Défi 2 - [ Partie 1 ]

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Bonjour à tous ! Je suis super heureuse de vous retrouver avec les textes écris à l'occasion du deuxième défi, qui s'est tenu dimanche dernier 〜⁠(⁠꒪⁠꒳⁠꒪⁠)⁠〜

Il s'agissait cette fois-ci du défi image : j'avais préparé 5 moodboards différents comprenant chacun trois ou quatre images maximum, et le but était d'en choisir un ( ou plusieurs pour les plus motivés ) et d'écrire ce qu'il vous inspirait !

Vous avez été nombreux à jouer le jeu, un grand merci à tous, et rien qu'avec tous les textes qui m'ont été envoyé, donc sans compter ceux qui ont préféré le garder pour eux, on a rédigé plus de 30 000 mots au total ! ᕦ⁠ʕ⁠ ⁠•⁠ᴥ⁠•⁠ʔ⁠ᕤ Un grand bravo, je suis toujours vraiment contente de voir que cette idée de défis vous plait (⁠ ⁠ꈍ⁠ᴗ⁠ꈍ⁠) Vous avez écris de vraies pépites !

Pour ces textes ci, ils seront divisés en 5 parties : une par moodboard !

Je ne vous spoile pas, et je vous laisserais découvrir les images au fur et à mesure... 👀

En attendant, commençons tout de suite avec les textes qui ont été écris sur le premier groupe d'image, et bonne lecture à tous !! ♡♡




Texte de blw_801  :


C'était en été


« Le dernier dans l'eau est une poule mouillée ! »

C'était en été. Avec mes potes de toujours, on avait décidé de partir faire une virée à vélo dans la vallée où nous avions grandi. Un été, des vélos, des potes. Le parfait scénario pour des vacances d'ado n'est-ce pas ?

« Eh mais vous êtes tous partis avant moi ! C'est de la triche !

— T'es juste un mauvais perdant ! »

Des rires. Des plaintes. Des larmes. C'était ce qui était prévu. L'avenir ? Nous nous en fichions. Enfin, on essayait de ne pas y penser surtout. On était terrifiés de le vivre...

« Rho aller ! Arrête de faire ton bébé, Tae ! C'est pas grave d'être une poule mouillée tu sais. »

Rien n'aurait pu se mettre en travers de ce cadre prodigieux, bercé par la brise légère de l'été, par le chant des moineaux et la rosée qui ruisselait sur l'herbe sauvage. Rien. Même pas le futur.

« De toute façon, si toi tu es une poule mouillée, Kook c'est un œuf pas cuit ! »

C'était ce que nous pensions. Mais des fois, l'avenir nous réserve des surprises. Bonnes ou mauvaises, cela dépend vraiment des points de vue. Toutefois, des adolescents n'ayant autre rêve que dormir à la belle étoile avec leurs amis ou faire le tour du monde, ça ne pense pas. Ça fuit.

« Eh les gars ?

— Quoi, Yoon ?

— Il y avait une maison sur la carte ? »

Mais nous n'étions pas comme les autres adolescents. Nous rêvions d'aventures, de contrées légendaires, de liberté. Nous venions d'un petit village, au beau milieu d'une vallée entre deux montagnes boisées. Totalement perdus, totalement libres. C'était ça le vrai bonheur.

« De quoi tu parles ? »

Si seulement Yoongi n'avait pas aperçu ce mur. Si seulement nous ne nous étions pas baignés dans cette rivière. Si seulement nous étions restés chez nous. Si seulement nous ne nous étions jamais rencontrés.

Rien de tout cela ne serait jamais arrivé.

***

C'était un mercredi après-midi. Avec Yoongi, Jimin et Kook, nous avions pris la décision de camper dans des prairies fleuries à quelques kilomètres de notre hameau. Nous avions tous 17 ans, alors naturellement, nos parents avaient accepté. Quelle mauvaise idée. L'été d'avant, on avait rabiboché des vieux vélos qui prenaient la poussière dans le garage de mon grand-père. Le mien était bleu seram, il était parsemé de quelques rayures, mais il était magnifique. Un vieux vélo bleu, ressemblant à ceux des films des années 70. Le plus beau vélo. On avait pris la tente dans le grenier du père de Yoongi. Un vrai travail d'équipe. La veille même, on avait acheté du pain, de la charcuterie, des pâtisseries. Nous étions de vrais gloutons. On avait fait des sandwichs bien garnis, on avait pris des vêtements de rechange et nos vélos, et nous étions partis alors que le soleil ne pointait que le bout de son nez.

On avait roulé, la brise nous poussant, le soleil nous réchauffant la peau. Des minutes, peut-être même des heures. Les paysages défilaient, les sapins, les hêtres, les pins, nos yeux se baladaient sur chacun de leurs traits. Nous rigolions, nous étions heureux. C'étaient nos dernières vacances ensemble. Nos dernières vacances avant la vie d'adulte. Nos dernières vacances avant qu'on ne parte tous aux quatre coins du pays. Nous devions en profiter. Alors nous le faisions.

« Eh les gars ! Regardez un peu à gauche ! »

Les champs étaient verts, les oiseaux chantaient. L'été était là, à nos côtés, dans nos derniers moments ensemble. Mais ça, nous essayions d'y penser le moins possible. Ce n'était pas la première fois que nous faisions ça. C'était même la deuxième. Ou la troisième. Peut-être était-ce la quatrième ?

Mais ce jour-là c'était la dernière. Alors même si nous y pensions le moins possible, on en profitait le plus possible.

« Wouah ! Mais bordel de merde, c'est magnifique ! »

Nous roulions maintenant en file indienne, observant de nos yeux rêveurs la sublimité que la nature nous offrait. C'était tout simplement majestueux.

« Les mecs, j'ai trop faim...

— T'as toujours faim de toute façon !

— C'est pas faux, mais moi aussi j'ai le ventre en feu là. »

Nous avions convenu de nous poser sur le côté d'un petit bosquet. Une rivière n'était pas loin, nous comptions nous y baigner un peu plus tard. Nous mangions, tantôt en riant, tantôt en silence, écoutant seulement le bruit des feuilles. C'était ça le vrai bonheur.

