'en eus que faire. Tremblant, en larmes et les yeux écarquillés, je ne distinguais même plus Sarah en face de moi. Je cachai vainement mon visage entre mes mains pour dissimuler mes sanglots.

Dans l'équation générale de ma vie, j'avais retrouvé la valeur "y" qui précédait pourtant la "x" qu'était Milo. Si j'étais dans un tel état depuis si longtemps, c'était car cette soirée-là, même si elle avait été la seule à mourir, Anaëlle n'avait pas été la seule à se faire... violer.

___

Voilà. C'est fait. Pardon T-T

J'espère que je n'ai pas détruit le peu d'affection que vous aviez pour moi. Moi je vous aime, même si je crois que parfois, ce n'est pas très visible =-=

Bonne soirée, ma team préférée de tous les temps. Et... heu... qu'avez-vous pensé du chapitre ? Pardooooon :(

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