Chapitre 47 : Les faiblesses amoureuses

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Point de vue externe

Le repas avait prit fin depuis un moment et filles et garçons s'étaient retirés dans leurs chambres respectives.

Un silence tranquille régnait dans l'enceinte du bâtiment, seulement interrompu par le tapage des garçons surexcités dans leur grand dortoir. Une seule pièce, dépourvue d'ameublement hormis les futons des adolescents, était inévitablement l'écho du bruyant chahut de ceux-ci.

Les discussions allaient bon train depuis un moment et la plupart d'entre eux s'étaient regroupés pour s'amuser autour d'un jeu de cartes. En effet, il n'y avait qu'après le dîner que les élèves pouvaient s'octroyer un moment de répit avant d'aller dormir. De ce fait, certains restaient tout de même à l'écart pour profiter de leur tranquillité. Iida et Shinso lisaient un livre, Tokoyami et Midoriya pianotaient sur leurs téléphones et Bakugo ignorait royalement tout le monde.

Au milieu de tout cela, Todoroki était adossé contre une des cloisons de la chambre, seul et plongé dans ses pensées. Depuis la veille, il ne pouvait penser à autre chose qu'à Yaoyorozu. Ou plutôt à ses paroles qui résonnaient inlassablement en lui. Sa camarade lui avait tout d'abord révélé les sentiments passés qu'elle avait eu pour lui, mais sans qu'il ne s'y attende, elle avait abordé le sujet de leur amie et depuis, un poids monstre lui écrasait le thorax.

Il n'en pouvait plus. C'était atroce, lourd, insupportable. Il désirait cruellement s'affranchir de cette douleur et ce n'était pas qu'une charge émotionnelle. Son corps entier lui pesait tellement qu'il avait l'impression que même respirer était devenu une corvée.

Mais il n'y avait rien à faire.

Elle persistait depuis des heures et sans même le savoir, depuis bien longtemps déjà. À chaque fois qu'il l'observait, chaque fois qu'il la rencontrait, chaque fois qu'il lui parlait. Il y avait cette douleur. À chaque fois qu'il voyait ses larmes, chaque fois qu'elle était blessée, chaque fois qu'elle voulait abandonner. Il y avait cette douleur.

Chaque fois qu'elle s'enfuyait de lui.

Il avait cette crevée dans le cœur.

C'était à n'y rien comprendre. Depuis son plus jeune âge, Todoroki avait été élevé dans le seul but de dépasser plus fort que lui. Il avait grandit avec cette haine contre son père et son désir de s'en libérer. Au même titre que la jeune fille, il avait été l'esclave des ambitions d'un père avide de force et de reconnaissance, et ne s'en était échappé que grâce à son rêve de devenir un grand héros. Mais jamais, jamais Shoto Todoroki ne s'était détourné à ce point de ses objectifs et de sa raison de vivre.

Depuis combien de temps était-ce si douloureux ?

Il ne savait pas. Il ne le savait pas et les paroles de Yaoyorozu ne cessaient de tourner en boucle dans sa tête.

Yumeko avait besoin de son aide. Mais pourquoi de tous, était-ce de son aide à lui dont elle avait besoin ?

- AVEC DES SEINS ÉNORMES !

Le cri de guerre de Mineta le tira brusquement de ses pensées, lui arrachant dans le même coup un discret sursaut de frayeur. Il ne fut d'ailleurs pas le seul. Le garçon avait attiré l'attention de tout le monde dans la chambre, même Bakugo. La discussion autour du jeu de cartes semblait s'être ravivée, conviant inévitablement tout le monde à y participer.

- Vous en pensez quoi des filles de la classe ?! S'époumona le garçon des grappes.

- Oh non, pas encore cette discussion... Elle tombe à chaque fois que t'en as l'occasion Mineta ! Se plaignit Ojiro.

- Mais il faut bien faire une mise à jour !

Ce fut Kaminari qui rembarra proprement le pauvre Ojiro. L'électrique était toujours le soutien du petit lorsque ce genre de conversations revenaient sur le tapis. En effet, ces deux-là y trouvaient toujours un intérêt malsain pour faire parler les garçons. Ils étaient persuadés de ne pas être les deux seuls moutons noirs de la classe et que parmi eux se cachaient forcément quelques pervers refoulés.

Dans toute son innocence, Kirishima fut étonnamment le premier à répondre au piège évident des deux garçons.

- Elles sont trop fortes ! Prononça-t-il d'une voix puissante en levant le poing.

- C'est pas la question qu'ils te posaient, espèce de guignol, pesta Bakugo.

- Il a comprit ! Il sait ! Bakugo est un pervers ! S'écria Mineta.