Un sourire doux aux lèvres, je regardais les autres argumenter sur un débat ridicule qu'ils s'étaient engagés à finir. Jimin avait les sourcils froncés, les joues gonflés, les lèvres en une moue aussi adorable que celle d'un enfant. Il écoutait d'une oreille attentive les contres arguments que les deux autres arrivaient à lui trouver, laissant de temps en temps échapper quelques exclamations de désaccord. Yoongi lui, passait son temps à remettre ses mèches décolorées derrière ses oreilles, alors que ses lèvres parlaient aussi vite que son esprit. Ses yeux sombres, souvent si profonds et froids, s'adoucissaient à chaque fois qu'il les posait sur le plus petit du groupe. Et Kook. Oh Kook... Des taches de rousseurs adoucissaient ses joues piquantes de barbe naissante d'adolescent. Son regard sombre, voyageait entre ses deux interlocuteurs, alors que ses dents trituraient ses lèvres rosées. Il était si beau. Il me souriait à chaque fois qu'il percevait mon regard adoucit par ses traits d'anges.

Cette fois-là n'y fit pas exception.

Quand nous avions fini le repas, nous avions voulu aller nous baigner. Nous avions couru, comme des enfants, dans l'eau encore glacée. Nous avions ri en entrant dans la froideur de la rivière. Nous avions ri en nous éclaboussant les uns les autres. Nous avions ri à nos propres chamailleries.

J'avais souris quand, sous l'eau, une main avait attrapé la mienne pour la caresser. J'avais souris quand j'avais capté son regard. J'avais souris quand, sous l'eau, nos doigts s'étaient entrelacés.

J'avais souris en voyant son clin d'œil pas si discret. J'avais souris parce que j'étais heureux, tout simplement.

« Eh les gars ?

— Quoi Yoon ?

— Il y avait une maison sur la carte ? »

J'avais souris quand, alors que Jimin et Yoongi étaient retournés vers les bois, Kook m'avait embrassé la joue. J'avais souris en sentant ses lèvres charnues caressaient ma joue. J'avais souris en lui baisant le coin de la bouche. J'avais souris en sentant piquer sur mes bouts de chair, des petits piques naissants. J'avais souris parce que son sourire était si beau. Parce que je l'aimais. De toute mon âme.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? »

Nous nous étions séparés pour rejoindre les autres, qui couraient déjà se rhabiller. Ils enfilaient leurs habits, alors qu'ils étaient encore trempés, ne se souciant en aucun cas que leurs vêtements ne sècheraient pas avant un bout de temps.

« Vous faites quoi ?

— Vous, vous faites quoi ? Dépêchez-vous on va voir ce qu'est cette fenêtre ! »

Ni une ni deux, il ne fallait pas en dire plus. Pour des adolescents aventuriers comme nous, c'était comme à Noël. Alors nous avions aussi couru pour nous rhabiller, et nous partîmes alors vers cette fameuse maison.

***

« Vous êtes sûrs que c'est une bonne idée de retourner là-bas ?

— Bah qu'est-ce qu'il se passe Tae ? T'étais le premier à vouloir partir à l'aventure quand nous étions enfants !

— Oui, mais là c'est différent ! »

Ils s'étaient tous les trois retournés vers moi, les yeux interrogateurs. La première fois – et la dernière – que nous avions voulu voir de plus près cette fenêtre, il s'était mis à pleuvoir averse sans aucune raison. Nous n'avions pas vu le ciel se couvrir, nous n'avions pas senti la moindre odeur d'orage.

Nous avions dû rentrer chez Jimin, par question de sécurité. Même pour des campagnards, se balader en forêt, en pleine montagne, pendant un orage, c'était complètement inconscient. Nous avions passé la soirée dans la véranda en verre, à manger des chamallows crus, et regarder les nuages dans nos sacs de couchages. La main de Kook avait retrouvé la mienne, et nous nous étions endormis ainsi, main dans la main, face à l'immensité du ciel.

Deux semaines plus tard, ils avaient tous les trois voulu y retourner. Seulement, j'avais un mauvais pressentiment. Vous savez, ce sentiment qui vous dit que les choses ne se passeront pas comme vous l'imaginez ? Ce sentiment qui vous semble bizarre, mais qu'il faut parfois écouter pour échapper à toutes sortes de mauvaises surprises. Eh bien ce sentiment avait pris possession de mon âme et me hurlait de ne pas y retourner. Alors nous avions enfourché nos vélos, et nous étions partis, sans pique-nique ni tentes cette fois-ci.

Nous avions un but précis, découvrir ce qu'était cette fenêtre qui siégeait au beau milieu d'une vieille forêt. Nous étions arrivés sur le site de prédilection en début d'après-midi. Nous avions abandonné nos vélos en bordures de forêts, comme nous l'avions fait deux semaines plus tôt. Nous nous étions aventurés dans cette forêt pleine de merveilles, avec nos chaussures hautes et nos sacs à dos.

Dernier de la file, évitant les cailloux parsemant le chemin, j'avais attrapé la main de Kook. Il s'était retourné, l'air étonné de mon geste si direct, avant de sourire de son sourire si sublime. J'en avais presque trébuché, ce qui avait causé ses gloussements si mélodiques à mes oreilles. Je l'aimais beaucoup un point c'est tout.

Nous étions arrivés devant cette fameuse fenêtre, aussi sublime soit-elle. Elle offrait une vue magnifique sur la vallée verte derrière et laissait les rayons éclatants du soleil éclairer nos visages. Il ne restait qu'un mois avant que le premier de nous quatre parte. Le premier, c'était moi. Mais nous y pensions le moins possible, et nous profitions le plus possible.

« Vous pensez qu'il y a quelque chose derrière ? »

Non, ne demande pas.

« Peut-être y a-t-il un chemin ? »

Non, n'y pense pas.

« Laissez-moi passer bande de poules mouillées, je vais aller voir ! »

Non, reste ici.

Je lui avais attrapé la main, devant les autres. Il s'était retourné, étonné de mon geste, avant de se dégager de ma main. Mon regard l'implorait de ne pas y aller. Pourquoi ? Je ne savais pas, je ne savais plus.

« Kook... »

Ils me regardaient tous, inquiets. Si seulement nous avions été plus prudents.

« Tae ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Je le sens pas »

Si seulement il m'avait écouté. Si seulement il n'avait pas tenté de me rassurer.

« Mais nan, regarde ! T'es vraiment une poule mouillée, je crains rien ! »

Quelques secondes. Il était grimpé sur l'appui de fenêtre. Aucun de nous n'avait vu le panneau. Alors, quand un craquement se fit entendre, et que mon regard s'était glissé jusqu'à la fissure à ses pieds, je n'avais pas eu le temps. Aucun de nous quatre n'avait eu le temps de comprendre à temps.

« Kook ! »

Il était tombé. Il avait crié, puis plus rien.

Si seulement je l'avais retenu. Si seulement...

