Chapitre 54 : Visite

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Je détestais sentir ces grosses paluches tâter mon corps de partout.

- Veuillez déposer tous vos objets en métaux dans la boîte, s'il-vous-plaît.

Le gardien procéda à une énième fouille corporelle avant de me laisser rejoindre la prochaine étape de sécurité de la prison. Je laissais ma veste dans la dite-boîte à cause des fermetures en métal et passais le portique de détection. Le voyant s'illumina de vert et je pus me rendre du côté des visites de détenus.

Après m'être réveillée aux côtés de Todoroki plusieurs jours auparavant, lui et moi avions eu le temps de discuter du déblocage de mon alter, de ses causes et de ses conséquences. Et nous en étions arrivés à une seule conclusion : il était impératif que je fasse un tour à la prison de Tokyo.

Il avait insisté pour m'accompagner mais j'avais refusé que quiconque vienne avec moi.

C'est pourquoi Nemuri venait de m'y déposer après un trajet en voiture plus que stressant et m'attendait de pied ferme à l'entrée. Elle avait justifié ma présence au comptoir d'accueil et sa préférence de ne pas m'accompagner, ou plutôt la mienne, puisqu'elle avait insisté exactement comme Todoroki.

Et depuis, cela faisait une vingtaine de minutes que je franchissais des postes de contrôle et signait divers papiers d'accords de non-utilisation d'alters dans l'enceinte de la prison.

Pour tout avouer, mon estomac me lacérait tellement d'angoisse que j'étais prête à me carapater fissa ou simplement m'asseoir dans un couloir en attendant que Nemuri vienne me chercher.

De plus, j'étais passée par tous les regards pesants des gardes et des secrétaires d'accueil depuis mon arrivée ici. Nous n'étions pas au Tartarus et les visites étaient autorisées, alors je n'appréciais vraiment pas que l'on me dévisage de la tête au pied comme une aliénée. Je voulais simplement qu'on me laisse tranquille et faire mes petites affaires avant de me sauver d'ici.

- Les alters sont interdits, comprenez que vous serez étroitement surveillée durant votre entretien et que tout geste suspect aboutira à de nouveaux contrôles.

Je hochais la tête, me liquéfiant sur place sous les iris perçantes de la trentenaire en face de moi.

- Attendez ici que le détenu soit amené au parloir. À son arrivée, un collègue viendra vous chercher et vous n'aurez que quinze minutes d'entretien. Il ne devrait pas tarder, sur ce, veuillez m'excuser.

Elle se courba par politesse et tourna les talons, droite dans ses bottes et son chignon, avant de me planter devant une grande porte en métal. Je me trouvais tout à coup seule face à mon anxiété et j'en avais déjà marre de patienter. Me laisser seule avec des pensées qui n'étaient pas toujours saines pour moi était une véritable torture.

Mon cœur battait affreusement vite et je peinais à respirer correctement. Mes mains étaient moites et des sueurs froides me dévalaient la nuque. J'étais probablement sur le point de faire une crise de panique à en croire tous les signaux d'alerte que me lançait mon corps.

Néanmoins, si j'étais ici ce n'était pas pour rien alors je me devais de ne pas laisser paraître mon angoisse.

Il ne fallut pas attendre plus longtemps pour qu'un homme à la carrure massive ouvre la porte et me fasse signe d'entrer. J'expirais une profonde inspiration, m'efforçant de calmer les battements de mon cœur et eus une dernière pensée pour Nemuri et Todoroki avant de revêtir ce masque de pierre qui ne laissait passer aucune émotion. 

Je devais être inébranlable.

Je m'avançais de quelques pas et bien vite, fus accueillie par un rire si dément et si fort qu'il résonna dans toute la pièce.

- Nom d'une pipe ! Alors là, je m'attendais pas à une telle visite, gamine ! À croire que tu peux pas te passer de moi, hein !

