Chapitre 68 : L'anniversaire

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Je tombais des nues.

Ce turquoise brûlant me dévisageait de haut en bas, incendiant chaque parcelle de mon corps et de mon âme. Ce regard me sondait jusqu'au plus profond de mon être. La tension n'accrut qu'à l'intérieur de moi, me provoquant de terribles frissons et sueurs froides.

Cet azur bien différent de celui de Todoroki, ces flammes venant tout droit de l'enfer, ce visage carré et sévère, tout me donnait envie de prendre mes jambes à mon cou. Mais je n'en fis rien et me contentais de détourner le regard en inclinant la tête en signe de politesse. Il m'avait littéralement coupé toute possibilité de parler.

- Bande de sales garnements ! Résonna sa voix grave et puissante. Vous ne m'attendez même pas pour déjeuner ?!

- Bonjour papa, le salua Fuyumi d'un petit sourire. Installe-toi, nous venons juste de commencer.

Et effectivement, aux mots de sa fille, Endeavor s'installa sans broncher en posant ses poings lourds sur la table. Il ne dit rien, attendant patiemment qu'on le serve tout en ne détachant pas son regard de moi. Exactement comme le grand frère de Todoroki une heure auparavant, Endeavor me fixait, perdu dans ses pensées.

Fuyumi lui offrit un léger sourire et le grand homme la remercia pour l'assiette bien remplie qu'elle lui donna.

- Comment s'est passé ta semaine ? Lui demanda-t-elle.

Il haussa les épaules.

- Rien d'intéressant à raconter à part le fait que ce poulet rouge m'envoie trente messages à la seconde. En plus, les apprentis de Yuei doivent être sous la coupe de quelqu'un en permanence et ils me fatiguent. Mis à part ça, ils font du bon boulot.

J'adressais un sourire à Todoroki.

Savoir que leurs apprentissages se déroulaient correctement malgré leurs rapports houleux à tous les trois était une bonne nouvelle. Ils étaient comme chiens et chats mais finalement, nous savions tous qu'ils s'accordaient au moins une petite once de respect mutuel.

- Mais il y a quelque chose qui me dérange, prononça-t-il en croisant les bras sur son torse massif.

À mon plus grand malheur, c'était moi qu'Endeavor dévisageait.

- J'ai entendu dire que Midnight avait envoyé une gamine à Yuei.

Remarquant probablement le malaise, Natsuo se racla la gorge pour reporter l'attention de son père sur le repas. Toutefois, ce fut sans compter sur sa franchise légendaire qui me cloua sur place :

- Toi... T'es la rejeton de cette femme, n'est-ce pas ?

Cette question jeta un silence dans la pièce.

Je m'étouffais avec l'eau de mon verre et Todoroki s'empressa de me tapoter le dos pour faire passer la toux. Ses sourcils se froncèrent et il jeta un regard accusateur à son père.

Je savais depuis un moment que les rapports qu'entretenaient le garçon avec son paternel s'étaient largement améliorés. Il me contait parfois quelques discussions qu'ils avaient ensemble et nous avions été heureux de constater que cette famille remontait la pente.

Or, au regard qu'il jeta au héros des flammes, un immense sentiment de culpabilité m'assaillit à nouveau. Loin de moi l'envie d'être une source de conflit dans ce repas de famille.

D'un regard, je lui fis comprendre que tout allait bien. Todoroki finit par retirer sa main et je me contentais d'acquiescer doucement.

Endeavor nous regarda tour à tour, avant d'engloutir une immense tranche de bœuf.

- Tu es la fille de Midnight ? S'enthousiasma Natsuo. Elle est très connue, c'est fantastique ! Mais au quotidien, avoir de la famille dans ce milieu peut être compliqué à gérer, non ? Surtout si tu es à Yuei. 

Il n'avait pas tord. Par moment, j'oubliais qu'elle était une héroïne célèbre. Entendre une telle remarque dessina un sourire sur mon visage.

