PDV externe:

Depuis son pavillon à la capitale, Dùnkan n'en revenait pas en lisant le cachet de la garde royale qu'il venait de recevoir. Il se tourna vers sa femme, puis fondit en larmes sur son épaule en criant:

«Kira, Pourquoi, après tant de services! Je n'ai pas déjà fait mes preuves, c'est ça! Ils préfèrent me virer et m'envoyer au désert de Quatal, le trou perdu d'Alkarim, même par delà la chaîne de montagne! Tu te rends compte que là-bas, l'été dure toute l'année, les nuits sont glaciales et le gel ne se montre jamais! Je ne pourrais plus vous nourrir, toi et et notre petit Yūnan... je veux juste mourir...»

Sa femme lui jeta un regard impassible et lui dit juste:«Tache au moins de nous trouver mieux, je n'irais jamais dans cet
endroit!», puis, plus bas pour ne pas se faire entendre par son mari, elle marmonna que de toute manière, elle ne supportait pas la couleur des gens du Sud, trop...sombre par rapport à la peau blanche des habitants de Tsolais, ses voisins après tout.

À coté d'eux, un fils à peine sevré se tenait dans un panier d'osier, heureux quand même, comme si les évènements ne le concernaient pas, pendant que son père partait en claquant la porte pour demander des réclamations à ses supérieurs.

Et la femme attendit deux heures durant que son homme revienne chargé de bonnes nouvelles, dont elle pourrait profiter avant de devoir lui annoncer sa révélation personnelle. Quand il revint, elle lui demanda comment les choses avançaient, et il lui répondit d'un air abattu:

-Rajoute des vêtements en fourrures dans les valises, nous partons à Imeachta, un charmant village dans l'Est, plus loin que le fleuve Kuren, mais ce n'est pas le désert au moins, puis il annonça d'un air plus heureux:«En plus, j'ai réussi à leur faire donner un sac de cinq milles gemmes, ça nous aiderait pour nous refaire une fois avoir déménagé, c'est déjà ça.»

Les gemmes étaient la monnaie courante à Alkarim, quoique la plus élevée, après la pièce d'étain, puis de fer. Sa femme leva un sourcil et lâcha sèchement:

-Il manquait plus que ça, on part quand?

-Demain soir, nous devons prendre le temps de faire nos adieux, puis on prendra un bateau qui nous amènera directement au village, il est à côté d'une rivière affluente.

Alors la famille prépara ses affaires pour le grand voyage, puis quand tout fut empaqueté, ils partirent de leur foyer pour saluer tout leur entourage, et leur souhaiter bon courage, sincère pour le père seulement.

Enfin ils marchèrent avec une diligence jusqu'au port, ou un passeur les salua. Il avait l'air squelettique, mais gentil, et les fit monter sur une chaloupe de plusieurs mètres, avec trois mats, et qui ne semblait pas avoir été affectée par l'âge ni les tempêtes.

Les passagers montèrent, et le voyage se déroula presque sans encombres, mais ils firent escale à l'embouchure de la rivière, un peu avant l'arrivée, pour dormir et abreuver les chevaux qui étaient aussi montés sur le navire. Dùnkan aida à installer les tentes, et s'endormit non loin de sa femme qui avait insisté pour faire le premier tour de garde.

                                                                                                      *
PDV Dùnkan:

Dùnkan se réveilla en pleine forme le lendemain, mais fut surpris qu'on ne l'ait pas prévenu pour la garde. Il posa son regard sur l'endroit où était censé être sa femme, mais il cria de surprise en ne la voyant pas à ses côtés. Il se leva d'un bond, et fixa chaque direction pour savoir où elle pouvait bien être. Aucune trace, à part un mot sur sa couchette, de la main de sa femme. Le père prit le papier et le lut:

«Dùnkan,
Ce que tu peux être bête parfois, je suis partie avec les gemmes et le char, je n'avais pas trouvé nos affaires, mais la monnaie a suffit. Tout ça pour dire que je te quitte, garde le môme avec toi, tu verras à tes frais pour lui.»

Dùnkan partit donc seul avec son fils, pleurant tous les deux la perte de leur femme aimée, et marchèrent ainsi jusqu'au village pittoresque d'Imeachta.