Un haut-le-cœur me souleva l'estomac et je dus faire un effort monstre pour ne rien montrer.

Devant moi se tenait Yukimoto Seji, tranquillement assit derrière la vitre du parloir, les mains derrière la tête. Je remarquais immédiatement sa combinaison orange vif de prisonnier et ses menottes anti-pouvoir.

Quelque part, voir ces enclaves sur ses poignets me retirait un poids des épaules. Il y avait des surveillants dans chacun des côtés du parloir, deux pour me protéger et deux pour arrêter Yukimoto s'il venait à piquer une crise de nerfs. Une vitre épaisse me séparait également de cet homme et je fus surprise de voir qu'elle n'était percée d'aucun trou pour discuter.

Il y avait uniquement un téléphone sur le côté et ce fut seulement à ce moment-là que je me rendis compte à quel point Yukimoto avait hurlé fort et semblait devenir fou en ma présence.

Toujours neutre, je ne laissais pas mes jambes me clouer sur place et m'assis promptement sur la chaise peu confortable avant d'empoigner le combiné à ma droite. Je ne le lâchais pas du regard, plantant mes iris enflammées dans les siennes ténébreuses, désireuse que l'or en fusion brûle la ferraille sans valeur de ses yeux.

Un sourire cynique lui fendit le visage jusqu'aux oreilles alors qu'il prit tout son temps pour décrocher la ligne de l'autre côté, s'amusant avec l'appareil.

- Bonjour, Yumeko. 

Cette voix me donnait envie de gerber. Il le savait et profanait tout de même mon nom de ses octaves sombres et répugnants.

Comme toujours, Yukimoto Seji empiétait sur les failles de ceux qui lui faisaient face pour mieux les écraser, se languissant de piétiner leurs plaies béantes. Mais ce qu'il ne savait pas, c'était que Psychic m'avait spécialement formé à lui faire face et que je n'avais pas passé une semaine à me les geler dans la montagne pour perdre mes moyens dès que je le rencontrais.

- Je n'ai pas le temps de jouer à ton petit jeu, articulais-je chaque mot d'un ton ferme.

Un éclat de surprise passa dans son regard, ne s'attendant probablement pas à tant de désinvolture rien que dans ma voix. Il avait eu l'habitude de ma soumission permanente, et même s'il m'était arrivée d'être insolente envers lui rien que pour me sauver un peu d'honneur, il avait comprit que cette autorité n'était pas que de façade aujourd'hui.

Quand bien même il essaierait de me marcher dessus, je me tiendrais debout. Peu importe à quel point il piétinait les autres, je marcherais toujours plus haut, au-dessus de lui et de sa folie. C'était terminé l'époque où il se délectait de ma peur et de mon obéissance.

- Mais que vois-je ? Tu n'as plus le regard d'une morte, gamine. Je peux sentir ta haine d'ici et s'il n'y avait pas eu cette épaisse vitre entre nous, je suis certain que tu aurais saisis l'occasion pour me trancher la gorge, s'amusa-t-il.

À mon tour, je me surpris à fendre mon masque pour la première fois depuis mon arrivée ici, mais contre toute attente, pour un sourire torve et provocateur.

- Oh, ce n'est pas l'envie qui en manquerait à beaucoup tu sais, toutefois, je suis du côté des héros. Alors je préfère mille fois te regarder crever au fin fond d'un trou à rats comme celui-ci plutôt que de me tâcher les mains de ton sang dégueulasse. Comme je t'ai dis, je n'ai pas ton temps et si je suis venue aujourd'hui, c'est pour m'assurer que tu croupis bien dans cette prison et que tu ne puisses jamais en sortir.

Un rire terrible le secoua sur sa chaise. Mais alors qu'il s'apprêtait à trouver les mots pour tenter de me détruire ou creuser de nouvelles failles, je lui coupais la chique et repris la parole.