- C'est ça. Nemuri travaille également au lycée mais c'est tout à fait gérable. Elle sait faire la différence entre le professionnel et le privé. Todoroki est dans la même situation et j'ai l'impression qu'avoir des parents-héros est monnaie courante à Yuei.

- Qui aurait pensé que cette folle furieuse aurait adopté ? Pensa Endeavor à haute voix. Au moins, ce geste permet d'atténuer le fiasco d'il y a quoi ? Trois ans, non ?

- Papa, le coupa Todoroki. On mange.

Ce ton froid surprit autant Natsuo et Fuyumi que moi-même. Todoroki venait explicitement de me placer sous sa protection, devant son père. À ce rythme et par le manque de tact d'Endeavor, le repas allait bien vite virer au cauchemar par ma faute.

Endeavor toisa son fils du regard avant de se radoucir un peu.

- Hm, oui tu as raison, mangeons. C'est juste que parfois, je me souviens de cette affaire dont All Might n'avait pas été le responsable. C'était l'occasion parfaite pour devenir le numéro un mais je ne l'ai pas saisi correctement. Aucun de nous ne l'a fait, d'ailleurs.

De toute évidence, Endeavor avait piqué la curiosité de ses deux autres enfants qui se retinrent de poser des questions mal placées. Je voyais parfaitement leurs regards jongler entre moi et leur père, et je ne pouvais pas leur en vouloir. Seuls lui, Todoroki et moi savions de quoi il parlait.

- Vous étiez le numéro un, soufflais-je, le regard dans le vide.

Tout à coup, le bicolore se tourna vers moi, la surprise trahissant chacun de leurs visages.

- Yume-

- Ça va, Todoroki. Monsieur Endeavor, en effet, All Might n'était pas là et avec l'aide d'autres héros, c'est vous qui êtes venus à notre secours. Ce soir-là, même s'il était déjà trop tard, vous avez réussis à sauver quelques uns d'entre nous. Même si nous ne sommes pas nombreux, c'est déjà extraordinaire d'avoir été tirés d'affaire.

Mon regard d'or s'encra dans les prunelles flamboyantes du héros et je compris que j'avais toute son attention.

- Il est vrai que je n'y ai jamais pensé avant aujourd'hui et cela ne m'a même jamais effleuré l'esprit. Mais c'est grâce à vous que j'ai connu ce monde. C'est grâce à vos efforts, à ceux de Midnight et de tous les autres, que j'ai gagné le droit de vivre. Je vous assure que ce n'était pas un fiasco.

J'avalais ma salive, cachant mes mains tremblantes sous la table, avant de m'incliner légèrement pour exprimer toute ma gratitude.

- Et parce que vous nous avez sauvé il y a trois ans, merci beaucoup.

J'avais inconsciemment fermé les yeux, oubliant les personnes autour et ne me focalisant que sur le grand héros à l'autre bout de la table.

- Relève la tête gamine et mange beaucoup, t'en auras besoin.

Endeavor détourna les yeux et engloutit son repas en quelques bouchées avant de se lever et de débarrasser son plat.

Tous stupéfaits, ce fut le petit rire de Fuyumi qui nous ramena à la réalité.

- Ça lui a fait plaisir, je crois. Mais il n'osera jamais le dire, c'était sa manière de te remercier. Aller, finissez vite de manger. Cet après-midi Natsuo a prévu du tir à l'arc pour l'anniversaire de Shoto.

- Exactement ! S'exclama l'intéressé. J'ai pensé que c'était une excellente idée pour fêter ça !

Todoroki se pinça l'arête du nez, désespéré.

- Natsuo, Fuyumi...

Soudain, je sentis la foudre me frapper sur ma chaise. J'avais failli oublier que c'était son anniversaire. Je m'étais pourtant répétée cent fois qu'il ne fallait pas passer à côté d'une chose pareille. Après tout, je n'avais pas arpenté les commerces de Musutafu avec Nemuri et les filles pour rien.