Chacune de nos vies est faite de si seulement. Si seulement nous avions fait cela, ou si seulement nous ne l'avions pas fait. On pourrait refaire le monde, rien qu'avec des si seulement.

Si seulement je l'avais embrassé. Si seulement nous n'avions jamais été là-bas.

Si seulement...

Si seulement...

Si seulement...

C'était en été. Notre dernier été. L'été de tous les possibles, l'été de l'amour, l'été de la liberté. Notre dernier été en tant qu'ado, notre dernier été dans cette vallée, notre dernier été ensemble. Notre dernier été, où nous étions encore des enfants, dans des corps d'adultes.

Cet été-là, je l'avais beaucoup regardé. Sa barbe naissante, ses taches de rousseurs, ses lèvres roses et charnues. Son front dégagé, ses mèches châtains qui tombaient devant ses yeux sombres. Son sourire, si sublime. Son regard, aussi doux que celui de l'amour. Ses baisers, aussi réconfortants qu'une caresse, aussi tendres que mes sentiments à son égard.

Quand, aux cris des garçons s'étaient mêlées mes larmes, ma douleur, ma moitié d'âme qui était partie avec lui, j'ai compris que c'était le dernier été. Si seulement je t'avais aimé plus fort. Si seulement je ne t'avais jamais connu. Si seulement tu n'étais pas l'amour de ma jeunesse, jeunesse qui avait duré ma vie entière.

C'était en été. Avec mes potes de toujours, on avait décidé de partir faire une virée à vélo dans la vallée où nous avions grandi. Un été, des vélos, des potes. Le parfait scénario pour des vacances d'ado n'est-ce pas ?

L'avenir ? Je n'avais plus envie de le vivre après l'avoir perdu.

C'était en été. Le dernier été. L'été le plus beau, l'été où j'ai tout perdu.

Comme quoi les belles histoires ont toutes une fin, aussi tragique soit-elle.





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Texte de misscacahuete11 :


La source

De son plus jeune âge, Jeon Jungkook était féru d'histoire. Il aimait lire les légendes, qu'elles soient grecques, romaines ou venant d'autres ethnies. Tout ce qui le dépassait, tout ce qui était inexplicable, le captivait. Et il y avait une histoire, qu'il connaissait plus que bien. Il avait passé son enfance à demander à son arrière-grand-mère de la lui raconter, et elle l'avait fait mainte et mainte fois.

Jungkook ne se lassait jamais de cette histoire, si bien que, lors d'un beau jour de printemps, où le soleil était haut dans le ciel, notre petit camarade, du haut de ses 17 ans, avait décidé de se rendre à la bibliothèque nationale, pour quelques recherches.

Jungkook avait beau savoir que ce n'était qu'une légende, il ne pouvait pas s'empêcher d'être curieux, et de vouloir en savoir plus.

Il était arrivé à la bibliothèque en début d'après-midi, et avait découvert un lieu somptueux, magnifique, rempli de livres de toutes les couleurs de tous les âges. Il se croyait dans la bibliothèque d'Harry Potter.

Il s'aventura à l'étage, puisqu'un panneau y indiquait "légendes et contes d'autrefois".

Et en effet, le lieu était bien différent des autres, les livres étaient beaucoup plus vieux, et semblaient tous sales et emplis de poussière. Ils ne devaient pas servir beaucoup.

Jungkook feuilleta quelques livres, les caressant du bout de ses dextres, prenant soin tout de même à lire chaque titre. Puis il tomba sur un livre bien plus intéressant que les autres. Sa couverture était en tissu vert, la tranche était recouverte d'une matière or, et lorsqu'il l'ouvrit, quelle n'en fut pas sa surprise de découvrir de vielles pages orangées, abimées par le temps, et rongés par quelques petits bêtes.

Le livre se prénommait "Légendes par-dessus les eaux". Cela lui fit penser à sa légende préférée et c'est pour cela d'ailleurs que le livre l'avait interpelé.

Il feuilleta quelques pages, à la recherche de quelque chose qu'il ne connaissait même pas. Peut-être aurait-il des réponses ? Mais de quelles questions ?

Apres avoir feuilleté plusieurs pages, il tomba sur une qui attira son regard. Il y avait un dessin. On pouvait y voir une vieille église, voire un petit cloitre, le tout envahi de plantes et de lianes qui semblaient petit à petit faire disparaitre le lieu, et, en dessous, une source.

Une source.

Avec une eau qui tournait au vert, mais un vert si turquoise, si pur, que quiconque se baignerait dedans en deviendrait... Immortel ?

Ou alors attraperai une maladie.

Mais Jungkook ne pensait pas à ce genre de chose. Et alors qu'il passa son doigt sur le dessin, ses yeux se fermèrent délicatement.

Il y a fort longtemps, l'Homme ne faisait qu'un avec la nature. Il vivait en harmonie avec, du moins, tentait. Seulement, une race d'Homme décida de prendre le dessus, de se l'approprier, parce qu'après tout, l'Homme voulait toujours plus. Il dompta cette nature, et le lien se brisa. Pourtant, au fin fond d'une forêt, dans un endroit reculé et inconnu de ce nouveau monde d'humains, d'autres hommes étaient restés, et étaient encore et toujours en harmonie avec cette même nature. On pouvait les comparer à des nymphes ou bien à des sirènes. Ils vivaient au sein de la nature, leur peau s'étaient tellement habituées, qu'en cas de danger, il pouvait s'y fondre, tel un caméléon. Les hommes et femmes qui y vivaient étaient d'une beauté supérieure, éblouissante, comme personne n'en avait jamais vu. Leur population s'organisait autour d'une source d'eau qui leur permettait la vie. Mais alors que les autres humains continuaient de détruire le monde, Dieu décida de récompenser ces populations en communion avec la nature. Alors, il déversa son pouvoir dans cette source, et annonça que quiconque s'y baignerait, deviendrait immortel.

Jungkook se souvenait de cette histoire par cœur. Il en avait rêvé, des tonnes de fois. Et il voulait en savoir plus.

Son cœur battait plutôt vite, alors il décida d'ouvrir les yeux, pour se calmer. Cependant, lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne vit rien d'autre qu'une énorme foret.

Mais où était-il a présent ?

Jungkook avança, puis se tapa la tête, pensant qu'il rêvait. Pourtant il fut forcé de constater qu'il n'était pas endormi, lorsqu'il se reçu une pêche sur la tête. Mais qu'est-ce que c'était que ça ?!

« Excuse-moi.