Mais le petit homme avait vraisemblablement oublié le caractère intempestif de son camarade. Sitôt après sa remarque, de lourds crépitements d'explosions résonnèrent dans la pièce. Kirishima tenta de calmer son camarade qui beuglaient à tout va alors que Mineta s'était précipité derrière le grand Shoji.

L'ambiance calme avait vite viré à la catastrophe et ce fut Iida, en tout bon délégué qu'il était, qui ramena l'ordre en haussant le ton sur ses camarades. Tout doucement, les éclats de voix se radoucirent et Kaminari relança la discussion.

- Elles sont fortes oui, mais physiquement... Vous voyez ce que je veux dire, vous voyez n'est-ce pas ?

Son ton était lourd de sens et Todoroki soupira à ce manque cruel de respect pour leurs amies. Le temps avait beau passer, ces deux-là étaient toujours les mêmes. Il se désintéressa alors totalement de la discussion et se replongea une nouvelle fois dans ses réflexions.

C'était toujours la même chose.

Les mêmes affres planaient encore sur lui et s'il l'avait pu, il serait probablement sortit courir dans la neige jusqu'à ce que les températures le frappent suffisamment fort pour remettre ses idées en place.

- Yumeko est plutôt jolie. En vrai, quand elle ne baisse pas constamment la tête pour se cacher derrière ses cheveux, elle est même très mignonne.

- Mais par rapport à Yaoyorozu ou Asui, elle est pas très bien armée ! Contredit immédiatement Mineta. Elle est plutôt comme Jiro ! La beauté fait pas tout !

Au même moment, le bras entier de Todoroki se gela inconsciemment dans un craquement sinistre alors que le téléphone que tenait Kaminari court-circuita dans sa propre main. Un souffle glacial s'éleva dans la pièce et de larges volutes de vapeur s'envolèrent autour du bicolore.

Le blond rigola nerveusement en se grattant la nuque malgré le silence de mort qui était tombé dans la pièce. Les deux garçons étaient transpercés de toutes parts par les regards de leurs camarades, abasourdis par ce qu'il venait de se passer. Kaminari n'était de base pas très doué avec son alter, tout le monde le savait, mais il n'avait jamais flambé un téléphone de cette manière. Et en parallèle, Todoroki n'avait jamais montré un seul signe de faiblesse ou de perte de contrôle de son pouvoir de glace.

- V-Vous allez bien ? S'inquiéta aussitôt Midoriya.

- Oui oui, pas de problème, le rassura Kaminari.

Todoroki ignora simplement tout le monde et utilisa son côté gauche pour évaporer la glace de son bras.

Il ne le montrait peut-être pas, mais le garçon était complètement déboussolé. Son cœur battait tellement vite qu'il tambourinait atrocement dans ses tempes et sa poitrine.

Que s'était-il passé ?

Il n'en avait aucune foutre idée et il serra les poings si fort que ses phalanges se blanchirent considérablement.

- Tu kiffes Kyoka, Denki ? Lui demanda Sero de but en blanc, comme si cela était une évidence.

L'intéressé s'étouffa tout seul d'oxygène, totalement prit au dépourvu par la question de son ami. S'il avait amené le sujet pour suivre la fourberie de Mineta, il ne s'était cependant pas attendu à ce que ses bêtises se retournent contre lui.

Il avait besoin d'un alibi, et vite.

Il était hors de question que ses camarades sachent quoi que ce soit de sa vie amoureuse. Il pouvait être pervers, insupportable, infecte et irrespectueux. Il pouvait jouer tous les rôles et les étiquettes qu'on lui collait, mais jamais il ne révélerait ses possibles penchants pour sa camarade.

C'était sa camarade et elle le resterait.

Il ne le savait même pas lui-même alors ce n'était pas les autres qui feraient des suppositions à tord et à travers. Alors, afin de se sortir de cette situation délicate, le peu de neurones encore en fonction qu'il lui restait eurent la pire ou la meilleure idée qu'il soit.

- Je me demande si les filles de la classe se posent la même question pour nous, lâcha-t-il bêtement.

Mais cela eut l'effet d'une bombe sur les garçons de la classe. Ou du moins, sur ceux qui participaient à l'échange depuis le début et qui n'avaient pas abandonné en chemin.

- Vous pensez qu'on les intéresse ?

- Ou même qu'elles sont amoureuses ?

- Tu rigoles ou quoi ? Elles sont bien trop au-dessus de tout ça.

