Chapitre 8 : Briser le silence

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La semaine passa trop vite aux yeux de Milo et très lentement aux miens. Je m'habituais lentement au fait de vivre en sa compagnie, même si je ne sortais que très peu de ma chambre – c'était la plupart du temps pour rester dans le salon de lecture au rez-de-chaussée.

— Bon sang, je dois y aller dans moins de deux heures et Lys n'est toujours pas là ! s'énerva Milo, faisant les cents pas.

— Pourquoi ta sœur doit-elle venir ? demandai-je.

Nous étions samedi, aux alentours de dix heures. Milo était levé depuis longtemps et ne cessait d'angoisser.

Totalement stupide : ce n'était qu'un repas de famille.

— Pour essayer de mettre du maquillage là-dessus, dit-il en désignant l'hématome violacé sur sa joue. J'ai déjà essayé, mais elle est bien plus douée que moi. Quand on était petits, je prenais les coups pour elle et elle les cachait à nos parents.

Je baissai les yeux. C'était moi qui lui mis infligé un coup, lors de ma crise de panique du début de semaine.

Sur le comptoir, son téléphone se mit à vibrer. Il venait de recevoir un message de la part de "sœurette", aussi dit Lys Wildstone, de son vrai nom Alysandre.

"Désolé frangin, maman est passée me chercher, je ne peux pas venir"

– Youpi, fit Milo. Je vais tuer cette... putequimesertdemère.

Il avait parlé trop vite pour que je ne comprenne, mais j'avais saisi les mots les plus importants.

Qu'il était grossier !

– On y va, fit-il.

– Un : je viens avec toi ? m'étonnai-je. Deux : maintenant ?

Il me regarda à nouveau, et éclata de rire :

– Il est onze heures moins le quart, qu'est-ce que tu fais encore en pyjama ?!

***

Dans la voiture, le seul bruit qu'on entendait était la musique horrible de la radio.

– Il y aura qui, à ce repas ? demandai-je, déjà agacé alors qu'on venait juste de partir.

– Mes parents, ma sœur, quelques cousins et les cons qui les accompagnent.

Je ne dis rien de plus. Les parents de Milo allaient avoir intérêt à bien me parler, sinon je risquais fortement de leur lancer un pichet de vin à gueule.

(NDA : vous le sentez ? Oui, je parle bien de l'énorme problème qui vient, là, qui approche en courant, en galopant, même.)

Après une demi-heure de trajet, on finit par arriver dans un lotissement privé et la voiture ralentit.

– On y est, me fit Milo en s'arrêtant devant une grande maison.

On descendit de la voiture puis il sonna à la porte. Une fille qui devait avoir la vingtaine nous ouvrit.

– Frangin ! s'écria-t-elle en serrant brièvement Milo dans ses bras.

– Salut, Lys, fit-il en la repoussant de son mieux.

– Je suppose que tu es Noah, celui qui a collé un poing à mon frère ?

Je hochai la tête.

Lys avait les mêmes cheveux bruns ondulés que Milo, mais elle était plus pâle de peau et avait les yeux verts.

Elle devait être son aînée de quelques années mais leur différence d'âge n'était pas flagrante.

– Pas un grand bavard, hein ? s'amusa-t-elle. Allez, entrez, vous êtes les derniers.

Les derniers alors que nous arrivions une heure en avance ? Étonnant.

On entra donc. Dans le hall, les porte-manteaux accrochés aux murs étaient surchargés. Je gardai ma veste sur moi, rien que pour être sûr de pouvoir la retrouver à la fin de ce repas.

– Vous êtes en retard, dit sèchement la voix de "Connard" quand on entra dans la salle à manger.

– Nous sommes arrivés avec une heure d'avance sur l'heure annoncée, répliqua Milo en tirant une chaise et en me faisant signe de m'assoir sur celle d'à côté.

– Mais vous êtes les derniers, vous êtes donc en retard, répliqua "Connasse".

Je m'assis, ignorant les regards intrigués des personnes autour de moi.

Au bout de la longue table en bois rectangulaire, à gauche, se trouvait le père de Milo, et à son opposé se trouvait sa mère. Lys était en face de son frère mais à part ces quatre personnes, je ne connaissais pas les autres... ou peut-être que si, mais je ne leur lançai même pas un coup d'oeil.

– Donc, tu t'appelles Noah ? me demanda le père de Milo, ramenant le silence.

Je hochai la tête, n'ayant pas vraiment envie de discuter avec ce type qui me semblait abominable.

– C'est étrange, j'ai comme l'impression de t'avoir déjà vu quelque part.

– Pas moi, répliquai-je froidement.

– Bien, fit-il, amusé. Commençons donc le repas, nous discuterons des affaires plus tard, mes chers.