- Pendant plus de dix ans, tu as essayé de chercher un alter capable d'encaisser le tien et comme tu n'en trouvais aucun, tu as tué des centaines d'enfants. Des centaines. Tu ne travaillais pas que pour le dernier réseau, tu as pratiqué tes expériences dans pratiquement chacun d'eux. Tout ça pour quoi ? Pour ne rien réussir et seulement devenir un des pires meurtriers du pays.

Si je le laissais parler, il trouverait tout de même un moyen de me briser. Si son adversaire n'avait pas de failles, Yukimoto Seji les créait lui-même et c'est pour ça qu'il était un véritable monstre qui ne devait jamais sortir d'ici.

Mes mâchoires se serrèrent et ma prise sur le téléphone également. Je mourrais effectivement d'envie de sauter derrière cette maudite vitre et de lui péter les dents. Ça lui éviterait de me montrer ce sourire immonde qui ne le quittait jamais.

Bakugo était totalement en train de déteindre sur moi. 

Mais quand bien même une fureur sans nom se réveillait en moi à chaque fois que je le voyais, j'avais mûri et pris de l'âge par rapport à la Yumeko d'avant, même comparé à celle qu'il avait capturé il y a quelques mois. Alors je contrôlais actuellement ma colère mieux que personne et continuais de ne rien montrer, confiante pour la première fois devant cet homme.

- Je ne comprendrais jamais pourquoi vous avez tous fait ça. N'es-tu pas hanté par leurs cris et leurs supplications ?

Il se gratta nonchalamment l'intérieur de l'oreille avant de s'accouder sur la petite table devant lui, une idée en tête.

- Si, il m'arrive même parfois de leur parler et dans ces moments-là, je leur demande s'ils souhaitent qu'on s'amuse encore un peu.

J'allais vomir.

Cet homme allait me faire vomir.

- E-Et tu serais prêt à recommencer en plus ?

Cette faille dans ma voix ne put lui échapper. Il saisit alors cette ouverture pour me poser la seule question à laquelle je ne m'attendais pas. 

- Yumeko, sais-tu pourquoi tu as atterris à Kamaryuu ?

Avant de venir ici, Nemuri et moi avions fait le tour des répliques cinglantes que Yukimoto pouvait m'envoyer. Mais ça, cette question, je ne me l'étais jamais posée. N'ayant absolument aucun souvenir de ma petite enfance, il ne m'était jamais venu à l'esprit de me demander d'où je venais.

Mes origines. 

J'avais bien des racines quelque part et ça, je ne m'en étais jamais rendue compte. Ma vie avait débutée dans les catacombes de la Terre et il n'en était autrement.

- Tu veux savoir, hein ?

Il se délectait de la terreur visible sur mon visage et avait une fois de plus su exactement comment faire pour anéantir mes efforts à néant.

Tout à coup, un rire encore plus terrible me tira de cette transe et me cloua cette fois-ci bien sagement au fond de ma chaise.

- Oh attend, ça me revient, tu veux connaître ton véritable prénom ?!

Todoroki. 

N'aie pas peur, pense à Todoroki. Pense à son visage, à ses yeux, son nez et ses lèvres. Celles qui t'ordonneraient de ne pas te laisser engloutir. Celles qui te hurleraient que tu n'as pas fais tout ça pour rien.

Penser à lui, c'était comme se redonner une décharge électrique.

Je me levais d'un coup, toisant l'homme en face de moi et serrais les poings de toutes mes forces. Mes phalanges blanchirent à l'extrême et mes ongles tailladèrent les paumes de mes mains. 

Ne pas se laisser faire, merde ! Il n'attend que ça ! 

- Yukimoto ! Mon nom est Yumeko Kayama, grave-toi ce nom dans le crâne, parce que jusqu'à preuve du contraire, c'est la personne que je suis et personne d'autre. La gamine que t'as capturé je ne sais où pour la jeter dans la fosse, elle n'existe plus !