Jungkook se retourna, et fit face à un jeune homme, blond, aux yeux d'un vert clair, à la peau dorée comme le miel. Il n'avait jamais vu d'homme aussi beau de sa vie.

— Oh ce n'est pas grave.

— Qui es-tu ?

— Je... Jungkook bégaya, avant de souffler et de se reprendre. Je m'appelle Jungkook, et toi ?

— Taehyung. Qu'est-ce que tu portes ?

Jungkook baissa sa tête, remarquant qu'il portait bien les habits qu'il avait mis, ce matin, dans sa chambre, chez lui, mais qu'en face de lui, le jeune homme ne semblait porter qu'une robe blanche, ou un drap.

— Un jean. C'est super confortable.

— Je ne sais pas ce que c'est.

— Et toi que portes tu ?

— Ma toge comme tout le monde ici.

— Une toge comme... les romains ?

— Qui sont les romains ?

— Rien personne.

Ledit Taehyung s'avança vers Jungkook, et posa son doigt sur sa joue avant d'appuyer dessus.

— Tu as une peau bizarre, elle n'est pas douce.

Jungkook leva sa main à son tour avant de la déposer délicatement sur la joue de son nouveau camarade et de caresser celle-ci.

— La tienne est très douce, comment fais-tu ceci ?

— Je mets du miel.

— Woh super idée ! Jungkook lui fit un pouce avec sa main, et Taehyung regarda ce geste bizarrement, comme s'il ne le connaissait pas.

— Sois mon ami.

— Euh.

— Je n'ai pas d'amis, lui dit le blondinet.

 D'accord je serais ton ami. »

Le jeune garçon attrapa la main de Jungkook, et commença à marcher. Jungkook, ne sachant que faire, décida de le suivre.

Ils arrivèrent ensuite à une petite clairière. Les oiseaux chantaient, des papillons et des libellules volaient de tous les cotés. Jungkook leva la tête et fut surpris de voir... un petit cloitre, envahi de plantes et de lianes qui semblaient petit à petit faire disparaitre le lieu, et, en dessous, une source.

Une source.

Cette source.

La source.

Jungkook avait des étoiles dans les yeux. Est-ce que cette histoire était réelle ? Que faisait-il ici ?

Il se tourna vers le jeune homme a ses côtés, Taehyung, qui lui souriait.

Mon dieu, Jungkook n'avait jamais vu un aussi beau sourire que celui-ci. Tellement beau. Si beau qu'il ne se sentit pas basculer sur le côté, et qu'il dégringola la pente, en criant. Taehyung tenta de le rattraper, avec sa main, mais ce fut trop tard.

Jungkook tomba dans l'eau.

Il tomba tellement profond qu'il ne réussit pas à remonter à la surface.

Tout l'en empêchait.

Il avait l'impression de s'être fait aspiré.

Il avait l'impression de... mourir.

« Ne t'en va pas. Ne me laisse pas seul.»

Il entendit sa voix, pour la dernière fois.

Jungkook ouvrit les yeux dans un sursaut. Il était... dans la bibliothèque, assis au sol, le livre ouvert à ses côtés. Son cœur battait tellement fort. Il avait eu peur.

Il attrapa le livre, le referma, le rangea, et se promis de ne plus jamais revenir ici.

Il sortit de la bibliothèque en vitesse, bousculant ceux qui étaient là. Il voulait s'enfuir, le plus loin possible. Si bien qu'il ne remarqua pas les gouttes d'eau que ses mèches trempées faisait couler sur le sol.

Jungkook a aujourd'hui 17 ans. Et il sait ce qu'il s'est passé ce jour-là. Pourquoi ? Car ça fait exactement 100 ans, qu'il a 17 ans. Il a vu sa famille mourir petit à petit, ses amis de même. Le monde tourne, la vie continue, avec lui. Les jours sont de plus en plus long. Jungkook ne les compte plus. Jungkook ne fait rien. Jungkook est condamné, il le sait.

Jungkook est immortel.

Dans une forêt, reculée et inconnue du monde humain, un jeune homme blond, de 17 ans lui aussi, attend, assis sur la même souche d'arbre, depuis 100 ans.

Pourquoi n'était-il pas revenu ?

Pourquoi l'avait-il laissé... seul.

Pour toujours.





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Texte de douxolaf :


Pour un été, la chaleur était au rendez-vous. Les emballages de glaces s'empilent dans les poubelles et les rues sont vides en plein jour. Le soleil tape un maximum jusqu'à l'heure du goûter et tient compagnie jusqu'à ce que lucioles n'apparaissent.

Ils avaient trouvé cette forêt où le feuillage était idéal pour se cacher des rayons traîtres et pour fuir leurs parents. Ne se connaissant ni d'Eve ni d'Adam avant le début du mois, ils s'étaient directement liés des points communs qu'ils partageaient en se promenant, s'asseyant entre les racines d'un immense arbre plein de vie, ils se découvraient comme ils apprenaient la vie à chaque seconde. Ils appréciaient leurs propres compagnies autant d'un silence que de rires résonnants dans le chant des oiseaux. Ils vivaient.

Encore cette fois-ci, lorsqu'ils s'étaient retrouvés autour d'un ruisseau à l'allure d'un fleuve aux milieu d'une clairière vide d'humanité, humide d'une rosée précédente et calme d'une harmonie délicate. Le bois craquait, des branches tombaient d'un écureuil courant à tout va en haut, des papillons partaient en chasse de pollen ou d'un compagnon, c'était idyllique. Le tout peignait un tableau que chacun interprétait différemment :

Sunoo y voyait un havre de paix, caché de la violence des villes et de la méchanceté de certains.

Sunghoon s'y sentait comme apaisé, comme chez lui et ne se détendait jamais autant que lorsqu'il se reposait dans l'herbe pendant que ses copains s'amusaient pas loin.

Heeseung, quant à lui, amenait toujours son appareil photo argentique pour capturer chaque moment candide qui plaisait à ses yeux.

Et puis il y eut Jungwon. Il se perdait souvent entre les buissons, partant à l'exploration avec sa curiosité et son esprit libre. Et ce fût lui qui avait disparu cette journée-là.

Le soleil tapait à en brûler toutes les couches de leurs épidermes, l'air était sec d'un manque de pluie récente et il n'était que trop tôt pour envisager une sieste près du ruisseau. Alors ils s'étaient déshabillés pour se baigner dès lors qu'ils eussent atteint l'eau. Le contraste avec le liquide les fît hausser la voix pour manifester leur premier inconfort, certains se moquant des autres d'être si frileux avant de se recevoir la fraîcheur en pleine tronche et de s'offusquer de la trahison. Ils se bataillaient sans merci, et ce serait à qui finirait par sortir en premier pour calmer la partie. Celui qui perdait devait payer une tournée à tous, pour la peine d'avoir abandonné le combat.