Ni vu ni connu, alors que Todoroki était occupé à réprimander Natsuo et Fuyumi pour leur manque de discrétion, j'attrapais mon sac non loin de là et en sortis un petit paquet grossièrement emballé dans du papier de toutes les couleurs.

Le papier cadeau était ridicule mais je n'avais rien pu faire contre les goûts extravagants des filles qui ne voulaient pas se contenter d'un, je cite, «vieux morceau de journal».

Il eut un léger mouvement de recul lorsque je lui mis sous le nez.

- Excuse-moi, j'ai failli oublier. Joyeux anniversaire, Todoroki.

- Oh, mais que de surprises aujourd'hui ! S'égaya Fuyumi en empilant les bols vides.

Nos regards se croisèrent et Todoroki comprit immédiatement mon embarras. Il s'empara doucement du cadeau, perdu dans ses réflexions.

- Tu sais, tu n'étais pas obligée. Je ne voulais pas que cela te gêne alors je ne t'en ai pas parlé. Donc rien que pour le geste, merci beaucoup. Je peux l'ouvrir ?

J'arquais un sourcil, la tête sur le côté.

- Pourquoi tu ne le ferais pas ? Lui demandais-je. Les filles m'ont dit qu'il fallait l'emballer pour l'ouvrir après, même si je ne comprends pas du tout le concept.

L'adolescent pouffa discrètement.

- Pardon, c'était une question idiote. À vrai dire, je ne sais pas non plus pourquoi les cadeaux doivent être couverts.

Todoroki observa le papier coloré de tous les côtés sous les regards intrigués de son frère et de sa sœur. Il finit par le retirer et en un instant, je vis son visage se figer dans la pierre. Là, je voulais vraiment m'enfuir. C'était pire que de faire face à Endeavor. Il ne savait pas comment réagir et je savais déjà que j'avais fais une grosse bêtise en choisissant une chose pareille.

Après un silence interminable et le temps que cela lui monte au cerveau, Natsuo éclata de rire. Cela n'aida en rien à me rassurer et je sentis un brasier m'enflammer les joues. Je voulais disparaître. Quelle connerie avais-je faite de lui offrir un cadeau ? Je n'aurais rien dû faire du tout.

En voyant le manque de réaction de Todoroki, je compris l'absurdité de ce que je venais de faire. Et honnêtement, Natsuo qui se bidonnait de rire juste à côté ne faisait qu'accroître mon malaise.

- O-Oh mon dieu ! Hurla-t-il de rire. E-E-Excellent ! Les cents meilleures recettes de sobas ?! Je vais mourir de rire, au secours !

- Pa-Pardon, Todoroki ! Au final, je n'avais aucune idée de ce que tu aimais à part ça et je-

- C'est parfait. Vraiment Yumeko, c'est parfait.

Mon cœur rata un battement lorsqu'un sourire sincère retroussa ses lèvres parfaites.

- À vrai dire, cela te ressemble même beaucoup. Tu n'as pas cherché quelque chose de compliqué et je suis touché par ton geste. Merci.

Il se tourna vers moi, ne se dépeignant pas de son sourire.

- On a intérêt d'en faire profiter les autres à l'internat.

Je hochais timidement la tête.

- Bon ! C'est pas tout mais Natsuo, arrête de rire comme une baleine, s'amusa la jeune femme. Allez donc vous préparer pour le tir à l'arc. Je suis sûre que papa est allé installer les cibles. Yumeko, tu veux bien venir avec moi pendant ce temps ?

- H-Hein ? Mais nous avons terminé de réviser, je devrais peut-être y aller-

- Reste... S'il te plaît. C'est une bonne journée, non ? S'enquit immédiatement le bicolore.

- Alors, c'est décidé. Viens avec moi, Yumeko.

Et sur ces paroles, Fuyumi m'embarqua dieu savait où dans le dédale de couloirs de la maison. J'eus un soupir amusé et insistais pour la décharger des plats qu'elle transportait. On arpenta donc le bâtiment toutes les deux, des bols et assiettes bringuebalantes dans les bras.