Je plaquais mes mains abîmées sur la table en face de moi, faisant trembler la lourde vitre entre nous. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise et il eut un mouvement de recul.

- Tu ne me briseras plus Yukimoto, c'est terminé, les gens changent. Mais toi, tu es coincé ici jusqu'à la fin de tes jours car tu as primé tes désirs sur la vie de bien trop d'enfants. Tu n'as pas le droit de vivre tranquillement. À jamais, leurs hurlements hanteront tes journées et tes cauchemars. Jusqu'au bout, jusqu'à la toute fin, tu seras condamné à rester prisonnier de tes tourments pour avoir torturé autant de personnes ! Regarde-moi Yukimoto, regarde-moi depuis ta cellule devenir celle qui capturera à son tour tous les enfoirés comme toi. Regarde-moi devenir la grande héroïne que tu n'aurais jamais imaginé que je deviendrais.

D'un coup, je fis volte-face et un signe de tête suffit à intimer aux gardes de m'ouvrir la lourde porte en métal qui me libérerait de cet entretien avec le Diable.

- Sur ce, Yukimoto Seji, ne nous revoyons plus jamais.

Je lui fis un signe de la main sans me retourner et quitta la pièce la tête haute, le torse bombé et des espoirs plein la tête. J'étais satisfaite d'avoir enfin terminé tout ce que j'avais à faire pour continuer dignement mon apprentissage héroïque.

Ainsi, je venais une fois de plus de renaître.

- Yumeko ?

Aussitôt après avoir mis un pied dehors, mon cœur fit un tollé dans ma poitrine. Je tombais nez-à-nez avec une nouvelle tête blanche comme neige, qui m'était bien trop familière.

Je sentis littéralement ma mâchoire se décrocher de ma bouche.

- Yoichi ?

- Qu'est-ce que tu fais là ? Me demanda-t-il, tout autant surpris que moi.

L'adolescent était accompagné d'une toute petite femme aux cheveux grisonnants et au regard terne. Son dos était voûté et elle faisait bien deux têtes de moins que le garçon. Elle m'observait également à travers ses yeux vides et cernés, restant toutefois à l'écart de notre échange.

- Le deuxième entretien avec le détenu deux-cent vingt-deux va commencer, veuillez entrer s'il-vous-plaît.

- Le deuxième ? Tiqua Yoichi.

Mes poumons absorbèrent le plus d'oxygène possible, bombant piètrement ma cage thoracique d'un air tout à coup devenu presque toxique.

- Je viens de voir Yukimoto Seji, Yoichi. J'avais quelques trucs à régler avec lui. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser.

Je m'inclinais devant lui et la petite femme avant d'essayer de m'enfuir de ce corridor bien trop étouffant.

- Qu'est-ce que tu foutais avec lui ?! S'énerva-t-il d'un coup derrière moi.

Mais je ne lui laissais pas le temps de sortir de ses gonds et accélérais le pas, sachant pertinemment qu'il ne me suivrait pas. Il devait voir son père en compagnie de sa mère et le temps de consultation n'était que d'une quinzaine de minutes. Il n'avait donc pas le temps d'éclaircir les choses avec moi et j'étais bien soulagée de ne pas avoir à me justifier.

Je traversais le couloir en trombe avant de retrouver la femme imposante et effrayante de tout à l'heure. Je m'arrêtais au comptoir derrière lequel elle était assise et récupérais rapidement mon manteau avant de dévaler plusieurs escaliers jusqu'à la sortie.

J'avais besoin de sortir, de prendre l'air et de quitter cette prison.

Mes jambes me précipitèrent sur le parking et je retrouvais Nemuri adossée contre la voiture, observant les longs ongles de ses mains.

- Nemuri !

La grande brune leva d'un coup la tête et je me jetais dans ses bras, ne lui laissant pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Toutefois, elle n'hésita pas une seule seconde à me rendre mon étreinte et à me serrer fort dans ses bras.