Sauf Jungwon, qui avait profité de l'aurore précédente pour laisser la rosée lui chatouiller les orteils, l'ambiance légère et apaisante du bois pour vagabonder où bon lui semblait. Il faisait parcourir ses doigts sur les écorces pleines de vie, sur les branchages et plantes assez hautes pour venir à sa rencontre. Il appréciait ce sentiment de plénitude qu'il expérimentait en observant la nature dans toute sa splendeur. Il ne se rendait jamais vraiment compte d'où il venait jusqu'à où il se dirigeait, il se laissait porter sans résistance.

Puis, cette matinée-ci, il avait trouvé un bâtiment en ruine, couvert de ronces et de roses sur la pierre blanchâtre et sale. L'endroit semblait être un sanctuaire ou un bâtiment de recueil auparavant. Abandonné pour des raisons qui lui échappaient, il s'en approcha sans crainte, examinant avec respect tout ce qui se présentait à lui. Jungwon caressait les feuilles pleines de vies, appréciant leur température tiède d'une ombre d'un tronc immense, posant ses claquettes sur des dalles de marbres brisées mais sans danger, limitant le bruit de sa respiration pour se rendre plus attentif à chaque bruit qui l'entourait.

Dont celui qui le fit se retourner, s'attendant à tomber sur daim qui broutait dans les environs. Cependant, ça ne se baladait pas à quatre pattes ni était trop éloigné pour avoir du mal à le distinguer. En fait, il y avait quelqu'un de l'autre côté de la fenêtre dessinée d'arabesques. Un rouquin plus blond que réellement orangé, le visage doux et appréciable, il ressemblait à n'importe quelle personne de son âge. Hormis le fait qu'il ait les yeux d'une couleur d'or intense et des oreilles d'un cerf en alerte, brunes et tachetées de petits points blancs désordonnés. La créature le regardait comme s'il se demandait s'il devait fuir dans l'immédiat ou non.

Jungwon en fut cloué sur place. Il cru d'abord être tombé sur un de ces adolescents qui pensaient être des êtres spéciaux avec des pouvoirs et des particularités qui apporteraient l'attention sur eux. Comme ceux qui avaient trop regardé le dernier film sur les vampires et qui pensaient être un mort-vivant depuis. Ou encore ceux aux sang chauds et peu éduqués qui expliquaient leurs irrespects et manque de tempérament par le fait qu'ils soient des garous pas encore en âge de se transformer. Alors Jungwon s'apprêtait à faire demi-tour avant que le garçon ne vienne lui parler d'à quel point il était spécial en ce monde, à tort.

Mais il fût comme hypnotisé par ce qu'il voyait. Magnifique, qualifié de merveilleux par certains experts des légendes. Le blond avait fait bouger une oreille pour faire partir une mouche qui l'embêtait. Ils échangèrent un long regard pendant lequel l'humain s'approcha lentement de la fenêtre, essayant de trouver une explication à ce qu'il voyait. Insolation ? Manque de sommeil ? Rêve lucide ?

Maintenant à quelques pas de lui, seulement séparés par la pierre épaisse, il s'arrêta. La créature avait penché la tête sur le côté avant de regarder sa main se lever. Le corps du garçon aux oreilles se recula de lui-même comme par peur, pourtant il ne détala pas à l'autre bout de la forêt. Au contraire, ses lèvres s'entrouvrirent, ses yeux clignèrent plusieurs fois avant que lui aussi ne lève la main dans sa direction. Jungwon voulait juste s'assurer qu'il était réel, que ce n'était ni le fruit de son imagination ni de son inconscient.

Leurs doigts se frôlèrent en premier, la créature tremblait d'appréhension tandis que Jungwon le détaillait à son aise. Peu importait qu'il existe ou non, il était indéniablement beau et magnétique. Leurs paumes finirent par se rencontrer et plus aucun des deux ne respiraient.

Ce garçon était bien là, bien tiède et aussi vivant qu'il le voyait. Ses oreilles s'étaient légèrement abaissées, le rendant encore plus mignon qu'il l'était.

Il y eut un craquement dans la forêt et le nom de Jungwon fut crié. Mauvais moment pour venir voir si tout allait bien. La créature tira ses oreilles en arrière, regarda Jungwon d'un air attristé avant de fuir à grande vitesse vers une partie inexplorée des bois. Trop sous le choc, il ne partit pas à sa poursuite pour le retrouver et au moins connaître son nom, au-delà de son existence.

Il avait rencontré un jeune homme particulier, et il en fut plus intrigué qu'il n'avait envie d'en parler pour fuir une réalité différente de ce qu'on lui avait raconté. Il l'intriguai, il voulait le revoir.





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Texte de moi-même :

L'après midi était radieuse, ce jour-là.

Brillante.

Lumineuse.

Douce.

À ton image.

Je me plaisais à observer le ciel, et à admirer sa splendeur étendue, son imposante grandeur d'un bleuté pur qui faisait ressortir comme des apparitions les quelques colombes qui fendaient l'air. C'était un spectacle d'une beauté rare.

Toi, tu avais les yeux rivés sur un énième livre, que j'étais très probablement incapable de lire. J'avais déjà essayé d'en déchiffrer un que tu avais oublié par mégarde dans la salle d'entraînement, sans que je ne parvienne à en tirer quoique ce soit. Tu étais si cultivé face à moi. Si intelligent. Il le faut sûrement, quand on est le prince d'un royaume comme le notre.

Parfois, tu sais, j'enviais ta position, et ton avenir grandiose tout tracé devant toi. D'autres fois, j'avais l'impression que cette pression t'accablait. Qu'elle te privait de bonheurs que la vie aurait du t'offrir.

Le simple fait que tu n'aies pas levé les yeux une seule seconde de ces textes que tu étudiais jours et nuits pour les porter sur le splendide ciel en était la preuve. Ce n'était pas tous les jours qu'il brillait d'un tel éclat, et pourtant, tu ne le verrais pas.

J'avais envie de me lever, de venir te trouver, de me poser en face de toi, là, assis dans cette herbe verte qui ondulait doucement au gré du vent, et de te dire de te détacher un instant de tes devoirs pour observer la beauté du monde. Peut-être aussi d'en profiter pour te glisser combien je t'admirais, et combien, malgré le Soleil radieux qui illuminait les terres d'un bel éclat, tu brillais à mes yeux milles fois plus.