On les déposa dans la cuisine et Fuyumi pesta devant la quantité de vaisselle qu'elle aurait à faire plus tard. Elle était vraiment douce et adorable, presque comme Todoroki. Ces deux-là se ressemblaient comme deux gouttes d'eau et je ne pouvais qu'apprécier cette jeune femme. Elle me racontait quelques anecdotes et je m'en amusais. En réponse, je lui contait les quelques moments amusants que nous vivions à l'internat.

Fuyumi remplit une gourde d'eau fraîche et m'invita à la suivre jusqu'à l'extérieur.

- Je suis soulagée de voir que Shoto ait pu créer des liens à Yuei. Tu sais, cela n'a pas toujours été facile dans cette maison, plus pour lui que pour nous.

J'acquiesçais doucement.

- Je ne l'ai rencontré qu'en deuxième année et plusieurs de nos camarades m'ont dit qu'il s'était bien plus ouvert à eux qu'avant.

- Je vois, c'est une excellente nouvelle.

Elle fit coulisser une large porte en bois qui s'ouvrit sur une petite cour intérieure.

Le sol, les arbustes et les plantes étaient couverts de neige. Une petite allée délimitée par des pierres se dessina à travers la petite épaisseur blanche. Des traces fraîches venaient tout juste de souiller l'immaculé et lorsque mon regard se posa sur les garçons qui attendaient au bout, mon cœur s'emballa lui-même dans une danse endiablée.

Mes battements incontrôlés couvrirent tous les autres sons autour de moi. Je n'entendais plus rien et mes yeux furent incapables de se détacher de lui.

Il ne m'avait pas encore vu mais pour rien au monde je ne voudrais attirer son attention maintenant. Au bout de ce petit jardin, Endeavor terminait d'installer trois grandes cibles pour lui et ses fils. Et au milieu de ce cocon de neige et de glace, Todoroki était concentré à essuyer des flèches fraîchement sorties d'un vieux placard.

Natsuo et lui avaient eu le temps de se changer. Ils portaient tous les deux des kimonos traditionnels taillés pour le tir à l'arc. Todoroki était habillé d'un large bas noir et d'un haut blanc où une fine plaque de tissu noir recouvrait une partie de son torse.

Le rouge de sa chevelure et le noir de son kimono attirait tant mon regard que plus rien n'avait d'importance à mes yeux pour le moment. Cette vue fantasmagorique et d'une beauté presque surnaturelle me poussait à me demander si ce jeune garçon était bien réel et pas seulement un mirage créer de toutes pièces.

Todoroki... Était si beau.

- Tu veux participer ? Me questionna Fuyumi après avoir donné la gourde à son père.

Je hochais négativement la tête avant d'appuyer mon coude contre une rambarde en bois.

- C'est une bonne occasion de voir Todoroki pratiquer une autre activité que l'héroïsme.

- C'est vrai. Comment est-il durant vos cours héroïques ?

Je fixais le garçon, perdue dans mes réflexions. Le bruit sourd d'une flèche encochée et tirée vint jusqu'à nous. Todoroki avait manqué le centre de peu.

- Il réussit tout ce qu'il entreprend. Mais c'est bien plus qu'avoir de bons résultats. Ce garçon est un grand héros, je n'ai aucun doute là-dessus et c'est aussi grâce à ses nombreux efforts que je peux me considérer heureuse d'être sur le même piédestal que nos camarades de classe. Il m'aide très souvent.

- Comme aujourd'hui avec les révisions, pas vrai ?

On s'échangea un sourire amusé lorsque la flèche de Natsuo atteignit parfaitement le centre.

- Exactement. Parfois, je pense que cela doit l'ennuyer de m'apprendre ne serait-ce que la base de nos cours mais il n'hésite jamais à me proposer son aide.

Endeavor ne tarda pas à se prêter au jeu. Il hurla le prénom de son fils avant de décocher une flèche si puissante que la cible en trembla. Malheureusement, il ne fit pas mieux que Natsuo et il jura contre «l'inefficacité de ces vieux arcs pourris».

