Une curieuse odeur me parvient aux narines et me fait doucement sourire. Je prends une grande inspiration en m'étirant et ouvre doucement les yeux en fronçant les sourcils. Je bouge légèrement et ne retient pas un bâillement. Je fixe quelques secondes encore le plafond avec cet air joyeux sur le visage. Lorsque j'entends quelque chose, ou plutôt quelqu'un pouffer. Mes sourcils se froncent un peu plus et je tourne la tête. C'est là que je vois un noireaud accoudé à une table, un bol entre les mains, regard amusé et petit sourire en coin dans Mon arbre. 

"C'étais très charmant ça frère !" 

"Bboy ?" L'interroge-je en me redressant doucement.

"Tu rappelles de mon nom !? Je suis flatté, mais arrête gros tu vas me faire rougir !" Il pouffe et se redresse lui aussi en finissant son bol. Qu'il repose tranquillement sur la table avec toujours cet air effronté. Je le dévisage quelques secondes et m'assoit sur le lit en frottant mon visage.

"Fait comme chez toi.."

"Ouais t'inquiètes pas pour ça, j'ai pas attendu que tu me le dises pour !"

"J'ai vu ça.." Soupire-je amusé alors que lui riait légèrement.

"Hé ! Mais je t'ai préparé un truc aussi !"

"Trop aimable.."

"T'as vu ça.." Je tourne la tête vers lui et sourit en voyant le sien contagieux. Pour une fois qu'il n'a pas sa capuche.. D'ailleurs pourquoi il en met ? C'est dommage.. Il est plutôt beau et son sourire est vraiment chaleureux.... C'est triste qu'il le cache.... Par contre...  

Qu'est-ce qu'il fait là ? ...

Il me faut quelques secondes pour que tous mes souvenirs se remboîtent. 

Bboy ! 

Je le regarde surprit. Je me rappelle... Ses larmes, sa voix.. Sa détresse.. Il était tellement mal ! Mais.. Là il me sourit, plaisante, comme si de rien n'était ! 

"Bboy, pourquoi t'étais comme ça hier ?"

Son sourire se fane brusquement et il se redresse en prenant un air froid et sévère que je ne lui connaissais pas.

"Tu devrais boire ça avant que ça refroidisse." 

"..." C'est... Vraiment troublant... Comment une personne peut changée du tout au tout en une seule seconde ? "Bboy ?" Il soupire et passe sa main dans ses cheveux en secouant la tête, se détendant légèrement.

".. Excuse moi.. C'est juste que.. C'est compliqué, et je veux pas en parler."

"D'a. D'accord.. C'est.. C'est pas trop grave au mois ?"

Seul un regard triste et larmoyant me répond, me pinçant le cœur. Lui qui est normalement si enjoué et plein de vie... Il semble anéanti... Il y a une telle tristesse dans son regard.. Ça me fend le cœur de voir un être tel que lui comme ça..

"Aller frère faut pas être à la être à la bourre.."

Il dépose son bol dans le chaudron et reste de longue seconde au-dessus de ce dernier. Je me lève alors et m'approche doucement de lui. J'ignore le bol préparé à droite et m'approche jusqu'à être qu'à quelques centimètres. Ma main trouve perchoir sur son épaule puis je me colle presqu'à lui en descendant cette même main dans son dos pour faire de petits cercles. Je ne sais pas comment m'y prendre, mes gestes sont maladroits, mais l'attention y est sincèrement, et j'espère qu'il e sent. 

"Je fais tant pitié que ça." Dit-il en plaisantant à moitié, son doigt venant envoler une goutte d'eau qui quittait son œil dans l'eau du chaudron. Son sourire, à demi sincère et plus méchant envers lui-même. 

"Arrête Bboy, tu sais bien que c'est faux et.. C'est pas une honte, j'imagine. Puis tu n'as pas à te cacher devant moi, après tout tu m'as vu presque à poil sous la pluie en pleur dans la nuit perdu devant une porte alors niveau pitié, je crois que je t'ai bien battu non ?"

Il pouffe et me donne un coup d'épaule en frottant bien ses yeux. Puis il se redresse en reprenant cet air joyeux et fort qu'il donne toujours. Sauf qu'il vient me prendre dans ses bras. Je tourne mon visage vers le sien et vois son regard illuminé et son sourire effronté. Et une paire de lèvres se posent plaisantin sur ma joue, près des miennes. Me faisant rougir dans la seconde. Je recroqueville gêné et timide dans ses bras. J'entends son faible rire et son doigt frappe mon front.

"T'es mignon, je comprends Zera. Mais je dois vraiment filer ! A toute mon mignon !" 

Il rit pour accentuer sa plaisanterie en me lâchant et en s'éloignant. Puis me remercie en quittant mon arbre d'un signe de main. Je le vois réajuster son col et sa capuche avant de se rendre vers le centre du village, je suppose. 

Il est vraiment.. Étrange. Si une seule autre personne se comportait comme lui, jamais je ne lui adressais à nouveau la parole ! Je ne supporte pas les contacts et.. Elle me gênerait et terroriserait beaucoup trop ! Mais c'est Bboy. Il est comme ça. C'est une boule de bonne humeur, de joie et de farce. Et il est la première personne à m'avoir prit sous son aile et épaulé après Zera. Il a toujours été là. Et je l'aime beaucoup. Je sais que ces mots qu'il dit sont là pour me réconforter et me faire rire, ou me gêner dans le bon sens. Et je sais que jamais il ne me fera de mal. Alors ses câlins ou bousculades ne font rien, à part me faire me sentir mieux. Je n'ai aucunes raisons de m'inquiéter avec lui. Sauf lorsqu'il se retrouve dans le même état qu'hier.. Avec ce qu'on me dit les autres, ça a forcément un rapport avec Aypierre. Ce qui me fait deux raisons de ne pas chercher plus loin : c'est un sujet tendu pour Bboy, et, je n'ai pas envie de me retrouver en froid avec le chef d'ici, il me fait peur, même s'il a pas l'air méchant, mais... J'ai l'impression que si on touche à Bboy ont devient son ennemis numéro un. Leur relation est vraiment ambiguë..