Mais je ne le fis pas ; bien sûr.

On ne parle pas à un prince quand on n'est qu'un simple garde de palais.

On se contente de l'observer de loin, en silence, d'admirer sa splendeur intouchable, et de bénir les dieux pour nous avoir envoyé un tel futur roi.

-----♕-----

Tu étais parfait.

Et ça, tout le monde le savait.

Il suffisait de faire trois pas dans le peuple pour entendre les paysans chanter tes louanges, les marchands vanter ta grandeur, et les enfants conter tes exploits, ou en imaginer de fictifs qui t'iraient à merveille.

Tu avais cette image du sauveur, de l'enfant miracle, de celui qui aiderait le royaume à retrouver sa grandeur d'antan qui s'était perdue au fil des années.

On attendait déjà de toi que tu récupères les fiefs qui nous avaient été volées, que tu réassoie ton autorité sur toute la terre de l'Est, et que tu apportes richesses et prospérité à nos villes.

Tu n'étais même pas encore couronné que pour tous, tu étais déjà le héros de leurs rêves, et ton nom avait franchit les frontières avant même que tu aies pu faire tes preuves.

Alors toi, tu voulais faire les choses bien, j'imagine. Tu te pliais en quatre pour être impeccable. Irréprochable. Tu ne faisais qu'étudier, t'entraîner, t'intéresser au monde et écouter les stratèges vieillissants t'expliquer l'art de la guerre. Jamais, de toutes les années que j'ai passé dans le palais, je ne t'ai vu faire autre choses que une des activités que ton devoir t'inculpait. Tu n'avais l'air d'exister que pour ça.

Tout le monde chantait que c'était honorable.

Moi, bien qu'admirable, je trouvais ça triste.

Tu m'avais l'air si seul.

Tu magnais peut-être l'épée à la perfection, tu connaissais peut-être sur le bout des doigts la géopolitique de nos terres, tu savais peut-être exactement comment diriger un royaume, mais je me demandais si tu savais rire ou pleurer. Si quelqu'un dans ce palais réussissait à te faire penser à autre chose qu'à toutes les attentes qui pesaient sur tes épaules, si tu avais une personne à qui te confier quand ça n'allait pas, quelqu'un avec qui tu pouvais vivre simplement.

Quelqu'un avec qui tu pouvais être juste « Woosung », et non « Le prince prometteur envoyé par les dieux ».

J'espérais que ce soit le cas.

Sincèrement.

Mais je n'aurais jamais cru devenir cette personne.

-----♕-----

La première fois où tu m'as adressé la parole, il faisait nuit, et je me tenais avec peine depuis plusieurs heures déjà devant l'entrée du palais, à guetter un ennemi hypothétique qui n'arriverait probablement jamais. Tu t'es planté devant moi, et tu m'as demandé de ta voix claire comment je m'appelais. Je crois avoir répondu en bafouillant, pensant rêver en te reconnaissant, toi, le prince prodigieux du royaume, et en constatant que ton regard était bien posé sur moi, le jeune garde inexpérimenté.

— J'ai envie de prendre l'air, m'as-tu alors lancé sans te défaire de ton masque noble. Mais Père serait inquiet que je sorte seul. Accompagne moi.

Je n'avais pas refusé, bien sûr. Comment pouvait-on te refuser quoique ce soit ?

Sans vraiment réaliser, je me suis donc retrouvé à te suivre, tandis que tu quittais le palais non pas en direction de la ville en contrebas mais de la forêt épaisse qui s'étendait dans les hauteurs. Tu ne disais rien. Je ne disais rien non plus, évidemment. Tu ne te retournais même pas pour t'assurer que je te suivais bien, et si le bruit de tes pas cassant les brindilles sur le sol ne brisait pas le silence paisible de la nuit, je crois bien que j'aurais perdu ta trace, ton corps filant habilement entre les branches et les arbres tandis que mes jambes courbaturées peinaient à suivre le rythme.

Tu as avancé jusqu'à trouver une petite clairière où la lumière de la Lune filtrait à travers le fin feuillage, se reflétant contre un petit lac dont j'ignorais l'existence. Tu as ôté tes vêtements. Et tu t'es plongé dans l'eau, laissant le voile de la nuit camoufler ta nudité.

Je suis resté là, comme un idiot, bouche bée, à t'observer sans rien dire tandis que tu prenais de l'eau dans tes mains pour te la passer sur le visage.

À cet instant, et malgré l'obscurité de la nuit, tu rayonnais plus fort que jamais. Avec la lueur de la lune qui venait s'échouer contre les courbes délicates de ton corps, les laissant à deviner, ta posture noble, tes yeux clos, tu ressemblais à une apparition. Un ange tombé du ciel. Peut-être avais tu réellement été envoyé par les dieux.

Et puis, doucement, tu t'es retourné vers moi.

Tes yeux ont rencontré les miens.

Mon yeux se sont perdus dans les tiens.

Puis, d'une voix calme, tu m'as simplement demandé :

— Dis moi, selon toi, qu'est ce qu'un royaume sans roi ?


-----♕-----

Qu'aurais-je pu te répondre ?

Qu'aurais-je dû te répondre ?

Qu'un royaume sans roi n'en était plus un ? Qu'il perdait l'essence même de ce qui le faisait exister ? Qu'il ne deviendrait dès lors plus qu'une terre à envahir pour les autres royaumes ?

Je ne sais pas.

Je ne sais plus.

-----♕-----


Le temps avait passé, et cette nuit n'était devenue plus que semblable à un mirage, un rêve dont le souvenir s'efface petit à petit. Toi, tu avais repris ta vie de prince, toujours aussi resplendissant, toujours aussi prometteur. Moi, j'avais repris mon observation silencieuse, et j'étais redevenu personne.

Et puis, à nouveau, alors que même que je m'étais mis en tête que plus jamais je n'aurais l'occasion de te parler, et que les regrets de ne pas t'avoir répondu correctement alors que tu m'avais adressé la parole tournaient en boucle et en boucle dans ma tête, tu étais revenu vers moi.

— Dojoon.

J'avais sursauté. Je t'avais regardé avec des grands yeux éberlués. Tu t'étais souvenu de mon prénom.

— Mon maître d'arme est malade, il a annulé ma leçon.

Je n'avais rien dit dans un premier temps, attendant que tu continues. Et puis, lorsque tu l'avais fait, mes yeux avaient encore doublé de volume :

— J'aimerais tout de même m'entraîner. Tu veux bien le faire avec moi ?

— Pardon ?

