les trois amis avaient chacun une façon de se libérer de ce monde qui les oppressait. pour idrise, la musique. helios, l'écriture. et orion, la peinture. il n'en parlait à personne. il ne voulait que personne soit au courant. même helios er idrise n'en savait rien. la peinture était ce petit jardin secret dans lequel il faisait poussé tout un tas de plantes venues de son imagination la plus profonde. il aimait tellement peindre. mais, il n'envisageait strictement pas de montrer un jour ses tableaux à quelqu'un. ils étaient à lui et ils resteraient pour lui. c'était sa petite promesse solitaire. il n'était même pas capable de la briser. ce qu'il peignait était bien trop intime pour être dévoiler à qui que ce soit. il peignait son cœur brisé, des éclats de verres dans ses entrailles, des fissures écarlates partout. du rouge sanglant comme ses cheveux. ses tableaux n'étaient que des autoportraits de plus même, brisé. détruit par le manque d'une famille. anéanti par un monde où aucune place ne lui était dédiée. fissuré par l'enfer dans lequel il pensait vivre. il rêvait de changer quelque chose, mais il ne savait pas comment faire. il ne savait pas faire grand chose pour faire bouger le monde, les gens. il se sentait seul dans ses problèmes. même si idrise et helios souhaitaient la même chose que lui, ils avaient la musique et l'écriture. il se sentait nul et inutile comparé à eux. il savait parfaitement bien que ses tableaux étaient l'art qui lui permetterai de faire ce dont il rêvait. mais il ne pouvait pas dévoiler quelque chose de si intime. pas ses fêlures, ses coups, ses larmes. son sang. pas ses émotions. orion détestait ça, montrer ses émotions. ça lui faisait mal. il se sentait nu comme un vers, ouvert comme une plaie à vif. il se sentait tout simplement sans habits, sans protection, sans masques, sans couvertures. il n'arrivait pas à faire sans juste parce que le monde dans lequel il vivait l'obligeait à se protéger des coups qui pleuvaient sans cesse au dessus de sa tête. monde de merde comme il disait.

idrise avait, elle aussi, son petit coin à elle seule. c'était lorsqu'elle s'enfermait avec sa batterie, sa guitare, ses compos et sa musique. mais tout le monde le savait et tout le monde avait conscience qu'elle en avait besoin. vraiment besoin. besoin vital.

helios, lui, était l'inverse. il avait constamment besoin de se confier, de montrer ses pensées noires, ses mots remplis d'une poésie des ténèbres. il aimait parler de ses problèmes à plusieurs personnes pour les comprendre de façon différente. les analyser d'un autre angle. cela lui faisait des fois plus de mal que de bien. vouloir tout comprendre au lieu de laisser passer les choses et de ne pas y revenir un bon nombre de fois. helios n'aimait pas la simplicité.

_vous avez des secrets ?

_oui.

_tout le monde a des secrets.

_non, orion. moi j'en ai pas. du moins, tout le monde connaît mes secrets.

_ce n'est pas parce que tout le monde les connaît que ce ne sont plus des secrets. ils en sont seulement si tu le veux. si tu penses qu'ils ne concernent que toi, ils peuvent être tes secrets. des secrets révélés restent quand même des secrets après tout.

_pas con. pas con du tout ça, idrise.

_et, c'est quoi ton secret, orion ?

_ça se demande pas ça, ch'veux bleus.

_rhô aller, dis nous. ça restera toujours un secret après de toute façon.

_non.

_non quoi ?

_non j'le dirai pas.

_et toi, idrise, ton secret ?

_j'ai peur de pas savoir comment vivre. vivre. ce mot me fait vibrer. mais et si vivre c'était nul en fait ? et si ça me décevais ? et si je vivais pas comme je rêve de le faire ? j'aurai l'impression d'avoir rater ma vie.

_si tu en rêves alors tu vivras comme dans tes songes. les rêves donnent accès à tout. avec des rêves tu refais le monde, tu le modifies, tu le transformes à ton image, tu lui donnes la teinte que tu veux et après tu lui fais prendre vie. c'est magique les rêves.

_peut-être. mais trop s'enfermer dans ses rêves c'est destructeur aussi. j'ai pas envie de vivre dans une réalité irréaliste.

_vis dans ta réalité alors. vis ta réalité.

_oh. oui. vivre dans ma réalité. c'est ça !

_et toi, helios, c'est quoi ton secret que tout le monde connaît ?

_si la mort m'attire c'est parce que j'aime pas la vie.

ᴅᴇᴀᴛʜ ɪs ᴍᴀʏʙᴇ ʙᴇᴛᴛᴇʀ ᴛʜᴀᴛ ʟɪғᴇ.
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