L'ambiance était au divertissement et à la bonne entente. C'était très agréable de voir Todoroki sans filtre, ou presque, pratiquer un loisir avec sa famille. Cela nous était rarement permis à Yuei. Nous accordions tout notre temps à nos études. Alors observer ces deux frères et leur père s'adonner tous les trois à la même activité était très réjouissant.

Surtout lorsqu'on connaissait les antécédents de cette famille.

Tout devenait plus beau de cette manière.

- Yumeko !

Je relevais la tête, surprise.

- Oh, je crois que Shoto t'appelle, vas-y, me conseilla Fuyumi.

J'acquiesçais et filais d'un pas hésitant jusqu'au garçon.

- Tu devrais essayer, me suggéra-t-il. Je suis certain que tu y arriveras plus facilement que nous.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Todoroki lâcha un petit soupir avant de chercher mon regard. Il y arriva sans aucun soucis et plongea ses belles prunelles dans les miennes.

- Si c'est parce que tu as peur de nous déranger, il est inutile de t'inquiéter. Rien qu'un tir, ça te va ?

Je considérais sa proposition. Un tir n'était pas la mer à boire et Todoroki avait l'air d'y tenir. Ce n'était pas le moment de faire la forte tête. Je pouvais au moins lui accorder cela.

- D'accord, je vais essayer.

- Bien, dit-il avant de me donner gentiment son arc.

Je fus surprise par le poids conséquent de celui-ci. Il était fait d'un bois souple dont je ne connaissais pas l'origine et la corde se tendait sans difficulté. Je récupérais une flèche toute propre dans la housse prévue à cet effet et lançais un regard incertain à Todoroki.

- Oh, la miss s'y met ! S'amusa Natsuo en reculant. Je t'en prie, éclate le score.

- Éclater le score ?

- Oui, répondit Todoroki. Regarde bien les cercles concentriques de la cible. Les rouges rapportent plus de points que les blancs.

Je suivis son regard et compris enfin le but de leur jeu. Cela ne devait pas être si compliqué que ça.

Toutefois, je fus bien embêter par l'arc qui pesait vraiment lourd dans mes bras. Je n'avais pas l'habitude et c'était déjà très difficile de le lever en position de tir.

Les deux garçons s'écartèrent et Endeavor passa derrière moi pour les rejoindre, les sourcils toujours plus froncés. Il croisa les bras sur son torse et son regard sévère me hérissa l'échine. Il me flanquait encore une sacrée frousse.

- Même sans son alter, je suis sûr qu'elle va faire un parfait, affirma discrètement Todoroki à son grand frère.

- Tu penses ? J'ai hâte de voir ça. Vas-y à fond ! M'encouragea Natsuo.

J'encochais ma flèche et gardais la cible en joue durant quelques secondes. Une inspiration, une expiration, et ma flèche partit à toute vitesse. Malheureusement pour moi et pour Todoroki qui m'avait accordé toute sa confiance, la longue tige fusa sur quelques mètres avant de s'empaler en beauté dans un parterre de fleurs dégarni par le froid.

- Mince, commenta Natsuo.

Endeavor soupira, absolument pas surpris.

Je grimaçais lorsque le bicolore revint vers moi, les sourcils froncés.

- C'est sûrement parce que c'est le premier essai, justifia-t-il.

- Non, je ne pense pas. Tu sais, j'avais une hypothèse depuis un moment et cela me prouve que j'ai raison.

- C'est-à-dire ?

Il s'empara d'une nouvelle flèche.

- Je pense que je ne suis bonne qu'à manier les armes de mon alter. Cet arc n'en fait pas partie et je n'ai jamais joué à ce jeu. Il doit y avoir des sortes de compétences prédéfinies dans celles que je possède, ou quelque chose comme ça, qui me faciliterait leur utilisation sans aucune expérience.

Il hocha la tête.

- Oui, cela expliquerait ce coup manqué. Tu veux que je t'explique et réessayer ensuite ?