— Tu sais te battre, non ? Si tu as intégré la garde du palais.

Je n'avais rien trouvé à répondre. Et dix minutes plus tard, je m'étais retrouvé dans la salle d'armes, un bâton d'entraînement dans les mains, et toi en tunique légère face à moi. Tu m'avais dit de commencer. D'essayer de te toucher, de t'attaquer.

J'avais déglutit. Imaginé l'action. Mais la seule idée d'essayer de porter un coup au prince que tu étais me paraissait impossible :

— J-Je ne peux pas, avais-je bafouillé.

— Pourquoi cela ?

— Je... Enfin, vous... Vous êtes...

Tu regard s'était fait déçu. Tu n'avais rien rajouté, et tu avais simplement reposé ta propre arme que tu tenais dans tes mains si gracieuses.

— Je vois.

Puis, sans un mot de plus, tu avais quitté la salle, me laissant seul avec le cœur qui battait à mille à l'heure dans ma poitrine et l'horrible impression d'avoir à nouveau raté ce que tu attendais de moi.


-----♕-----

« C'est tout le temps la même chose, de toute façon. Les gens n'osent plus me regarder dans les yeux. Ils n'osent même plus parler quand j'entre dans une pièce, de peur que le son de leur voix ne me froisse. Comment veux-tu que je noue des relations si la première chose qu'ils voient en moi est le futur roi sauveur ? Même toi, tu ne me vois pas tel que je suis réellement. »

-----♕-----


J'avais beaucoup pensé, après ça. Énormément, même. Je m'étais pourri le cerveau à rejouer la scène, encore et encore, à revoir ton regard pourtant toujours si digne et impassible se teindre de déception à cause de moi, encore et encore, à m'imaginer milles autres réactions que j'aurais pu avoir.

J'avais réalisé que j'avais agit exactement de la manière qui faisait que tu étais isolé.

Et je m'en étais voulu.

À chaque fois que tes yeux perçant croisaient les miens, j'hésitais, replongeais, me demandais s'il ne fallait pas que j'aille te parler pour rattraper mes erreurs. Mais comment ? Tu étais si intouchable.

Tellement intouchable que personne ne t'adressait la parole pour autre chose que pour chanter tes louanges ou t'enseigner des disciplines qui ne serviraient qu'en vue de ton futur règne.

Et si personne ne le faisait, il fallait bien que je le fasse, non ?

J'ai alors pris mon courage à deux mains.

Ton maître d'arme était encore malade, alors je suis revenu te voir, et à mon tour, je me suis planté devant toi, alors que tu lisais encore un de ces bouquins incompréhensibles. Le regard que as porté sur moi s'est fait surpris. Tout comme celui de tous les gens qui nous ont vu dans ce grand jardin, sous le Soleil brûlant de l'été.

J'ai essayé d'en faire abstraction.

D'eux, de leur jugement, de tes yeux noisettes posés sur moi, mais surtout, des battements effrénés de mon cœur, de la moiteur de mes mains, de la tension dans mes muscles.

Je me suis simplement incliné face à toi, et t'ai dit que j'avais réfléchi, et que si tu avais besoin de moi pour t'entraîner, j'étais à ta disposition.

Tu as souris.

Et quelques minutes plus tard, nous nous sommes à nouveau retrouvés face à face, une arme factice à la main, et les pieds fermement encrés dans le sol sablé du terrain d'entraînement.


-----♕-----

« Dis moi, Dojoon.

Hm ?

Tu penses que je serais réellement à la hauteur de leurs attentes ? Tu penses que j'y arriverais, à être ce souverain qu'ils veulent tous voir ? Ou tu penses que je vais juste finir par tous les décevoir ?

La question ne se pose même pas, voyons. Tu seras grandiose. »

-----♕-----


Tu te battais remarquablement bien.

Ma formation militaire faisait pâle figure aux côtés de celle royale que tu avais reçue, et tu ne faisais que me mettre au sol à répétition avec une facilité déconcertante, tant et si bien que je me demandais en quoi ça avait l'allure d'un entraînement pour toi. J'avais envie de m'excuser d'être si faible, de te proposer d'aller chercher quelqu'un d'autre, de plus fort, qui saurais mieux te mettre à l'épreuve, et te pousser vers le haut.

Mais je ne l'ai pas fait.

Je ne l'ai pas fait, parce que quand je tombais lourdement sur le sol une énième fois, tu me souriais doucement, et tu me tendais la main pour m'aider à me redresser. Je ne l'ai pas fait, parce que dans cette grande salle vide, j'étais seul avec toi, et que je cherchais toujours désespérément les mots pour te sortir de ta solitude, sans réussir à les trouver.

Je ne l'ai pas fait, car tu étais radieux.

Tu te mouvais avec une telle grâce, une telle aisance, et une telle précision que ta méthode de combat s'apparentait presque à une danse divine.

Et j'étais incapable de détacher mon regard de toi. Peut-être était-ce pour ça, que je ne parvenais pas à esquiver tes coups d'épée. J'étais bien trop fasciné par ce que tu dégageais pour prêter attention à la lame factice qui devait déjà m'avoir arraché nombre de bleus.

Finalement, quand tu m'annonça que tu devais partir car tu avais une leçon avec un de tes tuteurs, je n'avais toujours pas trouvé aucun mot pour te dire ce que j'aurais aimé te dire. Mais tu m'as souris – une nouvelle fois, et ton sourire était magnifique –, puis tu m'as donné rendez-vous au même endroit le lendemain.

Je croyais rêver.

Ce que je ne savais pas, c'était que ce moment marquait en effet le début du plus beau rêve éveillé que j'ai pu vivre de toute ma vie.


-----♕-----

« Ils m'appellent.

Qui ça ? »

Tu as levé ton bras vers le ciel, pointant les gracieuses colombes qui s'envolaient au loin.

« Les anges. Je les entends me parler. »

-----♕-----


Nous nous revoyions souvent.

Ces séances d'entraînement à l'épée étaient devenues habituelles, et même après que ton maître d'arme se soit remis de sa maladie, tu continuais de me convier à des entraînements où nous passions désormais plus de temps à parler qu'à réellement nous battre.

J'ai oublié peu à peu le prince, et j'ai appris à connaître Woosung.

Il était tellement plus beau.

Tu étais tellement plus beau.

Tu n'étais pas moins brillant que le prince dont tout le monde vantait les louanges, mais plus humain, plus réel, plus palpable. Rapidement, nous sommes devenus amis.

Tu m'apprenais à lire, la politique, l'histoire ancienne que tout le monde avait oublié, le maniement des armes.