Les questions fusaient çà et là et Todoroki n'y accordait que peu d'importance. De son côté, Kaminari soupira intérieurement de s'être tiré de ce bourbier avec brio. Les deux garçons ressentaient, sans le savoir, exactement la même chose. Ils étaient affreusement perdus et des milliers de questions restaient sans réponses dans leurs esprits meurtris. S'ils avaient réagit avec autant d'excès aux sottises de Mineta, c'était uniquement parce qu'un déluge d'émotions avait explosé en eux.

Depuis longtemps, les deux adolescents étaient dépassés et apeurés par leurs sentiments. Ils se demandaient sans cesse pourquoi. Pourquoi étaient-ils autant déchirés lorsqu'ils apercevaient cette petite silhouette ? Ces cheveux noirs et ces yeux pétillants ? Cette malice pour l'une et cette douceur pour l'autre ? Pourquoi n'arrivaient-ils simplement pas à attraper cette personne ? Pourquoi semblait-elle si proche et si loin à la fois ? Pourquoi était-elle si inaccessible ?

- Non mais arrête ! Une jeune fille amoureuse, ça se voit direct ! S'indigna Sero.

- Sérieusement ?

- Il y a des signes qui ne trompent pas ! Renchérit le brun. N'est-ce pas, Denki ?

Mais le blond n'écoutait pas. Il était perdu dans ses pensées et une boule d'acide lui tordait douloureusement l'estomac. Il n'était clairement pas mieux que l'adolescent pervers et il ne s'accordait pas plus de valeur que lui. Après tout, il était toujours irrespectueux envers les filles de la classe, lui aussi.

Alors pourquoi ?

Todoroki grinçait encore si fort des dents que leur écho criard fusillait atrocement ses tympans. Une dualité flambait à nouveau en lui. Pareil à l'opposition du feu et de la glace, un acharnement sans précédent résonnait jusque dans son âme.

Pourquoi ?!

Pourquoi avaient-ils eu une envie folle de fracasser Mineta ? Ce dédain pour Jiro et Yumeko qui n'avaient rien demandé à personne les avaient rendu fous de colère. Elles étaient si belles, pourquoi devaient-elles être les boucs émissaires de la classe ? Pourquoi les gens ne remarquaient-ils pas la beauté qu'eux voyaient en elles ?

Parce qu'elles ne répondaient pas aux standards ? Parce qu'il fallait ressembler à ça ou ceci pour avoir de la valeur ? Qu'il fallait être «armée» pour être belle ?

Ils fulminaient.

- Ça dépend des filles, mais généralement c'est dans le langage corporel ou verbal qu'on le comprend, expliqua Sero à Ojiro qui en prenait presque des notes.

- Parce que t'as déjà eu une copine toi ?! S'énerva Mineta.

- Non, mais il y a des signes qui ne trompent pas je t'ai dis. Apparemment, elles chercheraient soit à fuir ou à attirer l'attention. Elles peuvent perdre leurs moyens très facilement quand elles sont timides ! Après, comme je t'ai dis, je ne penses pas que toutes les filles soient pareilles. J'ai juste lu ça dans un magazine. 

- En fait, t'y connais juste rien, constata Kirishima.

Sero en pleura presque. Il se tut et ne dit rien de plus alors qu'Ojiro était encore à fond dans la discussion. Et il n'était pas le seul. Plusieurs étaient intéressés mais ne laissaient rien paraître. Et pour cause, ils étaient tous dans la fleur de l'âge et évidemment que le sexe opposé les intéressait.

Les signes d'une jeune fille amoureuse.

Todoroki ne savait quoi en penser. Qu'est-ce que cela pouvait lui importer de toute façon ? Yumeko avait toujours été plutôt neutre avec lui. C'était d'ailleurs pour cela qu'il ne comprenait pas pourquoi c'était de lui dont elle avait besoin.

... Dont elle avait besoin ?

Non.

Yumeko l'évitait considérablement ces temps-ci. Bien qu'il savait qu'il entretenait avec la brune une relation plus approfondie que les autres garçons de la classe, il doutait sérieusement des suppositions de Yaoyorozu.

Une jeune fille amoureuse se remarque directement.

Il avait été le seul à la voir dans sa plus grande détresse. Elle ne montrait pratiquement rien d'habitude. Elle essayait toujours d'être forte et de se surpasser pour les égaler. Elle donnait toujours le meilleur d'elle-même malgré ses faiblesses.

Plusieurs fois, il l'avait vu sur le point d'abandonner. Durant les vacances d'été, durant les entraînements, durant les cours d'héroïsme... Durant sa descente aux enfers. Mais il avait tout fait afin d'être là pour elle. Il le savait et il en avait même eu besoin. Il avait été nécessaire pour lui de rester aux côtés de cette jeune fille qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau.

Il voyait son reflet en elle.