– Pourriez-vous me faire passer la carafe d'eau ? s'enquit quelqu'un sur ma droite.

En soupirant, j'attrapai l'objet en question et me tournai vers mon voisin de droite pour qu'il puisse lui donner avant de me figer.

Lui, assis une chaise à côté de moi, croisa mon regard et s'immobilisa également.

J'eus l'impression d'être coupé du monde, que les bavardages des autres invités n'étaient plus qu'un bourdonnement en arrière-plan. Je pouvais même entendre mon cœur battre, beaucoup trop vite.

Il eut un sourire amusé, et, sans me quitter des yeux, il dit :

– Salut, Thomas.

Et pour toute réponse, je lui lançai le contenu de la carafe sur la tête avant de me relever d'un bond, les yeux écarquillés.

– Voyons ! s'écria la mère de Milo, indignée de mon comportement.

– Noah, calme toi ! me dit Milo, se levant aussi.

Je le pointai du doigt, tremblant, sans réussir à articuler un seul mot.

– Personne ne te croira, articula-t-il en silence, trempé.

De l'eau dégoulinait sur son visage ; il s'en moquait.

Il faisait bon dans la pièce, mais j'avais l'impression que la température venait de chuter d'une vingtaine de degrés. Je respirais anormalement vite.

Je reculai de quelques pas, ignorant les regards effarés des autres personnes présentes.

Comment avais-je pu me retrouver si près de lui, si près du responsable de mon traumatisme ?!

Puis, mon esprit étant visiblement incapable de gérer un tel afflux de terreur, je perdis connaissance.

***

– ... pas !

– Tu n'as pas à savoir, Lys, fit la voix de Milo.

– Mais je sais déjà ! Mais je ne comprend pas pourquoi... pourquoi ça.

– Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, s'il te plaît.

– Mais pourquoi lui ? redemanda la voix de Lys.

J'ouvris péniblement les yeux. J'étais allongé sur un canapé en tissu gris très désagréable, et Milo et Lys se disputaient un peu plus loin.

Je me relevai de mon mieux.

– Noah, tu vas nous expliquer ce qu'il s'est passé ! cria-t-elle.

– Non, dit fermement Milo. Toi, tu vas sortir, et Noah dira ce qu'il pourra.

– Renverser un pichet d'eau sur mon demi-frère, je n'y crois pas.

Son... demi-frère ? Bordel, ce truc était de la famille de Milo ?!

– On va rentrer, me dit-il doucement. D'accord ?

Je hochai nerveusement la tête, incapable de dire un mot tellement ma gorge était nouée.

***

– Noah, me dit-il doucement, assis dans le canapé en face de moi. Je voudrais que tu me parles de cette soirée.

Nous venions juste de rentrer à Zéphyr-sur-mer mais, toujours en état de choc, je n'avais pas réussi à aller plus loin que le salon. Et voilà que Milo se mettait à jouer les psychologues !

– Pas envie, soufflai-je en fermant les yeux, essayant toujours de gérer ma panique en silence pour ne pas le déranger.

Je l'avais déjà bien assez malmené. Il fallait vraiment que j'arrive à le laisser tranquille, quitte à souffrir en silence.

– Je voudrais vraiment savoir. Pour t'aider, insista-t-il.

– Non, répondis-je à voix basse. Je veux pas en parler. Tu n'as qu'à me coller en hôpital psychiatrique si tu veux que je vois un psy, pas la peine d'essayer toi-même.

– Non, ce ne serait pas une bonne idée.

– Je ne veux pas en parler, répondis-je, les yeux toujours fermés.

– Je comprends, mais je veux savoir.

– Je suis sorti un soir pour embêter John, et ça a mal tourné. Tu n'as pas besoin d'en savoir plus.

Sérieusement, j'essayais de repousser mes souvenirs de toutes mes forces et lui me demandait de mettre des mots dessus !

– En parler pourrait te faire du bien, même si c'est petit peu par petit peu, insista-t-il.

Je ne répondis rien. Pour l'instant, seul moi et les agresseurs savaient ce qui s'était passé ce soir là. Je n'avais rien pu dire non plus aux policiers, encore moins à Arayah, et John Johnson, n'en parlons pas.

Alors, je décidai d'essayer de briser le silence, même si ce n'était pas pour les raisons qu'on aurait pu imaginer.

Je me dis que si j'en venais à mettre fin à mes jours, au moins une personne connaîtrait la vérité.

J'inspirai longuement et me forçai à me rappeler le début de cette soirée, me mettant malgré moi à trembler.

– Je suis sorti, murmurai-je si bas que je doutais que Milo ne m'entende. J'étais avec une amie qui n'était pas une HC. Un garçon est venu vers moi... et il m'a dit... : "Mec, tu veux venir voir quelque chose ?"

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