Hésitante, j'opinais silencieusement sans oser lui refuser cette demande. Il me le proposait de toute sa bonté et cela avait l'air de lui faire plaisir.

Il récupéra l'arc de son père et se plaça droit devant la deuxième cible.

- Tiens bien la poignée et lève l'arc jusqu'à ce que ton bras soit à la perpendiculaire. Les branches doivent être parfaitement parallèle à ton corps.

Je m'exécutais sans broncher, grimaçant intérieurement à Natsuo qui s'amusait de la situation quelques mètres plus loin. Je me focalisais sur les paroles de Todoroki et levais suffisamment l'arc pour avoir le viseur dans mon champ de vision.

- Une fois que tu as positionné ton arc, encoche ta flèche.

Il le fit d'un geste fluide et je m'empressais de l'imiter, installant la longue tige en plastique noir contre le viseur.

- Cela peut te paraître bête, mais n'oublie pas de bien respirer. C'est à tête reposée que l'on tire correctement. Maintenant, c'est à toi de bien viser pour l'envoyer directement au centre de la cible. Elle est à soixante-quinze mètres, essaie juste de l'atteindre. Ce sera déjà bien.

Je fis abstraction de tout mon environnement. Je ne me concentrais plus que sur ses instructions. Le point rouge bien plus loin s'aligna parfaitement à mon arc. J'inspirais une première fois, focalisée sur ce rouge qui attirait toute mon attention.

- Essaie de concentrer la puissance de ton tir sur le centre même de ta flèche. Tu dois contrôler la force de ton coup, peu importe la distance de la cible et le type d'arc que tu as en main.

J'expirais profondément, guidée par sa voix grave et profonde. Les battements jusque là furieux de mon cœur s'apaisèrent et mon sang s'écoula lentement dans chacune de mes veines et de mes vaisseaux sanguins.

Contrôler la force... La distance de la cible... Le type d'arc... Et concentrer la puissance de mon tir... Exactement comme-

La flèche partit à une vitesse fulgurante et s'écrasa d'un impact fort dans le bois qui tenait le tissu de la cible. Mon tir était totalement raté mais je ne m'en formalisais pas. Des papillons s'éparpillèrent par milliers dans mon estomac et je me tournais vers Todoroki, des étoiles dans les yeux.

- Todoroki, tu es parfait !

- Hein ?

- Ton explication pour tirer. Je n'ai pas tout compris mais c'était exactement ce qu'il me fallait. Cela n'empêche que j'ai raté mon coup mais je le savais ! Tu es fantastique !

Je m'extasiais en observant l'arme dans mes mains sous toutes ses coutures, imprimant chacun de ses détails dans mon crâne. Cependant, ce que je ne remarquais absolument pas étaient les gloussements de Natsuo et le froncement de sourcils d'Endeavor lorsque les joues de Todoroki s'embrasèrent.

- Qu-Qu'est-ce que tu racontes...

Son visage avait pris la même teinte que sa chevelure ardente et Todoroki s'empressa de baisser la tête pour le dissimuler. Évidemment, je n'y vis que du feu alors que Fuyumi et Natsuo riaient à gorges déployées.

Endeavor tourna les talons et se dirigea vers sa fille, totalement indifférent à ce qu'il se passait.

- Votre mère va bientôt arriver. On a eu son autorisation de sortie pour l'anniversaire de Shoto. Elle vient dîner avec nous.

- Très bien, je vais aller me mettre aux fourneaux dès maintenant. Informe Natsuo de me rejoindre lorsqu'il aura fini avec Shoto et Yumeko.

Quelques bribes de leur conversation parvint jusqu'à nous. Mon cœur rata un battement tandis que je m'empressais d'attraper mon téléphone dans la poche de ma jupe.

- Flûte, il est déjà quinze heures, je vais devoir retourner à l'internat.

- Vraiment ? Tu peux rester dîner avec nous ce soir, si tu veux. Et franchement, je suis certain que cela ferait plaisir à Shoto.

- Natsuo ! Le reprit le bicolore, complètement désemparé.