Détruite par les flammes et l'oppression.

Todoroki observait sa main, complètement dans le vague. Il observait la fine couche de givre qui glissait distraitement sur sa main droite. Le long de ses doigts, de sa paume et de son poignet. Une petite particule de glace qu'il pouvait briser à tout moment.

Il se sentait comme elle.

Faible et facilement destructible, une pression trop forte et elle volait en éclat.

Si elle avait besoin de son aide à lui... Mais alors, que lui avait-il fait ?

Il y a des signes qui ne trompent pas.

Son cœur rata un battement. Il en eut un deuxième plus bancal avant de repartir dans une course folle. Il ne devait pas se voiler la face et il n'était pas idiot non plus. Si effectivement, Sero avait raison et que Yumeko pouvait également ressentir ce genre de sentiments...

Alors peut-être qu'il n'y était pas pour rien.

Peut-être qu'il n'avait aucun rapport non plus avec elle et qu'il se l'imaginait. Mais la jeune fille ne côtoyait qu'un petit cercle de personnes et le jeune homme avait espoir d'en faire partie. S'il acceptait de suivre ce raisonnement, rien qu'un instant, rien qu'un peu, alors la logique voulait que le comportement de Yumeko ces derniers temps ait une signification.

Non, ce n'était pas rationnel, il devait se forcer à mieux réfléchir.

Tout à coup, comme une puissante décharge électrique qui l'acheva sur place, Todoroki se remémora une des paroles de Yaoyorozu. 

La situation devient urgente ces temps-ci.

Alors il comprit.

De ce point de vue, tout prenait sens. Le jeune homme savait que cette peur qu'il ressentait au fond de lui n'était que les prémices d'un sentiment bien plus fort. Pour lui, il le savait depuis longtemps. Il savait qu'il ne pouvait revêtir ce masque de pierre devant Yumeko. Mais il ne devait pas se hâter sur les conclusions. Après tout, est-ce qu'elle connaissait déjà rien que l'existence de ce sentiment ? Elle n'avait rien connu de ce monde pendant si longtemps que cela semblait bien trop tôt pour elle. Il voulait même l'en protéger et ne surtout pas l'importuner avec de telles futilités. La jeune fille avait très certainement plus important à faire que de s'intéresser aux angoisses d'un de ses camarades.

Et il fut conforté dans cette idée lorsqu'il aperçu quelqu'un passer devant leur chambre. En effet, dans les temples d'époque, les portes étaient essentiellement constituées de bois et de papier. De ce fait, lorsqu'une lumière était allumée de l'autre côté, les ombres laissaient entrevoir tout ce qu'il s'y passait derrière.

Il ne fut d'ailleurs pas le seul. Tout le monde vit une grande silhouette, probablement celle de leur professeur, accompagné d'une plus petite au dos voûté. Mais ce que concoctaient Psychic et Eraser Head en début de soirée n'était pas ce qui intéressait réellement les garçons. Ce qui attira plutôt leur attention fut la troisième ombre. Celle qui reposait dans les bras de leur enseignant, probablement inerte à en voir sa chevelure traînant presque sur le sol.

Il n'y avait qu'une seule fille dans la classe avec une telle longueur de cheveux que Psychic ne laissait jamais tranquille.

Le cœur de Todoroki se serra d'un coup, lui lacérant une douleur vive et mortelle dans le thorax. Un désir viscéral de s'assurer qu'elle allait bien le força à se lever d'un bond, sans même s'en rendre compte, et sous les regards interloqués de ses camarades. Il ouvrit la porte en bois, la dégageant avec force sur les rails coulissants avant de s'engouffrer dans le couloir à la suite de son professeur.

Un reniflement dégoûté brisa le silence pesant alors que tout le monde fixait encore l'entrée grande ouverte.

- Oï, ce mec.

- Ne dis rien Kacchan, s'il-te-plaît...

Les regards de Midoriya et Bakugo se croisèrent.

Ils avaient comprit en une fraction de secondes ce qui arrivait au bicolore. Le blond décida toutefois d'ignorer ces imbécillités et continua d'observer les champs de glycines à l'extérieur, ennuyé par cette soirée rocambolesque qui venait enfin de se terminer.  

______________

Bonjour tout le monde ! 

Pour aujourd'hui, je vous présente un chapitre sans Yumeko et qui fait parallèle aux sentiments d'un certain Todoroki et d'une tête électrique ! ❤️

J'espère qu'il vous a plu et je vous avais dis que les choses s'accéléreraient ehehhh par contre j'espère aussi que les titres sont clairs pour vous et que je pars pas toute seule dans mes délires '-'

Bisous ღ

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