- Oh, Nemuri... Gémissais-je presque.

La pression que je ne pensais pas autant ressentir se relâcha d'un seul coup. Je sentais sa chaleur et sa douceur à elle, celle de Nemuri qui était comme une mère.

Pour moi, les liens du sang ne signifiaient rien. Yukimoto avait tenté une dernière fois de me déstabiliser mais avait échoué à son objectif. Nemuri était bien ma famille, au même titre que Teruko et Hisobe.

Je ne remarquais que maintenant que mon corps était secoué par de vifs tremblements et Nemuri me serra encore plus fort contre elle pour me calmer. Une de ses mains vint caresser le sommet de ma tête jusqu'au bout de mes cheveux, répétant des mots doux dans le creux de mon oreille pour me rassurer.

- Tu veux en parler ? Me demanda-t-elle d'une voix douce.

Mes mains se serrèrent dans son dos.

- Je n'ai rien laissé passer, je lui ai tenu tête jusqu'au bout.

- C'est bien, c'est exactement ce que tu devais faire et que tu dois continuer de faire. Tu as pu lui dire tout ce que tu avais en tête ?

Je hochais la tête, acquiesçant silencieusement. Nous restâmes ainsi de longues minutes, adossées contre la portière de la voiture et profitant de la chaleur des bras l'une de l'autre dans le froid glacial de l'hiver.

Un petit gloussement de sa part nous secoua toutes les deux.

- Aller, rentrons à la maison, on ne va pas rester ici quand même !

J'acquiesçais à nouveau et elle fit le tour de la voiture avant de s'engouffrer dans le véhicule. Je fis de même et pris place du côté passager. Il faisait encore chaud à l'intérieur mais Nemuri s'empressa tout de même d'allumer le chauffage avant de démarrer.

Cette visite avait chamboulé quelque chose en moi.

De toute évidence, à chaque fois que je faisais face aux affres que m'avait laissé Kamaryuu, que ce soit les tourments du passé ou cet entretien avec mon ancien tortionnaire, rien ne me laissait jamais de marbre. J'étais sensible et ce n'était un secret pour personne, autant pour Yukimoto que pour moi-même.

Mais dorénavant, même si je restais très influençable à cause de mes antécédents, je ne devais laisser que le positif modeler mon âme et mon esprit. Les héros avançaient et s'adaptaient toujours à toutes les situations, et c'était précisément ce qu'on essayait de m'apprendre depuis le début de l'année scolaire.

Mon regard se posa sur les écorchures de mes mains.

- Dis, Nemuri.

- Hm ? Répondit-elle en restant concentrée sur le trajet.

- Toi et moi... On a bien le même nom, n'est-ce-pas ?

Je sentis son regard se poser sur moi quelques instants avant qu'elle ne reporte son attention sur le trafic.

- Yumeko, tu es une Kayama, n'en doute jamais. Peu importe ce que ce taré t'as dis, tu es de notre famille quoi qu'il en est. Ma mère est ta grand-mère, mon père est ton grand-père, et notre famille est la tienne. Tu portes notre nom. Mais saches qu'un simple nom ne prouve pas qui tu es, même si je ne suis que ta mère par adoption, un lien entre toi et les Kayama s'est crée depuis longtemps et il restera immuable jusqu'au bout.

Sans m'en rendre compte, une douceur incroyable, pareille à la caresse d'une plume, me réchauffa le cœur alors que de fines larmes salées s'écoulèrent jusque dans les paumes de mes mains abîmées.

- En fait Nemuri, mes origines, c'est toi.

Elle me laissa pleurer toutes les larmes de mon corps alors que je m'efforçais d'essuyer ce flot d'émotions qui trempait mon visage.

- Tu es ma mère, n'est-ce pas ? Demandais-je d'une voix tremblotante et dissimulée entre deux sanglots.

Sa grande main se posa sur le sommet de mon crâne.