Je ne prêtais pas attention au sous-entendu du jeune homme, l'esprit obnubilé par ma nouvelle découverte. Le blanc récupéra l'arc et le déposa sur la petite table où reposait la housse des flèches.

- Excusez-moi, Nemuri doit m'attendre et il faut que je travaille encore un peu pour les examens de lundi.

- D'accord, je vais te raccompagner à Yuei, dit Todoroki en reprenant contenance.

- Oh non, ce ne sera pas la peine. Le lycée est à une bonne trotte d'ici et cela te prendrait trop de temps. Je vais me débrouiller toute seule.

Todoroki croisa les bras. Son expression montrait clairement qu'il n'était pas convaincu et si Natsuo n'était pas intervenu pour lui dire de me faire confiance, il aurait probablement insisté jusqu'à ce que je cède et qu'il s'assure de mon arrivée saine et sauve à l'internat.

Or, ce n'était pas une journée à passer son temps dans les rues entre l'académie et sa résidence. C'était son anniversaire, après tout. Il avait mieux à faire, surtout dans ce cas précis où je connaissais très bien le chemin du retour. De ce fait, il n'ajouta rien d'autre après l'intervention de son frère et après avoir salué tout le monde, il m'accompagna jusqu'à l'entrée de leur grande maison.

- Rentres correctement et ne te fatigues pas trop à étudier, tu auras besoin de toute ton énergie.

- Je sais, Todoroki. Ne t'en fais pas pour moi.

Il sortit ses mains de ses poches et jeta un coup d'œil furtif derrière lui. Soudain, sans prévenir, il déposa ses doigts délicats contre ma joue et me vola un baiser tendre sur le front. Mon visage prit plusieurs nuances de rouge et les battements de mon cœur reprirent, pour la énième fois, une course folle dans ma poitrine.

- Alors on se voit lundi matin, prends soin de toi.

Il se recula mais par réflexe sans doute, j'attrapais son pull sans douceur et grimpais sur la pointe des pieds pour lui embrasser la joue.

- Oui, à lundi, profites bien de ta famille et du retour de ta mère.

Un petit sourire adoucit ses traits et il me caressa affectueusement la joue.

- Merci, Yumeko.

Et sur ces mots, je quittais la demeure des Todoroki, bien moins stressée qu'à mon arrivée et satisfaite de cette journée extraordinaire. Mon cadeau lui avait fait plaisir, nous avions déjeuné ensemble et il semblait avoir profité de ce jour qui n'était qu'à lui.

Mes doigts effleurèrent la peau de mon visage là où la main de Todoroki reposait quelques minutes plus tôt. Et rien que pour un instant, j'oubliais l'inquiétude des examens et profitais de cette chaleur et de cette affection qu'il ne cessait de m'offrir ces dernières semaines.

_____________

Bonjour tout le monde ! 

Que pensez-vous de cette interaction entre Endeavor et Yumeko ? 😊

Petite explication pour celles.ceux qui n'ont pas lu le Hors-Série "Adoption" : Lorsque notre protagoniste était encore prisonnière à Kamaryuu, les héros ont finit par découvrir comment démanteler le dernier réseau de l'organisation et ont planifié un sauvetage de tous les enfants. Parmi les mobilisés il y avait Endeavor, Best Jeanist, Midnight, d'autres héros et la police. Malheureusement, l'information a fuité avant et les tortionnaires de la secte ont littéralement massacré tous ceux qu'ils pouvaient avant l'arrivée des héros. Tout ça pour quoi ? Pour éviter les interrogatoires et qu'ils ne dévoilent aux héros et à la police ce qu'il se passait là-bas. C'est pour cela que Yumeko appelle cette nuit "le jour du massacre". Et c'est aussi ce jour-là qu'elle a rencontré Midnight.

Et honnêtement, je ne sais même pas pourquoi Yumeko a choisit un tel cadeau pour Todoroki 😅😂

J'espère que ça vous a plu ! 

Bisous ღ

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