Je t'apprenais le rire, la vie, les plaisirs de l'amitié.

Au fil des jours, nous nous sommes rapprochés, au point même que quelques mois après nos premières discussions, tu me nommais déjà comme ton garde du corps. C'était stupide, tu étais bien plus fort que moi. Mais j'imagine que c'était avant tout un moyen de me garder à tes côtés. Proche de toi, qui était toujours si seul. Alors je n'ai pas protesté. Je t'ai prêté allégeance, agenouillé face à toi devant la cour entière, et me suis promis de redoubler d'efforts et de m'entraîner davantage pour pouvoir te protéger. Et c'est ici que j'ai commencé à passer mes journées entières avec toi.

Je te suivais dans toutes tes leçons dans lesquelles je ne comprenais rien, dans tes entraînements au maniement des armes, auxquels je tentais de participer tant bien que mal, et dans les longues réunions où ton père le Roi te parlait de choses qui me semblaient bien floues. J'étais à chaque fois impressionné par ton sérieux. Ta noblesse. Ton sens des priorités. Il n'y avait pas un cours où tu regardais en l'air, pas un cours où tu t'égarais dans tes pensées, ou où tu prenais un instant pour respirer. Tu les écoutais parler avec une attention telle, que je ne pouvais que donner raison aux bruits de couloirs qui te proclamaient déjà comme le meilleur roi de la génération, alors même que tu n'étais encore qu'un prince.

La nuit, nous nous retrouvions souvent, et tu m'emmenais alors au même endroit où tu m'avais emmené la première fois. Ce petit lac, au milieu de la clairière, entourée par de grands arbres aux feuillage épais et aux troncs rongés par la mousse verdâtre. Non loin se trouvaient les ruines d'une ancienne chapelle rescapée de l'ancienne guerre, et tu allais souvent y piquer un somme dès que tu avais un instant de libre, après t'être baigné dans les eaux claires du lac.

Ce petit lieu était rapidement devenu notre jardin secret, bien que tu m'avais dit que cela faisait déjà des années qu'il était le tien.

Ça m'avait touché, tu sais.

De savoir que tu avais voulu partager le seul lieu où tu pouvais être toi avec moi. Cette petite bulle d'intimité, ce petit paradis terrestre où tu pouvais mettre de côté tes obligations un instant, et où tu pouvais respirer l'air frais et pur de la nature en te détachant de l'image parfaite que chacun semblait avoir de toi.

Lorsque tu me tendais la main pour m'attirer dans les eaux claires du lac avec toi, le monde autour de nous s'effaçait. S'oubliait. S'évanouissait dans le piaillement des oiseaux et le bruissement du vent.

Si seulement je t'avais dit plus tôt combien à chacun de ces instants, je rêvais d'arrêter le temps.

-----♕-----

Ton père ne m'aimait pas.

Plus que ça, il ne voyait pas du tout notre amitié d'un bon œil. Il trouvait que tu avais choisi un garde incompétent, inexpérimenté, – et là dessus, je ne pouvais pas vraiment le contredire –, et il ne cessait de t'inciter à me virer pour trouver quelqu'un d'autre. Il te présentait même régulièrement des gardes plus vigoureux que moi, plus forts, dans l'espoir que tu finisses par choisir de donner mon rôle à l'un d'eux.

Mais tu ne l'as jamais fait.

Si habituellement tu obéissais au doigt et à l'œil à la moindre parole de ton père, parce qu'il était le Roi, tu lui as obstinément tenu tête là-dessus, quitte à essuyer des réprimandes le soir tombé, quand tout le château dormait et quand personne n'était là pour être témoin de la seule tache sur ton image si parfaite de futur souverain.

Je m'en voulais de te mettre dans l'embarras ainsi, et même moi, plusieurs fois, je t'ai incité à écouter ton père, et à ne pas te le mettre à dos à cause de quelque chose d'aussi futile qu'un simple poste. Toi, face à ça, tu m'as tout simplement répliqué qu'il en était hors de question. Je me souviendrai toujours du soir où, allongés contre le sol rugueux de la vielle chapelle à deux pas du lac, et alors que le crépuscule déposait sa douce lumière orangée sur la forêt, tu m'as répondu avec une amertume mal dissimulée :

— Je ne vois pas pourquoi j'écouterais mon père là dessus, alors que lui n'a jamais pris la peine de m'écouter, moi.

Après ça, je n'ai plus insisté.

Et ton père a dû prendre son mal en patience devant tes refus systématiques de prendre un autre garde du corps.

Finalement, il s'est éteint la veille de ton dix-neuvième anniversaire, et les derniers mots qu'il t'a adressé étaient des réprimandes à mon sujet.

-----♕-----

Tu es alors devenu roi.

Le moment pour lequel tu te préparais toute ta vie était enfin arrivé, mais tu n'en tirais aucune joie, et dans la pièce adjacente à la grande salle de couronnement, la seule chose qui brillait dans ton regard était une infinie tristesse. Peut-être regrettais-tu ton défunt père parti un peu trop tôt. Peut-être prenais-tu conscience de tout ce qui allait désormais peser sur tes épaules, en plus de toutes les attentes qui t'accablaient déjà avant. Je ne sais pas. Tu ne m'a jamais dit pourquoi dans cette petite pièce seul avec moi, quelques minutes à peine avant que tu deviennes roi, tu semblais si abattu.

Bien sûr, quand tu as franchit les portes de la grande salle et que tu t'es présenté à la cour, tu n'en as plus rien laissé paraître. Tu es instantanément redevenu le noble prince, digne et fort à tout épreuve.

Les hommes ont clamé ton nom.

Les prêtres s'en sont remis aux cieux pour chanter tes louanges.

Et puis, sous mes yeux aussi admiratifs qu'impuissants, tu es devenu Roi.

Et ce qui devait marqué le début d'une ère grandiose venait en réalité de signer le début de la fin.

Mais, ça, je ne l'ai compris que trop tard.


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« Dis moi, Dojoon. Selon toi, qu'est ce qu'un royaume sans roi ? »

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À suivre (?)







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Et voilà pour cette première partie ! J'espère que ces petits textes vous auront plu, et comme d'habitude, n'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour les auteurs ᕦ⁠ʕ⁠ ⁠•⁠ᴥ⁠•⁠ʔ⁠ᕤ

Je vous dis à dans très bientôt pour les prochaines parties, j'essayerai de poster la deux et peut-être la trois ce soir, sinon ce sera demain main ;)

Encore un grand bravo aux participants ♡♡

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