- Je serais ravie et honorée que tu me considères ainsi, mais s'il-te-plaît arrête de me faire pleurer, je ne verrais bientôt plus la route.

Je relevais d'un coup la tête pour finalement m'apercevoir que son visage était aussi déformé par les larmes que le mien, même si elle tentait de se retenir de toutes ses forces.

Mon cœur rata un battement. Il était rare voire même impossible de voir Nemuri se laisser aller dans un flot de larmes comme celui-ci. Je caressais doucement sa main, lui témoignant toute l'affection que je pouvais lui prouver à l'instant présent avant de la laisser la récupérer pour continuer de conduire.

Des reniflements synchronisés nous firent rire toutes les deux et des papillons de bonheur naquirent dans mon ventre pour venir chatouiller le bout de mes doigts.

- Tu devrais en parler à Todoroki en arrivant, tu ne crois pas ?

D'un coup, mes joues s'enflammèrent dans un brasier totalement inattendu. Je ne pensais pas que Nemuri me suggérerait de voir le garçon, et à chaque fois qu'elle prononçait son nom, mon corps avait une fâcheuse habitude à répondre au quart de tour.

C'était si embarrassant !

- Il est au courant pour aujourd'hui, n'est-ce-pas ? Dis lui de passer à la maison. Il ne le montrerait probablement pas, mais si toi et lui partagez bien ce genre de relation, alors il doit être mort d'inquiétude en ce moment même.

- Nemuri ! M'offusquais-je à son ton lourd de sous-entendus.

Elle me fit un petit clin d'œil avant de m'indiquer la boîte à gant du doigt. Je ne tardais pas à l'ouvrir et à y récupérer mon téléphone mobile, tout à coup bien moins confiante.

Mes doigts tremblaient furieusement contre l'appareil.

- Oh, aller ! Ne fais pas ta timide, vous avez déjà dormis tous les deux sur le canapé.

Cette fois-ci, ce fut ses joues à elles qui s'embrasèrent, mais d'excitation et d'idées perverses surtout. Je n'osais même pas penser à tout ce qu'elle s'imaginait depuis que je lui avais révélé que le bicolore et moi avions faillit nous embrasser.

Pourtant, je n'étais pas encore sûre de la relation que nous partagions, contrairement à elle et...

- Arrête de réfléchir ou c'est moi qui le fais !

Je déglutis.

- Tu es sûre ?

Elle hocha vigoureusement la tête et mes mains se mirent à frémir encore plus fort, faisant trembloter le téléphone comme un marteau-piqueur dans mes mains. Il me fallut faire un effort monstre pour ouvrir la messagerie sur la conversation de l'adolescent.

«Todoroki, nous venons de quitter Tokyo, es-tu libre cette après-midi ? – Yumeko »

J'allais à tous les coups passer pour une idiote et c'était terriblement gênant rien que de penser à le voir en dehors de l'école.

Mon corps faillit piquer une crise cardiaque lorsque mon téléphone vibra immédiatement après et que je le lâchais d'un coup contre le tableau de bord. Nemuri éclata de rire devant ma réaction et je m'empressais de récupérer l'appareil tombé par terre, une moue plaquée sur le visage devant sa taquinerie. 

«Oui, je t'attends devant chez toi ? – Todoroki Shoto »

Et pour la deuxième fois, pareille à la douce caresse d'une plume, mon cœur se réchauffa considérablement dans ma poitrine en pensant à ce garçon.  

_____________

Bonjour tout le monde ! 

On avance encore tout doucement, mais sûrement, vers la suite les ami.e.s 😏❤️

Très franchement, la dernière confrontation Yukimoto/Yumeko devait être dans l'introspection de Psychic, si vous vous souvenez bien. Mais j'ai changé d'avis et j'ai préféré en faire une réelle, où elle aurait la hargne de le remettre à sa place alors qu'elle ne l'a jamais fait. 

Bisous ღ

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