Je me demande comment on perçoit la notre..  A ton avis on est quoi ? Tu aimerais quoi toi... Moi je suis perdu. 

Je me rappelle de ce baiser qu'il a voulu oublier.. Je soupire en me demandant encore une fois ce que ça signifiait pour lui.. Cet acte m'avait l'air désespéré.. Comme Bboy hier en m'élançant comme il l'a fait.. Alors qu'elle était la raison. Pourquoi ? 

Me voilà reparti dans toutes mes interrogations. Faut que j'arrête. Je secoue la tête pour expulser ces questions de ma tête et bois en vitesse. Je le dépose rapidement dans le chaudron et m'habille en quatrième vitesse. Comme si j'espérais qu'en défiant la vitesse, je n'aurais pas le temps de penser. Mes cheveux bien décoiffé je sors rapidement. Je rentre mes mains dans mes poches et presse le pas pour arriver pas trop tard. Le soleil est déjà haut dans le soleil. Les oiseaux chantent. La douce brise valse avec mes cheveux et me fait sourire en fermant les yeux. Que j'aime cette sensation. Comme si je volais ou galopais. Cette liberté.. 

Quand un cri étouffé à peine audible normalement me parvint à moi. Je trottine silencieusement vers là où j'ai entendu ce bruit et me fige derrière un mur fait de pierre et de bois. Mon cœur battant à cent à l'heure. Je me retrouve paralysé devant la scène. Comme cette nuit où je les ais surprit. Sauf que Bboy était heureux et pour. Là j'ai plus l'impression qu'il subit. Et.. Que c'est presque habituel. Son corps immobilisé plaqué au mur, petit, son visage crispé. Alors qu'Aymeric plaque ses lèvres et les bouges de force contre les siennes. Je ferme les yeux apeuré mais cette image reste planté dans ma mémoire.

"Je t'attendrais." 

Des pas font rouler le gravier et je me cache tout contre le mur. Perdu la vue que j'avais sur eux. Les pas s'éloignent de plus en plus, par chance pas dans ma direction. 

"... ... Je sais." Cette voix grave et de condamné me donne des frissons. Puis j'entend la seconde personne marcher, elle dans ma direction. Bboy. J'ai à peine le temps d'apercevoir sa lèvre mordu à sang et son air triste qu'il les cache avec son sweat. Pour dessiner cet air faussement joyeux.

"Bboy.."

Il se tourne surprit vers moi et me sourit je pense vu ses fossettes sous ses yeux. 

"Yo frère, tu viens ?"

S'il savait que je venais de voir ça.. Je me demande s'il ferait l'affront de me sourire et rire ainsi. Je pourrais dire que tout va bien pour lui, mais..

"Tu ne peux pas tout cacher." J'essuie sa larme et voit son air surprit et peureux. J'essaye d'être le plus doux possible, je peux comprendre qu'il a besoin de tendresse et non pas à nouveau de violence comme à l'instant. Il soupire et sourit plus sincèrement et légèrement, en retirant doucement ma main.

"Ouais.. Je suppose que tu sais que-"

"J'en parle pas, ouais.."

Il hoche la tête et me fait un clin d'œil. Son bras passe autour de mes épaules et m'attire contre lui. Et il me fait reprendre ma route. Est-ce que c'est grave, est-ce que j'aurais dû intervenir ? Non il m'en aurait voulu. Aypierre est décidément très flippant. Et je tombe toujours au moment avec eux..

Nous arrivons sur la place, en dernier. Arriverais-je à temps une fois ? Je pense que c'est le cadet de mes soucis.. Les regards se posent sur nous. Des sourires me sont adressés et des mots rassurés de me voir en bon état retentissent chaudement. Je rougis légèrement et baisse la tête. Bboy qui m'avait lâché peu avant de trop s'approcher s'éloigne pour s'asseoir près d'Aymeric. Je baisse un peu plus la tête en me rappelant de plus tôt. Quand une main, douce et chaude, à la peau si frémissante me fait frissonner. Cette dernière me relève la tête et un océan de tendresse plonge dans mes yeux. Et j'oublie. Tous.

Je reste juste fixé sur ces yeux m'évadant. Dessinant une mer calme et bleu, où la fine brise vague joliment cette étendue bleue. La chaleur du sable fin. Le chant de ces oiseaux libre, maîtres des lieux qu'ils survolent sans risquer de perdre leurs ailes. Touchant l'eau de leurs pattes en poussant des gazouillements de joie. Les poissons jouant dans l'eau fraîche, profitant de cette nature merveilleuse. 

Mais aussi une rivière, traversant une prairie dont la beauté préservée n'a pas d'égale. Cette brise parfumée des milles et unes fleurs chatoyantes, illuminant l'eau de dizaines de couleurs chaudes et magnifique. Le sifflement doux du vent dans l'arbre en haut de la colline. Et les rires. Rires de ces deux personnes roulant l'une contre l'autre dans l'herbe verte. 

"Fukano, viens avec moi.."

Je donnerais tous pour y retourner avec toi.

Je sors de mon paradis et contemple ses yeux bleus.

Zerator.